Visite de courtoisie

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La porte se referma derrière, il se craqua et se dressa difficilement sur ses deux jambes. Puis, il se mit dans la même position que lorsqu'il faisait face à la reine et inséra ses deux pouces dans le cœur en disant :

- Accélération de la régénération héroïque.

Les cicatrices du Héros se refermèrent beaucoup plus vite sans pour autant qu'elles soient totalement cicatrisées et que la douleur fut à peine apaisée, mais assez pour qu'il puisse se relever et faire face à Beneltig. Il devrait tenir jusqu'à la fin de sa conversation avec l'ancien champion.

- Bonjour, ex-champion de la princesse-fée, le salua le Héros, ça fait longtemps qu'on s'est pas vu, hein ? Depuis que j'avais été enfermé dans cette insalubre prison souterraine et que tu avais voulu m'impressionner devant ta blonde ? rit-il, je sais ce que tu penses « l'informe créature sauvage humaine muette qui se trouvait dans la cellule s'est mis à parler avec un Oli'Ane plutôt acceptable, ça doit être la fée sans aile qui doit lui avoir appris. » mais, non, non, je le parlais déjà, bien avant que ma tantine me l'apprenne. Après tout, ils m'apprennent souvent de nombreuses choses sans que je les aie à mémoriser, mais ce savoir ne reste pas indéfiniment dans mon esprit donc je suis bien obligé de l'apprendre. Toutefois, je ne suis pas là pour te raconter ma vie et mes capacités spéciales, mais pour te prévenir que je suis le nouveau protecteur et champion de ta bienaimée vu que tu es coincé dans ce bloc de pierre précieuse.

Le Héros se déplaçait maladroitement dans la pièce à cause de ses douleurs articulaires, il savait très bien qu'il souffrirait en le faisant mais parler en se déplaçant l'était à mieux réfléchir et à savoir les mots justes à dire dans cette situation où il avait le contrôle sans que Beneltig le sache encore. Celui-ci, d'ailleurs, le suivait du regard, faisant comprendre au Héros, qu'il y avait une mince couche de vide entre le diamant et le corps du jeune noble de la famille Srevot.

Un filet de sang coulait sur le bord des lèvres du champion humain, le contrecoup avait déjà débattu, il ne fallait qu'il ne soit pas loin et plus concis, mais il ne pouvait pas s'empêcher de démontrer sa supériorité sur son adversaire.

- Je trouve que ça a été une idée de génie de manipuler ce pauvre Tarkus qui était déjà sous l'enchantement de sa maîtresse Thoosa, le complimenta le Héros, utiliser le plus fort de ton round pour t'en faire un garde du corps pour qu'il batte tes adversaires et qu'ensuite tu actionnes le piège que tu avais créé autour de l'un des plus forts champions de ce tournoi pour gagner avec ce stratagème plus que douteux, c'est du génie. J'aurai jamais pu penser à ça tellement je suis con, mais toi oui, tu as les ressources pour te procurer ce genre d'objet et avec un peu de réflexions, tu as pu trouver un moyen de gagner sans te blesser grandement. Chapeau bas (ou ailes frémissantes comme on dit par chez vous) ! Sauf que je suis con parce que j'aurai combattu Tarkus de toutes mes forces pour sauver le rêve de celle dont j'ai l'attention et le soutien de part la confiance qu'elle me témoigne, mais toi non, tu as créé ce plan, non pas parce que tu ne voyais aucun moyen d'échapper à ton inexorable défaite face au cyclope ou à l'amazone siamoise - en fait, à tous les adversaires qui se trouvaient sur le terrain – mais pour fuir ta responsabilité de champion. Là tu me dirais sûrement « Non, c'est faux ! J'aurai tout fait pour protéger ma princesse ! », le parodia ouvertement de façon honteuse en lui faisant une voix criarde, ou peut-être pas, vu ce que j'ai vu durant mes rondes du château, t'es pas le mec avec qui je laisserai ma famille se balader le soir – si j'avais une quelconque chance d'avoir une fille. Tu t'excuserais platement pour l'avoir laissé se faire tripoter en justifiant ta faiblesse, dit-il d'un ton dédaigneux, mais là, pour le tournoi, tu ne pouvais pas simplement abandonner, tu avais des pressions de partout, non seulement par la reine, mais aussi par ses hommes mystérieux qui t'ont menacé de mort, et tu aurais été la risée du royaume, cependant avec ta « belle gueule, ça ne t'aurait pas empêché de serrer de belles demoiselles en leur faisant miroiter ton titre dans le dos de la jeune fille à qui tu as juré loyauté. Oui monsieur, je suis au courant, non pas que je vous ai vu à l'œuvre, mais j'ai plusieurs éléments qui vont dans ce sens, j'ai un talent particulier pour observer les autres, ça doit venir de ma méfiance naturelle. Je ne te juge pas, tu es dans la fleur de l'âge comme moi, même si moi, il est rare que je me laisser à ce genre de choses, mentit-il à moitié. Mais je divague, je voulais juste te dire que je sais que tu t'es laissé piéger dans ce bloc pour pouvoir échapper aux commanditaires de l'assassinat de la fée sans aile et sans nom et pour ne plus avoir à la défendre, je ne sais pas si tu l'aimes véritablement, ces conneries me passent au-dessus de l'épaule, mais la lâcheté dont tu fais preuve m'enrage. Tu as fait tout ça pour ne plus à avoir à être le champion de la fée en attendant que je me propose en tant que champion vu que tu as été témoin de ma force incroyable... Mais, en fait non, tu savais pas si j'aurai voulu être son nouveau champion, la laissant soit abandonner soit prendre un trou du cul pervers comme champion, se rendit compte le Héros, si je ne l'avais pas prise en pitié, elle se serait trouvé dans une situation délicate. En fait, je n'étais même pas dans l'équation. Mais quel genre de fils de pute, tu peux être, s'indigna le Héros, t'as pas honte de ce que tu as fait, t'enfuir dans ce bloc de diamant juste par pur égoïsme, tu pensais ne pas pouvoir refuser parce que tu étais sa petite amie et son champion alors que si vu la clémence dont elle fait preuve avec toi, vu tout tes pas de travers mais tu voulais l'or de Sermini et son sang, tu es bien gourmand !

Le Héros se plaça en face du bloc de diamant et s'approcha de celui-ci, il vit une fine trace de main et sembla reconnaître l'odeur de la Fée dessus.

- C'est une honte qu'une fille comme elle puisse t'aimer, mais au moins ça prouve ce que j'ai remarqué chez elle : elle est pas très futée. Je sais que ma mère dirait que détester les gens, c'est pas bon pour le cœur et l'âme, et qu'on ne peut vivre avec autant de haine en soi, mais moi je peux pas m'empêcher de haïr les gens faibles comme toi, non pas parce qu'ils sont faibles, loin de là, je déteste surtout ceux qui se complaisent dans leur faiblesse comme toi et qui patauge dans leur caca en espérant obtenir toutes les faveurs ! Tu es l'un des pires hommes de ma vie et je...

Il fut coupé dans sa longue tirade par l'ouverture de la porte, le regard des deux hommes se tournèrent vers l'entrée et ils virent un géant avec un seul œil faire son entrée, il s'agissait de nul autre Tarkus Polyphème.

Qu'est-ce qu'il faisait là ?

- Donc tu étais là ? dit le cyclope en s'adressant à Beneltig, tu t'es bien foutu de moi avec tes jouets.

Il ne faisait même pas attention au Héros qui était juste à côté, il semblait encore possédé par le charme de sa princesse, mais les gouttes de sueur qui perlaient son corps lui faisait dire que le contrecoup du sortilège qu'avait lancé Thoosa sur son champion n'était pas loin d'arriver.

- Me faire battre par une pucelle comme toi ? Jamais de la vie ! Je suis venu te prendre ta misérable vie de cloporte, si je ne gagne pas, tu ne gagneras pas, et ce n'est pas un vulgaire bloc de diamant qui va m'empêcher de te faire mordre la poussière. Et t'arracher du cœur de ma demoiselle.

- Je voudrais bien voir ça, intervint le Héros, les bras croisés.

Tarkus remarqua enfin la présence du héros et vint vers lui.

- C'est toi le petit humain qui a brisé mon kanabo !

- Non, c'est toi qui as été assez idiot pour le briser sur mon bras en croyant que cela allait me faire quelque chose. Sinon, pour le reste, j'imagine qu'effectivement de ton point de vue, je suis petit alors que j'ai une taille respectable pour un humain.

- Tu parles beaucoup.

- J'en profite parce qu'après je ne pourrais plus le faire aussi longtemps.

- Tu es là pour protéger ce vermisseau ? lui demanda Tarkus.

- Non, c'est une coïncidence si on se retrouve au même endroit, au même moment pour la même personne.

- Alors ne t'immisces pas dans mes représailles.

Tarkus avança à l'encontre du bloc de diamant mais le Héros le stoppa en lui agrippant le bras.

- Malheureusement pour toi comme pour moi, je ne peux pas te laisser lui faire du mal, guerrier cyclope.

- Ah bon ? Tu veux m'en empêcher, sale humain ? cracha Tarkus en le dévisageant.

Le cyclope se dégagea de la poigne du héros et le frappa en pleine figure.

Sérieusement ? Encore un combat ? s'énerva le Héros.

Le guerrier à un seul œil lui donna un autre coup de poing mais le Héros arrêta son coup avec son bras, et lui rendit le coup qu'il lui avait donné en plein ventre. Tarkus vomit sur le sol, il n'était vraiment pas en état de se battre.

- Arrêtez ! dit une voix derrière les portes de la « chambre » de Beneltig.

C'était Thoosa qui arriva complètement essoufflée, en le voyant de plus près, le Héros la trouva plutôt jolie malgré la malveillance qui se discernait dans son regard. Pourtant, là, il n'y a que de l'inquiétude, l'arrogance dont elle avait fait preuve au stade avait disparu. Elle rattrapa Tarkus alors que celui-ci allait s'effondrer.

- Mais ça ne va pas de faire ! l'engueula la princesse.

- Mais...

- Non, c'est terminé, il a gagné. Point. Tu n'as pas été assez malin et tu t'es laissé berné par un cadeau empoisonné. Si je me plaignais des actes de Beneltig, mon discours dans l'arène ne serait que pure hypocrisie.

Thoosa se tourna vers le Héros et lui demanda s'il était l'Homme dont s'occupait la fée aptère.

- C'est ça, acquiesça-t-il, et toi, tu l'une des conquêtes de Beneltig.

Le teint de la fée rougit comme une tomate.

- Co... co... comment ça ?

- Pas besoin de le cacher, dit le Héros, j'ai vu ta réaction lorsque Beneltig a échappé de peu à la mort, et vu son comportement de coureurs de jupons et les paroles de Tarkus, ton champion n'est pas seulement venu redorer son honneur... enfin si, aussi si on veut mais voilà quoi ! finit-il par dire.

Thoosa, honteuse, baissa la tête et regarda ses pieds.

- Après je m'y connais en théorie des relations amoureuses et je sais qu'un beau parleur saura toujours faire tourner le cœur des autres filles. Je suis certain que tu peux trouver bien mieux que ce phraseur de pacotille en la personne de Tarkus.

La fée releva les yeux, surprise, ce garçon vraiment beaucoup de choses.

- Comment ?

- Tu t'es crispée lorsque l'un des champions a dit que Tarkus aimait Selma-Keltna, surtout Selma, mais j'imagine que l'enchantement que tu lui as lancé n'est pas seulement un sort d'amplification de force, n'est-ce pas ?

- Oui.

- T'as pas besoin de ce genre de tours pour te faire aimer de la personne qui tiraille ton cœur, lui dit le Héros, t'es une jolie, joue de tes charmes, attributs et talents, je suis sûr que ça sera suffisant, la magie est comme dans les contes de fées... temporaire.

Thoosa eut un sourire attristé puis déclara :

- Tu n'es finalement pas le monstre que tout le monde pense.

- Ils n'ont totalement tort de le penser.

- Pourquoi cela ?

- Si je veux réaliser mon objectif, je me dois de devenir encore plus monstrueux que l'homme que je traque.

- Je ne sais pas si c'est une bonne idée.

- Moi non plus, lui rétorqua-t-il les yeux dans le vague.

- Bon, nous allons te laisser à t'affairer à tes affaires.

Thoosa se tourna vers la sortie, mais le Héros l'arrêta, il avait une dernière question :

- Au-delà du fait que tu as utilisé une potion de charme, tu n'as pas utilisé autre chose sur Tarkus ?

La fée sursauta, elle ne regardait même plus dans les yeux le Héros.

- Alors tu as remarqué ?

Le Héros hocha la tête.

- Je ne peux pas te répondre complètement car les murs ont des oreilles mais une chose est sûre, méfie-toi de l'Aube et fais attention à ta princesse, vu que tu es son nouveau champion.

Tout le monde est déjà au courant, se dit le jeune homme.

- Me méfier de l'aube ? Mais ça n'existe pas l'aube. C'est plus au moins une expression désuète, tout au plus.

- Recherche la vérité par toi-même car si je t'en dis plus, je mourrais.

- Soit. Merci pour le peu que tu m'as dit.

C'est après ce remerciement que Thoosa et Tarkus les quittèrent en refermant les portes derrière eux. Le Héros put retourner à sa première préoccupation. Il se craqua les doigts.

- Je disais quoi déjà avant d'être interrompu... Ah oui ! T'es la pire raclure que je connaisse depuis que je suis arrivé ici, donc je vais t'annoncer un seul et unique avertissement, je me fiche de ta libido en folie, je me fiche que tu es le courage d'un Minémine, incapable de défendre l'honneur de sa bienaimée, mais si tu remets encore en danger de la princesse pour sauver ta déplorable vie...

Le Héros donna un coup surpuissant dans le bloc à s'en faire saigner la main et à le fissurer, laissa la trace de son poing dessus avec du sang. Beneltig écarquilla les yeux, impuissant, devant la puissance brute du Héros qui était toujours mal en point.

- Tu auras à faire à moi.

Et il tourna les talons et sortit de la pièce.

Mais à la sortie de la chambre de Beneltig, il se trouva face à un groupe de personnes qui lui était totalement inconnu, enfin, il y en avait certain dont il avait aperçu la tête dans les loges princières.

À suivre : L'attribut génétique

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