Chapitre 5 : Le poids du secret

12 minutes de lecture

Le temps avait passé. J’étais entrée trop tôt dans l’adolescence, et mon corps, en pleine métamorphose, m’échappait. Mon alimentation était devenue une obsession. Je traquais les kilos superflus, surtout depuis cette période après mon accident au genou où je n’avais presque pas bougé.

Les années 70 accueillaient à bras ouverts une nouvelle tyrannie : les régimes. Une industrie entière s’ouvrait aux adolescentes, avec ses magazines, ses injonctions, et ses promesses de bonheur au centimètre près. Les mœurs, elles, fonçaient à toute allure vers la modernité.

Maman m’avait expliqué qu’avec ce sang qui revenait chaque mois, j’étais devenue une femme. Certaines mères, disait-on, accompagnaient ce grand moment d’une gifle symbolique. Une manière de marquer le coup. Maman, elle, s’était contentée de me le dire. Et c’était très bien comme ça. L’idée même de cette claque me révoltait. Comme un avertissement déguisé : « Bienvenue dans la condition féminine. » Une tape sur la joue pour t’annoncer que tu allais en baver. Misogyne et absurde.

Comme j’étais grande, serviable, toujours à m’occuper de la maison et des petits, j’obtins enfin le droit d’acheter mes magazines avec mon argent de poche. Chaque semaine, je les guettais avec impatience. Friande de nouveautés, je salivais d’avance à l’idée de découvrir les recettes beauté, les tests idiots et les potins croustillants.

À la maison, on regardait surtout des programmes pour enfants. Faut dire que mes parents avaient assuré la relève avec leur tribu. Le reste du temps, c’était moi qui faisais office de deuxième maman. Titi et Grosminet, Bip Bip et Coyote, L’Autobus impérial… À force, ils me sortaient par les trous de nez.

Moi, je préférais la radio. J’avais la chance d’avoir ma propre chambre, un vrai luxe. Porte fermée, devoirs expédiés, je montais le son du hit-parade à fond. C’était ma bulle, mon territoire. Mon indépendance.

Sur la place centrale du village, trônait une vieille épicerie pleine de bric-à-brac, qui faisait aussi dépôt de journaux. Tous les matins, je prenais le bus juste en face pour aller au collège. Et, rituel oblige, je faisais un petit détour pour zieuter les couvertures des OK Magazine, Salut les copains, Marie Claire… Ma fenêtre sur le monde, ou du moins sur celui qu’on me vendait.

Les gros titres de la presse féminine parlaient diététique, bien-être, sexualité, psychologie... Exit les histoires à l’eau de rose, Fleur Bleue en overdose. Place à la modernité ! Les romans-photos affichaient une réalité plus crue, plus palpable. L’actualité des stars de la chanson reléguait les travaux d’aiguille aux oubliettes. Les femmes, qui tricotaient autrefois en écoutant la radio, regardaient désormais la télé, captivées par les variétés du samedi soir.

Le dimanche, autrefois, les ces dames tricotaient autour de la table du salon… ou installées sur un banc, devant le spectacle immuable des hommes de la famille jouant aux boules, pastis à portée de main. Colette, elle, me tricotait même mes culottes en coton blanc, à la main, avec amour… et un fil bien rêche. J’en garde encore le souvenir cuisant à l’entrecuisses. Une telle irritation qu’une fois émancipée, j’ai opté pour la liberté totale : pendant longtemps, j’ai été une sans-culotte. Littéralement.

C’était l’âge d’or des shows de variétés, des feuilletons du soir et des émissions taillées sur mesure pour les ménagères. La télé était devenue reine du foyer. Pour les hommes, la politique restait une affaire sérieuse — à débattre bruyamment au comptoir ou devant le journal du soir — les pages sportives, elles, gagnaient du terrain à chaque match. Petit à petit, chacun avait son programme, son fauteuil, son silence.

Grande lectrice devant l’éternel, je ne passais à côté d’aucune parution. C’était une aubaine, un vivier d’histoires dans lequel je piochais pour nourrir mon besoin d’évasion. Tout y passait : récits d’amour, confessions croustillantes, conseils beauté ou confidences psy. Ces pages devenaient des fenêtres ouvertes sur un ailleurs, plus vaste, plus libre, plus audacieux.

Maman était une femme ouverte d’esprit, aucun sujet tabou. On pouvait parler de tout avec elle, à condition de respecter les autres pour ce qu’ils sont. La maison aussi était ouverte : un vrai refuge pour mes copines. Elles venaient souvent y passer du temps, parfois même des séjours entiers.

Le jeudi après-midi, on se prenait pour les Claudettes, à se trémousser devant la grande glace de mon armoire en bois. — Quelle chance tu as d’avoir des parents comme ça, ils sont géniaux ! Moi, je trouvais ça normal, et je les plaignais de ne pas pouvoir s’exprimer chez elles.

Colette écoutait leurs confidences avec attention, les réconfortait, glissait un conseil ou une parole douce. Elle savait parler aux ados. Elle savait surtout ne pas juger.

Pendant les repas, papa, fidèle à lui-même, sortait ses blagounettes du chapeau pour faire rire toute la tablée. Un brin coquin, parfois un poil trop cru pour nos oreilles d’ado. Maman le recadrait avec son éternel : — Ah non, Camille, là tu dépasses les bornes. On va passer pour quoi ?

Alors il prenait son air d’enfant pris la main dans le pot de confiture et lançait à la volée un clin d’œil complice. Rires assurés. Il appelait maman « sa fenotte » et il l’adorait. Elle portait la culotte, et lui, ça lui allait très bien. Son truc à lui, c’était les clowneries. — T’es incorrigible, j’ai six gosses à la maison, c’est pas possible ! Mais au fond, ça les arrangeait tous les deux. Elle n’aurait jamais supporté un homme autoritaire, et lui n’aspirait qu’à la légèreté. Un duo bien rôdé.

Avec les pubs — qu’on appelait encore « réclames » — la modernité s’invitait à la maison en fanfare. La gente féminine, fraîchement dotée d’un pouvoir d’achat autonome, devenait la cible rêvée. Il faut dire que depuis 1965, une révolution silencieuse avait eu lieu : les femmes pouvaient enfin ouvrir un compte en banque et signer un chèque sans l’autorisation du mâle dominant.
Quelle avancée ! À croire qu’on venait de découvrir qu’elles avaient un cerveau et deux mains.
Dès lors, toute bonne ménagère se devait d’avoir sa machine à laver, son fer à repasser électrique, son grille-pain dernier cri.
À chaque tâche, son ustensile. Et à chaque fête, son prétexte : fête des Mères, anniversaires, Noël… Les placards débordaient d’artefacts électroménagers, offerts comme des couronnes à la nouvelle reine du foyer.
Libérée, oui — mais pas de la charge ménagère !
Aujourd’hui, essayez donc d’offrir un robot ménager pour un anniversaire : vous vous faites envoyer sur les roses. Et à juste titre.

Colette, elle, avait cédé aux sirènes de la modernité… mais un peu trop fort.
Un jour, elle est revenue avec une machine à éplucher les patates — oui, ça existait. L’engin, aussi lourd qu’encombrant, trônait fièrement au-dessus de la baignoire les jours de frites ou de gratin. Les tubercules, brassés sur un cylindre abrasif, en ressortaient toutes pelucheuses, comme passées au papier de verre.
— Tu parles d’un gain de temps ! On devait tout reprendre au couteau pour enlever les taches noires et leur redonner figure à bouche humaine.
Elle n’a pas fait long feu, la fameuse éplucheuse… Recyclée au rang de relique, elle a fini sa carrière dans la cave, couverte de poussière et d’oubli.

Maman gardait quelques réflexes bien ancrés de son éducation. Elle tenait à ce qu’on « reçoive une bonne instruction », comme elle disait. C’était peut-être un point commun avec sa propre mère, bien qu’elle s’en défende.
En tout cas, chez nous, pas de débat : on a tous été envoyés dans le privé.
Pour moi, ce fut un établissement catholique, bien sûr tenu par des bonnes sœurs — en civil, mais à la morale en soutane.
Mes cousines poursuivaient leurs études dans le public. En plus, les classes étaient mixtes, j’en étais vraiment envieuse.

Mes années collège vinrent renforcer un sentiment d’injustice — cette fois, sociale — qui me chatouillait déjà depuis un moment.
La plupart des élèves étaient des « filles à papa » issues de la bourgeoisie lyonnaise.
Le cadre lui-même en disait long : d’un côté, un château en pierres taillées, majestueux ; de l’autre, un bâtiment flambant neuf, symbole d’une ère moderne. Tout baignait dans le prestige.

Moi, j’y débarquais avec mes gros sabots et ma fierté de fille de la terre.
Ce décalage avec mon quotidien eut pourtant un effet libérateur.
Dans cet univers policé, je me forgeai une petite bande : des filles comme moi, issues de familles modestes. On menait une guéguerre joyeuse — mais bien réelle — contre les bourgeoises trop sûres d’elles.
Nous, on était les boursières. Celles qui écopaient régulièrement de colles le mercredi après-midi. Et nos parents, respectueux des règles et peu rompus à la contestation, n’auraient jamais songé à remettre une punition en question.
Oser évoquer des activités extrascolaires hors de prix ? Même pas en rêve.
Notre réalité ne faisait pas le poids.
On se vengeait à notre manière.
Un jour, on a piqué un fou rire général parce qu’une fille bien née avait mis des chaussettes blanches en dentelle avec ses mocassins vernis. On a appelé ça « le syndrome du caniche ».
On n’a jamais su si elle avait compris la référence, mais nous, ça nous avait soudées pour de bon.

Pour certains profs — souvent aussi bien coiffés que leurs élèves favorisées — le simple fait que nos familles ne roulaient pas sur l’or suffisait à nous coller l’étiquette d’enfants mal élevées. Comme si pauvreté rimait forcément avec vulgarité.
Une sorte de raccourci social, jamais exprimé clairement — politesse oblige — mais qui suintait dans leurs regards condescendants, leurs soupirs excédés, leurs exigences à géométrie variable.
C’était parfaitement ridicule.
Et pourtant, c’était la norme. Lisse, invisible, mais bien là.

Au retour des vacances, c’était la grande parade des récits inoubliables : « MEUUUGEVE » en hiver, l’île de Ré, la Corse ou des contrées exotiques en été.
Les exposés de rentrée, triés sur le volet par les profs, mettaient en vedette les mêmes privilégiées, souriantes sur leurs photos de clubs de voile, de ruines antiques ou de safaris culturels.
Elles arrivaient bronzées, les cheveux lissés par le sel, le teint de basanées chic, avec encore la marque blanche de leurs lunettes de soleil incrustée sur le nez.
Jamais un mot sur les patelins, les étés à garder les petits ou à ramasser les haricots.
Nos vacances à nous n’avaient pas droit de cité.

Pour ma part, je gardais mes frères et sœurs afin de soulager maman.
Et il faut être honnête, je n’avais pas vraiment le choix.
Entre les travaux des champs, la tenue de la maison et une ribambelle d’enfants — dont le petit dernier, arrivé avec des soucis de santé — elle ne touchait plus terre.
Je faisais mon maximum, j’étais serviable, appliquée, presque exemplaire.
Mais évidemment, ça ne faisait pas rêver. Pas très bankable, mon récit de vacances.
Pas assez chic pour être raconté devant toute la classe.
L’éveil au monde, selon les critères officiels, c’était forcément une expérience lointaine, balisée, validée par des brochures.
On nous apprenait que l’aventure commençait à l’aéroport, jamais dans une cuisine ou dans la boue avec des bottes en plastique.
Une fois de plus, nos vies restaient hors champ.

Les vacances en famille, chez nous, ça n’existait pas. On n’était pas malheureux. On riait, on se chamaillait, on se débrouillait.
L’amour ne passait pas par les valises Samsonite ni les hôtels avec piscine.
Cette catégorisation avait réveillé en moi une colère sourde. Une révolte.
Je devenais la porte-parole improvisée des oubliés de l’école, ceux qu’on repérait au premier coup d’œil : chaussures sans marque, cartables trop usés, habits un peu trop courts ou trop larges.
Je les défendais par le verbe, que je maniais avec un aplomb presque insolent, et par quelques coups d’éclat bien sentis.
Mes professeurs — pour la plupart des nonnes en civil — ne supportaient pas mes invectives ni mes envolées lyriques, surtout quand un sujet effleurait ma sensibilité à fleur de peau.
Trop sensible, trop vive, trop « tout ».

Lors des réunions de parents d’élèves, certaines — un peu moins injustes que les autres — tentaient un équilibre hypocrite :
— En dehors des cours, qu’elle perturbe en prenant la parole un peu trop souvent… Bérénice est très intéressante !
Le compliment était toujours livré avec des pincettes, comme un cadeau qu’on n’ose pas vraiment offrir.
J’entendais surtout le « trop souvent », plus que le « intéressante ».

Je les avais scotchées, ces bonnes sœurs, par mon toupet et mon culot.
Un exemple parmi tant d’autres : les légumes de la cantine venaient tout droit de la ferme du domaine. On devait finir nos assiettes sous peine d’être privées de dessert, de récré — et d’y ajouter une punition pour le principe.
Un midi, comme tous les jours, on nous sert de la salade.
Et là, horreur : des asticots verts gigotent entre les feuilles.
Je me lève et lance bien fort :
— Il est hors de question que j’avale ça ! Elle n’est pas lavée, regardez, c’est rempli de vers !
La surveillante arrive, me jette un œil agacé et lâche :
— Mademoiselle, vous faites bien la difficile. Mettez les feuilles de côté et mangez les autres. Ce sont pas les petites bêtes qui vont manger la grosse.
Là, c’en était trop. J’étais furieuse.
Les copines, d’accord avec moi, m’applaudirent :
— Certainement pas, c’est dégueulasse ! On n’est pas des cochons !
— Puisque c’est comme ça, Bérénice, chez la directrice, tout de suite. Allez…
Je ne me suis pas dégonflée.
J’ai attrapé mon auge — l’assiette encore pleine de bestioles — et suis montée en flèche chez le Dragon.
Mademoiselle Devon : une femme glaciale, autoritaire, au charisme de béton armé.
Tout le monde baissait les yeux sur son passage, moi y compris... jusqu’à ce jour-là.
J’ai frappé, mais furibonde, je n’ai pas attendu la réponse.
J’ai déboulé dans son bureau, droite comme un i, et d’un geste sec j’ai posé mon plat sous son nez :
— On m’a dit de venir, parce que j’ai refusé de manger ma salade. Regardez : c’est plein d’asticots. Si vous la mangez, alors je ferai pareil.
Elle a reculé d’un air dégoûté.
— Je suis d’accord avec vous, Bérénice. Elle est mal nettoyée. Mais votre effronterie dépasse les bornes. Une entrée intempestive dans mon bureau sera évidemment sanctionnée.
Résultat des courses : deux mois de colle tous les mercredis après-midi.
Mais désormais, la salade devait être nickel. Interdiction formelle d’abriter le moindre petit hôte non invité.

Mes notes étaient bonnes, globalement. Mes parents avaient fini par accepter mon tempérament hors cadre.
À la maison, j’aidais, j’étais présente — et puis, mon culot les amusait.
Le coup le plus marquant de mon palmarès ? Le grand nettoyage des voitures de profs pour collecter des fonds « humanitaires ».
Toute l’équipe pédagogique s’en est émue : une élève si généreuse, si investie, si mature ! On m’a tressé une couronne de lauriers...
Les bouffons.
En réalité, j’avais monté l’opération dans un but bien précis : récupérer mes sabots à semelles de bois, confisqués par Mademoiselle de Saint Albon.
Cela faisait plus de quinze jours qu’ils prenaient la poussière dans son coffre.
Cette année-là, c’était la grande mode, et pour une fois que j’étais enfin dans le mouv’, j’étais furax.
La grognasse avait décrété que je faisais trop de bruit dans les escaliers.
— Pas ma faute si le château résonnait à chaque pas, hein !
Elle n’y a vu que du feu. J’ai récupéré mes sabots — que je n’ai, cela dit, jamais osé reporter à l’école.

Je devenais une jeune fille un peu ronde, mais gracieuse, blonde, plutôt jolie. Et je le sentais : le regard des hommes avait changé.
J’aimais plaire, mais pas n’importe comment.
J’avais l’âme d’une amoureuse éperdue, nourrie aux grandes histoires tragiques et aux élans du cœur à faire chavirer le monde.
Il fallait que ça pulse, que ça vibre, que ça emporte.
Les petits copains sans grand sentiment, les amourettes à l’eau tiède, très peu pour moi.

Mon père avait relancé le club de ping-pong du village, une belle occasion de croiser la gent masculine sous couvert d’activité sportive.
Il avait été, dans sa jeunesse, classé parmi les dix meilleurs pongistes du département.
L’équipe féminine, elle, faisait pâle figure. La majorité, c’était des gars, et des motivés.
Mon frère Vivien, notamment, brillait à la table.

Un an plus tard, un nouvel entraîneur débarque.
Pas du coin. Grand, gras, la quarantaine passée, il m’a tout de suite mise mal à l’aise.
Un truc malsain flottait autour de lui.
Son regard lubrique glissait sur mes formes avec une insistance écœurante.
J’avais la nausée rien qu’à le voir.
J’ai arrêté.
Papa n’a pas compris. Ce type, commissaire de police et nouveau copain , avait forcément la carte. Il ne s'est même pas posé la question de savoir pourquoi un flic Lyonnais venait dans notre patelin pour exercer son sport soit disant favori. En plus, je le trouvais collant avec la famille, il partageait parfois nos repas comme un ami. Il nous a invité plusieurs fois dans sa villa témoin des bords de Saône, dans une résidence fermée avec gardiens, pas tout a fait notre style de vie.

Papa devant lui était un peu admiratif et moi je ne trouvais pas cela normal.
Ce fichu complexe d’infériorité devant les « érudits » — notaire, instituteur, médecin, policier… toute personne avec un semblant d’autorité — impressionnait les gens comme mon père.
Mais pas moi.
— La Pipe… qu’ils l’appelaient. Tout un programme. Mais d’où il sortait, celui-là ?
Mon instinct m’avait prévenue.
Et bien des années plus tard, la preuve que j’avais vu juste viendrait me cueillir.
Mais patience… ce n’est pas encore le moment. Revenons à nos moutons.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire veronique Padet ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0