きゅう

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Le jeune écrivain parvint à terminer le long récit Du Prince et du Roi. Cependant, l'inspiration continua d'affluer. Il créa au bout de quelques jours une histoire prise de rumeurs urbaines, lui ayant plu.

Kazenotanki, le cavalier du vent, était un homme tout de noir vêtu, bravant la nuit et les intempéries afin de sauver des personnes en danger et de distribuer quelques vivres aux plus démunis, aussi discret et rapide que le vent.

Le serviteur Shohei-dono, lui avait conté ce prenant récit, plusieurs mois auparavant. Il l'avait entendu au marché, d'une femme l'ayant aperçu. Ce fut donc un peu plus tard, que le premier rouleau naquit chez les imprimeurs. Toutes la population et la Cour s'arrachèrent la nouvelle histoire de Mukawara, surtout l'Empereur.

En effet, Kawamura-dono ignorait une chose, cette rumeur était bien réelle. Kazenotanki existait bel et bien. Il s'agissait de l'Empereur Suzuki lui-même. Seuls l'Eunuque et le commandant étaient au courant des sauvetages de ce brave et fort Empereur. Néanmoins, celui-ci se gardait bien de dévoiler le secret à son Favori, se délectant qu'il puisse continuer à rédiger et imaginer ses prouesses nocturnes, effectuées de temps à autre, depuis que sa couche était plus souvent partagée...

Au plus grand bonheur du Souverain, Kawamura-dono et lui se voyaient régulièrement, pour faire l'amour ou non, selon leurs envies à tous les deux.

Le concubin ne s'était jamais senti aussi bien. Il passait aussi des moments très intenses avec ses amis car au fil de ces longs mois, il avait mûrit et s'était ouvert aux relations sexuelles à plusieurs. Itsuki avait été son mentor. Petit à petit, il lui avait appris à se laisser aller à la passion avec ses amis. Cela avait commencé dans la salle d'eau et s'était terminé de nombreuses fois dans la chambre.

Le Souverain, apprenant cela, n'en avait été que plus émoustillé. Il aspirait à avoir une relation parfaitement sereine avec l'être qu'il souhaitait pour Favori. Heureusement, l'attention qu'il lui portait, n'entachait en rien ses relations avec ses confrères des autres pavillons.

Durant cette période paradisiaque, Kazuma écrivait, mangeait, faisait l'amour et dormait. Cependant, un sentiment de culpabilité commença à s'insinuer dans ses veines. Il pensait à sa promesse faite envers son premier amour. Elle s'effilochait et s'amenuisait de jour en jour... Impossible, il n'était pas amoureux de l'Empereur ! Il ne le voulait et ne le pouvait pas...

Un soir, au pavillon rouge, alors que les quatre amis étaient attablés, le jeune écrivain mangea sans entrain son riz.

- Tu ne manges pas plus Kazuma ? s'enquit Makoto.

- Je n'ai pas très faim... souffla-t-il en posant les baguettes sur son bol.

- C'est une première, intervint Hokuto, toi qui engloutirais un bœuf à chaque repas, c'est étonnant !

- Il est amoureux de l'Empereur ! s'exclamèrent Makoto et Itsuki en choeur.

- Cela justifierait son manque d'appétit... ajouta Makoto en lui faisait en clin d'oeil malicieux.

- Je suis sûr que ce n'est pas cela... bouda Hokuto.

- Je te rassure sur ce point Hokuto, soupira Kazuma, ce n'est pas le cas...

- Si c'était le cas, je ne t'en voudrai pas longtemps... promit-il arborant une moue espiègle.

Cette nuit là, Kawamura dormit mal. Il se tourna sur son futon, repensant à leur début de nuit avec le Souverain... Il avait accepté quelques heures plus tôt, l'invitation imprévue.

Alors que l'Empereur avait lié leurs mains moites, autant que leurs corps, il lui avait fait l'amour tendrement, jusqu'à ce que cela devienne plus sauvage. La jouissance les avait fauchés peu de temps après.
En calmant sa respiration, comme à son habitude, Sa Majesté les avait nettoyés avec un linge humide parfumé. Néanmoins, cette fois-ci, il avait révélé son amour à son Favori, le surprenant.

- Kawamura-dono, souffla tendrement l'Empereur, je voulais vous dire que je vous aime... Enfin, à vrai dire... Je suis tombé éperdument amoureux de vous. J'aurai un vœu à vous soumettre...

Voyant que le concubin gardait le silence, il continua.

- Je souhaiterais que vous restiez avec nous... Ne partez pas je vous en conjure, restez auprès de moi... dit-il tristement. Vous m'appréciez n'est-ce pas ?

Kazuma acquiesça timidement.

- Alors s'il vous plait, par amour pour moi, ne partez pas !

- Je vous prie de m'excuser Votre Majesté... murmura-t-il en baissant la tête. Il m'est impossible d'accéder à votre demande. Vous connaissez ma droiture, je dois tenir la promesse que j'ai faite à mon Maître Bushi. Nous nous étions promis devant les Dieux que nos destins seraient à jamais liés. Lorsque nous aurons assez d'argent nous nous marierons pour de bon, construirons notre demeure. Je pourrais vivre de l'écriture alors que Tosaka-dono continuerait à donner des leçons d'Arts Martiaux.... Aussi je vous demande, si vous m'aimez vraiment, laissez moi partir, je vous en conjure à mon tour...

Déchiré par cette déclaration, l'Empereur ne put retenir ses larmes.

- J'accepte... abdiqua-t-il les dents et poings serrés. Mais je ne veux plus vous revoir, alors sortez et laissez moi seul ! gronda-t-il le regard noir empli de larmes.

Surpris pas sa réaction, le concubin était parti en toute hâte.

En se levant le matin, il apprit par Shohei-dono, que Sa Majesté s'était enfermé dans ses Appartements et qu'il ne souhaitait voir personne.

- Cela est fâcheux... s'attrista Kazuma. Tout est de ma faute, je ne pourrais pas lui faire mes adieux...

- Vraiment ? Tu pars ce soir ? interrogea Itsuki peiné.

- Oui, d'ailleurs, j'ai des présents pour chacun d'entre vous.

Ainsi, Kazuma donna bons nombres de cadeaux à ses amis puis à son fidèle serviteur et à d'autres concubins avec lesquels il s'entendait bien. La nouvelle du départ arriva aux portes des Appartements Impériaux.

Après avoir pris un bain pour se changer les idées, l'Empereur Suzuki, avait enfilé à la-va-vite un kimono, avant de se précipiter vers les portes du Palais et de retenir son Favori par le bras.

- Une dernière coupe, parvint-il à dire essoufflé, en l'honneur de l'amour et de notre lien, qui, pour moi, perdurera toujours...

- Oh... Votre Majesté... s'émeut le concubin.

Ils partagèrent plusieurs coupes de vin tout au long de la soirée, ne réalisant pas le temps qui s'écoulait.

- Je... Je vous aime Votre Majesté... laissa-t-il échappé, complètement ivre.

Ce fut trop pour le Souverain, qui s'empressa de les dévêtir et de faire l'amour à son Favori.

Ils furent réveillés le lendemain matin, par une atroce migraine, mais surtout par les coups de l'Eunuque contre la porte.

- Votre Majesté ! déclarait-il presque en criant.

- Mais que se passe-t-il ici bon sang ! hurla-t-il en ouvrant le battant.

- Je vous prie de m'excuser cette intrusion, mais il y a ici-même un message de Kawamura-dono père.

- Faites-le entrer et qu'il se dépêche...s'impatienta le Souverain.

Kazuma se vêtit promptement, reconnaissant le serviteur de son père.

- Votre Majesté, s'inclina-t-il, je suis ici pour mettre en garde le concubin Kawamura-dono. En effet, tels sont ses mots, Maître Kawamura, refuse le retour de son fils, sinon il sera renié et devra faire Seppuku.*

- J-je vous demande pardon ? bégaya-t-il stupéfait.

- Il est hors de question que le concubin Kawamura-dono se donne la mort ! gronda le Souverain les sourcils froncés.

- Alors, Votre Majesté, il devra rester à vos côtés... conclu le serviteur en faisant une révérence.

- Vous pouvez disposer, ordonna l'Empereur.

- Je-je ne pourrais pas tenir la promesse... s'attrista Kazuma.

- Kawamura-dono... soupira-t-il en effleurant sa joue du bout des doigts. Votre...premier amour comprendra la situation...

- Oui... je pense aussi... Je vous prie de m'excuser d'être resté aussi têtu tout ce temps. Je serais heureux de continuer à partager votre quotidien, Votre Majesté, et d'écrire pour vous...

- J'en serais ravi... Et tout le Palais autant que moi, mon cher et tendre Kawamura-dono... souffla-t-il, le regard amoureux.

Kazuma entra au pavillon rouge. Ce soir-là, ses trois amis lui sautèrent dessus et l'étreignirent, dans tous les sens du terme...

* Hara-kiri (petit point culture... En France, on a pour habitude d'employer l'expression «hara-kiri» bien que les japonais ne l'emploient presque jamais. Pourtant nous n'avons pas entièrement tord d'utiliser ce terme, le mot «seppuku» étant chinois et non japonais. Ces derniers refusent de parler d'hara-kiri, le mot étant devenu à leurs lèvres vulgaire. On parle d'hara-kiri si le geste est pratiqué par les petits gens du peuple, par contre si ce sont les samouraïs qui se tranchent le ventre, on peut parler de seppuku. )

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