Team-Up:3 vs 1 et demi

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Les cris du public se firent entendre de plus belle, même à l’extérieur de l’arène.

Dehors se trouvaient des écrans géants faits de magie, créés par des mages au service de César, ils obtenaient la transmission par des caméras inondées de techno-magie. Tout le monde pourrait observer cet évènement depuis chez soi – pour les plus riches ayant un récepteur d’images magiques, plus un projecteur ou un écran magique – ou depuis l’extérieur comme le reste du peuple du haut du royaume au plus bas de celui-ci. Même les prisonniers et les bagnards, peu importe le niveau où ils sont incarcérés ou leurs crimes…

- César, tu peux reprendre la parole.

Sa Majesté se jeta dans son fauteuil royal et prit la jarre d’eau et un verre que lui présenta l’une de ses servantes, avalant d’une traite le liquide qu’elle contenait. Ce discours l’avait lessivée, elle était vraiment inquiète que ses explications ne soient pas comprises et qu’il y ait une révolte. Il est vrai que la Légende du héros et de son acolyte féérique fait partie des trois choses qui font le plus débat, ou plutôt polémique, au sein de ce pays.

- Très bien, ma reine, dit-il en posant la main sur le cœur et en baissant la tête, je vais donner les règles du tournoi puis laisser la main à notre présentateur-star. Peuple, champions et princesses de Sylvania ! cria le gestionnaire et organisateur du tournoi, je vais vous donner et redonner les règles qui régiront tous les combats.

Il récita les règles dont vous êtes déjà au courant dont une de plus :

- Les ailés n’ont pas le droit d’être en l’air plus de quinze secondes sans attaquer.

- Champions, descendez de votre piédestal et mettez-vous en cercle comme le préconise les commandements des Augustes Champions.

Ils s’exécutèrent, ils se mirent en cercle et mirent leurs armes, leurs poings ou leurs « griffes » au milieu d’eux avant de réciter le crédo des Augustes Champions en Oli’ane ancien. Incompréhensible pour le Héros.

- Gloire à vous, prédécesseurs anciens ! Gloire à vos exploits ! Gloire à vos victoires ! Gloire à vos défaites, mais surtout nos victoires ! Bénissez-nous de votre courage, de votre force, de votre abnégation et de votre chance pour prouver qui est bien l’élue qui doit gouverner et protéger nos pairs ! Nous sommes les héros qui protégeront nos fées de tous les dangers, face au Malin et au désespoir, et nous le feront accomplir leur destinée !

Même s’il ne comprenait pas leurs paroles, il ressentit une certaine nostalgie en entendant ce crédo, mais ce n’était pas une nostalgie agréable, mais une nostalgie morbide qui lui donnait des nausées à lui faire vomir ses entrailles. Avec encore des souvenirs qui ne lui appartenaient pas… Une promesse donnée au dernier souffle d’une personne qu’il n’avait jamais connue…

- Si ça ne va vraiment pas…, je peux t’emmener à l’infirmerie juste à côté, lui reproposa encore une fois la Fée.

Et il refusa encore une fois, il lui a dit qu’il assisterait au combat de son petit copain alors il le ferait jusqu’au bout.

Un homme ne rompt jamais ses promesses, se souvint-il.

Les champions s’écartèrent, relevèrent leurs armes et les pointèrent vers les cieux avant de les planter dans le sol et de faire un cercle avec.

Puis, ils se mirent en garde pour se confronter face à leurs adversaires, en attendant l’annonce du commencement du combat.

Pendant ce temps, le Héros s’était endormi pendant le rituel exécuté par les champions des princesses, ça durait vraiment trop longtemps pour lui, et à cause de son insomnie et de son réveil brutal qui l’avait éprouvé. La princesse-fée sans ailes lui mit une droite dans l’épaule pour qu’il se réveille.

Je dormais pas je me reposais les yeux, écrit le Héros.

- Ouais, c’est cela…, ironisa la Fée.

Le blob regrimpa sur sa raie manta étoilée et se plaça en hauteur, César s’avança et cria :

- Êtes-vous prêts ?

Tous les champions hochèrent la tête.

Le Héros voulait voir si Beneltig avait ses guiboles qui tremblaient, mais à cause de sa mauvaise vision, il distinguait à peine leurs silhouettes, ce qui le forçait à plisser les yeux.

La Fée lui demanda ce qu’il avait, il n’allait tout de même pas se rendormir.

J’ai la maladie du flou, lui expliqua-t-il.

- Ah mais tu veux dire la myopie ?

Tu connais le véritable nom de ce mal ?

- Bien évidemment ! Tu me l'aurais dit plus tôt, j'aurais pu y remédier... On en parlera plus tard...

César leva le bras et l'abaissa donnant le signal pour débuter les hostilités.

Les combattants firent un saut en arrière et d'un simple regard, ils choisirent chacun leur adversaire, ils comprirent qu'il serait plus de simple de s'en prendre à Beneltig pour avoir gagné un point d'office. Cependant, contre toute attente – sauf pour vous, bien sûr – le cyclope prit la défense de la fée-guerrier, ce qui étonna toute l'assemblée, des princesses aux champions, voire aux enfants.

« Pourquoi Tarkus prend-il la défense de ce cuistre de Beneltig ? » pouvait-on entendre.

Le Héros se souvint alors du marché qu'avait conclu le champion de la Fée avec un inconnu.

Donc ça serait ce Tarkus ? se disait-il.

C'est vrai qu'il était le seul qui correspondait à la description qu'il s'était faite dans son esprit : Grand, musclé et avec une voix plutôt grave. Et surtout, il portait les brassards que lui avait offert le "vaillant" guerrier.

Pourtant, il ne lui avait demandé d'aller si loin dans ses souvenirs.

Armé de son énorme matraque pleine de piques, Tarkus défia ses autres concurrents de s’en prendre à la faible fée.

- On ne s’attendait pas à ce que tu t’allies avec ce faiblard, dit l’un des nains nommé Zetzgriker.

- Nous avons pu trouver un certain terrain d’entente, ricana le cyclope.

- Intéressant ! s’exclamèrent les amazones siamoises, nous confronter à l’un des plus grands favoris de ce tournoi est totalement excitant ! dit la tête de droite dénommée Selma, il est temps d’éprouver ta popularité qui me semble déméritée ! nargua la tête de gauche Keltna.

- Si vous y tenez tant ! ricana le guerrier cyclope, toi ! cria-t-il en s’adressant à Beneltig, reste derrière moi tout le temps du combat pour qu’on ne s’en prenne pas à toi, puis j’exécuterai ce que tu m’as demandé.

- D’accord, acquiesça Beneltig.

L’amazone Selma-Keltna fit tournoyer ses doubles fléaux et s’attaqua au cyclope à la peau mate, celui-ci bloqua son coup avec l’un de ses brassards, le son qui ressortit du choc était vraiment particulier comme s’il s’agissait de celui d’un gong.

Avec la magie du Partage de Vision de la Fée, il put voir et comprendre aisément pourquoi ce son sonnait de façon si bizarre : sur ces brassards se trouvaient, non pas des ornements de décorations comme il avait pu le croire, mais des fragments de pierres magiques de couleur verte.

Selon la caractéristique de la pierre, il est possible d’obtenir divers effets, effets connus pour les fins connaisseurs en minéralogie surnaturelle. Cependant, pour utiliser ces pierres, il faut tout d’abord qu’elles subissent un choc physique. C’est pour ça que les mineurs font particulièrement attention lorsqu’ils partent dans des grottes pour extraire ces joyaux aux propriétés fantastiques, ils n’étaient pas à l’abri d’un quelconque malheur causé par celles-ci.

Et en ce moment même, ils étaient en présence d’une médusite qui avait la faculté de changer tout ce qu’elle touche en pierre.

- Il joue avec le feu, commenta César à voix basse, si les pierres changent complètement l’un des combattants, Tarkus sera disqualifié. Je veux bien être tolérant mais tordre les règles n’est pas une chose que j’accepte aisément…

Il écrivit une missive à l’attention de Tadzi et l’envoya grâce à un oiseau pour lui informer d’une nouvelle particularité des règles.

Le principal intéressé ne paraissait pas s’en préoccuper, il s’extasiait en voyant les boulets à piques de l’un des fléaux de Selma-Keltna se changer en pierre et se briser en tombant au sol.

- Que…, dit l’amazone siamoise surprise par cette sorcellerie.

Sans attendre qu’elle comprenne ce qu’il venait d’arriver, Tarkus se jeta sur elle et lui asséna un coup de masse l’envoyant valser sur deux mètres. Sous le choc, Selma-Keltna crachèrent du sang, elles étaient impressionnées par la puissance du coup de Tarkus. Elles l’avaient déjà affronté et il est vrai qu’il avait une force hors du commun, mais elles n’auraient jamais cru qu’il soit devenu aussi fort en aussi peu de temps. Mais elles n’étaient pas dupes, elles savaient qu’une grande partie de sa force était due aux brassards qu’il portait sur ses avant-bras.

Elles auraient voulu un combat singulier avec Tarkus pour pouvoir déterminer qui était le plus fort des trois, mais vu les circonstances, elles allaient devoir, elles aussi, s’allier aux autres champions pour avoir une chance de le vaincre…

- Hé ! Les nains de jardin ! les invectiva Keltna.

- Calme-toi sur les remarques racistes, l’avertit le nain à la barbe rousse du nom de Zetzgriker, on sait déjà ce que vous allez nous proposer et je serai assez fou pour refuser, alors il va falloir que vous soyez assez folle pour suivre mon plan.

- Tu as réellement un plan ? demanda Keltna.

- Dans les grandes lignes, oui… mais tu ne vas pas t’en sortir indemne, la prévint-il, et cela marchera.

- Je m’en doute, sourirent-elles, mais ton compatriote est d’accord pour qu’on s’associe ?

- Lui ? demanda Zetzgriker en pointant le nain derrière en train de creuser un trou dans le sol, ce n’est pas un nain, regarde bien, c’est une cyclotaupe.

- Une cyclotaupe ? crièrent étonnées les deux têtes, comment cela se fait qu’une telle bête puisse participer ?

- Je n’en sais rien, ce n’est pas à moi qu’il faut demander, dit le nain avec un ton acerbe, les règles changent… En tout cas, il m’est bien utile pour placer mes pièges. J’imagine qu’il sera d’accord qu’on forme un trio le temps du combat contre Tarkus, et l’autre froussard (même s’il ne compte pas vraiment).

- Compte-t-il vraiment dans l’équation ? demanda Selma-Keltna avec un ton ironique.

- Plus que tu ne le crois. Après tout, c’est lui qu’a donné les brassards au cyclope, il doit avoir une idée derrière la tête, autre que perdre le dernier.

- Si tu le dis.

Du côté de Beneltig et de Tarkus.

- Fantastique ! Tout bonnement fantastique ! s’extasia le cyclope, je dois dire que je ne pensais pas acquérir une force phénoménale grâce à ces cosmétiques. Non seulement je vais accéder à ta demande de t’assommer en dernier, mais en plus ! dit-il d’un ton solennel et le doigt en l’air, le visage ravi, je vais faire de toi mon faire-valoir, je peux te jurer que tu gouteras à toutes les délicieuseries de ce monde, autant avec la nourriture qu’avec les femmes !

- C’est… c’est généreux…, dit timidement Beneltig.

- Allez ! Redresse-toi, poule mouillée, tu as un tournoi à me faire gagner, chanta-t-il bruyamment en le tirant par le col de son vêtement pour mettre droit le combattant-fée, et prépare-toi, ils ont l’air d’avoir manigancé quelque chose.

Dans les loges royales, la reine observait avec attention le déroulé du combat, elle ne pensait pas que cela démarrerait aussi rapidement. Globox demanda, avec une intonation rieuse :

- D’après vous c’est lequel de ces enfants qui gagnera ?

- Il serait évident de dire que cela serait Tarkus Person, l’un des favoris du tournoi, dit l’un des nombreux courtisans adorant passer son temps à occuper la cour du nom de Detsine.

Cet homme ayant un crâne dégarni aux trois quarts, il était amusant de remarquer que les rides sur son front formaient de magnifiques vagues, c’était sa plus grande fierté parce que lorsqu’il était plus jeune, vraiment plus jeune, il avait toujours voulu être vieux, avoir des rides, perdre ses cheveux, avoir les cheveux blancs – ça aurait été plus rapide qu’il attrape un cancer et une chimiothérapie… Alors imaginez son bonheur lorsqu’il eut atteint l’âge de la « sagesse », il s’enorgueillit d’avoir atteint les deux cent quatre-vingts ans, faisant preuve de condescendance avec tous ceux qui étaient plus jeunes. Pourtant, il ne fut jamais tenté de jouer à cela avec la reine. En même temps…

- Oui, il est effectivement évident que cela serait Tarkus Person Polyphème le grand vainqueur, intervint le garde du corps Sawyer, il a de très nombreuses qualités guerrières et il est assez intelligent pour ne pas confondre sa gauche et sa droite. En combat singulier et dans un combat normal, je parierai toutes mes pièces sur lui. Toutefois, les conditions du combat sont bien différentes qu’un simple affrontement, ils ont l’honneur de leurs protégées sur leurs épaules, ils ne se battent pas seulement pour leur égo ou leurs propres bien personnels, ils savent que chacun de leurs coups décideront de l’avenir de leurs princesses et du royaume. En résumé, ce n’est plus le plus compétent qui gagnera mais celle ou celui qui aurait la plus grande rage de vaincre et la plus grande volonté. Donc… rien n’est encore joué, rien n’est encore déterminé !

- C’est bien, c’est bien, dit Globox avec nonchalance en tournoyant sa main à côté de sa tête de façon désintéressée par les paroles de son collègue, mais On. Veut. Ton. Préféré. Nous.

- Selma-Keltna.

- Bah voilà, c’était simple, le félicita le garde du corps en second, et vous, la fée sans poil sur le crâne, vous avez un petit chouchou ?

- Tu ferais mieux de t’adresser d’une meilleure façon à une personne dans la force de l’âge, le réprimanda Detsine.

- Tu radotes, vieillard…

Detsine et Globox ne s'entendaient pas vraiment, des différends générationnels…

- Vu que tu y tiens tant que ça, cracha la fée au crâne dégarni, mon cœur penche en faveur du nain. Vous ne voyez que la force brute comme vous ne réfléchissez qu’avec vos muscles, vous ne distinguez pas le potentiel et les possibilités de chacun.

- Nous ne sommes là que pour spéculer sur des spéculations ! se moqua Globox en faisant signe à Sawyer de lui donner l’un de ses bâtons de réglisse, je suis sûr que même Lola et Po ont de meilleurs avis que toi, papillon fossilisé.

Lola et Po étaient deux servantes de la reine qui la suivaient partout dans ses déplacements dans l’enceinte du château. C’étaient les deux seules servantes à ne pas être issues de l’école des domestiques impériales de Mère Isabella Krone, mais aussi à provenir des Basfonds et surtout à ne pas être des fées : elles étaient des Sternites, des insectes bipèdes d’un mètre soixante, ils sont connus pour être herbivore et super craintifs, même lorsqu’elles apprennent à connaître les nouvelles personnes qu’elles ont rencontrées ou qu’elles vont servir, il est difficile de communiquer avec elles. Toutefois, il n’y avait pas plus dévouées et travailleuses que ces « petites » bêtes, bien que leur timidité compliquât l’exécution de certaines tâches comme la réception d’une missive – il faut parler au postier et signer sa feuille de passage – ou encore faire le messager.

Et c’est bien parce qu’elle savait cela que cela énervait au plus haut point la reine. Elle détestait que Globox ou un autre se joue de ses petites protégées.

Alors d’une voix imposante, elle s’immisça dans la conversation de ses courtisans, interrompant l’interjection de Detsine.

- Cessez vos chamailleries infantiles ! Vous jacassez sur du vent depuis tout à l’heure ! Sawyer vous a très bien dit qu’il n’était pas évident de savoir le futur de ce combat, mais vous continuez à faire d’inutiles conjonctures sans queue ni tête, basées sur du vent en embêtant, en plus, Lola et Po. Donc je vous prierai de vous taire jusqu’à la fin de la confrontation de ces jeunes gens, surtout toi, Globox !

Tout le monde eut les yeux exorbités devant l’énervement de la reine.

Bien qu’elle soit de nature colérique, personne n’aurait pensé qu’elle puisse bouillonner autant de colère.

- Elle est bien de mauvais poil, chuchota Globox à Sawyer en lui prenant sa boîte de bâtonnet de réglisse, tu l’as réveillé dans le mauvais sens du poil ou quoi ?

- Ce n’est pas ça l’expression, rectifia Sawyer en reprenant ses confiseries, mais non, je n’y suis pour rien. Elle doit être contrariée à propos de quelque chose qu’elle a vu avec les médecins dont je ne suis pas au courant.

- A propos de l’humain ? dit l’ogre gourmand saisissant un bâtonnet de réglisse dans la boîte de son ami.

- Aucune idée…, soupira le garde-fée, je lui demanderai à la fin du combat, mais je pense qu’elle veut surtout être concentrée sur le combat de Beneltig, voir si ses avertissements ont servi ou non. Pour l’instant, elle n’a rien vu de bien probant, ce qui doit fortement la contrarier.

Il brisa le bâtonnet que lui avait chipé Globox et l’avala tout cru, le mâchant avec force.

- Toutefois, elle a raison. Nous ferions mieux de nous taire et de cesser les interventions vaines et d’apprécier le déroulement de ces jeunes dans leur premier affrontement pour leurs princesses.

Il essayait de paraître neutre et posé, mais il était vraiment inquiet pour sa princesse bien-aimée, il était rare de la voir aussi sérieuse et aussi froide, elle qui était toujours portée sur le jeu et la drôlerie, elle qui était si joueuse en temps normal, se retrouvait à être si aigrie. Il n’y a que trois choses qui la rendaient aussi irascibles : la guerre, la Félonne Marrynelia et Elena…

Si c’était sur ce dernier point qu’elle était énervée, ce lieu n’était vraiment pas propice pour avoir une discussion à ce sujet…

Profitons du match pour l’instant, pensa-t-il.

Fin de la parlote, voilà le début des hostilités.

Sur le terrain, l'amazone se releva et, reprenant son souffle, elle enfonça son poing dans sa main. Elles étaient prêtes à en découdre avec leur rival.

- Alors vous êtes prêts mes petits bouts de choux ?

- Ne nous prends pas de haut, double face ! Je ne pensais pas qu’après un coup tu penserais à collaborer.

- Nous aussi mais son coup était bien plus puissant qu’à la normale, pourtant nous nous entraînons plus dur et plus souvent que lui, j’aurais bien voulu me la jouer « dépassement de soi » mais Cynthia s’attend à ce que je gagne donc la meilleure stratégie est de finir ce combat le plus rapidement possible, hache à barbe.

- Allez, arrêtons-nous là. Battons ces deux idiots, on pourra s’envoyer des fions plus tard.

- Ça me va, lui rétorqua l’amazone siamoise.

C’est le cyclope qui prit l’initiative d’attaquer en premier, il se jeta sur l’amazone siamoise en tentant de lui mettre un coup de gourdin métallique, elle arrêta l’attaque avec le manche de son fléau qui fut égratigné par le choc de l’arme de Tarkus.

Distrayant leur principal ennemi, Selma-Keltna permit au nain technomancien d’exécuter son plan « murement » réfléchi. Il s’engouffra dans la galerie souterraine forée par la cyclotaupe et déposa sur tout le chemin du mammifère fouisseur évolué des mines « choc » : une au-dessus de lui et une en-dessous de lui.

L’amazone se devait de rester à l’intérieur du périmètre formé par le tunnel de Mergul, la cyclotaupe, pour que le plan de Zetzgriker soit bien accompli.

Selma-Keltna ne pouvait utiliser son arme à sa guise, Tarkus était bien trop près d’elles pour que l’une des boules hérissées de son fléau lui fasse un bisou au visage. La matraque pointue de Tarkus était bien plus pratique dans cette situation puisque ne décrivant pas d’arc de cercle lorsqu’il attaquait, et malgré la longueur de l’objet contendant, il ne lui était pas impossible de combattre puisqu’il avait l’audace d’attaquer en saisissant la partie incrustée de dards à la main, lui mettant des coups avec le haut de son bâton à pointes ou le manche.

Le temps d’adaptation aux situations désavantageuses pour le cyclope était phénoménal comparé à l’amazone qui tentait encore de le combattre avec son arme.

Le cercle du passage souterrain était terminé, Mergul prit part au combat en sortant par surprise de sous terre et se jeta de son corps sur la face du cyclope, fonçant sur son œil, l’aveuglant le temps d’un instant.

Tarkus cria de douleur à cause des poils drus de la bête, il hurla de douleur, lâchant son arme pour dégager la cyclotaupe de son visage. Selma-Keltna en profita pour lui courir dessus et passer derrière lui, elle lui donna un coup de pied dans le dos pour qu’il soit plus au centre du cercle. Elle lui donna des coups dans les côtes et un coup de coude dans la nuque avant de l’étrangler avec ses bras et de le mettre à genoux.

- Tu ferais mieux d’abandonner, lui conseilla Selma.

- Ou de mourir ! lui proposa Keltna.

Tarkus poussa de toutes ses forces sur ses jambes pour se relever.

- Désolé les filles, mais ça ne sera ni l’un ni l’autre…

Il se libéra de l’amazone siamoise, lui prit les bras et la jeta devant lui, sur le dos avant de la projeter loin de lui. Il voulut se saisir de son arme mais c’était la siamoise qui l’avait attrapée avec ses orteils. Il tenta de courir vers elle mais tomba dans l’un des pièges de Morgul, son pied s’enfonça dans un trou rempli de sable mouvant.

Le nain sortit du tunnel souterrain et hurla à sa partenaire de circonstance que tout a été mis en place.

- Prends la p’tite taupe avec toi et partez loin.

Zetzgriker attrapa la cyclotaupe et fuit jusqu’au mur de l’arène pour ne pas être pris dans le piège, laissant Selma-Keltna s’occuper du reste.

Elle prit l’arme de son adversaire et se jeta à corps perdu dans la bataille.

- Viens, ma grande ! la provoqua Tarkus, montrons à la face de tous les habitants de Sylvania qui est le plus fort de nous.

- Désolé, mon petit Tarkus, s’excusa Selma.

- Mais je dois faire de Cynthia la nouvelle reine-fée de ce royaume, jura Keltna.

Elles se propulsèrent dans les airs, elles mirent le bâton au-dessus de leur tête et le fit s’abattre sur… le sol ?

- Tu t’es loupé, fit remarquer le cyclope guerrier.

- Que tu crois, contredit l’amazone.

Le kanabo percutant le sol fit réagir les mines cachées qui sautèrent hors du sol, entourant les deux géants.

- Des mines « choc » ? s’écria Tarkus, impossible !

Les mines se fissurèrent et une énorme explosion se déclencha, provoquant un énorme souffle, balayant tout sur son passage, il fut si puissant qu’il atteignit le public, envoyant tout ce qui est léger valser.

Lorsque le souffle de l’explosion fut passé, que la fumée fut retombée, le Héros fixa la zone de la déflagration pour voir si la géante amazone et le grand cyclope avaient survécu.

Le nain était collé contre le mur de l’arène, tout comme Beneltig, repoussés par l’explosion des mines et la taupe était portée disparue.

Alors que la poussière et le sable retombaient sur le sol, on pouvait distinguer deux silhouettes accroupies, il y avait Selma-Keltna tenant fermement le bâton à pointe de Tarkus qui était pointé vers le sol, elle avait le dos courbé et semblait immobile. Tarkus le cyclope paraissait étrange, son corps se mettait à briller au contact du soleil, il avait les bras en croix pour se défendre du traquenard orchestré par ses trois adversaires bien que cela soit inutile.

Nom d’un chien ! tempêta intérieurement Beneltig, sérieusement, il a fallu que Tarkus se fasse battre ! Comment ai-je fait pour parier sur le mauvais cheval ?

Les cyclopes, fils de la mer et du dieu des océans, possèdent une force surhumaine et une peau extrêmement résistante. Mais l’amazone est une mutante qui est le produit de la fusion de deux fœtus, elle aussi a obtenu un corps remarquablement résistant, elle faisait partie des peuplades humaines, mais elle avait une force et une constitution surpassant n’importe quel humain modifié, elles étaient dignes d’un baron orc. Mais même s’ils étaient des forces de la nature, l’explosion provoquée par les mines « choc » ne pouvaient pas les laisser indemnes.

Ces jeunes vont quand même loin, même si leur honneur est en jeu, pensa César, Zetzgriker est un homme intelligent, il n’aurait jamais utilisé de tels stratagèmes s’il ne s’était pas informé au préalable sur la constitution de ses concurrents. Il est un chasseur aguerri, il étudie ses cibles avant de constituer son arsenal donc il savait que cela ne les tuerais pas, même si ses gadgets ont été créés pour blesser les Géants Pachydermes Noirs. Au vu de son intelligence et de son expérience, il est bien parti pour gagner ce combat.

La fumée disparaissant, tout le monde put observer le corps ensanglanté de Selma-Keltna, sa respiration était saccadée et ses quatre yeux étaient injectés de sang, de la vapeur sortait de tous les pores de son corps et certaines parties de sa peau étaient carbonisées, pourtant, elles avaient le sourire au lèvre : leur plan s’était déroulé sans accroc !

- J’ai toujours admiré votre capacité à garder le sourire malgré l’adversité et votre défaite qui est inéluctable, rit Tarkus, mais j’ai toujours voulu voir le désespoir s’afficher sur votre visage.

Le sourire des amazones siamoises s’envola instantanément, elle n’en croyait pas ses yeux : Tarkus s’était changé en statue de métal mais il continuait à parler, elles voyaient ses lèvres se mouvoir. Elle avait pensé que c’était l’un des effets secondaires des explosifs du nain, mais dès qu’il se mit à bouger, elle comprit que cela n’avait rien à voir avec les mines.

Beneltig ne lui avait pas donné de la camelote, observa la reine, de la médusite de première qualité, voire au-delà, du premium. Peu de ces pierres ont la capacité de changer un homme en métal, voire en diamant pour les plus pures. Il était bien un Srevot.

Tarkus se remit en mouvement, décarcassant ses membres métallisés, tous produisant un bruit strident, grinçant de toutes parts. Il se releva en s’étirant tout en se craquant la nuque.

- Manifestement, votre minable stratagème a échoué, se moqua le cyclope de métal, il est temps de vous rappeler que peu importe votre intelligence, votre ingéniosité, votre dextérité, votre agilité, votre chance… Mais la seule vérité qui est indéniable : c’est que lorsqu’il ne reste plus rien, il ne reste plus que la force !

Il courut vers Selma-Keltna et lui asséna un coup de genou dans le cou de l’amazone, lui coupant la respiration, puis enchaîna avec un crochet du droit dans la mâchoire, l’étalant au sol. Il reprit son arme et déchaîna toute sa violence sur sa victime avec son bâton fétiche. Selma-Keltna le supplia de l’épargner mais le regard de Tarkus était complétement fou, jamais elles ne l’avaient vu aussi fou. Il n’avait aucune pitié pour elle.

Tarkus tabassa à mort l’amazone, lui brisant tous les membres, la pauvre siamoise hurlait de douleur sous le regard impuissant du public. Elles s’évanouirent, ne supportant plus la sauvagerie du cyclope qui s’abattit sur elles. Elles finirent par perdre connaissance, finissant les visages ensanglantés, boursouflés et couverts de blessures, ses bras et ses jambes cassées, et ses côtes furent brisées.

Ce déchainement de violence fit bouillir le Héros et il se leva pour stopper toute cette cruauté. À peine il posa le pied sur la rambarde, la Fée lui attrapa la jambe pour l’arrêter.

- Ne fais pas ça ! lui hurla la princesse, tu ne peux pas faire ça !

Il la regarda déboussolée, se demandant comment elle pouvait laisser faire une telle scène de torture sans réagir. Il grinçait des dents de rage.

- Si personne n’est intervenu, c’est qu’il est dans son bon droit, intervint Al-Ryanis.

- Donc l’enfant écervelée, tu peux tenir ton chien humain en laisse, dit la princesse Diasirée.

Relâchant la jambe de l’humain, la fée aptère se tourna en direction de sa rivale et lui lança un regard noir.

- Ne t’en prends pas à lui, l’avertit la Fée, tu peux t’en prendre à moi, mais sûrement pas à mes amis.

- Tu m’en veux encore pour ce que j’ai dit à Mina ? siffla Diasirée d’un air rieur en mettant sa main devant sa bouche, c’est à elle de se tenir… À moins que tu veuilles parler de l’abominable créature que tu chéris et dont tu te préoccupes tant ?

Être l’ami d’un monstre comme lui, surtout celui-ci qui est particulièrement… Pauvre fille…

- Tu as raison Diasirée, dit la Fée avec confiance, cet Homme, peu m’importe son apparence, est mon ami !

Mais qu’est-ce qu’elle raconte ? pensait le Héros. Il ne l’avait pas imaginé aussi bête pour dire autant d’âneries. Il n’avait jamais pensé qu’ils étaient amis, il ne savait même pas comment on devenait ami… ou s’il avait déjà eu des amis auparavant… vu son ancienne apparence…

Finalement, il comprit pourquoi il aimait la compagnie de cette fée, elle lui rappelait une fille tout aussi chiante qu’elle, qui venait lui rendre visite lorsqu’il était souffrant…

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