Chapitre 6 : Brenna

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Conformément à leur accord, Sorenn avait quitté le cœur de la contrée de Rochebois sans dire au revoir à Léna. Les adieux la mettaient mal à l'aise, alors il avait choisi de partir sans briser leur dernier moment ensemble. Marchant sur la route qui le conduisait à l'unique aérodrome de la contrée, une voix l'appela. Il se retourna et fut agréablement surpris de voir Léna et la petite fille qu'il avait sauvée du fléau lui faire signe de la main.

La présence de son amie et de la petite fille le réconforta. Il était conscient que s'engager dans l'Ordre signifiait qu'il ne reviendrait pas avant cinq ans, voire plus.

"Deviens le meilleur des Anuma !" cria Léna, l'encourageant de toutes ses forces.

Sorenn leur fit également un signe de la main en guise d'adieu et continua son chemin vers l'aérogare. Son cœur était à la fois lourd de partir, mais gonflé d'une détermination profonde. Il se souvenait des paroles de Bragg et de la confiance que Léna avait placée en lui. Il ne pouvait pas se permettre de faiblir.

La route menant à l’aérogare était un long sentier de terre qui parcourais d’immense pelouse immaculé, le soleil était en train de se coucher et teinté le ciel d’une couleur orangée

Sorenn marchait depuis plusieurs minutes quand il aperçut un majestueux bâtiment circulaire qui se dressait au milieu d'un paysage vallonné. Ses murs étaient construits en briques grises, donnant à l'ensemble une apparence solide et imposante. Au sommet du bâtiment, un dôme de verre étincelait sous les rayons du soleil couchant, créant une atmosphère à la fois mystérieuse et fascinante.

En approchant de l'aérogare, Sorenn pouvait voir que l'endroit était étonnamment animé pour cette heure de la soirée. Les conséquences de l'attaque du fléau se faisaient ressentir, retardant de nombreux vols de ballon-planeur. Des voyageurs de toutes sortes affluaient en masse, remplissant les halls d'attente et les couloirs de l'aérogare.

En franchissant les portes en verre, Sorenn fut immédiatement enveloppé par l'effervescence de l'endroit. Le bruit des conversations animées, les pas pressés des passagers et les annonces des départs et arrivées se mêlaient dans un bourdonnement constant. L'intérieur de l'aérogare était vaste et bien éclairé, grâce aux grandes fenêtres qui laissaient pénétrer la lumière naturelle.

Les guichets d'enregistrement se trouvaient dans une immense salle centrale, où des employés vêtus d'uniformes élégants étaient occupés à traiter les formalités des voyageurs. Des panneaux indicateurs affichaient les destinations et les horaires des vols, offrant un aperçu pratique de toutes les possibilités qui s'offraient à ceux qui osaient prendre les airs.

Sorenn s'avança d'un pas déterminé vers l'un des guichets, où une employée vêtue d'un uniforme gris était postée derrière le comptoir. Il adressa la parole à la jeune femme, espérant obtenir les informations dont il avait besoin.

"Bonjour, le vol pour Briseclaire est-il déjà parti ?" demanda-t-il d'une voix empreinte d'empressement.

La jeune femme soupira, manifestement agacée par cette question répétée maintes fois en cette fin de soirée. Elle répondit d'un ton monotone : "Le vol pour Briseclaire est en cours d'embarquement. Si vous souhaitez embarquer, c'est maintenant."

La réponse morne de l'employée prit Sorenn par surprise. Avant même qu'il puisse poser d'autres questions, la jeune femme ajouta : "Si vous voulez embarquer, vous devez vous rendre à la porte d'embarquement située tout au bout." Elle désigna la direction d'une porte en verre d'un geste de la main.

Sorenn ne prit même pas la peine de remercier la jeune femme. Le stress de manquer son vol avait effacé toute politesse de son esprit. Il se dirigea rapidement vers la porte en verre, slalomant entre les autres voyageurs qui encombraient le hall.

Après quelques efforts, il parvint enfin à atteindre la porte. Deux autres employés se tenaient devant, prêts à vérifier les billets des passagers.

"Le vol pour Briseclaire se trouve bien ici ?" demanda Sorenn avec empressement.

"Oui," répondit l'un des employés. "Avez-vous votre billet ?"

Sorenn sortit de son sac une pochette en cuir que Bragg avait soigneusement préparée la veille. À l'intérieur, il trouva non seulement le billet pour le vol, mais également une lettre que ce dernier lui avait confiée et lui avait demandé de remettre aux employés de l'aérogare. Il tendit les documents aux employés avec une certaine appréhension.

Les employés prirent les documents et commencèrent à lire la lettre. Leurs expressions faciales se transformèrent instantanément, laissant transparaître surprise et intérêt.

"Je vois... Vous êtes une nouvelle recrue de l'Ordre. Nous allons vous faire embarquer en priorité," déclara l'un des employés.

Cette réponse prit Sorenn au dépourvu. Il se demanda ce que pouvait bien contenir cette lettre. Les mots de Bragg résonnaient dans son esprit, rappelant constamment l'importance de ne pas perdre cette lettre. Une curiosité grandissante s'empara de lui, alimentée par l'intrigue entourant son statut de recrue potentielle de l'Ordre.

"Veuillez me suivre," demanda l'un des employés. Sorenn s'exécuta sans poser de questions, suivant les pas rapides de l'employé. Ils doublèrent toute la file de personnes qui attendaient patiemment leur tour pour embarquer. C'est à ce moment-là que Sorenn prit enfin le temps de contempler l'immense ballon-planneur qui se dressait devant lui, flottant à quelques mètres du sol.

Le Ballon-Planneur était un prodige d'ingénierie aérostatique, son apparence unique ne laissait personne indifférent. L'énorme ballon ovale, fabriqué à partir d'une toile spéciale résistante aux intempéries, s'élevait majestueusement dans les cieux

À l'arrière du ballon, une imposante hélice à quatre pales tranchait l'air avec grâce, prête à donner la propulsion nécessaire pour diriger le Ballon-Planneur dans les airs.

La nacelle, suspendue en-dessous du ballon, était un chef-d'œuvre d'artisanat. Conçue pour accueillir au moins 40 personnes, elle était équipée de sièges en cuir brodé avec soin, offrant un confort optimal lors des longues traversées. Les passagers pouvaient s'installer et contempler le paysage défilant sous leurs yeux émerveillés. Les parois de la nacelle étaient dotées de grandes fenêtres panoramiques, permettant aux voyageurs de profiter pleinement des vues imprenables sur les terres

"Veuillez-vous installer", dit l'employé en indiquant la porte d'entrée de la nacelle. Le jeune homme s'exécuta une fois de plus et pénétra dans la nacelle. Il constata immédiatement que d'autres personnes étaient déjà installées, probablement d'autres recrues comme lui, pensa le jeune homme.

L'intérieur de la nacelle était bien conçu et agencé avec soin. Des sièges rembourrés longeaient les parois, offrant un confort pendant le voyage. Un éclairage doux baignait l'espace, créant une atmosphère de sérénité . Alors que Sorenn prenait place, il échangea des regards curieux avec les autres passagers

Les autres voyageurs avaient achevé de s'installer. Sorenn prit une profonde inspiration et ferma les yeux pendant un instant, laissant s'échapper toute la tension accumulée depuis le matin. Il sentit ses muscles se détendre peu à peu, tandis que son esprit se libérait des pensées tourbillonnantes.

À travers ses paupières closes, il percevait les murmures des autres passagers, les bruits étouffés des préparatifs finaux. Sorenn se laissa bercer par les doux mouvements de la nacelle qui s'élevait lentement dans les airs. Une légère brise caressait son visage, et il pouvait presque entendre le doux frôlement des nuages contre la toile du ballon-planeur. C'était un instant suspendu, où le monde extérieur semblait s'effacer

Bercé par le ballon-planneur, Sorenn s'était assoupi. Mais lorsqu'il rouvrit les yeux, il ne se trouvait plus à bord de celui-ci. Il se trouvait plutôt dans une ville en ruine, où les échos des cris de détresse parvenaient à ses oreilles. Son cœur battait à la chamade alors qu'il tentait de comprendre ce qu'il faisait là. Son regard balaya l'environnement, mais sa vision était floue. Il tourna la tête vers sa gauche et distingua une jeune femme allongée, dont le visage lui échappait encore. Un frisson d'effroi parcourut son corps.

Dans un geste instinctif, il leva les yeux et aperçut une silhouette flottant sous la lueur de la lune. La silhouette, élancée et mesurant au moins trois mètres de long, arborait des cheveux blancs et des yeux rouges. Un voile d'ombre enveloppait son corps, formant une cape étrange où des visages semblaient mystérieusement dessinés. Sorenn sentit une terreur indescriptible l'envahir alors que cette présence le scrutait.

L'ombre pointa un doigt accusateur en sa direction, puis l'approcha de sa bouche, comme pour lui signifier de garder le silence. Sorenn se réveilla en sursaut, retrouvant sa place dans le ballon-planneur. Il était en sécurité. Il remarqua immédiatement la présence d'une jeune femme devant lui, vêtue de l'uniforme bleu distinctif des Anumas de l'Ordre. L'anneau à son doigt confirmait son appartenance.

Les autres passagers fixaient Sorenn, manifestement inquiets de son état. La jeune Anuma s'approcha de lui et lui demanda d'une voix douce : "Est-ce que tout va bien ?" Elle posa sa main sur son front et activa l'anneau qu'elle portait. Ses yeux s'illuminèrent d'une lueur bienveillante, et elle ajouta : "On dirait que tu as fait un mauvais rêve."

"Un mauvais rêve", répéta Sorenn, toujours troublé par les images qui l'avaient hanté.

Reprenant rapidement ses esprits, le jeune homme prit le temps d'observer attentivement la jeune femme qui s'était approchée de lui et se tenait maintenant devant son siège. Elle semblait être du même âge que lui, avec des cheveux châtains soigneusement noués en chignon. Une barrette rose maintenait quelques mèches près de son oreille. Son visage rond dégageait une aura réconfortante, tandis que ses yeux bleus rappelaient ceux de Léna. Son petit nez et sa bouche lui conféraient une expression sympathique.

Sorenn se redressa sur son siège, reprenant peu à peu ses esprits. La jeune femme Anuma retira doucement sa main de son front, puis se dirigea vers l'arrière de l'appareil où l'attendait un autre membre de l'Ordre. Ils échangèrent quelques mots à voix basse, attirant l'attention de Sorenn qui ne pouvait s'empêcher de se demander ce qu'ils se disaient à son sujet.

Un mélange d'inquiétude et de curiosité s'empara de lui. Pourquoi cette discussion suscitait-elle un tel intérêt ? Que pouvait bien lui dire la jeune femme Anuma ? Il observa les autres passagers qui semblaient avoir détourné le regard, reprenant leurs activités comme si de rien n'était. Seule une jeune femme rousse, assise non loin de lui, persistait à le fixer quelques instants avant de replonger dans sa lecture.

Le reste du vol se déroula sans encombre. Une voix s'éleva dans les haut-parleurs, annonçant l'arrivée à Briseclaire. Le ballon-planneur se posa avec une grande délicatesse, et en quelques instants, les passagers se déversèrent hors de l'aéronef. Sorenn suivit le flot de personnes et se retrouva rapidement dans le vaste hall principal de l'aérogare. Comparé à celui de Rochebois, cet endroit était nettement plus imposant. Les murs étaient construits avec les mêmes pierres grises, mais l'architecture majestueuse avec ses colonnes conférait à l'ensemble une aura de prestige.

Sorenn se dirigea vers la sortie et fut immédiatement émerveillé. De là où il se trouvait, il avait une vue imprenable sur la contrée de Briseclaire. Il pouvait contempler l'immensité du paysage qui s'étendait devant lui. La contrée était bâtie sur une immense colline, et l'aérogare se dressait fièrement à son sommet. Sorenn remarqua que la contrée était composée de trois niveaux distincts, formant une topographie unique

La nuit s'estompait doucement, laissant à peine quelques heures à Sorenn avant que les premières lueurs du soleil n'illuminent Briseclaire. Pourtant, trouver une chambre pour se reposer avant son intégration imminente à l'Ordre s'annonçait être une tâche ardue. Le jeune homme scruta les environs et repéra un employé de l'aérogare qui se dirigeait vers lui. Il prit l'initiative de lui demander où il pourrait trouver rapidement un hébergement.

"Excusez-moi, je viens tout juste d'arriver à Briseclaire. Pourriez-vous m'indiquer où je pourrais trouver une chambre ?" interrogea Sorenn.

"Oh, bonsoir," répondit l'employé avec surprise. "Trouver une chambre à cette heure-ci risque d'être compliqué avec la sélection des nouvelles recrues de l'Ordre. La plupart des hôtels sont complets. Les seuls qui ont de la disponibilité se trouvent au troisième niveau," indiqua-t-il en désignant une imposante structure métallique derrière Sorenn.

"L'emprunt du funiculaire te permettra de t'y rendre," ajouta l'employé après un instant d'hésitation. "Mais je ne te conseille pas vraiment de te rendre dans cette zone, elle est plutôt mal famée."

Sorenn se retourna et observa le funiculaire qui traversait la contrée de haut en bas. "Je n'ai pas vraiment le choix, semble-t-il," répliqua-t-il, toujours en scrutant le long trajet du funiculaire. "Et puis, je sais me défendre."

"C'est comme tu le sens," répondit l'employé en se dépêchant de reprendre sa marche.

Sorenn suivit le mouvement et se dirigea vers la structure. Une petite foule s'était déjà amassée, attendant patiemment leur tour pour monter à bord des cabines du funiculaire. Le jeune homme patienta près de vingt minutes avant que son tour n'arrive. Il était le dernier de la file.

Un employé, posté devant les cabines, s'occupait de faire monter les passagers, les cabines semblait spacieuse et sa banquette en cuire de chaque côté la rendait plutôt confortable. "Combien êtes-vous ? et à quelle niveau souhaitez-vous aller ? " demanda-t-il en ouvrant la porte de la cabine.

"Seul... Je suis seul et je voudrais aller au niveau trois," répondit Sorenn.

"Très bien, veuillez monter dans la cabine," dit l'employé en lui indiquant l'intérieur.

Sorenn s'exécuta lorsque soudain, une voix lointaine se fit entendre. "ATTENDEZ... ATTENDEZ !"

Une jeune femme aux cheveux roux, tenant une valise dans la main, accourait à grandes enjambées vers la cabine. Elle arriva rapidement devant la porte sans même prendre le temps de reprendre son souffle. "Vous allez au niveau trois, est-ce que je peux monter également ?" demanda-t-elle.

La question de la jeune femme mit l'employé dans l'embarras. Il se tourna vers Sorenn, attendant visiblement une réponse de sa part. Cependant, le jeune homme était aussi surpris par cette demande. Après tout, il ne savait pas si c'était habituel de partager sa cabine.

Devant le silence de Sorenn, l'employé répondit à sa place. "Si le jeune homme est d'accord, je n'y vois pas d'inconvénient. Après tout, l'utilisation du funiculaire est gratuite."

En entendant la réponse de l'employé, la jeune femme fixa Sorenn, attendant sa décision. Le jeune homme, légèrement décontenancé, finit par répondre : "Euh... pas de problème pour moi."

Le visage de la jeune femme s'illumina d'un sourire et elle s'empressa de monter dans la cabine. L'employé referma la porte et la cabine se mit en mouvement, glissant doucement le long du câble. À l'intérieur, la jeune femme reprit son souffle avant de tendre sa main vers Sorenn.

"Moi, c'est Brenna. Merci de m'avoir laissé partager ta cabine," dit-elle. Sorenn lui serra la main en retour et se présenta : "Moi, c'est Sorenn. De rien."

Le jeune homme eut enfin le temps de poser son regard sur la jeune femme, et la première pensée qui lui vint fut à quel point elle était belle. Brenna avait une longue chevelure rousse et bouclée, des mèches légères encadrant son visage harmonieux, laissant entrevoir de magnifiques yeux verts émeraude. Son petit nez était surmonté de quelques taches de rousseur à peine discernables, ajoutant à son charme naturel.

Sorenn était fasciné par la façon dont la lumière du soleil caressait délicatement les courbes de son visage. Il ne pouvait s'empêcher de remarquer la douceur de ses traits et l'expression de bienveillance qui émanait d'elle. Brenna dégageait une aura chaleureuse, captivant son attention

Elle était vêtue d'une cape en velours qui enveloppait presque tout son corps, lui conférant une allure mystérieuse. Cette cape dissimulait en grande partie ses cuissardes en cuir, ajoutant une touche d'aventure à son apparence.

Sorenn prit quelques instants avant de détourner son regard de la jeune femme et de fixer son attention par la fenêtre. Le bruit régulier du funiculaire descendant le long du câble brisait le silence qui s'était installé entre eux. Les paysages pittoresques de Briseclaire défilaient devant eux, offrant une vue époustouflante sur les niveaux inférieurs de la contrée.

Brenna prit une légère inspiration, puis brisa le silence qui s'était installé entre eux. Son ton était empreint de curiosité.

"Qu'es-tu venu faire à Briseclaire ?" demanda t’elle, curieuse de connaître les motivations de Sorenn.

Sorenn détourna son regard de la fenêtre et répondit : "J'ai décidé de m'engager dans l'Ordre. Je vais participer à la session de recrutement qui aura lieu tout à l'heure."

Brenna laissa échapper un léger sourire. "Alors toi aussi", dit-elle simplement.

Sorenn plissa les sourcils, comme s'il venait de comprendre quelque chose d'évident. "Tu es une recrue toi aussi ?" demanda-t-il, sa voix soudain empreinte d'enthousiasme.

Brenna acquiesça en souriant. "J'ai décidé d'intégrer l'Ordre, tout comme toi. C'est une coïncidence incroyable que nous nous retrouvions ici, dans ce funiculaire.

Une dizaine de minutes plus tard, le funiculaire arriva à destination. Sorenn et Brenna quittèrent la cabine et se dirigèrent vers les rues qui donnaient sur le centre du niveau trois de la contrée, tel que l'avait indiqué l'employé plus tôt. Contrairement aux deux premiers niveaux, le niveau trois était réputé pour être moins sûr. Les bâtiments gris et les rues étroites, à peine éclairées, conféraient à l'environnement une atmosphère lugubre. À cette heure-ci, les rues étaient quasiment vides.

Les deux futures recrues erraient dans les rues à la recherche d'une auberge, mais malheureusement, la plupart des établissements étaient fermés. "Comme prévu, trouver une auberge ouverte risque d'être assez compliqué", déclara Sorenn en portant son regard aussi loin que possible.

Brenna scrutait chaque bâtiment quand elle aperçut ce qui ressemblait à un établissement ouvert. "Là-bas !" s'écria-t-elle en direction de Sorenn. "J'ai l'impression que c'est une auberge."

La lumière qui traversait la vitrine leur redonnait espoir quant à leurs chances de trouver une chambre. Les deux futures recrues se dirigèrent vers l'établissement en question. Arrivés à la porte, ils entendirent le bruit des clients à l'intérieur. L'auberge semblait modeste mais accueillante, avec ses murs en bois patiné par le temps. La porte grinça doucement lorsqu'on l'ouvrit, révélant un intérieur chaleureux et animé. Une grande cheminée crépitait au centre de la pièce principale, répandant une douce lueur et une chaleur réconfortante.

La pénombre régnait dans l'auberge, seuls quelques clients tardifs étaient encore éveillés. Sur le comptoir, un homme semblait plongé dans un profond sommeil, sa tête reposant entre ses bras, dissimulant ainsi son visage. Face à l'aubergiste, un groupe de trois hommes s'attablait en commandant des boissons. L'aubergiste, occupé derrière son comptoir, leva les yeux lorsque Sorenn et Brenna franchirent l'entrée de l'établissement, attirant ainsi son attention.

"Bonsoir, que puis-je faire pour vous ?" demanda-t-il d'une voix aimable.

Sorenn prit la parole "Avez-vous encore des chambres disponibles ?" interrogea-t-il.

Avant que l'aubergiste ne puisse donner sa réponse, l'un des hommes du groupe, manifestement imbibé d'alcool, les interrompit brusquement. Son ton était agressif, et son regard empreint de défi.

"Attends un peu, l'ami ! Ne te précipite pas à servir ces gamins. Nous sommes là depuis plus longtemps, nous devrions être les premiers servis !" déclara-t-il d'une voix rauque.

Brenna avait senti les regards insistants des hommes assis au comptoir de l'auberge. Leur attention fixée sur elle l'incommodait. Soudain, l'un d'eux prit la parole, s'adressant directement à elle, tandis que les deux autres se plaçaient devant Sorenn et elle, les examinant avec un intérêt malsain. "Qu'avons-nous là ?", interrogea-t-il d'une voix lourde de sous-entendus, ne lâchant pas Brenna du regard. Puis, il éclata de rire, suivi par ses complices, tandis qu'il posait sa main sur l'épaule de la jeune femme.

L'aubergiste, semblant délibérément détourner les yeux, évitait de se mêler à cette situation déplaisante. Sorenn, quant à lui, préparait son intervention lorsque subitement une lame se posa contre sa gorge. C'était l'un des acolytes de l'individu.

"Ne te mêle pas de ça, mon petit. Nous voulons juste nous amuser avec ta petite amie », le jeune homme essayer d'évaluer la situation avant d'agir, soucieux de ne pas mettre Brenna en danger. Mais à cet instant, l'homme qui s'adressait à Brenna hurla soudainement et se roula par terre, submergé par la douleur.

"Tu devrais faire attention lorsque tu décides de toucher quelqu'un sans son consentement", déclara Brenna d'un ton sévère, surprenant Sorenn par le changement dans son attitude. Son sourire avait disparu et son regard était empreint d'une détermination implacable.

"Mon bras... Elle m'a cassé le bras !" hurla l'homme. En effet, au moment où il avait posé sa main sur l'épaule de Brenna, celle-ci l'avait saisie avec vigueur, brisant son poignet d'un geste brusque.

En voyant son camarade gisant à terre, l'homme qui menaçait Sorenn avec son couteau tenta une attaque, mais Sorenn la parait aisément et, d'une prise habile, mit l'homme hors d'état de nuire.

Pris de panique, le troisième complice sortit un revolver à un coup et le pointa sur Sorenn et Brenna. "Ne bougez pas, ou je vous troue !" hurla-t-il. L'homme au bras cassé se releva tant bien que mal et se dirigea vers son complice. Il s'empara de l'arme et braqua les deux amis.

"Tu vas regretter ce que tu as fait", grogna-t-il avant de tirer un coup de feu. Par réflexe, Sorenn leva les bras pour se protéger, mais étonnamment, rien ne se produisit. La balle, bien qu'ayant été tirée, flottait dans les airs devant le pistolet de l'agresseur, défiant les lois de la gravité.

Tout le monde était stupéfait de ce qui venait de se produire. La balle, après avoir lévité quelques instants, retomba sans causer de dommages. Puis, devant les yeux ébahis de tous, les trois agresseurs furent enveloppés d'une aura transparente qui les fit flotter dans les airs. Ils furent violemment propulsés contre un mur à l'opposé, fracassant au passage une table et des chaises en bois.

Sorenn réalisa immédiatement ce qui se passait. "De l'anumancie", pensa-t-il. Il se retourna,son regard se posa sur le doigt de Brenna, où brillait un anneau identique à ceux utilisés par les Anuma, les praticiens de la magie des anneaux.

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