Chapitre 2 : premier pas

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Le lendemain matin, Kyoto se réveille sous un ciel couvert. L’air est plus frais, les cerisiers perdent leurs derniers pétales, et une fine brise balaie les rues encore calmes. Haruto marche, son sac à l’épaule, les écouteurs dans les oreilles mais sans musique. Il ne les porte que pour avoir une excuse de ne pas trop parler aux passants.

En arrivant devant l’école, il aperçoit Renji en train de bavarder avec deux élèves d’une autre classe. Comme toujours, Renji attire facilement l’attention, avec son rire sonore et son air maladroit qui fait sourire. Haruto, lui, glisse silencieusement à côté de son ami.

Renji, se tournant aussitôt vers lui :

— Eh ben, tu fais encore ta tête de zombie. Sérieux, t’as mal dormi ou tu passes tes nuits à écrire des poèmes sur Aiko ?

— Tais-toi…

Renji éclate de rire.

— C’est fou, rien que de dire son nom, tu deviens rouge.

Haruto ignore, continuant de marcher vers la salle de classe. Pourtant, il sent son cœur battre plus vite.

Comme toujours, Haruto et Renji s’installent au fond, tandis qu’Aiko prend place avec Sayaka et Hinata de l’autre côté. Mais cette fois, il y a un détail différent : le professeur a décidé de réorganiser les groupes pour un devoir à rendre en binôme.

La liste tombe.

— Haruto… tu travailleras avec Aiko.

Un silence bref traverse l’esprit du garçon. Renji étouffe un rire, tandis qu’Haruto fixe son bureau, le cœur tambourinant. Aiko, de son côté, lève la tête, surprise, puis lui adresse un sourire chaleureux.

— On dirait qu’on va travailler ensemble. Enchantée, Haruto.

Haruto hoche légèrement la tête.

— … Oui.

Sa voix est faible, presque effacée, mais Aiko ne semble pas s’en offusquer. Au contraire, elle incline la tête, amusée par sa timidité.

Sous le même cerisier qu’hier, Renji observe son ami. Haruto garde les yeux baissés sur son bento, silencieux.

— ( moqueur ): Alors, le destin te donne une chance en or et toi tu fais quoi ? Tu marmonnes “oui” comme un fantôme.

Haruto serre ses baguettes.

— Je… je ne sais pas quoi dire.

Renji s’approche, baissant la voix.

— Écoute, mec, c’est pas compliqué. Tu la regardes, tu souris, et tu poses une question simple. “Tu veux qu’on travaille où ?” Bam, conversation lancée.

— Facile à dire pour toi…

Renji rit et mord dans son sandwich.

— Exactement. Et toi, t’as intérêt à saisir ta chance, parce que si tu continues à fuir, je te jure que je m’incruste dans votre binôme.

Haruto ne répond pas, mais son regard glisse vers l’autre côté de la cour. Aiko est avec Sayaka et Hinata, son rire clair porté par le vent.

Pour le devoir, Haruto et Aiko se retrouvent à la bibliothèque de l’école. La grande salle est silencieuse, baignée de lumière tamisée par les vitres hautes. Les livres forment des murs protecteurs, et l’ambiance force presque à respirer plus doucement.

Aiko, ouvrant son cahier :

— Alors… tu veux qu’on commence par faire un plan, ou plutôt chercher des infos d’abord ?

— … Un plan.

—( sourit doucement ): D’accord. Tu sais, je suis contente de travailler avec toi. T’es… calme. Ça change.

—( surpris ): Calme ?

— Oui. La plupart des garçons de la classe parlent trop fort, ou essaient toujours de se faire remarquer. Toi, on dirait que tu observes tout… mais que tu choisis de rester en retrait. C’est… intéressant.

Haruto sent ses oreilles chauffer. Il baisse la tête, cachant son trouble.

— Je… je ne sais pas si c’est vraiment intéressant.

Aiko rit doucement.

— Tu vois ? Tu te sous-estimes.

Elle continue à écrire dans son cahier, comme si de rien n’était, mais Haruto, lui, reste figé. Ces quelques mots suffisent à chambouler son monde.

Ils quittent ensemble l’école. Aiko marche d’un pas tranquille, son sac à la main, tandis qu’Haruto garde une distance légère à côté d’elle. Les passants vont et viennent, la lumière du soir teinte les rues d’orange.

Aiko (souriant) :

— Tu prends le train, toi aussi ?

— Oui.

Un silence. Puis Aiko relance :

— Alors… demain, on peut continuer à la bibliothèque ? Ça avance bien comme ça.

— … Oui, ça me va.

Elle lui sourit de nouveau, sincèrement.

— Super. À demain, Haruto !

Elle monte dans son train, disparaissant dans la foule. Haruto, lui, reste sur le quai un instant, le cœur battant plus fort qu’il ne l’aurait imaginé.

Dans sa chambre, Haruto ouvre son carnet. Il hésite longuement, puis écrit quelques mots.

“Aujourd’hui, elle m’a parlé comme si j’existais vraiment. Je n’ai pas su répondre… mais j’ai envie d’essayer. Peut-être que demain, je trouverai le courage.”

Il referme doucement le carnet et s’allonge, fixant le plafond. Le visage souriant d’Aiko ne le quitte plus.

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