Chapitre 15

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Par Fred Larsen : https://www.atelierdesauteurs.com/author/1316627202/fred-larsen

*

La porte s’ouvrit à la volée, faisant sursauter la femme de ménage qui commençait sérieusement à s’inquiéter de tout ce temps passé au commissariat sans que l’on ne vienne la voir. Elle allait être servie…

  • Alors, madame Julie Larsen, on a des trucs à me cacher ? lui demanda à brûle-pourpoint la flic en charge de l’enquête.

Julie prit quelques secondes pour réfléchir, observant cette femme qui semblait à la fois épuisée, mais décidée à mener son enquête coûte que coûte, aucun obstacle ne semblait capable de la ralentir dans sa quête de la vérité.

  • Euh, non… enfin, euh, oui…
  • Non ou oui, Julie ? N’essaye pas de me baratiner !

Le passage au tutoiement la déstabilisa et fit monter immédiatement la pression. L’interrogatoire allait être serré.

  • Non, je vous assure…
  • Alors, et ce dossier rouge, que faisait-il dans ton chariot ? Je suppose que ce n’est pas un accessoire de ménage ?
  • Euh, non…
  • Qui t’a dit de le prendre et où l’as-tu trouvé ?
  • Il était sur le bureau de Nic…
  • Tu l’as pris sur le bureau de Monsieur Bianchi ?
  • Oui, c’est ça.
  • Tu as donc modifié une scène de crime ?
  • Non, je n’ai touché à rien d’autre !
  • Toute la pièce était une scène de crime. Si ça se trouve, en te déplaçant jusqu’au bureau, tu as brouillé ou effacé d’autres indices capitaux…
  • Je suis désolée, je ne savais pas, madame…
  • Je sais bien que tu ne savais pas. Mais moi, ce que je ne sais toujours pas, c’est pourquoi tu as pris ce dossier.
  • Je… Euh, je ne peux pas vous le dire…
  • Tu me caches des choses, Julie ?
  • Euh…Non, madame.
  • Alors, dis-moi qui t’a demandé de prendre ce dossier.
  • Non, ne me demandez pas ça…
  • Et pourquoi donc ?
  • Parce que je ne peux pas vous le dire…
  • Pourquoi ça ? Qui tu protèges, Julie ?
  • Euh… Personne mais non…
  • C’est la femme de Monsieur Marhic ?
  • Cette salope ? Oh non !
  • Comment ça, cette salope ?
  • Vous ne l’avez pas vue avec Nic… Monsieur Bianchi ?
  • Non, dis-moi ?
  • Elle se frottait contre lui comme une salope qu’elle est… à peine son mari mort, elle chauffe tous les hommes et surtout Nic... enfin, Monsieur Bianchi…
  • Dis-moi, vous avez l’air bien intimes toi et Monsieur numéro deux ?
  • Je t’ai posé une question, Julie, fit-elle insistante.

On y arrivait… Allait-elle devoir tout raconter ? Il fallait qu’elle noie le poisson… Et puis, il était possible qu’elle ait mal interprété l’attitude de Nick quand la femme de Jo s’était jetée dans ses bras. L’avait-il repoussée, au moins un peu ? Elle voulait s’en persuader. Même s’il ne lui avait rien dit clairement, tout dans son attitude la poussait à croire qu’il avait une attirance pour elle et que plus tard, quand il serait numéro un…

  • Oui ?
  • Qui t’a demandé de prendre ce dossier sur le bureau de Monsieur Bianchi ?
  • Je ne peux pas vous le dire.
  • C’est le fils Marhic ?
  • Non ! Il est gentil Grégory, il est tellement à part dans cette famille. Comment deux être aussi égoïstes ont pu faire un enfant, un jeune homme avec autant le cœur sur la main ?
  • Les mystères de la génétique ?
  • Sans doute…
  • Dis-donc, tu ne serais pas en train d’essayer de me balader, Julie ?
  • Moi ? Non, pourquoi ça ?
  • Bon, il n’en reste plus qu’un… C’est donc lui… Je m’en doutais un peu.
  • Qui ça ?
  • Nicolas Bianchi !
  • Tu ne dis rien. Tu sais ce qu’on dit : qui ne dit mot, consent…
  • Il t’a promis des choses, Monsieur Bianchi ?
  • Euh… non…
  • Il t’a dit qu’il ferait de toi sa femme quand il serait calife à la place du calife ?

Elle ne pouvait pas lui avouer ses vraies raisons. Certes, Nick lui avait promis qu’elle serait à l’abri du besoin pour le reste de ses jours mais ce n’était pas ça le plus important. Il lui avait permis de changer de vie. Il l’avait quasiment rachetée à Georgie du Lust Lagoon. La chance s’était présentée pour un nouveau départ et elle l'avait saisie sans hésiter. Alors oui, quand il lui demandait un service, elle s’exécutait, sans discuter. Mais de cette ancienne vie, elle ne voulait plus parler, jamais. Ce passé était définitivement enterré, avec lui toutes les choses qu’elle avait dû faire et qui lui provoquaient des frissons, des sueurs froides quand elle y repensait. Non, elle devait chasser ces pensées, elle était une nouvelle femme, avec une nouvelle existence honnête, enfin presque…

  • Non, pas du tout.

En même temps, l’imaginer, lui, fricoter avec cette salope de Jane Marhic lui donnait la nausée.

  • Tu ne te sens pas bien, Julie ?
  • Si, si, ça va…
  • Alors, qu’est-ce qui fait qu’il te « tient », ce Nicolas Bianchi ?
  • Rien ! Vous ne pouvez pas comprendre, madame…
  • Comprendre peut-être pas, mais je finirai bien par le savoir, ma petite Julie, Je ne lâche jamais rien. On m’appelait le pitbull dans mon ancienne affectation. Tu sais pourquoi ?
  • Non ?
  • Les pitbulls ne lâchent jamais. Quand ils ont une proie dans la gueule, personne ne peut ouvrir leur mâchoire, même pas leur maître. Je suis pareil.
  • Tu es dans ma gueule, Julie. Je te suivrai à la trace jusqu’à ce que je sache même la taille de tes petites culottes… et ce que tu manges au petit déjeuner.
  • Je mange…
  • Mais t’es con ! J’en ai rien à foutre de ce que tu manges le matin, c’est une image !
  • Désolée, je voulais…
  • On s’en fout de ce que tu voulais, Julie, ce qui compte, c’est ce que moi, je veux !
  • Oui, Madame, lui répondit Julie la tête baissée.

C’est bon, elle est à ma pogne, se dit Charlotte Evra. Elle allait la laisser mariner encore un peu et essayer de croiser quelques infos avant de revenir la « finir ». Elle allait interroger le fameux Nicolas Bianchi et voir ce qu’il aurait à dire de sa relation avec la petite femme de ménage.

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