La troupe d'enfants Féériques, composée de princesses-fée, de champions et de civils, qui faisait face le dévisagea étrangement, ils étaient à la fois intrigués et effrayés par l'Homme à la face noire. Le Héros leur rendit leur regard d'incompréhension et se pencha vers la naine, puis se releva et regarda le plus grand de ses enfants, un grand elfe aux cheveux blonds et aux yeux marrons. Il avait une drôle d'impression en observant ce garçon, il avait l'air... faux ?

Pourtant, il ne ressentait aucune illusion magique autour de cet elfe, mais...

La gêne qui s'était créée entre les enfants et le Héros était due à l'analyse de chacun des groupes l'un envers et l'autre, mais ce fut l'elfe qui rompit ce silence en tendant sa main vers le Héros, tout sourire.

- Tu dois être le garçon dont nous a parlé Princesse ? dit l'elfe.

Le Héros fixa la main avant de la saisir.

- J'imagine que oui si tu parles de la même personne à laquelle je pense...

Les liens amicaux n'étaient pas vraiment son fort, surtout avec des inconnus, il appréhendait mal de faire connaissance, surtout avec quelqu'un qui avait l'air aussi amical... Et il avait remarqué aussi qu'il l'avait appelé non pas par le terme d'humain mais de garçon, ce qui était plutôt rare lorsqu'on rencontre quelqu'un issu d'une autre espèce. Était-ce de la bienveillance à son égard pour ne pas marquer un peu trop de différences entre eux ?

Une fée rousse s'avança devant les autres Féériques et fixa le Héros, curieuse et avec un sourire intriguant, il était différent de l'elfe, ses yeux brillaient d'une lueur bien curieuse qui mettait mal à l'aise le Héros.

- C'est bien la première fois que je vois un humain d'aussi près, et aussi bizarre, s'extasia-t-elle.

- Euh...

Fut la seule chose que put dire le Héros dans cette personne... intrigante.

- Vu que tu lui fais face en passant devant moi, le réprimanda Alexandre le sautillon, tu peux te présenter, c'est la moindre des politesses.

- C'est vrai, tu as raison ! acquiesça-t-elle en frappant dans sa main, je vais en profiter pour tous vous présenter !

- Si ça t'enchante...

Marina se mit face au Héros et se tourna en direction de ses amis les pointant un par un du doigt.

- Voilà les principaux amis de la fille, d'abord les princesses, ça me permet de me présenter en première : Marina de la famille Luméa, celle qui sera la future reine de Sylvania...

- Oh ! s'immisça le champion dans la présentation de Marina, ne dis pas ça comme si c'était toi qui te battais sur le terrain.

- Bah ça veut dire que j'ai confiance en toi, abruti.

- C'est toi l'abrutie !

Elles sont toutes aussi désinvoltes ces fées ? se demanda le Héros.

- Bon, dit la fée remplie de taches de rousseur en toussant sur son poing, je reprends. Alexandre le sautillon... Voilà tu m'as foiré l'ordre de présentation, réclama Marina, y a l'elfe a qui tu as serré la main, Lin Uramerchie, le prince déchu de Fausture.

- N'abuse pas, je suis marquis.

- Oui, oui. Voilà l'une de mes adversaires dans le tournoi : Acamélia Clémentina, avec son champion maigrichon qui n'est pas là.

Le Héros fixa cette grande fée qui paraissait atteindre la taille de la reine, elle avait des courts cheveux bruns bouclés dont une partie était un chignon, elle avait des lèvres pulpeuses, un « intéressant » tour de poitrine et des joues de malisonies – des rongeurs ressemblant à des hamsters mais gardaient leur nourriture dans leurs joues pour stocker leur nourriture durant les grandes périodes d'hibernation.

Cette fille plaisait au Héros, les hormones du garçon agissaient prouvant qu'il était bien un adolescent.

Il lui serra la main et lui fit un clin d'œil, tout en se pinçant la jambe à travers la poche de son pantalon pour ne pas montrer qu'il combattait sa timidité.

« Fais des efforts, espèce de con au carré ! Tu vas te cacher combien de temps dans les jupons de ta mère, à croire que t'es homo ! » était la phrase qu'Astéron adorait dire au Héros pour le sortir de sa torpeur des autres. Mais il notait qu'il était quand même homophobe sur les bords le bougre.

Se mettre à penser avec le bas ventre... Ce satané Astéron l'avait vraiment perverti.

- Puis il y a notre mascotte, notre petite naine Mina chérie...

- Euphémisme.

- Non, Mina, on dit un pléonasme, intervint Jacob.

- Sûrement.

- Ensuite, voilà Jacob Baldet, le présenta Marina, le seul nelfe sylvain que tu pourras rencontrer en ce monde ! s'enthousiasma-t-elle.

Même si c'était vrai, car il était rare pour les nains et les elfes de s'allier d'affection, surtout entre les nains qui sont plus dans la manufacture et l'industrialisation comparé aux elfes qui sont dans l'admiration la plus pure de la nature, elle le faisait passer pour une bête de foire.

Il devait être fort en lancer de marteau, pensa le Héros.

- Et pour finir, on a mon homonyme de patronyme le jeune et fringuant Titou Luxéa un Coursier.

Coursier n'était pas le métier, mais la race des humanoïdes ressemblant aux humains mais à la différence des Hommes, eux avaient une peuplade majoritairement svelte cependant leurs cuisses étaient énormissimes, ils avaient des jambes assez puissantes pour trancher des arbres en un seul coup de pied, les plus aguerris étaient capables de décapiter des lions à dents visés, et si vous étiez pris entre leurs jambes, il était presque impossible de vous en réchapper. Cependant, ils n'étaient pas de vaillants guerriers, ils étaient plutôt froussards, on les employait souvent pour transmettre des missives et des colis, ils étaient si rapides qu'ils pouvaient dépasser la vitesse du son – pas sans dommage physique – et ne pensez pas qu'ils pouvaient vous amener votre lit double jusqu'à chez vous car il n'y a que leurs jambes qui ont de la puissance, leurs bras sont à peine capables de blesser une mouche.

- Voilà toute notre petite bande est présentée, se félicita la princesse-fée Marina avant de se rendre compte que le Héros ne l'avait pas fait, mais finalement, toi tu t'es pas présenté, c'est quoi ton p'tit nom, mon garçon ?

- Marina ! s'énerva Alexandre.

- Bah, en fait, comme la princesse-fée sans prénom, je n'en ai pas.

- Oh ! Tu en es dépourvu comme elle ? notifia la naine.

- C'est cela. Sinon comme titre, bah j'suis son nouveau champion.

Un silence gêné envahit tout le couloir, la troupe d'amis se regardait, inquiète, avant de revenir sur le garçon.

- Tu es vraiment le nouveau champion de Princesse ? demanda Lin.

- Oui, vu que l'autre bouf... champion est indisponible avant un moment, dit le Héros en pointant du doigt la salle derrière lui.

- Mais ce n'est pas équitable se plaignit Alexandre, vous avez été témoin de ce qu'il est capable de faire. Déjà les humains ne sont pas tolérés au sein du royaume mais si en plus, ils se mettent à participer à nos évènements... Mais où va le monde ?

- Parce que tu te sentais capable de pouvoir rivaliser avec Selma-Keltna et Tarkus.

Le sautillon voulut répliquer mais se tut.

- En tout cas, c'est une aubaine pour notre princesse d'avoir un guerrier aussi fort que lui, nota Mina, j'espère que tu te montreras à la hauteur des attentes de notre amie.

- Je suis sûr que tu as fait cette même remarque à Beneltig, dit le Héros avec un sourire rempli d'ironie.

Mina allait rétorquer mais quelqu'un vint tirer l'oreille du Héros et le traîna loin du groupe.

- Je me souviens vous avoir dit de m'avertir quand vous auriez fini de parler avec le bloc de diamant, le réprimanda l'infirmière.

- Bon bah à plus les enfants.

Cette rencontre était vraiment... bizarre. Le Héros remarqua qu'il n'avait rien dit sur le fait qu'il était le héros de la légende, cela voulait dire que l'information s'était diffusée mais pas à une aussi grande échelle.

Ils arrivèrent au secrétariat de l'hôpital, l'infirmière demanda à la standardiste de contacter le docteur De Brunsmark pour voir s'il était toujours occupé.

Dommage pour le Héros, il l'était.

Il pensait avoir atteint son quota de personnes inconnues pour la journée, voire pour le mois.

- Mais, au fait, tu t'es mis à parler.

- Oui. J'allais pas grimper sur le bloc de diamant pour lui faire voir ce qu'il y a marqué sur mon ardoise. En plus avec la réflexion de la lumière, même si je le place devant lui, il ne verrait pas ce qu'il y a marqué...

- Tu as l'air plus intelligent que tu en as l'air, décidément, commenta la Niaagin.

Encore une fois, le Héros se retrouva démuni face à ce compliment, il savait qu'il devait la remercier, mais est-ce que le plus judicieux serait de l'accepter sans rien ? Les conventions sociales, ce n'était vraiment pas son fort.

« Ne vous inquiétez pas, ce gamin est un génie, il serait peut-être, un jour, capable de pouvoir retirer les ténébreux nuages du ciel pour nous faire voir ce qu'il y a au-delà des cieux ! » avait, un jour, dit sa mère.

La Niaagin lui dit de la suivre, le sortant de sa réflexion et ils se rendirent au bureau du fameux docteur.

- Bon. On se voit tout à l'heure après votre entretien et vos tests.

Le Héros hocha la tête et entra dans la pièce en lui faisant au revoir de la main.

Face à lui se dressa un homme qu'il avait déjà vu, un humain. Ce docteur était le médecin de la prison d'Oranas.

Il se tenait dos tourné au Héros, fumant une pipe devant une grande bibliothèque remplie de parchemins et de livres en tout genre dont le Héros n'arrivait pas à deviner le contenu en scrutant leurs titres à cette distance – même avec ses lunettes nouvellement offertes. Il remarqua aussi que le crâne du docteur s'était mis à se dégarnir en son absence avec deux tâches de naissance sur le haut de sa tête, il tentait de les cacher en posant quelques mèches de cheveux dessus – savait-il que la calvitie n'était plus un problème pour les hommes de nos jours ? Lui n'avait pas tenté l'expérience parce que ce qu'il avait était une alopécie due à sa maladie, mais il avait entendu des bons retours, mais après si vous vous retrouviez avec des poils de lapin magicien vous transformant en un quelconque animal ou ceux du derrière d'un trakino, cela était à vos risques et périls.

Il avait même droit à une fenêtre feignant de montrer un joli panorama de la ville – ça devait lui éviter de devenir complètement fou en restant isolé dans ses souterrains, même s'ils étaient bien aménagés. Le temps d'un instant, le Héros se demanda s'il y avait des distributeurs dans cet hôpital... Puis se souvint qu'il n'avait pas d'argent pour s'acheter le moindre snack.

Bien installé dans son siège en cuir, devant lui, une table faite dans un bois délicat, avec de belles rainures dessinées sur ses pieds, tapissé de papiers administratifs, de magnifiques rideaux faits de soie, il lui avait même confectionné un tapis en empaillant un lion à dents visés.

Cet homme devait être vraiment très important aux yeux des Féériques pour bénéficier de telles choses alors qu'il était un Homme.

- Bien le bonjour jeune homme. Installez-vous.

Le Héros lui obéit et s'installa face au docteur.

- On s'est déjà vus, non ?

- Effectivement, lorsque vous étiez incarcéré dans la prison d'Oranas et que vous avez causé un carnage innommable à cause d'un photo-montage honteux de vous.

C'était vrai qu'il avait exterminé un bon nombre de prisonniers qui l'avaient poussé à bout. En même temps, ne voulait-il pas qu'il leur montre la monstruosité qu'il était ?

- Je ne te jugerai pas sur ce qu'il s'est passé à la prison, et en analysant les données que j'ai pu recueillir en t'étudiant ici, j'ai pu comprendre certaines choses que j'ai expliqué à la reine qui est très intéressée par toi.

- En même temps, elle s'est rendu compte que j'étais « spécial » si je puis dire.

- Et elle a raison vu ce que tu es, souligna le docteur, je n'aurai jamais cru voir encore un humain modifié cinq mille ans après que les cieux est perdu de leur éclat.

- Les humains modifiés sont qu'une légende d'une autre époque. Des soldats au service d'anciennes nations humaines disparues depuis. Je me demande bien où vous l'avez rencontré cet énergumène.

Le docteur ouvrit de grands yeux en ayant un sourire en coin.

- Devant moi.

- Hein ? s'écria le Héros, j'en suis un ?

- Tu ne l'as jamais remarqué ? Tes parents ne t'en ont jamais parlé.

- Non..., dit-il en baissant les yeux.

Ses parents, de leur vivant, ne lui avaient jamais communiqué la présence d'un quelconque attribut génétique – ils n'étaient déjà pas très communicatifs même avec les premiers et la seconde n'en était pas au courant, il croit...

- Toutefois, je remarque d'après les analyses qu'on a effectuées sur toi que par rapport aux autres attributs génétiques dont j'ai pu observer et étudier dans les livres, rapports et fiches se trouvant dans les Bibliothèques Centrales de Vicenti, Dominars et Paris-la-Déchue...

- Y a une Bibliothèque Centrale de Paris-la-Déchue ? fut étonné le Héros.

- Oui, mais personne ne pouvait y avoir accès à cause du terrible monstre qu'était Albedo Wata, mais maintenant qu'elle a été défaite la plus grande base de connaissance de tout Europea nous a été révélée, je pense que ce fameux gouvernement qui veut mettre de l'ordre sur ce continent n'aura plus à se soumettre au désir de Gear-O.

- La personne qui est à sa tête ne laissera jamais cela se passer.

- C'est pour ça que j'ai pris mes précautions en faisant imprimer tous les documents dont j'avais besoin pour pouvoir mener à bien mes expériences... J'ai aussi pris les Hunger Games, Harry Potter, Seigneurs des Anneaux et Silmarion parce que quand même... m'voilà quoi...

Il venait d'énoncer des titres que le Héros ne connaissait absolument pas, dans une langue à peine compréhensible, heureusement que les souvenirs des autres lui permettaient de lui faire comprendre que certains, pas tous, étaient des classiques de la littérature, sinon c'était le flou complet. Et selon les souvenirs d'une personne précise, ce n'était pas tous des chef d'œuvre de la littérature.

- Mais pour revenir à toi, de ce que j'ai compris, l'attribut génétique qui se trouve dans ton ADN est défaillant.

- Comment ça ?

- Je n'ai pas pu trouver la source du problème malgré tous les attributs génétiques que j'ai examinés, j'avais pensé à une mutation menant une malformation génétique, mais malgré toutes mes recherches jusqu'à déterrer des dossiers confidentiels sur certains humains modifiés ayant été créés par d'anciens gouvernements, je ne trouve rien... Donc finalement, il ne peut en rester qu'un mais émettre cette hypothèse dépasserait l'entendement...

- Attendez ! Je voudrais que vous mettiez un peu d'ordre dans vos idées pour que vous puissiez m'expliquer déjà c'est quoi un humain modifié ? Et c'est quoi un attribut génétique parce qu'on m'a juste dit que c'était un pouvoir que certains humains avaient réussi à acquérir, il y a longtemps.

- C'est vrai qu'aujourd'hui, il serait très compliqué de voir de nouveaux humains modifiés comme à l'époque de la fusion des mondes.

- Quoi ? Vous avez assisté à la fusion des mondes ? s'étonna le Héros en se jetant hors de son siège.

- Oui mais j'étais très jeune et ça a été un vrai gloubi-boulga de n'importe quoi à cette époque, d'abord on a compris puis ça a été démenti, on a avoué puis il y a eu une crise... En vérité, je ne saurai pas trop comment l'expliquer, je n'aurais jamais pu penser que ma mémoire me ferait tant défaillir alors qu'on est à une époque où on peut stocker sa mémoire sur des puces, à mon époque, cela n'était encore qu'un projet qu'Elon Musk vendait sur Twitter et les autres médias comme révolutionnaire. Ma cryogénisation a dû être imparfaite ou peut-être que la cryogénisation n'a jamais été parfaite.

- Donc vous êtes là pour remédier à votre vieillissement accéléré en échange de vos services envers la communauté de Féériques du royaume de Sylvania ? supposa le Héros, on m'avait dit que vous étiez plutôt hermétique à tout ce qui était magie.

- Qui a bien pu te dire sachant que tu ne parlais pas ?

- Belachat, grogna le Héros.

- Quel bel enfoiré tout de même ! rit le docteur.

Le Héros lui jeta un regard noir qui le fit taire immédiatement. Le docteur se souvint que bien qu'il soit bien plus causant que lorsqu'il l'avait rencontré pour la première fois, il n'en restait pas moins une bête féroce qui avait été canalisée par un tour de passe-passe inimaginable. Il est bien le seul être à sa connaissance à avoir pu tenir la dragée haute face à la Reine de la Destruction, elle n'était vraiment pas connue pour faire dans la dentelle, et vu l'état dans lequel on l'avait amené, c'était vraiment un miracle qu'il survive... Qu'il est bête, il est le héros de la légende... Alors c'est un miracle qu'il soit en un seul morceau et encore, il aurait pu se régénérer.

En somme pour le tuer, il faut le pulvériser comme Buu, se dit le docteur.

C'est ça. Bien joué, Sherlock.

- Pour en revenir à nos moutons, dit De Brunsmark, les attributs génétiques sont ce qu'on appelait à l'époque des « super-pouvoirs », y en a qui crachent du feu comme des dragons, qui font des banquises avec leurs mains, qui ont leurs pouvoirs issus du soleil, parlent aux plantes... C'était plus ou moins compliqué d'obtenir ces pouvoirs puisque cela apportait une modification génétique à son corps que certains ne pouvaient pas supporter, mais je peux te dire que ceux qui réussissaient à survivre et qui s'entrainaient, voire pas nécessairement, dépassaient le commun des mortels mais de loin ! Il faudrait que les plus grands magiciens, sorciers, mages et autres s'allient pour les vaincre. Ils étaient les égaux d'un dieu.

- Oh là là, blasphème là.

- Chrétien ?

- Oui.

- Même cela, cela a survécu... Eh beh... En même temps, c'est comme ça que certains les voyaient, même si leurs vrais noms étaient super-héros.

- J'en ai déjà entendu parler dans les DVDs et Blu-Ray qu'empruntent mon frère à la Bibliothèque Universelle de Vicenti.

- Ça existe encore ? C'est bien conservé ?

- A peu de choses près, oui. Certains producteurs de cinéma utilisent ces films d'une autre époque pour les remasteriser et les vendre comme des holofilms et faire croire à des productions originales. Ils sont forts ces costumes-cravates... reconnut le Héros, et donc moi j'aurais un super-pouvoir.

- Oui, mais il est défaillant, précisa De Brunsmark.

- Comment ça ?

- Il est la source du mal qui crée sur toi ces plaies qui jalonnent ton corps, expliqua le professeur, au lieu de simplement te donner un pouvoir comme les autres humains modifiés, ou super-héros, tu as un contre-coup qui se crée et le problème, qui n'en est pas un vu que tu as cette fabuleuse régénération qui te sauve la vie, c'est qu'elle te condamne à mort.

- HEIN ?

- Mais ce n'est pas un souci tant que tu es le héros de la légende, de toute façon. Mais cet attribut génétique affecte aussi le pouvoir du héros. Pour voir ça, il m'a fallu l'aide de ces troubadours de Féériques, ces saltimbanques avec des talents de prestidigitateurs médiocres...

Il tenait le même discours pour les humains, rassurez-vous. Il détestait vraiment la magie qui brisait la logique du monde, du monde qu'il avait connu, son monde.

- On a pu voir que ton attribut génétique exerçait une influence sur ton corps, tu as une force bien plus grande que n'importe quel héros avant toi, mais tu as les effets secondaires de l'attribut et en plus, il tente de t'entraîner dans la mort en manipulant tes leucocytes qui se retournent contre toi. En gros, pour faire simple, tu es incroyablement fort, mais à l'intérieur de ton corps c'est la cinquième guerre mondiale à base de missile nucléaire et de Rayons de la Mort Tesla.

Si je ne suis plus le héros de la légende, je me retrouverais à la merci de mon attribut génétique, se chuchota le Héros, bah après tout, mon plan n'a pas réellement besoin que je vive longtemps pour se mettre en place.

- Alors les tests vont vous aider à remédier à mon mal ?

Le docteur souffla et secoua la tête.

- Ton mal est incurable, j'ai tout essayé pendant ton « coma », mais rien à faire, tu seras obligé de vivre avec. On pourra tenter d'arranger tes cheveux mais ça prendra...

- Non laissez tomber. C'est pas grave. Ma mère m'avait déjà dit qu'il n'y avait rien à faire à l'époque. Seul Dieu peut accomplir des miracles, hein ? sourit faussement le Héros, je continuerai encore à lui demander de me soigner.

Pourquoi avait-il espéré un seul instant pouvoir se sortir de cette douleur permanente ? Il savait déjà que c'était sans espoir. Sa mère était déjà venue ici auparavant et elle n'avait rien trouvé, donc pourquoi il serait celui qui trouverait une solution à son problème ? Il savait déjà que c'était fini pour lui. Son principal objectif était de tuer le héros et le Némésis, rien d'autre.

J'étais bien trop dur en qualifiant ce garçon de bête sauvage, se ravisa De Brunsmark, il ne mérite même pas le titre de démon, les démons ne pleurent jamais... du moins pas de chagrin.

- Le test a déjà été passé.

- Hein ? se réveilla le Héros de sommeil éveillé, qu'est-ce que vous voulez dire par là ?

- Que j'ai pu voir, à travers notre discussion, que le sceau qu'on t'a mis pour bloquer le maléfice qui t'a été mis, s'expliqua-t-il, s'il t'était arrivé quelque chose, les capteurs que j'ai placés sous cette chaise m'auraient alerté mais apparemment, il marche.

- Pourtant, j'ai gardé une partie de la force acquise grâce à la malédiction.

- Ne t'inquiète pas, ils (ces magiciens de merde) se sont concentrés sur le contre-coup que tu subissais donc il a été plus effectif que le gain que t'apporte cette malédiction, donc bientôt ta force sera amoindrie mais va pas me dire que tu vas tout perdre, hein.

- Bien sûr que non. Et ça me servirait d'alibi pour le poing incrusté dans le bloc de diamant.

- C'est ton problème ?

- Absolument pas.

- Donc ce n'est pas notre problème, conclut De Brunsmark.

L'un détestait le faiblard dans la pierre précieuse, l'autre détestait tout simplement les créatures magiques et se réjouissait de leurs malheurs.

Et tous les deux se serrèrent la main.

- Allez. Va retrouver la femme-biche à l'extérieur, elle va t'aider à préparer tes affaires pour ton départ... Hé mais attends ! Comment ça se fait que tu es debout alors que tu étais incapable de te mouvoir tout seul ?

- Je peux forcer la régénération héroïque en échange d'un peu de douleur, de surchauffe de mon corps et de temps de vie.

- Hum. Je vois.

Le docteur tapota sur le dessous de sa table et en arracha un tube qu'il avait accroché avec du scotch et de la sueur de crapaud à patte collante, il l'ouvrit comme un thermos et en sortit une série de feuilles enroulées, il les mit à plat. Dans ces documents se trouvaient des documents écrits, des photos et des graphiques. Sur les graphiques se trouvaient trois courbes qui avaient des oscillations très régulières, la rouge correspondait à l'attribut génétique du Héros qui allait tout droit, et la noire et la jaune oscillaient de façon régulières en faisant des ellipses en se croisant toujours sur la droite rouge.

Il lut sur d'autres documents le bilan sanguin du jeune humain en y trouvant ce qu'ils avaient qualifié de cellules noires et cellules jaunes dans le sang du garçon. Et il lut que les Féériques avaient tenté une expérience avec le sang du Héros qui avait enflammé tout le laboratoire. Ils ont séparé les cellules appartenant à l'attribut génétique, et celles qui appartenaient au pouvoir héroïque et au pouvoir démoniaque du Némésis en trois parties dans trois fioles, ils les avaient testées chacune de différentes manières et remarquèrent que les cellules dorées avaient la capacité de régénérer ce qu'elles touchaient et d'y « créer la vie », les cellules noires corrompaient tout ce qu'elles touchaient et créaient aussi la vie mais d'une différente manière, et pouvaient même donner vie à ce qu'elles touchaient. Il fallut les mettre sous vide en apesanteur pour qu'aucun drame ne se produise et pour le sang ne contenant seulement que l'attribut génétique, il faisait disparaître des petites portions de ce qu'il touchait en y faisant des trous.

La dernière expérience fut de tenter de faire se toucher les cellules noires et les cellules jaunes en les extrayant avec une pipette, ce qui entraîna une explosion dans le laboratoire. Il avait été présent et avait ressenti cette aura maléfique qui en réchappa, il s'était retrouvé avec le bras brûlé au second degré.

Mais avant ce contact, ils avaient observé, au microscope, le sang du Héros et ils y avaient trouvé des petites bulles qui semblaient s'apparenter à de l'air mais ils y distinguaient qu'à leur contact l'hémoglobine disparaissait sans ne jamais réapparaître.

De Brunsmark s'affala sur son siège et se demandait ce qu'il y avait dans le corps de ce garçon qui le rendait si particulier, si son attribut génétique n'était pas là, ce garçon serait une véritable bombe atomique humaine.

Il avait la capacité d'enrayer ce royaume de la carte du monde et n'en faire qu'un désert de cendre...

Tout cet amalgame pour devenir plus fort si je ne me base que sur la malédiction qu'on lui avait jetée, c'est absurde..., pensa le scientifique.

Il se demandait bien si le prix à payer pour ce qu'il voulait obtenir en valait la chandelle. Une autre question lui vint à l'esprit : « est-ce que le Héros était-il totalement humain ? ». Il serait logique de dire non, même les humains entre eux ne venaient pas à cent pour cent, en tout cas à son époque, d'une ethnie bien précise. De Brunsmark allait devoir faire une analyse génétique du sang du Héros pour vérifier sa phylogénie.

Le Héros sortit de la pièce et rejoignit Flora qui l'emmena à sa chambre, l'aida à s'habiller et à nettoyer ses plaies - ou dans l'autre sens.

Et elle l'accompagna jusqu'à la sortie de l'hôpital.

- J'espère que vous vous remettrez rapidement de vos blessures, lui souhaita l'infirmière.

Le Héros hocha la tête en levant le pouce dans sa direction et s'en alla.

Le voilà libre.

Pas de gardes en vue, donc il n'allait pas être arrêté et emmené en prison.

Il allait en profiter pour faire une petite balade en ville avant de retourner dans sa chambre.