Prologue : Voilà comment prirent fin nos vies... et comment naquit la légende...

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Dix ans s’étaient écoulés depuis la fusion des mondes.

Les ténèbres avaient envahi les cieux, les démons et autres monstres sanguinaires se ripaillaient de la chair des Hommes et d’autres créatures magiques innocentes.

Comment pouvais-je me regarder dans la glace en m'étant enfui de la sorte lorsqu’il apparut ?

Mon grand-père aurait-il honte de moi ?

Mon père, là où est-il, n’avait daigné me prêter son aide alors que nous étions différents des autres Hommes, me retrouvant seule face à mon malheur.

Cependant, je ne pouvais plus me défiler : dix ans s’étaient écoulés et je comptais me devais bien récupérer mon meilleur ami.

J’avais préparé toutes mes affaires pour partir en chasse de cet infâme ennemi de cette nouvelle humanité dite Féérique. J’eus fait mes adieux à mes compagnons de survie, aux enfants dont j’adorais plus que tout la présence, j’avais festoyé une dernière fois avec eux, et une fois que tous furent endormies, j’eus enfourché ma moto pour me rendre en direction de l’épicentre du mal : la tour de scellement de Vesontio.

Pour ce voyage, je fus accompagnée d’un ami, une fée, que je me suis faite lors de ma fuite, dans des bases sûres en profondeur, étant donné que moi et une partie de la population fuyarde n’avions pas été acceptées dans les villes mobiles.
Il m’avait été d’une aide précieuse dans ces moments troubles. Rien que d’y penser, je me retrouve désolée de l’envoyer m’accompagner à la guillotine, mais il tenait tellement à me soutenir… Je me doutais bien qu’il m’aimait et qu’au final, j’étais dans une position où je l’utilisais pour atteindre mon objectif. Toutefois… voilà… Je ne me voyais pas refuser sa collante présence car elle ne m’était pas si dérangeante, elle m’était même rassurante.

Dommage que je n’aie pas pu le combler comme il le souhaitait, ce cher Pivoi. Une famille, des enfants… Mes derniers instants n’allaient être que batailles, cris, désespoir, et mort… Cela allait aussi être les derniers instants aussi de Pivoi, alors, la nuit dernière, je lui avais donné l’occasion de dormir avec moi et de pouvoir m’étreindre.

Pour affronter ce monstre, je m’étais assurée une sécurité magique au cas où tout partirait en vrille. En la peaufinant, je me demandais si mon grand-père, qui était une personne très croyante, m’en voudrait d’en user…

Bah ! Il n’était pas là !

Et lui aussi avait fait des choses contre ses principes pour sauver le monde. D’ailleurs, j’aurai aimé qu’il y désobéisse concernant ce monstre affamé de toutes vies, pour que nous puissions vivre une vie paisible, mais il avait un trop grand et trop gros cœur pour tuer qui que ce soit, que ces personnes soient les meilleures ou qu’elles soient les plus cruelles.

Et…, de toute manière…, j’étais aussi en partie responsable de cette situation.

C’est pour cela, que ce jour-ci, je me devais de régler la situation. Ici et maintenant. Car si je ne le fais pas qui le fera.

Il n’y avait plus de marche arrière possible : je devais gravir cette tour qu’il avait forgé à Bââle et l’affronter pour redonner ses couleurs au monde !

Pivoi et moi gravîmes les étages à la recherche de la créature en possession du corps de mon meilleur ami, et finirent par rapidement le trouver. Le cancrelat était sur son balcon, assis, se délectant d’une boisson rougeâtre et d’une assiette d’araignées, de blattes, de fourmis et de viscères, tout en se réjouissant de l’enfer qu’il avait créé partout dans le monde. Bien qu’ils aient absorbés d’innombrables monstres, d’humains et autres créatures humanoïdes, sa nature de parasite géant n’avait aucunement changé.

- Tu es enfin arrivée, me dit joyeusement le monstre, avec de la compagnie en plus ! N’est-ce pas fantastique ?

- Ne commence pas tes salamalecs, l’arrêtais-je, recrache mon grand-oncle et battons-nous pour cette planète !

- Pourquoi faire ? J’ai gagné. Je n’ai pas vu l’ombre de ton grand-père adoré, ni de tes autres oncles et nièces. D’ailleurs, c’est hors-sujet mais je voulais quand même en parler : c’est fascinant comment dans votre famille, il y ait autant de jeunes gens qui soient les oncles et neveux de personnes plus vielles qu’elle. Vous êtes comment dire…

- Je me fous de ton avis sur notre famille, le coupais-je, je te l’ai dit, je viens récupérer le fils de Lars et te retirer des mains la Terre.

- Soit. Viens jouer aux héroïnes avec ton ami, comme ton misérable grand-père avant toi !

Précipitamment, après ses paroles, il fit jaillir du sol des scolopendres géants qui tentèrent de nous dévorer, mais je les esquivais et me téléportais au-dessus de leur tête pour leur exploser le crâne à la simple force de mes genoux et de mes mains. Pivoi s’équipa d’une épée d’Helka et combattit vaillamment ces vilains insectes.

Distraite un instant, je fus saisie par le monstre, régent de notre planète, qui m’attrapa par la bouche et m’emporta avec lui au loin. Sa main fut recouverte de mille-pattes qu’il tenta de me faire avaler, mais Pivoi l’attaqua par derrière et je pus me défaire de son emprise m’écartant rapidement de lui.

Je dégainais mon épée et lui portais différents coups d’estoc pour le vaincre, tous firent mouches mais aucun de mes coups lui fut fatal.

- Croyez-vous réellement qu’avec le nombre d’êtres que j’ai dévoré, tes lamentables coups de ta minable épée allaient faire quelque chose ? Je suis le nouveau dieu de la Terre, Moïra, et tu ne pourras reviens y faire.

Deux chilopodes attrapèrent mes jambes et m’envoyèrent valser contre le sol. Pivoi me réceptionner mais le monstre le dégagea rapidement avec un coup de pied dans le foie avant de me sauter dessus et m’écrasa le ventre à pied joint de tout son poids.

Il fit pousser le long de son corps six nouvelles paires de bras et commença à m’asséner des dizaines, des centaines de coups. Sans aucune pitié, il était bien parti pour me défigurer le visage.

Je le savais ! Je le savais depuis le début que je n’étais pas de taille ! Alors pourquoi m’être embrigadée dans cette galère ? Au lieu de profiter de mes derniers instants à vivre recluse sous terre avec les autres survivants, je m’étais engagée dans cette bataille perdue d’avance. Je n’avais ni le talent, ni la dextérité, ni le courage, ni la force de mes ascendants.
Au lieu de vivre dans la peur terrer dans mon trou, je vivais non seulement dans la peur mais aussi dans la douleur, rosser à mort par un démon sous forme humaine. Un sale insecte qui avait parasité notre monde déjà en déclin.

Toutefois, je ne pouvais pas m’arrêter ici, je ne pouvais me plaindre alors que j’étais arrivée jusqu’ici !

Il fallait bien que je fasse quelque chose car tout était ma faute !

Heureusement pour moi, j’étais une personne beaucoup plus réfléchie que mon grand-père et je ne comptais pas à chaque fois sur le fait que je sois capable de dépasser mes limites pour me sortir des pires situations.

Que grand-père m’excuse d’user la magie.

Dès que j’eus un moment de répit entre les coups de mon assaillant, je me téléportais derrière lui pour exécuter mon plan.

Malheureusement pour moi, il n’était pas qu’une misérable blatte qui avait pris forme humaine, il avait volé les capacités métamorphiques du fils de Lars et put créer une série de pique qui me transperça le torse. Je crachais une flopée de sang avant de m’écrasais sur le sol.

Pivoi, témoin de ma mise à mort, enragea et lui fonça dessus pour lui planter l’épée dans la trachée, mais la créature lui transperça, lui aussi, la poitrine et le ramena vers moi.

Il m’attrapa par les cheveux et me mit quelques gifles pour me maintenir éveillée le temps de se moquer de moi.

- À quoi t’as servi cet assaut, dis-moi, hein ? Tu l’as fait pour l’honneur de ta famille de minables héros ? De ton minable grand-père à qui je rêverai de tordre le cou ? enragea-t-il, tu as condamné un beau jeune homme avec qui tu aurais dû t’amouracher au lieu de penser sauver cette Réalité.

Je n’avais même plus la force de lui répondre. Je devais juste la conserver pour notre dernier coup d’éclat. Nous ne pouvions que subir ses railleries sans rien répondre pour le bien de notre futur.

- Cette enflure qui m’a scellé comme un moins que rien, alors que j’allais me venger et lui refaire coûter au désespoir, grâce aux vies que je lui avais volées. Mais c’est le passé ! se réjouit-il, désormais la Terre est à moi à cause de son égoïsme. Il m’a offert le monde sur un plateau d’argent. Pense à le remercier s’il se trouve dans l’au-del…

À cet instant, il venait de remarquer que je venais de réussir à déposer un talisman sur ses cotes. Un immense cercle magique violet s’illumina sous nos pieds et des éclairs en sortirent.

- Qu’as-tu fait ? me cria-t-il.

Contrairement à ce qu’il pensait, grand-père avait beaucoup de chance et de facilités dans tout ce qu’il entreprenait, c’est pour cela qu’il arrivait toujours à s’en sortir. Moi, je dois toujours étudier et apprendre, ce qui me permet d’avoir toujours un plan de secours… comme ma grand-mère adoptive.

- Espèce de petite cat…

Un lien magique sortit de la poitrine de Pivoi, celle du monstre et de la mienne, qui nous relia avant de nous faire s’écrouler sur le sol. Puis soudain, une grande porte noire apparut sur la tour juste au-dessus et une autre au-dessus de celle de Vesontio. J’ouvris un portail devant celle de Vesonyio et des tas et des tas de bras agrippèrent le démon à la forme mi-humaine mi-insecte. Il se débattait comme il pouvait, mais c’était terminé, il allait une nouvelle fois, encore, être scellé ! Et cette fois-ci séparer de ses pouvoirs

- Ça ne se peut pas ! J’étais revenu ! Foutu réaliterriens, toujours à vous mettre sur mon chemin ! Je reviendrais tu m’entends, Moïra ! J’ai encore le corps de…

- Je sais…, dis-je fatiguée, mais ne t’inquiète pas, j’ai prévu de le récupérer peu importe le nombre d’années qui s’écoulera, je le récupérerais. Je peux te le jurer, X…

Ma voix s’éteignit avant que je finisse ma phrase, à la place, cela fut du sang qui jaillit de ma gorge.

Alors que le cercle magique absorbait toutes mes forces et dévorer ma force de vie, mon sang se répandant s’écoulant le long de ma poitrine et tombait au sol, le monstre fut enfermé dans les deux tours et le cercle disparut. Mais avant que les portes se referment complètement, il eut le temps de prononcer une menace qui me terrifia :

- Ne crois pas que cela soit finie entre moi et l’humanité ! Je trouverais un moyen de sortir et je te ferai payer à toi, tous ceux que tu aimes et tous ceux que tu protèges l’immense affront que tu m’as fait vivre. Le combat ne fait que commen…

Une fois les portes fermées, Pivoi et moi nous écroulions sur le sol, épuisés, le visage tournait vers le ciel. Cet obscur ciel qui ne voulait pas quitter notre planète. Je le voyais nous sourire au nez, je l’entendais rire de la futilité de notre acte, à moi et mon dernier ami.

Je le savais plus que quiconque : je n’avais pas les épaules pour cette mission.

Cependant, je n’allais pas laisser le monde courir à sa perte sans rien voir. Peut-être mourrais-je maintenant, mais de générations en générations, de siècles en siècles, de millénaires en millénaires, à travers des gens qui conduiront l’humanité et les êtres imaginaires vers la lumière, je me battrai pour que le monde retrouve son éclat…

Foi d’Héroïque Paria !

Mes derniers instants furent de voir l’homme qui m’aimait plus que je m’aime, qui avait prêt à faire ce sacrifice, ramper jusqu’à moi et ne put que, dans son dernier souffle me tenir la main.

Je suis si désolée de n’avoir pu t’offrir que ces derniers instants…

Cinq mille ans se sont écoulés depuis cet acte de bravoure désespéré, alors j’imagine que je dois encore reprendre le flambeau de l’ancienne narratrice pour raconter son histoire…

J’espère être au moins être la dernière…

Alors, débutons.

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