Le Karma en Mode Hardcore
À Misérabilis, les gens s’étaient résignés à leur sort. Mais il y avait un homme, un seul, qui refusait d’accepter cette fatalité : Bernard l’Optimiste.
Certains disaient qu’il était fou, d’autres pensaient qu’il avait lu trop de livres de développement personnel trouvés dans une poubelle cosmique. Bernard, lui, croyait en l’alignement des énergies, en la pensée positive, et en l’idée absurde que les chutes de Jean-Désastre avaient un message spirituel caché.
Bernard croyait dur comme fer qu’il suffisait de voir le bon côté des choses pour échapper à la poisse généralisée. Il répétait à qui voulait l’entendre :
— Si tu souris à la vie, la vie te sourira en retour !
Cette phrase eut l’effet immédiat de provoquer une vague collective de spasmes du visage. Certains sourires forcés furent si intenses qu’on dû appeler un exorciste, ou un kinésithérapeute — les deux avaient été débordés ce jour-là.
Mais Bernard ne se laissa pas démonter.
— Rien n’arrive par hasard ! J’ai un plan : nous allons défier le destin et quitter cette ville pour de bon !
La Grande Évasion
Motivés par un rare élan d’espoir, les habitants décidèrent de tenter une grande évasion collective. Leur plan était simple :
Construire une voiture blindée pour éviter les accidents imprévus.
Prendre de la nourriture en conserve pour tenir le voyage.
Ne surtout pas prévenir Roger, le boulanger, sous peine d’avoir du pain explosif dans leurs provisions.
Ils avaient aussi envisagé de porter des casques en pastèque pour absorber les chocs imprévus. Mais le test avec un moineau suicidaire mit fin à l’idée : la pastèque explosa, l’oiseau survécut, et Bernard se retrouva couvert de graines pendant deux semaines.
À l’aube, tout le monde était prêt. Bernard, en bon leader, monta dans la voiture et déclara :
— Aujourd’hui marque le début d’une nouvelle ère ! Rien ne pourra nous arrêter !
Et à cet instant précis, un oiseau lâcha un ananas sur le moteur, provoquant une explosion digne d’un film de Michael Bay.
Bernard, encore en feu (littéralement), cria :
— L’Univers a entendu notre prière… il nous répond avec des effets spéciaux !
La Malédiction des Transports
Mais les survivants (c’est-à-dire tout le monde, car la loi de Misérabilis stipulait que personne ne mourait jamais, juste souffrait infiniment) ne se laissèrent pas décourager.
Ils décidèrent alors d’essayer le train. Ils arrivèrent en gare, tout heureux de constater que le train était à l’heure.
— Incroyable ! Pour une fois, le destin nous sourit !
Au moment où la porte allait s’ouvrir… une vache surgit de nulle part et mangea la clé du contrôleur.
— Bon, on prend le bus, dit Bernard.
Ils montèrent à bord, le moteur démarra, tout fonctionnait parfaitement… jusqu’à ce que le sol sous le bus s’effondre, révélant un tunnel secret rempli de… pingouins enragés.
Ces pingouins, d’ailleurs, parlaient une langue oubliée. Un seul mot revenait sans cesse : "Retournons ! Retournons !" Bernard en conclut qu’ils étaient eux aussi des exilés de l’absurde.
L’Explication d’un Vieil Homme
Désespérés, les habitants allèrent voir Pépé Jean-Charles, un vieux sage qui vivait au sommet d’une colline (et qui, étrangement, n’avait jamais glissé sur une peau de banane).
Le vieux sage vivait dans une hutte faite de journaux anciens, d’horoscopes contradictoires, et de calendriers où chaque jour annonçait un vendredi 13. Certains disaient qu’il avait rencontré le Karma en personne… et qu’il l’avait battu au Uno.
— Pépé, demanda Bernard, pourquoi sommes-nous condamnés à souffrir ainsi ?
Pépé Jean-Charles prit un long souffle et déclara :
— Parce que.
— … Parce que quoi ?
— Parce que c’est drôle.
Un silence glacial s’installa.
— Vous voulez dire que… quelqu’un ou quelque chose rit de nous ?
— Exactement. Nous sommes dans une expérience cosmique où l’Univers nous utilise comme un sketch géant.
À cet instant, un énorme panneau tomba du ciel. Il était accompagné d’une petite note manuscrite : "P.S. : Merci pour le fou rire du mardi dernier. Signé : l’Équipe Univers." : « HAHAHA ! »
Annotations
Versions