Quand mon réveil sonne, je me redresse vivement sur mon lit. J’ai juste envie de me sauver par la fenêtre, mais je suppose que ce ne serait pas civilisé, et en plus, j’aurais faim. Je me dirige vers la cuisine, saluant au passage Anne et Thomas. Je mange mon toast en me préparant mon sandwich. Je dis au revoir à Anne en évitant son regard, mais en la prévenant que je rentrerai vers 17h00.

Je plane quasiment jusqu’au métro. L’entrée du Nuage est beaucoup plus loin de chez mon père que de chez ma mère. Le premier wagon est entièrement vide. À 7h00 le dimanche matin, ce n’est en effet pas l’endroit le plus populaire. Heureusement, j’arrive à temps pour cueillir Jack à la sortie de son bus. Nous faisons notre spectaculaire entrée dans la ville sorcière ensemble.

Il faut par contre croire que les transports en commun sont un endroit plus visité le dimanche matin par les sorciers que les malcos.

À part de Jack, j’ai sympathisé avec quelques sorciers. Élise et Émilie sont en quelque sorte mes amies. C’est donc avec enthousiasme que je réponds à leurs grands signes de la main. Je soupire intérieurement en voyant Roanna à côté d’elles. La semaine passée, elle était absente et… non, c’est mal de se dire ça, mais j’espérais un peu qu’elle ne serait pas là encore cette semaine. On passe d’excellents moments au diner, sauf qu’elle gâche un peu tout. Elle crée une tension, une ambiance indescriptible que tout le monde ressent. Une ambiance qui me fait clairement comprendre que je ne suis pas la bienvenue. Je ne sais pas pourquoi elle m’aime aussi peu. Je ne lui ai rien fait!

Pourtant, ce matin, elle me sourit. Bon, ok, son sourire est clairement forcé. Mais c’est une amélioration! Peut-être que ses amies lui ont parlé?

Les dimanches sont mes journées préférées. L’avant-midi passe à une vitesse folle. La botanique est décidemment la matière dans laquelle je suis la plus nulle! Je suis loin d’avoir l’instinct de Jack, pour qui tout ça a l’air ultra facile. Néanmoins, à part un peu de terreau sur mes vêtements, je m’en sors. À l’heure du diner, je m’assois sur le muret avec Jack, Élise, Émilie, Roanna et Éric, un autre gars dans notre classe qui est pas mal fin.

Roanna est plus sociable que d’habitude. Elle participe à la conversation avec animation. Je remarque tout de même qu’elle évite de m’adresser la parole.

L’après-midi s’enligne pour être intense : sortilèges pratiques, puis théoriques. La journée se termine par un examen, ce qui n’enchante pas tout le monde. Pour ma part, ça ne me dérange pas tant que ça. C’est un moyen de voir si je me suis améliorée.

Presque personne ne réussit le charme de réduction, mais ça ne semble pas décourager le prof. Il nous donne un énorme devoir. Jack me regarde d’un air atterré. Je lui chuchote qu’on le fera ensemble un midi cette semaine.

J’ai hâte à tout à l’heure. Avec Jack, nous avons un espèce de rituel : nous allons boire un truc au café pas loin de l’école. C’est un moment agréable puisqu’aucun de nous n’est en train de faire des devoirs et que nous pouvons parler de magie sans avoir à baisser le ton.

Le prof de théorie entre dans la classe quelques secondes après la sonnerie de la cloche.

- Bonjour! Aujourd’hui, non, je n’ai pas oublié l’examen. Je veux une dissertation sur la pierre de lune. Son histoire, ses utilisations, ses propriétés. Tout ce que vous pouvez me dire. Vous avez droit à vos notes de cours. Bonne chance! Vous avez toute l’heure. Quand vous aurez fini, vous l’apporterez sur mon bureau.