CHAPITRE 3 - Un train peut en cacher un autre ...

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Mes parents ont commencé à chercher une nouvelle maison, et nous avons débuté les visites. Le charme de l'ancien les attirait beaucoup, et ils voulaient une maison avec quelques rénovations à faire, une maison qui est une âme. On en visite une à Ploélann, mais elle n'a pas convenu : l'escalier était bien de trop chaotique pour mon père. Un jour, nos parents reviennent tout sourire à l'appartement, et nous informent qu'ils ont trouvé notre nouveau foyer mais qu'ils veulent qu'on aillent visiter avec eux pour avoir notre avis. Nous nous rendons donc à Miniusacum, une commune à côté de Castel Noë et de Ploedihen. Une fois arrivés sur place, la maison nous semble immense : elle est toute en hauteur. Nous rentrons dans cette maison, et la première chose qui m'a sauté aux yeux, c'est l'encombrement et l'humidité. Un magnifique colley habitait dans cette propriété. Mes parents m'envoient visiter ma chambre, à l'étage. Un escalier en bois, du parquet au sol, des tapisseries datant d'une autre époque : j'avais envie de faire demi-tour. Je vais jouer avec la fille du propriétaire, pendant que les grands tiennent leur discussion d'adulte. Finalement, quelques heures après, mes parents me disent que ma chambre sera refaite et que j'aurais la décoration que je souhaite. Dans ce cas, c'est bon pour moi, on y va !

Avril 2007 : c'est l'heure du déménagement ! Je m'étais préparée au changement d'école bien que j'avais très peur de me retrouver toute seule, surtout vu le peu d'amis que j'avais déjà à Ar gêr. J'étais excitée, j'avais très envie d'aider mes parents à déménager du haut de mes moyens. Mais quelques semaines avant le déménagement, j'apprends que je ne serais pas présente. En effet, mes parents ont prévu de me confier à des amis à eux, Hanan et Aygline. Pendant quelques jours, je pars donc en vacances avec eux et les enfants de Hanan : Camie et Slawko. A ce moment là, je me suis aperçue qu'une épidémie avait belle et bien envahi les familles que je connaissais : le divorce, la séparation. Beaucoup de mes connaissances ou amis avaient des parents séparés et j'apparaissais souvent comme une alien avec mes deux parents mariés depuis plus de vingt ans. Là-bas, à Landegon, les fins de journées étaient parfois un peu tendues à cause de ça justement : les deux autres enfants savaient très bien qui étaient leurs vrais parents et ils en jouaient. Malgré tout, je n'ai pas passé un mauvais moment là-bas, j'en garde d'assez bons souvenirs comme les dessins sur les ardoises ou la visite des dolmens et menhirs. Quelques jours plus tard, j'arrive dans notre nouvelle maison, un peu contrariée de ne pas avoir pu aider mais tellement joyeuse à l'idée de recommencer à zéro. Un départ à zéro, dans une nouvelle ville, une nouvelle école. Par gentillesse, mon frère et sa copine de l'époque avaient dessiné des elfes et leur univers sur les murs de ma chambre : bien que certains étaient un peu flippants, je l'aimais bien cette chambre … J'avais mon petit nid. A Miniusacum, Zar et Grey nous avaient bien sûr suivis. Cette nouvelle vie s'annonçait paisible, sans turbulence. Rapidement après le déménagement, j'ai repris l'école, en cours élémentaire de deuxième année. Ma nouvelle école n'avait pas encore de vrai nom, c'était l'école primaire publique. Elle finira par s'appeler « Le Doris ». La directrice, c'était Fabia Mars. Elle paraissait assez stricte et hautaine. Elle avait une fille, Miryam, assez timide et qui avait un peu de mal avec l'école ce qui, pour la fille de la directrice paraissait assez anecdotique. C'était une fille très sympathique, mais sa meilleure amie l'était moins : Justusa était odieuse avec moi. Dans ma nouvelle classe, il y avait aussi Yvo, Comeghen, Wilhelm, Maht, … Puis un autre nouveau est arrivé : Léon. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne le sentais pas. Il avait l'air bouffi d'orgueil, méchant, mesquin. Madame Mars était notre professeur. Hannah nous faisait les cours d'anglais dans un préfabriqué posé dans la cour. Je me souviens que souvent, nous avions étudié une bande dessinée avec des rats et une belette qui me faisait beaucoup rire. Une chanson sur le corps humain m'avait marqué par la chorégraphie qui l'accompagnait : « Head, shoulders, knees and toes ». Quatre jours avant Noël, à la fin du dernier jour d'école avant des vacances bien méritées, j'arrive à la maison. Je pose mon sac, et à cet instant, mes parents me disent qu'ils ont une surprise pour moi derrière la porte. Très surprise, je vais voir derrière la porte : qu'est-ce qu'ils ont bien pu m'offrir à 4 jours de noël ? Je tombe sur un carton rempli par un plaid qui … couine. Je soulève légèrement le plaid et je me retrouve nez à truffe avec une petite boule de poil noir et feu : elle s'appelle Ckop. C'est devenu ma meilleure amie. Quelques temps plus tard, à la demande de Kérann, mon grand-frère, on a accueilli Kinas, une petite chienne rondelette de la même portée que Ckop.

L'année suivante, Hannah était devenue notre professeur attitrée. On a fait un voyage à Paris cette année là : la Tour Eiffel, le Stade de France, le Musée des Arts Premiers, la Géode, La cité des sciences, Versailles, … Le voyage était magique pour une enfant comme moi. J'ai énormément aimé la Géode et la cité des sciences, mais les deux moments que j'ai préférés restent Versailles et le musée des arts premiers, même si passée par l'entrée des joueurs au Stade de France, c'était énorme. C'était magique pour moi. Ce qui était moins magique, c'était qu'en rentrant au lieu de gîte, je partageais la chambre avec Miryam et Justusa. Ma mère était accompagnatrice du voyage, mais elle ne gérait pas mon groupe. A la fin du voyage, nous avions fait nos sacs et nous avons attendu le départ. On a soudain entendu un cri : c'était une fille de l'école, Lénaïg, une petite blonde aux cheveux bouclés assez hautaine d'habitude, qui s'était coincée le doigt dans une porte au point de se le couper en deux. Cet incident a rallongé le départ et je m’impatientais, pressée de retrouver mon cocon, et ma meilleure amie, ma petite boule de poil collante et affectueuse. Quand on est revenu, les deux petites chiennes étaient amaigries : elles n'avaient pas voulu manger depuis qu'on était parti pour Paris. Une loyauté sans faille. Le reste de l'année s'écoulera sans incident ou événement majeur.

Fin Mai 2009. C'est presque l'été. Mais pas pour moi, mon ciel vient de nouveau s'assombrir : mon « Pépé » est mort. On m'a dit « on le savait, c'était prévisible » sauf que moi, on ne m'avait pas préparé à ça. J'étais mal, très mal. Il s'en est suivi tout un tas de procédure, et ma grand-mère était, logiquement, le centre de l'attention. Mon grand-père, Alani, sera incinéré à Sanctus Briocus. Quelques jours plus tard, mon grand-père paternel est hospitalisé pour une opération sur une valve cardiaque. Il n'y avait aucune raison qu'il y ait des problèmes. Dix juin, Andreas, mon deuxième grand-père, décède : en ouvrant, les médecins se sont aperçus qu'il avait les poumons bouffés par le tabac. C'est vrai qu'il était pire qu'un sapeur. Avant sa mort, le climat était délétère entre lui et mon père, enfin, c'est l'impression que j'en avais. J'ai toujours ressenti un rejet par rapport au handicap de mon père : un bipolaire avec un syndrome frontal et qui en plus a eu un accident de travail qu'il l'empêche de travailler à vie, ça fait mauvais effet chez eux … Chez beaucoup de gens d'ailleurs. A partir de là, j'ai entendu parler d'héritage, de conflits. Il y avait déjà l'histoire de la voiture : apparemment elle devait revenir à Kérann mais Pétros, mon oncle a serré le moteur car il croyait qu'elle allait revenir à Dieter, mon père. Sans compter les histoires d'argent et d'indivision. Ma grand-mère paternelle, Hylona, s'est enfermée peu à peu dans la surdité et un certain mal-être. Pétros quant à lui a débarqué un beau jour, sans frappé, chez nous, vociférant tellement qu'on ne comprenait qu'un mot sur deux. C'est le côté impulsif de la famille ça : sous le coup de la colère, on va dire beaucoup de choses qu'on regrettera ensuite. En parallèle, ma grand-mère maternelle, Ottilie, venait régulièrement à la maison, incapable de rester toute seule. Un an plus tard, Dieter lui proposera de venir habiter chez nous. Pour moi, c'est un chamboulement de plus, celui de trop. Ça devenait insupportable.

Moi je continue dans mon mal-être permanent, j'écoute souvent du Linkin Park, du Saez ou encore du Rammstein et du Muse. Je suis une enveloppe, rien de plus. Je n'arrive pas à faire le deuil de mes grands-pères comme je n'arrive pas non plus à comprendre le comportement d'une partie de ma famille lors de l'incinération de mon grand-père maternel … J'étais jeune, j'avais 11 ans, et à cet âge on ne peut pas forcément gérer ses émotions correctement. Résultat, j'ai pleuré comme une madeleine : Kérann et Nig sont donc restés avec moi pour me consoler et on est arrivé en retard à la cérémonie. Ca nous a valu des regards noirs, des reproches qui sont tombés principalement sur moi

… Comme d'habitude me diriez-vous.

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