"Dizzy"

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"Étourdi"

« Mais qu'as-tu fait encore ?!

-Je... je suis désolé, je n'ai pas voulu...-Tu es vraiment bon à rien ! Penses-tu réellement que tu vas rester ici sans payer tes dettes ?!-Bien... bien sûr, Maîtresse... Je-Va remplir ça dehors, sur le champ ! Et ne revient pas sans avoir fait ton travail !!! »

Un bruit sourd, un petit gémissement. Et puis, la porte s'ouvre. Un jeune homme sort, la mine basse, ses cheveux longs et verts tombant piteusement sur une épaule. Un homme ? Difficile de savoir en fait. Il arbore une jolie robe de soubrette, un tablier de femme de chambre, et même un joli petit serre-tête en dentelle blanche. La totale. Sous son jupon, de longs bas de laine le protègent plus ou moins de la morsure du froid ; mais déjà ses modestes chaussures de cuirs, mouillées par la neige, semblent détrempées. Dans sa main serrée, un seau de bois large comme un tonneau, se balançant au bout de son cerceau de métal tordu. La silhouette éternue, grelottante de froid. Elle marche dans le profond tapis de neige, pousse de ses fines chevilles les monceaux glacés tombés des arbres enneigés.

Un cri. Celui d'un loup.

Le seau claquète sur sa cuisse. De froid, sans doute. Ou peut-être de peur. Dans la forêt, plus rien ne bouge. Pourtant, il faut ramener ce qu'à demander la Maîtresse. Il ne faut pas reculer.La silhouette avance encore, se traîne comme un zombie jusqu'à la fontaine cachée derrière la maisonnée. La pompe s'enclenche, et le glouglou de l'eau raisonne. Et puis, plus rien. Il n'y aura pas d'eau ce soir... Elle avale sa salive, inquiète. Très bien, pas le choix.

La soubrette se glisse jusqu'au chemin boisé, ou plutôt ce qu'il en reste. Difficile de distinguer chemin et fossés sous l'épais manteau blanc. Mais elle semble ne pas s'en inquiéter. Un autre cri ; elle presse le pas. La nuit ne va pas tant tarder à tomber, il faut rentrer avant.

Marchant jusqu'à la ville juste à côté, elle se dirige vers le puit. Quelques derniers habitants, tirant des charrettes remplies de bois, la salue avec étonnement. Il faut dire qu'il est rare de croiser un tel accoutrement. Mais personne n'ose rien dire, cela serait beaucoup trop dangereux... Personne ne veut s'attirer les foudres de Fourmi.

Le seau est placé, l'eau ne semble pas tout à fait gelée. Et une ! Et deux ! Il s'agit de tirer désormais pour remplir le plus possible. Derrière ses épaules découvertes, le vent hurle et raisonne jusque dans la forêt. Et déjà, les rayons rouges du soleil couchant colorent le sol blanc d'un rose sanglant.

Un frisson. Un sentiment désagréable. Quelqu'un le regarde.

Pourtant, rien à l'horizon. Même les derniers marchands de la ville se sont dépêchés de rentrer à cette heure tardive. Plus un son, si ce n'est les pleurs lointains d'un enfant et le souffle du vent.

Le froufroutement d'un pas dans la neige.

Une ombre noire se tire de la blancheur du sol, apparaît presque comme par magie derrière le serviteur. Une respiration à peine perceptible, une aura terrifiante. Cigale n'a même pas le temps de se retourner.

« Désolée ma jolie, mais personne ne t'a jamais dit qu'il était dangereux de se promener seule le soir... ? »

L'éclat d'une lame sortie, le sourire tordu d'un inconnu. Une seule piqûre sur sa peau, et déjà le jeune homme se voit faillir.

Le monde tourne tout autour de lui, étourdi. Le vertige.

« Te voilà dévoré toi aussi par le loup. » ricana l'assaillant.

Les yeux de Cigale se ferment. Il sent son corps traîner sur le sol glacé. Et puis, le noir.

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