Le Chemin de la Mort (Ou Pas)

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Jean-Désastre, Gisèle, Roger et Bernard se regardèrent, choqués. Le Prophète des Annotations, quant à lui, retourna calmement à son livre comme s’il n’avait pas annoncé qu’ils devaient mourir pour sauver l’Univers. Un silence lourd s’installa dans la pièce, brisé seulement par le crissement de la plume sur le parchemin.
— Attends… mourir ? répéta Jean-Désastre. Il regarda ses compagnons. Mais comment ? On n'a pas le temps de mourir, on a un Univers à sauver !
Le Prophète leva lentement les yeux de son livre.
— Vous ne comprenez pas. C’est une métaphore.
Les quatre amis échangèrent des regards de confusion totale.
— Une métaphore ?! s’écria Gisèle. Alors pourquoi on doit… enfin, mourir, d’abord ?
Le Prophète ferma le livre avec un bruit sec.
— Parce que pour rencontrer le Narrateur Suprême, vous devez abandonner l’idée même de ce que vous êtes, de ce que vous croyez. Vous devez perdre tout contrôle. Vous devez, en quelque sorte, mourir à vous-mêmes.
Roger, qui était toujours accroupi sur un tas de livres, se redressa lentement.
— Vous voulez dire qu’on doit juste arrêter de se soucier de tout ? Se laisser aller ?
— Exactement. Le Prophète sourit mystérieusement. Lâchez prise.
Jean-Désastre se grattait la tête.
— Lâcher prise… c’est tout ?
Le Prophète hocha gravement la tête.
— Oui. Vous devez accepter que l’absurde soit votre nouveau maître. Le chaos est le seul guide vers le Narrateur.
Un frisson parcourut le groupe. Si quelqu’un, à part eux, pouvait comprendre cette absurdité, c’était bien le Prophète des Annotations. Mais cela ne les aidait pas vraiment.
L’Acceptation de l'Absurde
Gisèle, rongée par le doute, se tourna vers ses amis.
— On fait quoi, maintenant ?
Roger, plus pragmatique, avait déjà une idée.
— On arrête de tout contrôler.
Il lâcha sa baguette parfaite au sol. Puis, contre toute logique, se mit à danser sur le spot, sans raison.
Jean-Désastre, pris dans le moment, se jeta dans un tourbillon de roulades imprévues, se cognant le genou contre un vieux fauteuil. Il se redressa en riant sans vraiment savoir pourquoi.
Gisèle, elle, s’assit par terre et commença à parler à une chaise vide, lui racontant ses rêves de jeunesse et comment elle en avait eu assez des horaires parfaits de son ancienne vie.
— Oui, chaise, tu as raison… peut-être que je ne veux plus savoir ce que sera demain !
Bernard, de son côté, prit la plume du Prophète et se mit à écrire sans but, laissant les mots sortir comme ils venaient, sans aucune structure. Le chaos régnait, et bizarrement, il se sentait… plus léger.
— Je… je crois que ça marche, dit-il finalement, en riant. C’est comme si on devenait fous.
Le Prophète les observa avec satisfaction, sans un mot.
Puis, au bout de quelques minutes de comportement totalement absurde, le sol trembla.
Les murs de la cabane se mirent à se tordre dans des angles impossibles, et des éclats de lumière emplirent l’air.
— Il arrive ! hurla le Prophète.
Jean-Désastre leva les bras, les yeux brillants de confusion.
— Qui arrive ?!
La lumière devint si intense qu'ils fermèrent tous les yeux. Et tout à coup, un éclat immense se fit entendre.
La voix du Narrateur Suprême résonna.
— Vous m’avez enfin trouvé, bande de fous !
Le Face-à-Face avec l'Inconnu
Quand la lumière se dissipa, ils se retrouvèrent tous dans un espace qui ne ressemblait à rien qu'ils aient jamais vu.
C’était un vide lumineux, où les formes semblaient flotter sans logique. Des mots, des phrases et des histoires étaient suspendus dans les airs, se transformant constamment. Le sol n’existait pas. Les étoiles n’étaient pas là. Il n’y avait que des morceaux de récits fragmentés, flottant sans fin.
Au centre de cette mer d’abstractions, une silhouette émergea, faite de lettres mouvantes et de symboles brefs. Il se tenait là, les bras croisés, avec un sourire bien trop grand pour être rassurant.
C'était le Narrateur Suprême.
— Bienvenue dans mon bureau.
Leurs regards se croisèrent.
— Vous avez enfin décidé de lâcher prise, hein ? dit-il avec une lueur malicieuse dans les yeux.
Jean-Désastre, qui avait l’habitude d’une souffrance quotidienne sans fin, fit un grand pas en avant.
— Alors, c’est toi qui as foutu en l’air l’Univers ?!
Le Narrateur haussait les sourcils, amusé.
— Non, je n’ai rien foutu en l’air. Vous l’avez fait.
Il fit un geste vague autour de lui.
— Tout cela est le produit de vos choix, de vos actions absurdes. Si vous voulez que l’Univers fonctionne à nouveau, il vous faudra réécrire l’histoire.
Les quatre amis se regardèrent, le doute s’instillant en eux à mesure que la réalité autour d'eux se dissolvait dans un tourbillon de confusion.
Le chaos était loin d'être terminé…

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