"Catch"

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"Attrapé"

Petit insecte ailé, insignifiant, agaçant... Je te regarde tourner tout autour des puissants. Tu vas et vient, tu fais ta belle... c'est vrai que tu es jolie, après tout. Ne m'oblige pas à t'attraper. Ne m'oblige pas à te dévorer...

Mon travail, je le fais avec zèle, car j'aime m'amuser. On me trouve bizarre, un peu noir, mais je suis avant tout fidèle au roi. Ne me jugez pas pour mes faits, car ce n'est pas moi qui décide : je ne suis que la main des gens au-dessus de moi.

Alors quand je vois cette jeune femme coquette tourner autour du souverain, danser, lui parler, le toucher... Exiger même des richesses hors de sa portée... Cela m'agace. Ce petit moucheron a réussi à s'approcher un peu trop près du soleil, et il est de mon devoir de le rappeler à l'ombre. Dame Moucheronne, il est temps de vous accueillir dans ma toile...

Je me fondais donc dans les ombres avec cette pensée agaçante. Voilà plusieurs femmes que j'enlevais, je n'étais plus à une de plus près. Surveiller le bien être du Lion était depuis toujours mon devoir, et c'était l'occasion de faire une pierre deux coups. J'entendais la voix fluette de ma proie percer les murs, résonner à travers les couloirs du château. Même les grands murs voutés de pierre n'étaient pas assez vastes pour étouffer son rire enjoué. Elle parlait encore au roi, accoudé au trône d'or, et essayait depuis plusieurs jours de lui soutirer quelques faveurs. Je descendais du plafond, accroché par un fil.

Savez-vous l'intérêt que peux avoir un simple fil entre les mains d'un expert ? Nous pourrions nous amuser pendant des heures, vous et moi...

Je descendais donc, la voyant entourer de ses bras blancs la silhouette royale. Elle le câlinait, l'embrassait, l'embarrassait tant bien que mal ; et lui, accablé, semblait presque vaincu dans ses bras. Maudite sotte, maudite sois-tu toi et ton parfum envoûtant. Je reniflais d'ailleurs, sentais son odeur de rose et de miel piquer mes narines. Cela me donnait faim.

Je vis la belle enfin se lever, saluer Lion avec un clin d'œil entendu. Je soupirai : mon roi, parfois, tombait bien bas. Il ne me vit pas le saluer, ni mon regard briller dans le noir. Tant pis, déjà je me glissais sur le mur, suivais le parfum exquis jusque dans le couloir. Le claquement de ses talons, la respiration rapide de sa poitrine. Son cœur s'accéléra encore quand je lui attrapai le poignet, quand je la tirai dans un coin sombre à l'abris du regard, quand je la plaquai contre le mur. Plus aucun moyen pour elle de s'échapper. Elle voulut pousser un petit cri, mais ma main gantée l'en empêcha aussitôt pendant que mes fils entouraient ses chevilles. Prisonnière, entièrement à moi.

« Chhhhhht... » murmurai-je d'un ton aimable.

Elle voulut me demander qui j'étais, mais je ne retirai pas mon étreinte. J'approchai mon visage du sien, plongeai mon regard dans ses yeux de ciel. Je sentais son souffle chaud dans le creux de ma main, sa peau douce effleurer mon nez. Une autre corde, d'autres liens attachés. Elle voulut se débattre.

Ils se débattent tous, au début.

Alors, je m'approche encore, renifle sa chevelure soyeuse et sort enfin ma lame effilée. Une piqûre, une seule, et la voilà qui s'effondre dans mes bras. Ce n'est pas si difficile, après tout, de les rendre dociles...

Elle est légère, à peine plus qu'une mouche. Je la porte jusque dans ma tanière. Ce soir, je la mettrai avec les autres... Mais pour l'instant, je pense que je vais encore m'amuser un peu.

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