"Délicieux"

Petit, mignon et un peu grognon
Avec ses beaux cheveux longs
Voici le passeur Caron

Un coup de rame, deux coups de rame, trois coups de rame... Il tourne, tourne et retourne sur la rivière des périmés, assis tranquillement sur sa petite barque dorée. Caron est un beau gâteau, un peu chic, bien décoré, et pourtant... Il est tout esseulé. Il faut dire qu'il est tombé de la boîte il y a déjà bien longtemps, et les autres comme lui sont partis depuis un bon bout de temps. Bien sûr, il a encore quelque famille lointaine, mais rien depuis des lustres n'est venu le visiter.

Ainsi, Caron le macaron est devenu passeur, tout seul sur les flots sucrés. Et chaque jour, sans voir le temps qui passe, il navigue entre le gourmand et le gâté, les jolies pâtisseries appétissantes et les restes abîmés. Mais tout cela ne l'intéresse pas.

Ce que Caron ne sait pas, c'est qu'il s'ennuie ferme sur sa petite barque solitaire. Pour faire passer le temps, ce qu'il aime, ce qu'il adore par-dessus tout... c'est observer. Observer le vent parfumé, observer le sirop s'écouler, et surtout observer les animaux à sa portée.

Un petit bout de museau en gélatine. Un autre, tout rouge, qui effleure la surface rosée. Dix qui l'entourent avec curiosité : ce sont des crocodiles à manger, terribles et très énervés. Car un crocodile en gélatine reste toujours un crocodile !

Quelque chose attire l'attention du passeur : parmi le groupe de prédateurs agglutinés, un tout petit bout de gelé, un minuscule bébé croco tout moelleux et vert, prêt à se faire dévorer. Il n'a plus de parents, visiblement, et reste au milieu du groupe tant bien que mal. Mais les adultes le poussent de leurs pattes puissantes, le sèment sans y faire attention, le noient presque à coup de queues et de museaux. Caron s'approche, inquiet, lui tend alors sa rame pour l'aider à s'accrocher. Mais les adultes s'énervent, essayent de le croquer !

Et PAF !

Un autre coup de rame bien placé, et voilà le petit bébé sauvé, tiré de l'eau avec succès. Il était tout vert, comme Caron, avec un joli ventre blanc tout doux et velouté.

-Toi aussi tu es tombé du paquet ? lui demande le macaron.

Le petit croco hoche la tête en gémissant.

-Je vois... Alors reste avec moi, je pourrais te protéger.

Il hoche encore la tête en blottissant sa tête sous la cape d'émeraude du passeur. La barque s'écarte enfin, perdue dans la brume, le son de leurs voix se perdant lentement sur les rives opposées.

-Je vais t'appeler Harry !

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« Maman, mamaaaaaaaaaaaaaan, je peux en prendre ?!!!

-Mmmh, mon chéri, c'est bientôt l'heure de dîner... Ce n'est vraiment pas raisonnable !

-Allez, allez maman ! S'il te plaiiiiiiiiit !!!

-Bon allez, mais tu n'en prends qu'un !

-Promiiiiis !

Le petit garçon se rua vers la chaise, grimpa dessus sans demander son reste. Enfin, sur la pointe des pieds, il attrapa la poignée du placard et l'ouvrit. Impatient, il plongea son bras dans l'ouverture et en sorti un gros paquet rebondi, apetissant. Un gros paquet de bonbons crocodiles multicolores à peine entamé. Malicieux, il choisit le plus gros, le tira par la queue et l'engouffra dans sa bouche. Quel délice ! Le sucre envahit sa bouche, le fit frissonner de plaisir. Le petit jeta un coup d'œil derrière lui, vérifia que sa maman ne le regardait plus. Il en attrapa un autre, se décida de le grignoter plus lentement. La tête d'abord, puis les pattes, et enfin la queue. Trop gourmand, il décidé de réserver le même sort à un troisième infortuné. Oh, et puis zut ! Il attrapa le paquet tout entier et décida de le cacher. Tant pis pour le dîner !

Et on vit que le nombre de crocodiles avaient affreusement chuté cette année, au Pays des Sucreries...