Le bus est à l'image de tout ici. Étrange. C’est un mélange entre un petit autobus scolaire et une camionnette, mais le plus bizarre, c’est sa couleur. Il est carotté jaune et rouge, ce qui fait presque mal aux yeux.

- Où vous allez? Demande le chauffeur.

- À l’école, répond Jack. Et si vous pouviez nous y emmener rapidement, ce serait apprécié. On va être en retard.

- À vos ordres!

Il y a déjà deux personnes dans le véhicule : Une vieille femme assise juste derrière le conducteur qui nous regarde d’un air mauvais en grommelant des bouts de phrases comme « Vieille bécane, on n’y arrivera jamais! » ou encore « Ah les jeunes! Jamais appris à être polis! » et un homme âgé d’Une quarantaine d’années qui ne semble même pas savoir qu’il est dans un bus.

Nous nous assoyons, ce qui est parfaitement inutile puisqu’environ deux minutes plus tard, nous arrivons devant un bâtiment somme tout plutôt normal. Jack m’entraine hors du vieil autobus.

- Il s’est surpassé. D’habitude, ça prend plus de temps que ça. On est en avance, ça a de l’air!

On s’assoit sur le petit muret devant le bâtiment que je suppose être « l’école ». Ça ressemble vraiment à une école malco ordinaire (mon Dieu! On dirait que je suis une vraie sorcière qui juge les différences entre les malcos et les sorciers, alors que je ne comprends rien, en vrai!)

- Alors… Qu’est-ce qu’on apprend ici?

- En gros, on a quatre matières : pratique des sortilèges, théorie des sortilèges, potions et botanique.

- Est-ce que… ça va paraitre que j’y connait rien?

- Euh… oui, au début. Mais je suis sûr que tu vas tous nous rattraper d’ici quelques mois!

- Hahaha…

On reste un peu en silence, quand soudain, un énorme oiseau, à mi-chemin entre un rapace et un perroquet, nous fonce dessus. D’abord un autobus, maintenant ça! Voyant que Jack ne semble pas du tout impressionné, je suppose que ce genre d’oiseau traine souvent dans ce quartier. Peut-être l’équivalent des pigeons malcos? L’oiseau se pose juste devant nous. Il est énorme. À peu près de ma taille en fait. Je suis terrorisée. L’oiseau nous fixe un long moment, puis devient une espèce de tempête de plumes. Quand la mini-tornade arrête, ce n’est plus un oiseau qui se trouve devant nous, mais une fille de notre âge.

- Salut! Nous lance-t-elle candidement. T’es qui toi? Dit-elle en se tournant vers moi.

- Salut Élise! Je te présente Laurie-Ann.

Élise et moi nous jaugeons pendant quelques secondes. Elle est le stéréotype de la belle fille : cheveux blonds, grands yeux bleus, bouche en cœur, joues rosées. Difficile de croire qu’elle était un gros oiseau il y a quelques minutes.

- Bienvenue, Laurie-Ann.

Elle finit sa phrase par un gloussement.

- Tu peux m’appeler Laurie.

Elle est désagréable, mais je préfère ne pas me mettre les gens à dos tout de suite. Avec tout ça, je ne me suis pas rendu compte que d’autres élèves étaient arrivés. Élise nous plante là pour aller rejoindre ses deux amies, un peu plus loin. Au passage, je remarque que l’une desdites amies me regarde avec un air… de défi. Elle me semble plutôt timide, donc je suppose que c’est mon imagination qui me joue des tours.

Plusieurs élèves me regardent d’un air intéressé. Je ne suis pas habituée d’être au centre de l’attention. Habituellement, je suis presque invisible. Je suis donc extrêmement mal à l’aise. Je me tourne donc vers Jack, cherchant une question à lui poser pour rompre le silence. J’ai presque envie de lui dire « va rejoindre tes amis, je ne veux pas être un poids pour toi. ». C’est vrai! On n’est pas vraiment amis. Il m’a expliqué le gros de ce que j’avais à savoir, je me débrouillerai seule. Mais la perspective de rester assise seule sur le muret avec tous ces gens qui me regardent m’effraie.

Heureusement, une cloche retentit à ce moment. Nous nous laissons glisser du muret et je me prépare à ma première journée dans l’univers des sorciers.