ces moments

4 minutes de lecture

Il y a des moments comme ça, où on voudrait juste rester dans notre lit, couché sur le dos en regardant le plafond, et ne plus bouger jusqu’à ce que mort s’ensuive. Ça arrive soit après un moment affreux ou un moment merveilleux, habituellement. Je suis dans une autre catégorie : en ce lundi soir, je n’ai pas vécu d’évènements de ce genre. Je souris. C’est l’histoire de ma vie : être dans une troisième catégorie.

Une autre chose avec ce genre de moments : ils se passent rarement comme on le veut. Mon père trouve que ce n’est « pas sain » de rester comme ça, sans parler à personne. Il est convaincu que quelque chose ne va pas. Mais bon, je m’en fous, honnêtement. Je resterai là, du moins jusqu’à demain matin.

Je repense à hier soir. Finalement, il n’y a pas eu de trop gros malaise. Jack est vraiment capable de s’adapter à toutes les situations! On a parlé pendant super longtemps tous les trois, si bien que j’ai dépassé l’heure où je devais rentrer. C’est peut-être aussi pour ça que mon père pense que je ne vais pas bien… J’ai toujours été le genre de fille qui respecte les règles, qui ne fait pas de vague. Maintenant, je sors des journées entières sans explications. Et là, je rentre en retard. La voix ironique dans ma tête me dit de m’en foutre, mais j’avoue que ça doit être un peu flippant de voir sa fille changer de même, sans explications. J’aimerais tellement pouvoir leur en parler! Malheureusement, je ne pourrai probablement jamais. Décret 3.2 du ministère des sorciers : le secret magique, c’est-à-dire de ne jamais révéler la magie aux malcos.

Les lois magiques sont extrêmement sévères. Il est interdit de faire de la magie devant des malcos. Il est également interdit de jeter certains sorts sur d’autres personnes : tout ce qui tue, immobilise ou fait mal à quelqu’un est proscrit. Comme je ne tiens pas à perdre mes pouvoirs pour des années, je garde mon secret pour moi.

Max m’a conseillé de mieux me renseigner auprès de ma famille pour chercher de qui me viennent mes pouvoirs magiques. Tout comme moi, il pense que c’est là qu’est la clé pour comprendre quel est mon don. Jack pense, quant à lui, que ça n’a aucun rapport, que je peux être une bonne sorcière sans connaitre mes origines.

Je suis pas mal certaine qu’aucun de mes parents n’est sorcier. Mes grands-parents sont bien gentils, mais ça m’étonnerait qu’ils soient capables de magie. Reste des oncles/tantes. Mais eux, d’où sortiraient-ils leurs pouvoirs? Je suis en train de me résigner à être, encore, dans une autre catégorie.

Je commence sérieusement à stresser. Ça fait presque un mois que je suis une sorcière et je ne sais toujours pas quel est mon don. En plus, comme les garçons me l’ont expliqué, on ne peut pas utiliser ses pouvoirs personnels tant qu’on ne les connait pas. C’est un cercle vicieux! J’ai pourtant exploré toutes les facettes de ma personnalité et je n’ai pas encore trop trouvé quelque chose qui me représente. Max dit que « c’est des conneries, le fait que tes pouvoirs te représentent ». J’avoue que je me suis posé des questions sur son niveau de psychopathie quand il m’a dit que son don était d’envoyer des espèces de zones coupantes invisibles. Donc je suppose que la question de « quelque chose qui te représente » dépend des individus. Ce qui ne m’aide pas du tout! Ça augmente considérablement mon cercle de recherche. Pourtant, comme à chaque fois qu’on parle de ça, Jack levait les yeux au ciel toutes les deux secondes. Il a probablement une hypothèse et me trouve conne de ne pas y avoir pensé.

Anyway, pour en revenir à notre fin d’après-midi dans le café chaudrons & potions, j’ai trouvé Max très sympathique. Je suis prête à remettre ça n’importe quand. Bien sûr, je ne vais pas imposer Max à Jack (sérieusement, c’est quoi l’affaire avec les diminutifs plus ou moins semblables!). Je compte séparer mon temps entre les deux. En y repensant, ça va satisfaire tout le monde, je crois : Roanna va pouvoir passer du temps avec ses amis sans que je sois dans le décor, pis Jack va pouvoir un peu respirer.

J’éteins ma lampe de chevet. Flemme d’aller dire bonne nuit. Ils s’en remettront. Cette nuit, je n’arrive pas à dormir. Chez mon père, c’est un peu plus compliqué de profiter des nuits d’insomnies pour m’instruire puisque ma chambre est en fait la moitié d’une pièce double séparée par des rideaux. De l’autre côté, c’est la chambre de mon frère, qui remarquerait à coup sûr si j’allumais la lumière. J’attrape alors ma lampe de poche. Elle n’a plus de batteries depuis un bout, mais je pense m’être suffisamment entrainée.

Je murmure la formule du sortilège de lumière, le premier que j’ai appris. J’ai l’impression que ça fait super longtemps que Jack m’a révélé ma nature de sorcière, derrière la bibliothèque St-Michel.

- Lumine!

Une boule de lumière apparait dans ma main, répandant une douce chaleur autour d’elle. Je l’approche lentement de ma lampe de poche. Théoriquement, ça devrait marcher.

Quand la lumière touche la vitre de la lampe de poche, elle la traverse et rentre à l’intérieur. Je la pose à côté de moi, contente. Elle ne fait pas trop de lumière, ce qui est parfait. Si Olivier se réveille, je n’aurai qu’à l’éteindre rapidement et il pensera qu’il a rêvé.

J’ouvre un énorme livre de magie et commence à lire.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Hermida ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0