ろく

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L'Empereur émergea, à la fois triste et colérique. Pour cause, la révélation de son nouveau concubin était beaucoup trop difficile à accepter.

- Je suis l'Empereur, bon sang ! se dit-il à voix haute. Si je ne me fais pas un peu respecter, alors c'en est fini de moi !

Aussitôt, il chargea un serviteur de prévenir Kawamura-dono. Lorsque sa blessure serait guérie, il devrait passer une nuit dans la chambre royale, qu'il le veuille ou non. Ce n'était pas contestable.

En apprenant cela, plusieurs concubins furent jaloux. Pourquoi l'Empereur tenait tant à ce qu'un concubin caractériel passe la nuit avec lui, alors que d'autres se seraient mis, genoux à terre dans la boue, pour une seule heure d'intimité. Cela était intolérable !

Deux semaines s'écoulèrent. Kawamura-dono guérit remarquablement bien. Entre temps, le Général avait mis la main sur l'homme qui avait organisé l'attaque. Il croupissait dans les cachots, en compagnie de ses acolytes, attendant leur sentence.

Un après-midi, l'Eunuque vint au pavillon rouge. Il prévint Kazuma du souhait de l'Empereur, de l'avoir à ses côtés pour la nuit. Cependant, comme le concubin n'était pas prêt à avoir de rapport intime avec Sa Majesté, aucune préparation n'était requise. Le jeune homme se demanda de quelle préparation il était question, sans pour autant oser le demander.

Le soir venu, il attendit sagement dans les Appartements impériaux. Le Souverain était à une réunion avec ses sujets, afin de déterminer du sort des cinq hommes arrêtés.

Un serviteur fit son entrée. Kazuma le reconnu, comme étant du pavillon jaune. Il le salua poliment et posa plusieurs petits plats sur la table de la chambre.

- Kawamura-dono, voici plusieurs mets, cuisinés par vos confrères, expliqua-t-il. Ils sont offerts en remerciement, pour avoir sauvé Sa Majesté l'Empereur.

- Cela me touche beaucoup, sourit-il, remerciez-les bien fort de ma part.

Le serviteur s'inclina et quitta la pièce. Sachant que le Souverain avait déjà dîné, et n'ayant rien avalé depuis plusieurs heures, le jeune homme se permit de manger ses offrandes, en attendant Sa Majesté. Tout était délicieux, bien que l'un des bols, contenant de la soupe, quelques champignons macérés dans de la sauce soja et des pousses de haricots, lui parut plus âpre que les autres. Puisque cela n'en gâchait pas le goût, il le termina. Après tout, les nobles concubins n'étaient pas destinés à faire de la cuisine, de part leur naissance. Il fut d'autant plus touché car tout avait été fait avec minutie et sérieux.

L'Empereur Suzuki rentra ivre. Le concubin roula des yeux. Pourquoi fallait-il que cela lui tombe toujours dessus ?

- Comment se fait-il, Votre Majesté...qu'une réunion finisse par vous mettre dans cet état ? feint-il l'agacement.

Le Souverain rit en réponse et alla s'effondrer dans son immense lit. Kazuma s'occupa de l'homme en soupirant. Car en effet, sa Sérénissime Majesté, n'était plus qu'un simple homme, par sa consommation excessive de vin. Il retira ses chausses, son kimono d'apparat et son chignon. Les cheveux lâchés allèrent s'échouer sur les oreillers en vagues sombres. Cela fit rougir le concubin, le trouvant magnifique. Il reprit contenance et enveloppa le corps impérial dans ses draps. Puis, lui passant un tissu frais sur le visage, il ne put s'empêcher de continuer à parler pour chasser son embarras.

- Je ne comprends pas pourquoi Sa Majesté, me veut moi alors que les autres concubins ont beaucoup de qualités que je ne possède point, pesta-t-il. Regardez, par exemple, ce soir les concubins du pavillon jaune ont fait porté de délicieux plats en remerciement de vous avoir sauvé. N'était-ce pas une preuve de leur amour à votre égard ? Je vous en prie, reprenez-vous, Votre Majesté ! Pensez à un autre que ma personne ! Ce n'est pas parce que vous êtes bel homme et que vous avez tous les pouvoirs, que je vais vous céder. Je reste persuadé, Ô Votre Majesté, que vous êtes un briseur de cœurs !

Il s'arrêta tout à coup, et se mit une claque mentale. Ne venait-il pas de dire que Sa Majesté était beau et un briseur de cœurs ? Ne venait-il pas de, honteusement avouer, que l'Empereur ne lui était pas indifférent ?

Quel briseur de force mentale plutôt, oui... pensa-t-il.

Agacé pour de bon, il partit se coucher sur la banquette près du bureau et tourna le dos au Souverain.

Il ne vit pas le regard amoureux de l'Empereur. Finalement, le vil Souverain avait feint l'ivresse afin de voir les réactions de son concubin. Il fut d'ailleurs, très satisfait que Kawamura-dono s'occupe de lui. Prouvant ainsi, par ses gestes et propos, qu'il éprouvait de l'intérêt pour lui, malgré sa décision de quitter le Palais et son refuse de l'aimer...

Il s'endormit le cœur plus léger que les semaines passées. Il prit confiance, l'amour viendrait en son temps...

Hasegawa-dono, une fine pellicule de sueur encore présente sur son front, après une soirée de luxure avec ses deux confrères, partit aux cuisines pour se faire un en-cas. Il devait en rapporter à ses deux amis et amants du pavillon rouge. Pour ne pas choquer Kazuma, encore peu habitué aux relations entre concubins, ils avaient préféré attendre que celui-ci soit de sortie, pour libérer toute leur frustration. Avoir un si bel homme et intelligent de surcroît, éveillait en chacun d'eux, des fantasmes plus brûlants les uns que les autres. Ce simple plan à trois, les avait repu pour quelques temps.
L'avantage de bien s'entendre avec ses partenaires sexuels, ils pouvaient tout se dire et innover des positions ou des pratiques qu'ils ne pourraient pas forcément aborder dans un mariage traditionnel. Le fait de repenser au corps de Hokuto entre Itsuki et lui, tordit agréablement son ventre et lui redonna une forme de tous les Dieux. Peut-être y aura-t-il une troisième fois à son retour ? Si ce n'est plus...

Toujours en proie à ses désirs, il alla dans la réserve afin de prendre les condiments nécessaires pour leur repas. Makoto était un bon vivant et aimait beaucoup manger. La réserve était un endroit qu'il connaissait plutôt bien. Il fut surpris de découvrir de nouveaux pots. Un en particulier, attira son attention. Il ne possédait pas d'étiquette. Il l'ouvrit, observant ce qui semblait être une plante séchée, réduite en poudre. Cependant, la couleur rousse et l'odeur forte de moisissures lui mirent un doute... Tout ceci était étrange... Quoi de mieux pour cacher des preuves, que de les mettre au nez et à la barbe de tous ! Il en prit une cuillère, la mettant dans un mouchoir pour ne pas éveiller de soupçon. Chargé du plateau, il passa à la bibliothèque afin de prendre plusieurs rouleaux sur la botanique.

De retour au pavillon rouge, ses deux amants l'attendaient nus dans son grand lit.

- Mmh, merci ! gémit Hokuto en s'étirant comme un chat. Je meurs de faim...

- Servez-vous, je dois regarder quelque chose, dit-il en posant le plateau sur le lit.

Ses amis commencèrent à manger pendant qu'il sortait le mouchoir de sa manche. Il avait quatre rouleaux à lire. En définitive, le plaisir de la chair attendrait un peu...

- Que fais-tu ? s'intéressa Itsuki intrigué.

- J'ai trouvé un pot suspect dans la réserve, il y avait ceci dedans, expliqua-t-il en tendant le mouchoir. Et l'odeur était particulière... Alors j'ai pensé tout d'un coup, quoi de plus simple que de cacher des preuves, là où nous ne nous songerions chercher ?

- Penses-tu que c'est avec cela que quelqu'un a empoisonné Tsubaki ? s'inquiéta Hokuto.

- J'en ai bien peur... Tout ceci est très suspect à mon goût. Je préfère faire des recherches afin de ne point faire de conclusions hâtives.

- Nous allons t'aider alors, proposa Itsuki le regard désireux. Nous irons plus vite à trois, et après nous continuerons notre activité principale...

Il effleura la hanche laiteuse d'un Hokuto rougissant. Ils reprirent contenance et lurent les rouleaux avec sérieux.

Après, près d'une heure de lecture et maints soupires.

- J'ai trouvé ! s'exclama Makoto, brisant le silence. Champignon Cortinaire, poussant dans les forêts humides d'épicéas, entraîne la mort contrairement à ses frères au chapeau acajou ou violet qui sont comestibles. Il provoque des vomissements de sang, de la fièvre, des douleurs atroces dans tous le corps et pour finir, entraîne violemment la mort... Pauvre Tsubaki...

- Ce qui pourrait expliquer pourquoi Tsubaki avait ce liquide qui s'échappait de sa gueule... conclut Itsuki attristé.

- Il y a une forêt d'épicéas après celle de bambou, à environ trente minutes de marche du Palais, remarqua Hokuto, ils doivent certainement venir de là...

- Eh bien, maintenant que nous avons l'arme du crime, il ne nous reste plus qu'à trouver le coupable et surtout le mobile... soupira Makoto en rangeant les rouleaux. Demain je me rendrais dans la réserve, afin de prendre le pot. Il faut que personne n'y touche... Pensons à des choses plus légères maintenant...

Il se rapprocha de ses deux amants, les yeux brillants de désir.

- En attendant, reprit-il la voix rauque en se dévêtissent, nous allons finir ce que nous avons commencé...

Makoto prit les deux jeunes hommes dans ses bras et tous trois s'embrassèrent en s'allongeant sur le lit. La nuit allait être très courte...

Lendemain matin, Kazuma se réveilla avant l'aube. Se sentant un peu affaibli puisqu'il avait fait beaucoup de cauchemars tout au long de sa nuit. Il partit avant le lever de l'Empereur. Du moins, c'est ce qu'était sensé faire les concubins en temps normal. Il avait appris que le Souverain aimait être seul le matin. Étant de nature un peu sauvage, Kazuma trouvait cela tout à fait compréhensible. Après tout, Sa Majesté voyait beaucoup de monde tout au long de la journée et de la soirée... Passer du temps seul était important pour pouvoir se construire Soi, avant d'être confronter à la société.

En rentrant, Kazuma trouva une boite sur le perron, avec son nom dessus. Il l'ouvrit et vit deux grands biscuits enveloppés dans un très joli tissu vert. Pensant que c'était un nouveau présent de l'Empereur, il décida de l'accepter cette fois-ci sans rechigner. De plus, il se rendit compte qu'il avait faim, ce qui expliquait sans doute ses légers vertiges. Il les mangea tranquillement en terminant d'écrire son dernier rouleau.
Shohei-dono étant déjà levé, lui apporta du thé en l'interrogeant sur sa soirée. Le secret de l'écrivain et la mort de leur animal de compagnie les avaient beaucoup rapprochés.

La matinée se déroula tranquillement jusqu'au midi. Ses trois amis s'étaient réveillés fort tard, et à son grand étonnement, ils sortirent tous de la chambre de Makoto. Cependant, il n'en fit aucune remarque.

Au moment de s'attabler, Kazuma se sentit mal. Il courut jusqu'à l'entrée du pavillon, sans avoir le temps de rejoindre les commodités. Il se mit à vomir des quantités incroyables de ce qui semblait être ses derniers repas mélangés à un liquide rouge.

Inquiet, les trois amis vinrent l'entourer. Voyant ce que le concubin rejetait, le sang de Makoto ne fit qu'un tour.

- Shohei-dono, vite ! Vas quérir le médecin impérial, je pense que Kawamura-dono a été empoisonné !

C'est à toutes jambes que le serviteur courut en direction du Palais.

Les trois amis prirent rapidement soin du concubin. Le mettant au lit, des gros oreillers dans son dos et une bassine en cuivre sur les genoux.

- Q-que m'arrive-t-il ? bafouilla Kazuma entre deux vomissements.

- Tu as été empoisonné mon ami ! paniqua Hokuto les larmes aux yeux.

- J'ai trouvé hier soir, dans la réserve, ce qu'il semblerait être la preuve de l'empoisonnement de Tsubaki... expliqua Makoto. J'ai bien peur que quelqu'un veuille te faire subir le même sort...

Le pauvre jeune homme ne put lui répondre car un autre vomissement arriva.

Le médecin impérial entra avec fracas dans la chambre. Beaucoup de monde le suivait, dont l'Empereur, le visage ravagé par des larmes, que personne ne lui avaient connu.

- Kawamura-dono, je vais devoir vous faire des lavages d'estomac, le prévint Ikuta-dono. Que l'on m'apporte beaucoup de bassines d'eau chaude, ordonna-t-il à plusieurs serviteurs. Des tissus propres, du charbon en poudre, de l'eau bouillit dans deux théières, un bol, une cuillère en bois et un boyau ferme mais souple de bœuf. Hâtez-vous, nous n'avons que peu de temps pour le sauver !

À ces mots le Souverain crut devenir fou. Impossible, voilà ce qu'il se répétait comme un Mantra. Il était impossible que cet être fantastique soit empoisonné par quelqu'un !

Comprenant que le médecin n'avait besoin que des serviteurs et afin d'avoir plus d'espace, les trois concubins prièrent l'Empereur et le Général de s'installer au salon.

- Votre Majesté, tenta Makoto, puis-je vous faire part de quelque chose ? Cela devrait aussi vous intéresser Général Daito-dono.

- De quoi s'agit-il ? demanda ce dernier pour eux deux.

- Voilà, commença-t-il peu confiant, nous ne vous l'avions pas mentionné car cela nous semblait important d'avoir suffisamment de preuves... Notre chien,  a été empoisonné le mois dernier... Au vu de ce que subit notre ami en ce moment-même, il est possible qu'il s'agisse du poison utilisé contre notre Tsubaki...

L'Empereur semblait pris de stupeur tout à coup. Néanmoins il ne dit rien, alors Daito-dono indiqua à Makoto qu'il pouvait continuer ses explications. Il leur confia donc sa trouvaille de la nuit, qui normalement, devait toujours se trouver dans la réserve. Suite à cela, le Général envoya immédiatement deux gardes récupérer le pot et le rapporter ici-même.

- Il faudrait savoir ce qu'il a mangé pour remonter jusqu'à la piste du coupable... réfléchit Daito-dono.

- Ce midi rien du tout... répondit Hokuto toujours inquiet. Et ce matin nous n'en savons rien car nous nous sommes tous levés tard...

L'explication fit hausser les sourcils du Général. L'Empereur devait vraiment être en proie à l'angoisse car il n'avait pas relevé le sens de sa phrase.

- Hum, puis-je parler ? demanda Shohei-dono.

- Oui, bien sûr, si vous avez des éléments, même infimes cela m'intéresse, accorda le Général.

- Kawamura-dono est arrivé très tôt ce matin, raconta-t-il, il m'a dit avoir trouvé un présent de Sa Majesté sur le perron, c'était deux biscuits, délicieux, d'après lui, qu'il a terminé de déguster après que j'ai apporté le thé.

Tous se tournèrent vers l'Empereur stupéfait. Il n'avait aucun souvenir de lui avoir fait un tel cadeau...

- Il m'a aussi fait part de sa mauvaise nuit et de ses légers vertiges, continua le serviteur, que l'on a mis, l'un comme l'autre, sur la cause de la faim et du manque de sommeil... Oh par tous les Dieux, ne me dîtes pas que je l'ai laissé s'empoisonner ! pleura-t-il.

- Tous ces éléments sont très importants... Merci Shohei-dono... Votre Majes-

- Ce n'est pas possible, coupa celui-ci sortant de sa torpeur. Je ne lui ai jamais offert un tel présent car je me souviens de tous. De plus, hier, il m'a confié avoir été gâté par des concubins voulant le remercier de m'avoir sauvé...

- De quoi s'agissait-il Votre Majesté ? s'affola le Général. Vous a-t-il donné un nom ?

- Aucun nom... C'était des plats qu'un serviteur du pavillon jaune lui a apporté... Je n'ai rien vu, il les a consommé en mon absence ! sanglota-t-il.

- Nous permettrez-vous d'enquêter avec vous, Votre Majesté ? interrogea Makoto peu confiant.

- Je suis en colère car vous m'avez caché la mort de votre chien, renifla-t-il, mais vous êtes tous trois, des concubins très chers à mes yeux. dans ce cas, c'est d'accord, ce sera votre punition pour avoir dissimulé tout cela !

Les gardes revinrent bredouilles.

- Le pot dont le concubin Hasegawa-dono a parlé, n'était plus dans la réserve Général... Que devons-nous faire ?

- Retournez-moi tout le Palais bon sang, mais retrouvez-le ! s'emporta l'Empereur.

- Nous nous retirons, Votre Majesté, s'inclina le Général, nous allons chercher, interroger tout le Palais et s'il le faut, aller jusqu'à la Cour de Sa Majesté l'Impératrice...

- Faites, faites ! Mais je vous en prie, retrouvez-moi cet être ignoble qui s'en prend à Kawamura-dono ! ragea le Souverain.

De l'autre côté des portes coulissantes en bois et papier de riz, au moment où les concubins et Sa Majesté eurent quitté la pièce, le médecin impérial n'avait cessé de s'activer.

- Vous, mettez des oreillers sous le bassin du concubin ! Vous, mettez lui cela sous la langue, cela atténuera ses vomissements le temps des lavements. Vous, retirer lui ses vêtements pendant que je prépare tous les instruments.

Le pauvre Kazuma, blanc comme le Fujisama sous la neige, avait les traits creusés et tremblait. La fièvre l'avait gagné pendant les vomissements. Tout son corps travaillait pour essayer d'éliminer le poison. Une fois installé les fesses relevées et nues, Ikuta-dono fit pénétrer le boyau de bœuf dans l'intimité du concubin. Il fit couler de l'eau chaude, jusqu'à ce que le ventre soit gonflé. Il pinça le boyau et le retira.

Aussitôt, le concubin fut soulevé au dessus d'une grande bassine vide ou il lâcha le contenu d'eau et d'un tas d'autres choses que le médecin ne put identifier. Il refit cela à cinq reprises, jusqu'à ce que l'eau sorte translucide. Les bassines et autres éléments furent emportés afin d'être soigneusement nettoyés.

- Bien, maintenant, souffla Ikuta-dono avec douceur, Kawamura-dono, vous pouvez cracher dans le bac la pastille que vous avez dans la bouche et bien vous rincer à l'eau claire.

- M-merci... gémit-il.

- Ne parlez pas, gardez des forces... Je vais vous expliquer la suite, tant que vous êtes conscient, car bientôt vous tomberez certainement dans un sommeil profond... Je vais vous faire boire deux théière entière de charbon en poudre dilué dans de l'eau. Cela permettra d'arrêter la progression du poison dans votre système, bien qu'il y soit déjà bien installé. Le charbon permet aussi d'éliminer le poison. Il s'évacuera par la transpiration et la voie rectale. Je peux vous rassurer aussi, sur le fait que lorsque vous irez uriner, cela n'endommagera pas vos reins car le charbon est aussi efficace pour protéger les organes... Vous êtes prêt ? Il vous faut tout boire prestement...

Le concubin acquiesça et le médecin commença à lui tendre les bols. Ce fut dur mais il parvint à tout avaler sans le rejeter.

Ikuta-dono, l'enveloppa dans plusieurs couvertures chaudes, malgré la douce saison. Il fallait qu'il transpire beaucoup. Il mit d'ailleurs un tissu sur le front du concubin.
Il épongea à son tour son front avec son mouchoir. Il n'avait jamais eu aussi peur de sa vie... Voilà que le Favori de l'Empereur, car il était persuadé que c'était le cas, se faisait empoisonné et était à deux doigts de dépérir. Malgré la guérison de sa blessure au torse une semaine auparavant. Décidément, ce pauvre jeune homme n'avait vraiment pas de chance...

Il sortit de la chambre et tomba nez-à-nez sur Sa Majesté.

- Asseyez-vous, Votre Majesté, je crains qu'à la pâleur de votre visage, vous ne tourniez de l'oeil...

- Je vais vous faire châtrer Ikuta-dono... pesta-t-il.

- C-comment ?! s'inquiéta le médecin. Je l'ai sauvé à temps, pourquoi devrais-je subir un tel sort ?

- Vous m'avez caché la mort de leur chien !

- Oh... En effet... Mais pourrais-je être puni d'une autre façon ?

- Je vous épargne car vous avez sauvé la vie de mon amour... soupira-t-il en passant une main sur son visage.

Les trois concubins et le serviteur du pavillon rouge eurent tous un hoquet de stupéfaction.

- Cela n'est plus une surprise, pour quiconque à la Cour... sourit tristement l'Empereur.

- Euh... Pour nous, cela en est une... bouda Hokuto.

- Je suis navré pour vous Yoshino-dono... Cela ne m'empêchera pas de passer du temps avec vous et de vous apprécier, avoua-t-il. Vous comprenez ?

- Pas pour le moment...siffla-t-il entre ses dents.

Itsuki posa une main réconfortante sur son épaule.

- Bon, je suis navré de vous interrompre, intervint Ikuta-dono. Il faudra que vous m'apportiez un futon Shohei-dono, et aller chercher mes serviteurs, ils vous aideront.

- Pourquoi cela ? N'est-il pas sauvé ? s'enquit le Souverain.

- Si, Votre Majesté. Cependant je dois le surveiller au cas où il fasse une rechute, ou qu'il ait besoin de quoi que ce soit qui mérite un avis médical...

- À ce propos, Ikuta-dono, sollicita Makoto, voici une toute petite partie des possibles preuves des deux empoisonnements de nos amis...

Le médecin prit le mouchoir. Sentit et observa un moment avant de sortir un tube en verre, à moitié rempli d'un liquide, de sa sacoche. Il y mélangea la poudre et aussitôt, le liquide devint bleu nuit.

- C'est bien du poison... Et au vu de la couleur rousse, j'imagine que je ne vous apprends rien en disant que ce sont des Cortinaires ?

- En effet, nous avons découvert cela hier... répondit Itsuki, jusqu'alors silencieux. Hokuto-dono a même pensé au fait, qu'ils pourraient venir de la forêt d'épicéas non-loin du Palais.

- C'est en effet une bonne théorie... admit le médecin. Nous allons continuer de nous occuper de ce pauvre jeune homme pendant le déroulement de l'enquête.

- Je vais poster deux gardes à l'entrée du pavillon, intima l'Empereur. Quant à vous, interdiction de quitter cet endroit. Si vous voulez des rouleaux demandez aux serviteurs. La nourriture et les breuvages devront être testés au poison avant d'être consommés...

- C'est ce que j'escomptais faire, Votre Majesté, acquiesça Ikuta-dono.

- Bien, merci pour votre travail... remercia l'Empereur en s'inclinant, sans vous, nous pleurerions la perte d'un être merveilleux.

- Oh, Votre Majesté, je vous en prie, reprenez-vous ! s'exclama-t-il au comble de l'embarras.

- Je me retire, mais je reviendrai chaque jour pour m'enquérir personnellement de ses nouvelles...

- Comme il vous plaira, Votre Majesté, faites attention à vous surtout... s'inclina Hokuto en le raccompagnant à la porte.

Tous le saluèrent et il regagna ses Appartements.

Cette nuit-là, fut certainement la pire de toute sa vie...

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