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Eidhöle Britius, palais de la foi des Trois à Fressons

Britius avançait dans le jardin d’un air pensif, son esprit occupé par les nombreux problèmes qui le tourmentaient. Il se perdait ainsi en conjecture, en solutions tandis qu’il foulait le véritable tapis herbeux qui prenait place dans la cour du palais.

L’Eclesiarchie possédait certains des plus beaux bâtiments du royaume tel que des temples, domaine métayers et bien sûr de fastueux palais pour ses plus augustes représentants. Celui de Fresson était imposant et faisait presque concurrence aux bâtiments royaux qui se tenaient non loin.

Les nombreux jardins que comprenait cette sainte construction étaient autant de petites échappatoires, de refuges privés que l’Eidhöle Britius pouvait utiliser pour se retrouver seul. Celui qu’il était d'ailleurs en train d’occuper était comme un discret royaume de verdure dans l’impressionnant univers de pierre du palais.

Dans celui-ci, l’herbe du sol composait une sorte d’allée verte entrecoupée par des colonnes d’arbres soutenant le toit de feuille qui protégeait l’Eidhöle du soleil. Les pommiers, étaient arrivés à leur période de maturité en décorant la végétation de points rouge presque foncé.

Les fruits bien faits étaient d’une couleur tenace, profonde et Britius qui s’approcha d’un des arbres saisit l’une des pommes en l’arrachant à la branche qui l'avait tenue jusque-là - Qui l'avait vu grandir - Observant le fruit qu’il tenait à présent fermement dans sa main, Birtius la goûta. La pomme presque juteuse avait une note prononcée, digne des premiers-nés de la récolte annuelle.

L’ordre et l’attention portés au jardin avaient permis aux arbres et fruits de prospérer et arriver à maturité avec succès. Dans le palais, dans ces espaces herbeux, tout était ordonné, soigné. Mais tout ça n’était qu'une façade cachant le véritable aspect de la nature. Sa liberté, son chaos ici encadré et réprimé pour le propre bien des occupants des lieux et leur progéniture.

Il en était de même pour les hommes.

La foi des Trois permettait au monde de tourner, de l’encadrer. De surveiller les hommes et leur sombre nature. Mais dans tout ça qui surveillait l’Eclesiarchie et ses excès ? Britius en avait fait l’amère expérience durant son enfance et tous ses efforts l’avaient conduit à sa place. À son rôle et grâce au culte, il allait bientôt pouvoir se venger de ceux qui l’avaient tant blessé, lui et sa famille.

L’Eidhöle fut cependant coupé à ses pensées, à ses promesses, lorsqu’il vit un de ses servants entrer dans le jardin. Ses plans devaient attendre car après tout le royaume était encore en plein chaos, en pleine guerre. Et bien que ceci soit riche d’opportunités, il se devait de mettre un terme au conflit le plus vite possible.

—Seigneur, fit le jeune serviteur en s’inclinant lorsqu’il tendit la missive qu’il venait porter à l’attention du saint Eidhöle du Corvin.

Saisissant le message de sa main libre, Britius congédia son homme sans plus de forme d’amabilité et, observant le cachet de cire encore intacte, reconnut de suite le sceau utilisé par ses agents. Britius avait à sa botte une foule de gens. De nombreux informateurs qui tissaient ainsi sa toile de connaissance dans tout le royaume et même au-delà. Des hommes et femmes dont les allégeances pouvaient aussi bien aller à la foi des Trois qu’au Culte.

Se dirigeant alors vers une petite table de bois posée dans le jardin. l’Eidhöle s’assit sur le siège qui la jouxtait en posant sa pomme dans la petite assiette d’argent qu'accueillait le bois laqué du riche mobilier.

Britius qui avait sorti un petit couteau des plis de ses épais manteaux religieux, passa alors ce dernier sous la cire pour la décoller du papier et dépliant le document il put prendre connaissance du message qu’il renfermait.

"

LaValette,

À l’attention de Sa Sainteté,

L’Eidhöle Britius

Comme discuté lors de notre dernière rencontre, je me permets de vous écrire pour vous faire compte de mes découvertes. J’occupe comme nous l’avions discuté un établissement à forte influence et étends ainsi notre réseau.

Les troupes d’Anaïs se sont déplacées en grand nombre vers Roussons depuis l’hiver dernier, les sièges qu’elles menaient sur le château de Verendier et la capitainerie de Bressin se sont soldés par la reddition des deux places fortes renforçant son emprise et ses positions dans le nord pour engager une campagne au Haut Corvin.

Je garde donc un œil attentif sur les troupes qu’elle rassemble à Rousson et vous tiendrai informé de tout nouveau contingent dans ses armées.

Votre dévoué serviteur,

LaValette

Longae Noctis Gloria

Aeternus Cultus

"

Tristes nouvelles, se dit Britius en reposant le message sur la table. La guerre prenait une bien mauvaise tournure pour le camp du roi Léonard. Pour le camp de Britius.

— Qu’en penses-tu ? fit alors l’Eidhöle en fixant la missive.

Une forme qui s’était tenue jusque-là en silence dans l’ombre se détacha alors de la protectrice noirceur que créaient les hauts murs du palais en s’approchant de la table. Dominant le religieux de toute sa stature, de toute son imposante armure, le guerrier prit connaissance du document.

— Alors, Hagen ? reprit Britius comme pressé de recevoir la réponse de son homme de confiance.

— Inquiétant, Votre Sainteté. La guerre va se porter sur nos terres à présent. Le soutien de la population est primordial et cela est mis en danger, il nous faudrait reprendre les domaines qu’ils viennent de capturer pour sécuriser la frontière sud avec les possessions de la fausse reine.

— De sages mots mon cher. Je vais devoir persuader le roi de faire ce qu’il faut pour réagir à cela.

— Après les quelques revers qu’il a essuyés depuis Ablancourt, il est plus que réticent à l’idée d’affronter les hommes d’Anaïs sans supériorité numérique…

— Ça doit être lié à ses piètres qualités de stratèges, et Britius souffla de désespoir quant à sa conclusion.

— Mais il nous faut pourtant reprendre Rousson à tout prix.

— Voyons, Roussons n’est plus qu’un mirage bien lointain, il faut en premier temps s’occuper des domaines que nous avons perdus et protéger ceux qui sont les plus vulnérables. Les troupes de Kahélonia repartent en leur royaume pour se réapprovisionner et refaire leur effectif au pire moment.

— Nos troupes, cantonnées sur le sud-est du front seront vulnérables.

— Oui, pour un temps. Elles devront faire sans ces combattants. En parlant de cela, quel est l’état de nos propres effectifs ?

— Depuis la ratification du roi quant à notre demande d’élargissement d’effectifs, nos rangs n’ont jamais été aussi importants.

— En chiffres ?

— Cinq mille hommes, entrainés et armés et bien mille autres en voie de l’être. Vous allez bientôt être l’un des plus gros pourvoyeurs de troupe pour cette guerre, votre Sainteté.

— C’est l’idée mon bon Hagen. D’ailleurs, qu'en est-il des recrues que je vous ai envoyées.

— Nous avons fini de les former, répondit simplement le guerrier.

— Elles ne te plaisent pas ?

— C’est qu’elles étaient déjà au-dessus de certains de mes propres gardes…

— Nous dirons qu’ils ont quelques expériences dans les arts du combat, je les connais pour la plupart. Je vais te rédiger un ordre te donnant les pleins pouvoirs pour diriger les troupes royales, tu en auras besoin.

— Vous me voulez au sud-est ?

— Tout à fait, tu vas mener la majeure partie de nos troupes et les soldats royaux déjà sur place. Les praviens ont joué un rôle dans la tournure des événements, fais leur regretter leurs actions.

— Combien d'hommes dois-je emmener ?

— Quatre mille seraient un bon nombre considérant les troupes du roi déjà présentes.

— Vous gardez un petit groupe en garde rapprochée ?

— Oui et en plus j’ai quelques affaires à mener avec notre Ambroise.

— Vos espions vous ont rapporté d’autres informations…

— Disons que mon réseau est plus efficace que celui du roi.

— Devrais-je être au courant d’un danger ?

— Pas pour le moment, garde ton attention tournée vers l’est. Pour l’ouest, j’en fais mon affaire.

— Très bien et qu’elles seront mes conditions d’engagements ?

— Harcèlement et chaos. Si la situation s'y prête engagement des troupes de Praven.

— Je doute qu’ils osent nous affronter, Ablancourt était un coup d’éclat permis grâce aux troupes d’Anaïs…

— Certes, mais fais tout de même attention, il parait qu’ils ont un nouveau leader.

— La fausse reine aurait donc desserré le collet autour du cou des hommes de l’est ?

— Oui, elle joue avec le feu si tu veux mon avis. L’est se trouve être le ventre mou de notre défense et les praviens sont dangeureux, bien que nos pertes récentes ne s'y trouvent pas. Agis avec précaution, on ne peut se permettre une autre grande défaite.

— Comme on ne peut se permettre de laisser Praven se renforcer pour les luttes à venir.

— Oui.

— Dans ce cas, je me mettrai en route au plus vite.

— Parfait, fais donc apporter du papier et de l’encre en partant. J’ai quelques idées et solutions quant à nos différents problèmes.

S’inclinant en signe de respect, Hagen quitta alors le jardin laissant Britius et son retors esprit préparer ses prochains coups dans la longue partie qu’il menait. Dans la guerre qui l’occupait depuis déjà une bien trop longue année.

Note :

J'ai commencé à changer la religion des Sauveurs d'où le titre différent de Britius. Je verrais pour commencer les explications dans l'index du tome I dès que possible.

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