promenade nocturne

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Après avoir mis des coussins sous mes couvertures au cas où, je me lève lentement de mon lit. Essayant de faire le moins de bruit possible, je cherche mes vieilles espadrilles. Je veux pas me geler les pieds, quand même! Mes bottes sont trop louches à chercher. Une fois trouvés, je me glisse hors de ma chambre. Je prends rapidement mon manteau dans le hall, puis, je me dirige vers la cuisine. Je prends un verre dans l’armoire et le rempli d’eau. Silencieusement, je me dirige vers la porte qui mène à la cour en arrière de chez nous. Théoriquement, celle-ci appartient à nos voisins, et nous n’y allons jamais. Mettons que je vais faire une exception pour cette fois. Lentement, je tourne la poignée jusqu’à ce que la porte soit ouverte, tout en la gardant fermée avec mon autre main. Je l’entrouvre juste ce qu’il faut pour passer, puis, avec autant de délicatesse, je la referme. Je suis dans l’escalier, mon verre d’eau dans la main. Le pire, c’est que je n’ai jamais eu aussi peu soif que maintenant. Je me force à en boire deux gorgées pour me donner la force de sortir de la cour.

Maintenant, ce n’est plus trop ma mère, le danger, mais plutôt les voisins. Je marche, priant pour qu’ils n’aient pas de spots lumineux qui s’allument quand il y a du mouvement. Heureusement, non. Quand j’atteins la clôture, je me rends compte que :

1. Je n’ai pas mis mon manteau et je gèle et

2. Ça va être dur de franchir la clôture avec un verre d’eau presque rempli.

Je pose mon verre par terre. Oui, s’ils le trouvent, les voisins vont se poser des questions, mais les chances qu’ils sortent en pleine nuit sont pas mal faibles. À bien y penser, c’était un peu con de l’amener. J’aurais juste pu le laisser sur le comptoir. Mais bon. J’escalade la clôture. Olivier escalade tout le temps tout ce qui s’escalade, ça ne doit pas être si dur.

Après être tombée trois fois, je réussis enfin à atteindre le sommet de la maudite clôture, qui est assez haute d’ailleurs. Je saute de l’autre côté et atterri lourdement dans l’herbe constellée de flocons. Heureusement, je ne me blesse pas. Je me relève. Je distingue les garçons plus loin, dans le parc. Je traverse la rue en courant. Je vais leur dire ma façon de penser. En me voyant arriver, ils me saluent, comme si de rien n’était, comme si on n’était pas dans un parc à une heure du matin. Je me précipite sur eux, écumant de rage.

- C’est quoi votre problème ?!?

- Y a aucun problème!

Max et son sourire ironique. J’ai envie de le frapper. Mais bon, je suppose qu’il vaut mieux que je ne frappe mes seuls amis et guides dans le monde des sorciers.

- Euh… De un, vous me traumatisez, de deux vous m’obligez à fuguer et à risquer la colère de ma mère, de trois… C’est quoi cette heure de rencontre ???

- Ben… C’est un peu le seul moment où on peut se voir en dehors de l’école. Tsé, on comprend que c’est trop louche de passer autant de temps avec tes amis, de disparaitre le dimanche… C’est la meilleure façon de se voir.

- Calme toi, Laurie. C’est pas si grave. Pis de toute façon, je te gage que t’étais en pleine insomnie.

- Vous auriez pas pu m’en parler avant? Genre vous auriez pas eu besoin de lancer des roches dans ma fenêtre pis j’aurais mieux prévu mes affaires.

Ma colère est un peu retombée. Je comprends qu’avec mes parents, c’est contraignant de se voir. Et j’ai toujours rêvé de m’enfuir de chez moi la nuit…

- T’aurais pas accepté. Je te connais, Laurie Ray.

J’avoue que Jack a raison sur ce point. Mais pas question de le lui montrer

- T’en sais rien! Peut-être que j’aurais accepté avec joie! Là, ç’a aucun bon sens de me tirer de mon lit de même.

- Mouais… Désolé.

Au moins, lui, il s’excuse. Max ne fait que me regarder avec un sourire en coin depuis le début. Mais bon, je leur pardonne. Je suis pas trop rancunière.

- Qu’est-ce qu’on fait, alors?

- Je propose qu’on s’éloigne un peu d’ici. Ce serait ben le boutte de se faire repérer par ta mère. Et t’inquiète pas, on te ramène chez toi pour 4h30.

- Ouais, bonne idée.

- Heille! Est-ce qu’on va dans les ruelles? On va avoir l’air d’être des individus louches, ça va être drôle. Pis je viens vraiment pas souvent dans le Montréal malco! Tsé, y a pas full de ruelles sur Le Nuage.

Je ricane. À vrai dire, ça m’étonne que Jack ait réussi à trainer Max ici, puisqu’il ne sort quasiment jamais dans le monde malco.

La nuit va être intéressante.

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