Chapitre 3 : Les deux soldats

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Trois heures s'étaient écoulées depuis l'attaque dévastatrice du Fléau. La pluie tombait à verse, martelant le sol de ses gouttes incessantes. Devant l'arche majestueuse qui marquait l'entrée de la contrée de Rochebois, deux hommes se tenaient debout, leurs silhouettes se découpant dans le brouillard et la brume ambiante. Ils étaient tous deux vêtus de capes en toile d'un bleu foncé, rehaussées de coutures en cuir marron sur les épaules. Sur le dos de chaque cape, un blason arborant un aigle surmontant deux épées croisées était fièrement affiché.

L'un des deux hommes se distinguait par sa taille imposante, dépassant légèrement son compagnon. Malgré la cape qui l'enveloppait, on pouvait deviner une silhouette svelte et athlétique. Sa peau d'ébène, d'un ton caramel chaleureux, contrastait avec l'environnement grisâtre. Ses longues dreadlocks étaient soigneusement attachées en une queue de cheval, et une barbichette tressée en nattes pendait au bout de son menton. Trois perles colorées étaient suspendues à cette tresse, conférant une touche d'originalité à son visage avenant.

L'autre homme, légèrement plus petit que son compagnon, ne manquait pas d'élégance. Tout comme son compère, sa silhouette était athlétique et témoignait d'une vigueur remarquable. Ses cheveux court d'un blond vénitien, semblables à des filaments dorés, et sa peau d'une blancheur délicate semblaient irradier de douceur, illuminant ainsi la contrée qui semblait plongée dans l'obscurité. Ses yeux d'un bleu azur, perçants et scrutateurs, semblaient tout révéler de par leur intensité. Ses sourcils légèrement froncés lui conféraient un air sévère, accentuant ainsi la profondeur de son regard.

L'homme aux dreadlocks releva la tête vers l'imposante arche en bois, ornée de fleurs blanches, qui se dressait devant eux.

"C'est plutôt calme. J'ai du mal à croire que cette contrée ait subi l'attaque d'un fléau", dit-il d'un ton perplexe. Son compagnon sortit un parchemin de son porte-parchemin, accroché à l'une des encoches de sa ceinture, et se mit à le lire à voix haute.

"Les rapports sont formels", déclara t'il. "Une alerte fléau a bien été émise depuis cet endroit."

Les deux hommes franchirent la grande arche en bois et s'enfoncèrent un peu plus au cœur de la contrée. Après seulement quelques minutes de marche, les premières maisons effondrées apparurent à l'horizon.

"Voilà qui ressemble davantage à ce que je suis habitué à voir après l'attaque d'un fléau", déclara l'homme aux dreadlocks en contemplant les dégâts avec une certaine légèreté qui contrastait avec le sens de ses paroles.

Les deux soldats atteignirent le centre, là où les dégâts étaient les plus importants. Des habitants s'affairaient dans tous les sens, cherchant désespérément des survivants sous les décombres des maisons effondrées.

L'arrivée des deux soldats suscita l'attention des habitants qui les avaient repérés. En un instant, un groupe de personnes les encercla, et les plaintes fusaient de toutes parts. Une phrase revenait sans cesse dans leurs oreilles : "Aidez-nous".

L'homme aux dreadlocks était attentif aux lamentations de la foule, tandis que son compagnon observait les dégâts causés par le fléau.

"Une équipe d'Anu-médecins et de purificateurs ne devrait pas tarder à arriver", annonça le soldat aux dreadlocks. "Mais il vous faudra patienter un peu, car la plupart des équipes ont été mobilisées à Vaporance qui a également été attaquée il y a deux jours", ajouta-t-il.

"Comment allons-nous faire ? Est-ce qu'on va laisser ceux qui sont ensevelis sous les maisons mourir ?", cria un vieil homme au sein de la foule.

"Non... Ce n'est pas ce que j'ai dit", déclara l'homme aux dreadlocks avec une certaine hésitation. "Nous allons vous aider, bien sûr", ajouta-t-il en jetant un regard à son compagnon, cherchant un soutien.

Le jeune homme blond poussa un léger soupir, puis demanda : "Isaac, combien de personnes sont coincées sous les décombres ?"

Le soldat ferma les yeux, se concentra quelques instants, puis les rouvrit. Une lueur argentée était visible dans ses yeux lorsqu'il scruta toute la zone. Il répondit ensuite à son ami : "Douze personnes, dont quatre sans vie."

La foule semblait incrédule face à l'annonce de l'homme aux dreadlocks.

"Indique-moi leur position", demanda le blond d'un ton déterminé.

Isaac se concentra à nouveau et donna avec précision la position de chaque individu à son partenaire.

Une aura transparente jaillit de l'anneau qui ornait le doigt du jeune blond et enveloppa rapidement tout son corps. En quelques secondes, il leva sa main droite en direction des débris et, d'un geste gracieux, la dirigea vers le haut. Les toitures et les débris qui s'étaient effondrés se soulevèrent de plusieurs mètres, permettant aux personnes ensevelies de se libérer.

La foule acclama le blond pour cet exploit remarquable.

D'un geste de son autre main, il souleva les quatre corps inanimés qui étaient également ensevelis et les déposa plus loin sur le sol. À la vue des corps, certains habitants reconnurent leurs proches et les acclamations cédèrent la place à des scènes de pleurs et de lamentations.

Pendant qu'Isaac essayait de réconforter les habitants qui avaient perdu un être cher, le jeune blond continuait d'observer attentivement les alentours pour se faire une idée de l'étendue des dégâts.

"En comptant ces quatre corps ici et les deux autres plus loin, cela ne fait que six victimes", pensa-t-il. "C'est bien moins que lors d'une attaque de fléau habituelle", continua-t-il à réfléchir.

"Est-ce qu'un Anuma est intervenu ?" demanda le soldat en s'adressant à la foule.

"Oui", répondit une petite voix. La foule s'écarta et une dame vêtue d'un tablier blanc en sortit. "C'est un ancien membre de l'Ordre, un érudit animal", ajouta-t-elle.

Ces mots attirèrent l'attention d'Isaac qui se tenait à côté. "Un animal érudit dans cette partie du monde ?" s'exclama-t-il avec surprise. "Décidément, cet endroit n'est pas ordinaire."

-Où est-il ? demanda le blond, un certain empressement transparaissant dans ses paroles.

-Il... Il était en train d'affronter la créature un peu plus haut, dit-elle en indiquant la rue du doigt.

Les deux soldats échangèrent un regard interrogatif, puis se hâtèrent de se rendre à l'endroit désigné par la vieille dame.

Remontant la rue, ils aperçurent une jeune fille assis par terre, la tête contre les genoux. Son visage n'était pas clairement visible. Un peu plus loin, le bruit de débris jetés au sol attira leur attention. Un jeune homme de taille moyenne semblait chercher quelque chose.

"Bragg... Bragg! " criait le jeune homme tout en continuant à chercher dans les débris. Il semblait tellement concentré dans sa recherche qu'il ne remarqua même pas les deux soldats qui arrivaient derrière lui.

"Où est l'animal érudit ?", demanda sèchement le blond.

Sorenn se retourna brusquement, les fusillant du regard, avant de se replonger dans ses recherches.

"Gamin, je crois t'avoir posé une question", ajouta le soldat blond d'un ton agacé.

Sorenn ne répondit que par un silence glacial, ce qui eut le don d'énerver davantage le soldat blond. Son anneau au doigt s'entoura d'un voile transparent lorsque soudain une main sur son épaule l'interrompit.

"Inutile de t'énerver, Sig, laisse-moi m'en occuper", dit Isaac. Il connaissait son ami mieux que personne et savait que s'il n'intervenait pas, la situation risquait de s'envenimer.

Désolé de t'interrompre", dit prudemment Isaac, "mais c'est assez important." Face au nouveau silence du jeune homme, il ajouta, "Nous cherchons l'Anuma qui a affronté le fléau."

Sans interrompre ses recherches, Sorenn brisa le silence qu'il avait imposé.

"C'est ce que je suis en train de faire."

"Je comprends", répondit Isaac. Il jeta un regard vers son partenaire qui acquiesça d'un mouvement de tête. Les yeux d'Isaac s'illuminèrent d'une lueur transparente et balayèrent l'ensemble des débris, tout comme il l'avait fait précédemment avec les habitants.

"À trois heures, sous le toit de brique marron", dit-il en direction de son compagnon.

Celui-ci s'activa sans plus attendre, enveloppé par la lueur transparente. D'un geste de la main, il souleva la toiture et, quelques secondes plus tard, un corps apparut. C'était celui de Bragg. Sig déposa délicatement le chien dans un endroit dégagé de tout débris.

Le regard de Sorenn se posa sur le corps pendant quelques instants, puis il se jeta sur son ami, pris de tremblements. Il décida de prendre le pouls de son ami pour vérifier son état.

Le temps semblait s'être dilaté, et les quelques secondes pendant lesquelles Sorenn prit le pouls de Bragg lui parurent interminables.

"Vivant...", murmura-t-il d'une voix tremblante. "Tu es vivant, espèce de crétin", ajouta-t-il en sanglotant.

Bragg avait été sérieusement blessé lors de son affrontement. Son corps était parsemé de multiples blessures. On pouvait apercevoir un morceau de bois transpercer son abdomen, et une quantité non négligeable de sang s'écoulait de ses plaies. Sa respiration était haletante.

Sorenn le savait, il devait prodiguer les premiers soins à son ami sans plus tarder. Mais le jeune homme se sentait impuissant face à la situation et incapable de les prodiguer lui-même quand une main se posa sur son épaule

C'était Isaac, d'un air amical il dit "Laisse-moi m'occuper de lui ! "

Bien que ce dernier soit un parfait inconnu pour Sorenn. Une part de lui était remplie de gratitude envers cet homme qui semblait connaître les techniques appropriées pour venir en aide à Bragg.

Isaac s'agenouilla aux côtés de Bragg, examinant attentivement ses blessures. Avec précaution, il commença à retirer le morceau de bois de son abdomen, tout en exerçant une pression pour limiter l'écoulement du sang. Sorenn observait avec une lueur d'espoir dans les yeux, priant pour que son ami se rétablisse.

Isaac exploitait l'acuité accrue que lui conférait le pouvoir de son anneau pour évaluer les fonctions vitales de Bragg. Cependant, alors qu'il poursuivait les soins, les signes vitaux du chien faiblirent dangereusement.

"Mince, nous sommes en train de le perdre", murmura-t-il, sa voix trahissant l'inquiétude qui l'envahissait.

A ces mots, Sorenn fut plongé dans le désespoir le plus total. Son ami allait-il s'en sortir ?

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