"Ash"

2 minutes de lecture

"Cendre"

Petit flocon, tout rond,
S’envole en tourbillon.
Pétale gris, détruit
Dans le feu se réjouit.

Le vent soufflait, résonnait par-delà les grandes plaines asséchées. Soudain, elle sentit quelque chose la réveiller, se poser sur son visage tuméfié. Elle avait les yeux fermés, allongé sur la terre calcinée, le visage balayé par quelques mèches rougies par le sang. Enfin, elle ouvrit les paupières, essaya de bouger son corps engourdi. Un poids lourd appuyait sur sa poitrine, l’empêchait de se redresser. Au loin le silence. Pas un seul bruit, pas un seul chant d’oiseau ne troublait les murmures de la brise sanglotante. Mais quand la petite fille voulu enfin se libérer, pousser les corps qui la recouvraient, elle ne put s’empêcher de gémir. Son village ! Son village entier avait brûlé ! Plus aucune vie, plus un mouvement : les pétales de cendre flottaient dans le ciel, jouaient entre les derniers toussotements du brasier, recouvraient le sol jonché de cadavres comme pour les figer à jamais. L’enfant n’arrivait même plus à pleurer ; aucune larme ne coulait sur ses joues brunies et sales.

Ils étaient à ses côtés, entassés-là comme des sacs. Elle avait dû les pousser, les écarter pour pouvoir s’échapper, mais ils étaient quelques minutes avant juste au-dessus d’elle pour la recouvrir, pour la cacher, pour la protéger. Elle avait cru être morte, et elle l’aurait voulu. Ses parents n’étaient plus. Leurs yeux étaient immobiles, vides, changés à jamais. Sa mère était méconnaissable, son visage si radieux, si doux, à moitié dévoré par les flammes. L’attaque nocturne avait fait des ravages, et l’armée frontalière n’avait laissé aucun survivant. Sauf elle, petite fille de 5 ans.

Hésitante, tombant à moitié, elle continua à chercher. Ses pas laissèrent des traces comme sur de la neige. Elle continua d’avancer, petit fantôme gris poussé par la fumée. Enfin, au milieu du village à peine installé, elle retrouva celle qu’elle chérissait. Sa petite poupée de chiffon, recouverte par la même fine couche cendrée. Elle l’attrapa, l’épousseta du bout des doigts, puis la serra de toute ses forces. Elle s’effondra alors à genoux, poussa un hurlement de douleur. Un hurlement de peur.

Mais plus personne ne pouvait lui répondre désormais.

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