La Révolte des Poissards

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Misérabilis était en ébullition. Pour la première fois de leur existence, ses habitants avaient un objectif clair : se venger de l’Univers.
On aurait dit que l’air lui-même avait changé de goût. Le vent ne portait plus d’odeur de catastrophe, mais une saveur étrange de vengeance en fermentation. Même les pigeons semblaient inquiets, perchés sur les toits, comme s’ils savaient qu’ils allaient perdre leur emploi.
Bernard l’Optimiste avait un plan. Un plan simple, mais totalement absurde.
— Si nous sommes victimes d’un gag cosmique, alors nous allons briser le scénario. Plus de poisse, plus d’accidents, plus de malheurs !
Gisèle, la Magnifiquement Malchanceuse, haussa un sourcil.
— Et comment comptes-tu faire ça ?
Bernard brandit un objet mystérieux : une horloge arrêtée à l’heure exacte où Roger avait raté pour la première fois un pain sans danger — un événement historique pour Misérabilis.
Il avait médité, consulté les horoscopes, lancé des dés en nouilles chinoises, et même demandé conseil à un chou. Le chou ne répondit pas. Mais Bernard interpréta ce silence comme un feu vert cosmique.
— Nous allons faire quelque chose que nous n’avons jamais tenté… Ne rien faire.
Un silence pesant s’abattit sur la foule.
— Attends… On ne fait rien ? demanda Jean-Désastre, sceptique.
— Exactement ! répondit Bernard. Si on ne bouge pas, il ne peut rien nous arriver !
Tout le village s’assit donc en tailleur, immobile, le regard figé.
Et l’Univers attendit.
Une vieille dame voulut prendre un coussin, mais celui-ci explosa en confettis de malchance. Elle s’assit quand même. L’immobilité devint leur arme. Le silence, leur révolution.
La Vengeance Cosmique
Pendant cinq minutes, rien ne se passa. Pas de chutes, pas d’explosions, pas de pigeons agressifs.
Puis… un bruit assourdissant retentit dans le ciel.
BOOOOM !
Le ciel devint violet, puis orange, puis... tableau Excel. Un fichier géant flotta dans le ciel, intitulé : « Poissards Saison Finale.xlsx ».
Une gigantesque voix résonna :
— VOUS ÊTES SÉRIEUX LÀ ?
C’était… Le Narrateur Suprême, une entité divine qui écrivait leur destin.
— Vous croyez que c’est facile, d’écrire des scénarios de catastrophes tous les jours ? J’ai un quota de gamelles, moi ! Une norme ISO 666 du désastre ! Et vous… vous sabotez tout ça pour de la ZENITUDE ?
— Écoutez, j’adore vous voir souffrir, mais là… VOUS ÊTES EN TRAIN DE RUINER MON SPECTACLE !
Bernard sourit.
— Exactement. Soit tu nous laisses vivre normalement, soit on arrête tout.
Le Narrateur grogna.
— Très bien… Vous avez gagné… À partir de maintenant, vous vivrez une vie normale.
Un silence s’installa. Les habitants se regardèrent, hésitants.
Puis, soudain…
— AAAAAAH ! hurla Jean-Désastre. JE NE SUIS PAS TOMBÉ CE MATIN !
— Et moi, cria Gisèle, mon visage n’a pas été attaqué par un pigeon depuis 10 minutes !
Leur poisse, leur rituelle souffrance, leur douce absurdité… avait disparu.
Et personne ne savait vraiment si c’était une victoire.
Mais pour l’instant, ils jubilèrent.
Un peu trop vite. Ils avaient gagné.
Ou du moins, c’est ce qu’ils croyaient…

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