Manque d'agilité et petite valse

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Au-dessus de la tour d'entraînement, voilà le Héros allongé, s'émerveillant devant le faux ciel au-dessus de sa tête. Il lui semblait aussi réaliste que celui qu'Aketna. Il aurait pu s'endormir là, à la chaleur de cette fausse lumière, mais il ne pouvait pas à cause des gigotements de la Fée qui pratiquait sa gymnastique. Pour une fois qu'il n'avait pas envie de la voir, il fallait qu'elle s'invite avant son entraînement avec Sawyer.

- Mais dis-moi, Princesse, qu'est-ce que tu fous là ?

- Cela ne se voit pas ? Je m'entraîne.

Et il était vrai qu'elle était forte la bougresse : elle savait faire la roue... le grand écart... et toutes sortes de choses qui n'intéressaient guère le Héros. La seule bonne chose qu'il y avait à ce dérangement c'était qu'il pouvait profiter de la vue durant ses différents mouvements, mais le Héros n'était pas ce genre d'homme. Bien qu'il soit tenté, il se rappelait qu'elle était la femme d'un autre, et ne pouvait laisser ses hormones le guider vers l'immoralité – pourtant au départ, il n'en avait rien à faire de cela !

Quelque chose avait changé chez lui qu'il n'avait pas encore remarqué...

- Tu pourrais t'entraîner ailleurs.

- Pourquoi cela ? Tu n'apprécies plus ma compagnie ?

- J'ai juste... envie de rester seul le temps que Sawyer arrive.

- C'est la mort de Thoosa qui te chamboule à ce point ? lui demanda la Fée tout en continuant ses exercices.

- Pas toi ? Après tout, tu as l'habitude que des gens veulent te buter...

La Fée stoppa ses exercices physiques et partit mettre des coups de pieds dans les côtes du Héros.

- Aïe ! J'ai fait quoi encore ?

Elle s'arrêta et s'assit en boudant et en se recroquevillant sur elle-même.

- Ce n'est absolument pas drôle. Je ne sais même pas comment tu peux rire du fait qu'on puisse vouloir tuer des gens. Sur des sujets aussi morbides, tu agis toujours avec nonchalance, comme si ça ne te touchait pas.

- Pourtant tu sais que c'est le contraire, lui rétorqua-t-il.

Il se releva, puis se gratta la nuque de gêne.

- C'était juste pour détendre l'atmosphère. J'ai jamais été à l'aise avec la mort des gens, alors je préfère pas y réfléchir sérieusement ou l'ignorer.

Je suis pas si différent de la reine Audisélia, en fin de compte..., pensa-t-il.

- Est-ce pour cela que tu n'es pas venu à son enterrement ? demanda-t-elle en se tournant vers lui.

- Sûrement, hésita-t-il, et aussi parce que je n'avais rien à dire sur elle mis-à-part que je trouvais qu'elle avait de jolis cheveux.

- Tu sais, il n'y a pas forcément besoin d'avoir quelque chose à dire pour assister à l'enterrement de quelqu'un. Sa simple présence est suffisante, car, en définitif, on y assiste pour la personne morte mais surtout pour apporter du soutien aux vivants et en témoignant de son existence dans ce monde.

Il se tourna vers le ciel et y réfléchit.

Est-ce qu'on me pleurera lorsque je mourrai ? Ou mourrais-je dans l'indifférence la plus totale comme j'ai vécu ?

- J'imagine que tu as raison, avoua-t-il en souriant, je pense que j'ai été trop solitaire et c'est pour ça que j'ai du mal avec tout ce qui est sociabilisation et autres bêtises. T'es pas si bête, finalement.

- Comment ça ? s'écria-t-elle, qui est-ce qui est bête ?

Elle se jeta sur lui et lui mit des coups de poings dans le ventre, mais avec sa force de moucheron. Il ne sentit rien. Mais riposta avec des chatouilles qui l'écartèrent de lui et prit l'avantage sur elle. Elle contrattaqua, avec la même attaque que le Héros, et découvrit, avec joie, que lui aussi craignait les chatouilles. Après cette courte bagarre, ils finirent tous les deux à bout de souffle.

- Comment tu peux oser t'en prendre à moi alors que je peux te mettre une mandale qui va t'expédier au paradis des fées ?

- D'un, les fées n'ont pas de paradis comme tu le penses pour les humains, rétorqua la Fée en inspirant et en expirant fortement, et de deux, tu n'oseras pas me taper, souffla-t-elle avec aplomb.

- Ah bon ? s'offusqua-t-il.

- Oui. J'en suis certaine à un milliard de pourcent.

- Pourquoi ?

- Parce que tu m'aimes trop !

- Hein ? dit-il en se soulevant et en ouvrant de grands yeux.

- Oui, oui.

Le Héros souffla du nez et détourna le regard.

- C'est pas que je t'aime trop pour te déboîter la mâchoire, c'est que je te déteste pas assez pour le faire. C'est tout.

- Étrange formulation, commenta la Fée, amusée, mais j'accepte.

Il secoua la tête et chuchota en se rallongeant.

- T'es bête.

- Encore ?

Le Héros se protégea en avance mais cette fois-ci, la Fée ne vint pas à sa rencontre, elle resta à sa place et regarda devant elle.

- J'ai une question.

Le garçon baissa sa garde.

- Tu me poses une question alors que tu n'as pas répondu à la mienne ?

- La mienne est plus importante.

- Alors t'as intérêt à répondre à mes deux questions.

- D'accord.

- Alors c'est quoi ta question ? Je suis tout ouïe.

- Tu te souviens quand les Fenrirs nous ont attaqués ?

- Oui. Tu veux savoir comment éventrer un loup géant comme je l'ai fait ?

- Bah... Quoi ? Non !

- Ça pourrait t'être utile, pourtant.

- Je ne crois pas, non. Tu es épuisant, tu sais.

- Non mais vas-y, continue, j'arrête de t'embêter.

Elle soupira longuement puis reprit là où elle s'était arrêtée.

- Quand les Fenrirs nous ont attaqués et que tu as tenté de stopper celui qui allait me dévorer avant qu'il fasse une crise cardiaque, tu as crié un nom, je crois « Zelda ». C'est qui « Zelda » ?

- Ah bon ? J'ai fait ça ?

- Si je te le dis ! s'exaspéra-t-elle.

- Je m'en souviens absolument pas... Mais pour faire court, c'est ma meilleure amie qui était avec moi lors de l'invasion du Némésis dans notre village.

- Ah ! Je suis désolée pour elle... toutes mes condoléances... Ce n'est pas vraiment un bon jour aujourd'hui...

- T'excuse pas. C'est une dure à cuire, elle pourra à coup sûr s'en sortir sans moi, rit-il froidement le regard dans le vide, et de toute manière, le Némésis l'a pas tuée, et s'il l'a pas fait, c'est pour que je fuis pas à l'autre bout du monde comme l'ont fait les autres héros de la légende.

- Ils étaient aussi lâches que tu le prétends ?

- Oui et non. C'est beaucoup plus compliqué que ça. J'avoue que je suis dur et médisant avec eux, mais ce n'est pas leur faute mais celle du destin.

À nouveau, à ce mot, les oreilles de la Fée sifflèrent, mais cette fois-ci, cela dura un court laps de temps. Un simple étourdissement passager auquel le Héros ne fit même pas attention.

- Et elle était comment cette Zelda ?

Le Héros se souleva du sol, une pétillante lumière brillait dans ses yeux, un large sourire qu'il affichait sur son visage absent caché par son inséparable capuche.

- EXTRAORDINAIRE !

Et il s'élança dans un monologue interminable où il racontait toutes ses (més)aventures en compagnie de cette fille intrépide qu'était Zelda, toutes les fois où elle l'avait défendu avec son corps frêle, quand il a voulu lui rendre la pareille et qu'il s'était fait tabasser et humilier, et que c'était sa mère qui s'était chargée de corriger les petits chenapans qui les embêtaient avec sa batte de baseball, quand ils sont allés voir le train superchargé et que son conducteur leur a dit qu'il était capable de rouler sur l'eau sans avoir besoin de rail – déjà il n'avait pas besoin de rails sur la terre ferme puisqu'il s'y baladait comme s'il se trouvait sur une route goudronnée... Il lui raconta comment elle était importante à ses yeux, qu'elle lui avait permis de s'ouvrir aux autres alors qu'il craignait vraiment les regards des gens à cause de son état de santé déplorable.

Et plus il s'enfonçait dans ses souvenirs, plus il remarquait qu'il se livrait librement à la Fée qui le regardait bien attentive, sa méfiance naturelle lui disait de s'arrêter, pourtant son instinct ne criait pas dans son cerveau. Il le laissait dérouler toute sa vie à cette fille qu'il ne connaissait pas il y a à peine quelques mois et qui pourtant avait déclaré, devant toute une assemblée de Féériques haïssant du plus profond de leur être le genre humain, être son amie. Il ne pouvait pas encore se l'avouer, mais il commençait à avoir véritablement confiance en elle, grâce à sa gentillesse et sa candeur – voilà, par ailleurs, les raisons pour lesquelles il la trouvait si bête... si on pouvait appeler cela de la bêtise.

Cela plaisait à la Fée de le voir ainsi, car, premièrement, c'était rare, elle ne le vit comme ça que lorsqu'elle lui montra Lily et qu'il lui avait parlé de cette chose qu'est le « Cho-nen », mais le plus important, ou le plus remarquable, c'était l'expression qu'il affichait à travers la noirceur causée par la malédiction qui recouvrait son corps : elle le rendait si « humain » comme disaient les membres de sa propre race – bien que pour les Féériques, c'était un mot trompeur et dont le sens était bien trop arrogant, mais qui n'était pas étonnant étant donné l'arrogance de la race qui l'utilisait. C'était une véritable joie de l'écouter parler de sa vie, c'étaient ces petits moments qu'elle attendait de lui, pour pouvoir s'en rapprocher. Mais pourquoi voulait-elle tant se rapprocher de lui ? Elle-même ne le savait, enfin, ne le comprenait pas pour l'instant.

- Ma grande sœur est vraiment une personne formidable, en tout cas, j'espère qu'un jour tu pourras la rencontrer.

- Et elle a quel âge ?

- A l'heure actuelle... je crois que... en fait... je sais plus ?

- Quoi ? Mais c'est un peu honteux de ne plus se souvenir de l'âge d'un membre de sa famille ? la railla-t-elle.

- Beaucoup de temps s'étaient écoulés depuis que nous nous sommes séparés, se justifia-t-il, je ne voyais même plus le temps passer, moi. Nonobstant, c'est à moi de poser mes questions, esquiva-t-il l'interrogation de la princesse-sans-aile.

- Utiliser un mot bien compliqué pour te sortir de là, c'est toi tout craché... Mais vas-y, je vais répondre à ta fameuse interrogation : je suis là pour t'aider dans ton entraînement.

- Comment ça ? Depuis quand tu sais manier l'épée ?

- Tu te fourvoies là, l'arrêta-t-elle, je ne suis pas là pour t'aider dans ton maniement de l'épée, mais pour que tu arrêtes « d'être une brique qui se meut » comme dirait le chef des Saints de la Reine, sire Sawyer. Je vais te transmettre ma dextérité et mon agilité. Bon, quand il arrivera, parce qu'il est un peu en retard.

- Mais n'importe quoi ! Genre, là, je vais devoir suivre tes directives ?

- Exactement.

- Bah... j'ai hâte de voir ça.

- Et t'as une deuxième question, le médisant ?

- C'est vrai que tu fais du repousse-balle ?

- Oui...

- Y a pas une fille qui est plus grande que toi qui s'entraîne avec toi ?

- Je sais pas... en taille ? En âge ?

- Vraiment en taille, elle est brune avec des longs cheveux...

- Ah ! Camélia ! Oui, oui. On est amies. Quoi, Camélia ? Que lui veux-tu ?

- Tu veux bien faire l'entremetteuse pour moi ?

La Fée se figea face à la demande du Héros. Bien qu'elle le sût être un homme pouvant être guidé par ses bas instincts, apprendre qu'il puisse envisager vouloir obtenir une partenaire ne lui avait jamais traversé l'esprit. Pourtant, il était tout à fait de son âge de penser à ces choses – surtout pour un Homme de son âge.

- Tu sais que c'est une princesse ?

- Oui.

- Tu lui as déjà parlé ?

- Oui. Quand Lin et les autres sont venus à plusieurs reprises me chercher pour jouer, lui répondit-il.

- Tu sais que c'est une dévergondée ?

- En quoi ça doit me gêner ? lui rétorqua le Héros.

Il était évident qu'il était arrivé à cet âge où un deuxième cerveau lui pousse en bas du ventre, et cela irritait la Fée, mais elle arrivait aisément à le cacher.

- Mais... mais... tu sais qu'elle a déjà un partenaire ? Donc la chaise est déjà prise !

- Rien d'officiel. Gamine, c'est bon. Je me suis renseigné sur ma cible, je suis préparé.

Sans même le savoir, le Héros avait brisé toutes les barrières de son interlocutrice, elle ne l'aurait pas pensé aussi sérieux dans sa quête. Il avait réponse à toutes les questions qu'elle lui posait durant son interrogatoire. Alors elle lui posa la fatidique.

- Est-ce que tu... tu l'aimes ?

- Bien sûr que non, c'est juste qu'elle a de belles formes.

Quelle erreur, mon jeune garçon. Ça se voit que tu ne connais pas encore la folie des femmes.

Elle attrapa les épaules du Héros, la tête basse et déclara :

- Je ne sais pas si tu le sais, mais je pense que tu es une bonne personne.

- Euh... d'accord...

- Et c'est bien parce que tu es une bonne personne que je ne peux pas te laisser être avec une traînée pareille.

Elle releva la tête montrant une étrange expression sur son visage, avec un rictus ironique et lui résuma sa pensée en une seule phrase.

- En résumé, c'est non.

- Mais pourquoi ? T'es la deuxième personne à me répondre ça.

- Qui est la première personne ?

- La princesse Marina...

- Hé bien, elle a eu de la jugeote de refuser ! la félicita-t-elle, je crois même médire sur toi pour anéantir toute tentative de ta part.

- Non mais sans déconner, arrête tes bêtises et...

- Entends-tu ce bruit ? Ça doit être le commandant qui arrive.

Il tenta de la raisonner, de comprendre son refus, mais elle ne démordait pas de sa position. Et à l'arrivée de Sawyer et de la reine Audisélia, devant l'obstination de la princesse-sans-aile, le Héros abandonna. Il lui vint simplement cette pensée en Franca :

« Cher frère, aujourd'hui, j'ai compris à quel point les femmes sont folles. Tu leur demandes un service, elles peuvent réduire tout projet à néant par simple caprice. Malheureusement, je n'ai pas ton talent oratoire pour retourner une telle situation et pour me « faire plaisir » comme toi. En somme, le célibat continue.

Signé : moi. »

- Bonjour, jeunes gens ! les salua Sawyer.

La Fée les salua en faisant la révérence tout sourire, le Héros secoua juste la main l'air renfrogné. La reine leur rendit leur salutation avant de demander pourquoi il était si grognon.

- Pour rien, se pressa de répondre la Fée, il n'est juste pas ravi que je sois là pour l'aider à s'entraîner parce que je n'ai pas à combattre, mentit-elle ouvertement.

- Quel est ce comportement sexiste ?

La reine attrapa la joue du Héros et la tira à l'en soulever du sol. La Fée, amusée par la situation, lui tira la langue.

Connasse ! l'injuria le Héros en pensée.

Bizarrement, la Fée semblait deviner ce que se disait le Héros et s'en amusa.

Après cette petite échauffourée, Sawyer reprit l'entraînement du Héros.

Toujours avec de vraies lames, il étudia les améliorations techniques du Héros : il avait des mouvements moins amples, plus précis, et s'il tournoyait, cela se fait plus rapidement et il ne ressemblait plus à une toupie qui ne touche pas les bretteurs les plus adroits, mais le problème évoqué par la Fée était toujours là. Il était bien trop crispé.

Sawyer arrêta le match.

- Tu t'améliores mais ce n'est pas assez. Tu es trop tendu, et ça doit être fait en amont de ton maniement à l'épée. C'est pour ça que...

- Je vais faire de la gymnastique ?

- Oui ! acquiesça le chef des Saints de la Reine, mais avant ça, il y a ton match retour avec la reine.

- Hein ? s'écrièrent le Héros et la Fée.

Le jeune garçon se retourna vers sa « mère de substitution ». Elle lui fit coucou et le rassura en se relevant.

- Ne t'inquiète pas. C'est un simple match amical. Et je ne vais pas y aller à fond.

Acceptant le combat, le Héros planta ses deux épées dans le sol et mit sa garde face à la reine. Dès que Sawyer déclara le début des hostilités, la reine fonça sur le Héros et arriva derrière à la vitesse de l'éclair, sans que le garçon ne s'aperçoive de sa présence et lui asséna un coup électrifié derrière sa nuque, faisant s'écrouler le Héros sur le sol.

- Sélia ! cria Sawyer révolté, c'est un match amical, qu'est-ce que tu fais ?

- Attends.

Contrairement à ce que tout le monde pensait, le Héros n'était pas inconscient, il était juste... incapable de se relever.

- Qu'est-ce que vous lui avez fait, Majesté ? demanda la Fée.

Elle était totalement hébétée face à cette scène.

- Il n'est pas inconscient, pourtant, dit la Fée.

- J'ai inversé les terminaisons nerveuses de son cerveau avec un peu d'électricité. En gros, pour manier son bras gauche, il faut qu'il pense à mouvoir le droit et vice versa. J'aurai très bien pu aller plus loin et mélanger toute la perception de ton corps pour que quand tu veux cligner des yeux, tu dois bouger ton gros orteil, mais je suis une bonne personne.

Ensuite, la reine se baissa et lui chuchota à l'oreille :

- En vérité, j'avais juste envie de te rappeler que notre égalité lors de notre premier combat est dû à mon propre énervement, se justifia-t-elle en le narguant, sinon je transformais en jus de salari.

La reine de Sylvania était une personne pouvant être aimante et bienveillante, toutefois, l'un de ses défauts les plus marquants, outre sa grande colère, pouvant être démesurée, c'était le fait qu'elle soit revancharde jusqu'à la moelle. Elle ne lui avait pas mélangé sa perception physique, par bonté d'âme. Elle ne l'a pas fait pour lui montrer qu'elle était capable de le faire mais pour montrer qu'elle s'était retenue.

Colérique, revancharde, fière et arrogante sont les principaux défauts de la reine Audisélia, mais c'était en même temps, le charbon qui alimentait sa ferveur à défendre les siens avec une telle hargne qu'elle était crainte partout où elle passait, et elle était assez intelligente pour utiliser ses défauts à bon escient, préférant porter un coup fatal bien placé à l'adversaire, rempli de rancœur, plutôt que de s'acharner avec toute la rage qu'elle pouvait déployer. Mais c'était aussi cela qui faisait que le royaume de Sylvania n'avait toujours pas connu une seule once d'ère de paix – mais cela revenait aussi à la faute de l'héritage des rois-combattants...

- Cette « technique », si je peux l'appeler ainsi, fonctionne sur toutes les créatures ayant des connexions nerveuses : humains, elfes, fées, pangolins, ogres, orcs, centaures... Mais pas sur les êtres élémentaires, exemple les magmors, les golems, les Treemen..., ou les « morts »...

- Les morts ? demanda la Fée.

- Les vampires, les réincarnés, les morts-vivants... Eux, c'est beaucoup plus compliqué car pour certains, ils sont déjà morts et vivent grâce à la magie. Mais même pour les vampires qui ne sont pas « morts », ça m'est assez difficile de l'utiliser. Mais au moins, dans une bataille, ça me permet de faire couler le moins de sang possible.

- Quand l'envie te prend de faire preuve de bonté, ajouta Sawyer.

- Arrête. On va croire que je suis une personne belliqueuse.

- S'ils savaient...

- Mais finalement, c'est pas de la magie ?

- Hé bien...

Très futée la gamine !

C'est vrai que pour faire sa technique la reine n'a incanté aucun sort, ni utilisé aucun glyphe ou cercle magique, et pour une manipulation sur le cerveau humain qui est une chose bien plus complexe que de simplement balancer de la foudre depuis le ciel, cela était compliqué de justifier qu'elle puisse l'incanter sans sciences magiques.

Qu'est-ce que sont les sciences magiques me demandez-vous ?

Mais c'est très simple, c'est comme des formules mathématiques mais replacées dans le contexte magique. Des formules auquel pense chaque magicien expérimenté pour pratiquer une magie de plus en plus puissante. Deux incantations magiques peuvent avoir les mêmes vers, les mêmes formes, les mêmes inscriptions... si les formules calculées dans son esprit sont erronées, cela ne fonctionnera pas. Mais comme pour les mathématiques : c'est bien de pouvoir faire des calculs mentaux mais il faut bien les écrire pour afficher les résultats, du moins, au moins, le résultat pour faire fonctionner la machine.

Si on veut synthétiser en continuant l'analogie avec les mathématiques : si vous n'êtes capable que de faire des additions, ne vous attendez pas à pouvoir ramener les morts à la vie.

À la limite, vous pouvez toujours faire des boules de feu.

Et encore...

La magie est accessible à tous, mais pour la maîtriser à son plein potentiel, il faut travailler très dur. Voilà pourquoi la reine est tellement fière de voir les progrès de la Fée-Sans-Aile.

En parlant d'elle justement, je veux bien voir comment elle va se dépêtrer de la situation dans laquelle elle s'était mise toute seule à cause de son arrogance.

- Vous avez atteint le niveau au-dessus des archimages de notre royaume, vous n'avez plus besoin d'incanter, c'est ça ? dit la Fée toute surexcitée.

Et voilà sa porte de sortie !

Inattendue, mais inespérée !

Audisélia aurait été mal si cette petite suggestion n'était pas venue sur la table. Néanmoins, si cette possibilité ne lui était pas venue à l'idée, c'était bien pour une raison : les archimages étaient les plus grands mages du royaume. Prétendre les égaler était pure folie. Bien que la reine soit forte, si on omet son attribut génétique qu'il lui avait été offert à la naissance, elle n'avait pas atteint la rapidité et l'enchaînement de calcul magique que pouvait effectuer le plus débutant des archimages. – imaginez pas un gosse de neuf ans mais plutôt un vieux de soixante-dix à cent soixante-dix ans qui s'enferme avec d'autres vieux encore plus vieux que lui-même. Bon en vrai, il y a quelques jeunes génies en magie qui ont réussi cet exploit de devenir archimage assez tôt dans leur vie.

On pouvait effectivement dire d'eux qu'ils étaient les seuls capables d'utiliser la magie sans prononcer aucun mot, d'accomplir des miracles de la nature – ce qui était différent des miracles dont avaient pu faire Elena précédemment dans le récit.

Toutefois, prétendre cela, c'était prétendre qu'elle est une véritable génie en la matière. Et je ne crois pas qu'elle soit aussi arrogante pour...

- C'est effectivement ça ! Tu as tout à fait raison ! affirma Sa Majesté d'une voix peu assurée.

Bon. Elle l'a vraiment fait.

L'entendre le dire, fit rire son meilleur ami. Ce qu'elle venait de déclarer n'était pas totalement un mensonge, elle avait les capacités pour le devenir, mais cela l'obligerait à avancer en prouvant qu'elle était devenue plus forte que feu Elena, mais surtout...

- Cela veut dire que vous deviendrez la seconde reine-archimage après la Grande Félonne.

Donc la successeuse de la femme qu'elle reniait fermement depuis qu'elle avait été trouvée dans ce cocon de feuilles et de racines.

Audisélia pensa que ses mots lui étaient assénés par le destin lui-même, venu lui rappeler le mensonge qu'elle avait créé sur le dos de cette jeune fée qu'elle aidait du mieux qu'elle pouvait, par culpabilité. Ce même destin qui allait l'obliger à embrasser le chemin de la femme la plus haïe de toute l'histoire de Sylvania.

- C'est bien possible, mais je ne suis pas encore arrivée au point d'envisager de passer le test, se hasarda-t-elle à dire.

Instinctivement, la Fée lui attrapa les mains.

- N'ayez crainte, Majesté ! Je suis certaine que vous en êtes capable, l'encouragea-t-elle avec assurance.

Avant de lui lâcher les mains, comprenant qu'elle venait de toucher la reine, et lui présenta ses excuses platement pour avoir dépassé les bornes et outrepassée sa condition de princesse.

- Cesse de te conduire de manière aussi servile, l'engueula la reine.

- Mais vous êtes...

- Le héraut des dieux ? Ça ne me rend pas pour autant moins Féérique que vous autres. Alors arrête d'avoir peur de me frôler comme si j'allais te désintégrer... Et merci pour les encouragements, dit-elle en rougissant un peu mais toujours avec le regard fier.

- Pourriez-vous me faire la démonstration de votre magie ? Je n'ai pu la voir que lorsque vous avez foudroyé mon champion lors de l'attaque de l'assassin homme-lézard.

- Sûrement, quand j'aurai un peu révisé parce que si c'est pour te montrer ce qui est maîtrisable par le commun des mortels, et non des archimages, ça n'aurait aucun sens.

Pendant que la Fée et la reine discutaient, Sawyer observait le Héros se relevait avec toute la peine du monde, ses mouvements étaient anarchiques et saccadés. C'était comme s'il était bloqué entre deux commandes que son cerveau envoyait à son corps, mais que celui-ci avait du mal à les exécuter l'un après l'autre. Son souffle était intermittent et inconstant, ses yeux commençaient à s'injecter de sang, ses expressions faciales étaient aléatoires, faisant des grimaces à chaque tentative de fermer sa bouche.

- Sélia, remets-lui son corps à la normale.

- Attends... Il est immortel donc peut-être qu'il réussira « l'automatisation ».

- Il t'a fallu plusieurs mois pour la maîtriser, voire années, si on compte les améliorations et les perfectionnements, lui rappela Sawyer.

- Tu as raison. J'avais juste cru qu'avec cette fameuse capacité d'assimilation dont tu m'as parlé, que le garçon aurait pu réussir à la faire, dit-elle en se levant.

- Et je t'ai dit qu'il fallait que tu lui montres d'abord pour qu'il puisse la reproduire.

- Oui, oui...

En la voyant se diriger vers le Héros, Sawyer se posa la question de pourquoi la reine avait voulu que l'humain puisse maîtriser cette technique qui est propre à Audisélia. Elle l'employait généralement sur le champ de bataille lorsqu'elle était confrontée à une armada d'ennemis qui se mesurait à elle. Même lorsqu'elle était à ses balbutiements, elle n'avait pas osé l'utiliser face à Elena. Cette technique ne peut être que mortelle pour l'adversaire car en état « d'automatisation », comme elle aimait à l'appeler, elle ne réfléchissait pas. Son seul objectif : tuer. L'apprendre au Héros alors qu'il participe à un tournoi non mortel, c'est de la folie !

- Ça lui évitera de mourir étant donné que tu te poses la question, Sawyer, dit Audisélia

Elle dit cela en reparamétrant le cerveau du Héros pour qu'il refasse refonctionner son corps correctement.

Survivre à quoi s'il ne fait que participer au tournoi ? se demanda le chef des Saints de la Reine.

Et c'est en se posant cette question qu'il comprit pourquoi la reine tenait tant à ce qu'il s'entraîne alors que la grande majorité des participants de ce tournoi n'ont pas son niveau : c'est parce qu'elle voulait qu'il survive à sa confrontation face au Némésis, bien qu'elle connût le but désespéré du Héros.

Elle avait fini par reconnaître qu'elle l'appréciait, au-delà du fait qu'il soit le fils d'Elena et qu'il ait accepté sa demande déraisonnable d'être sa « mère ». Elle s'était véritablement éprise d'une réelle affection pour cet être que tout Europea craignait.

Audisélia appuya une seconde fois son doigt sur la nuque du Héros, y relachant une petite décharge électrique qui remit à la normale le corps du jeune garçon. Elle l'aida à se tenir debout et lui expliqua le but de sa démarche.

- Je pensais que vous vouliez juste m'humilier..., dit le Héros, la voix suffocante.

- Un peu, avoua-t-elle, mais je voulais, en grande partie, te tester. Voir si tu étais apte à ce que je t'enseigne ma botte secrète. Dis-moi tes premières impressions.

- Plus rien fonctionnait, j'avais perdu tous mes sens, mon cœur soit palpitait n'importe comment, soit il palpitait plus du tout. Je devais faire marcher mes membres un par un... J'ai vraiment cru que j'allais mourir.

- Tu te serais juste évanoui à cause de ton immortalité. Nonobstant, c'est comme dans mes souvenirs. Je te relaisse t'entraîner avec Sawyer.

- Sélia, soigne-le. Je te rappelle qu'à la base vous deviez juste faire un petit match d'exhibition pour que tu lui montres quel genre de mouvements il doit acquérir.

- Tu peux lui montrer, non ?

- Tu es plus forte que moi en corps-à-corps et tes mouvements sont plus fluides, tu es plus apte à l'aider à progresser.

- Excuse-moi, la « Lame de Sylvania », se moqua la Fée.

Toutefois, la reine Audisélia accepta en ronchonnant.

Elle soigna le Héros à qui elle avait causé d'importants dommages à cause de son test, ensuite elle traina le pas jusqu'à la distance adéquate pour commencer l'entraînement. Le Héros reprit son souffle et mit sa garde se préparant à combattre une nouvelle fois la reine.

Comme attendu, le Héros n'arrivait pas à tenir la longueur, il arrivait à réussir à contrer quelques coups, mais il avait du mal à suivre la cadence alors que la reine n'usait pas de ses pouvoirs magiques ou de ses capacités dues à son attribut génétique, lorsqu'elle tentait de les utiliser, c'est là où le Héros arrivait à deviner où elle allait porter son coup et soit se défendre, soit l'esquiver. Or, la majorité du temps, comme disait les joueurs de jeux vidéo, « il mangeait ses balles ». Des coups bien portés dans les bons emplacements, un minimum d'ouverture et des parades que le Héros n'arrivait pas à deviner, malgré son ingéniosité et son très bon instinct. Par cet état de fait, il ne pouvait se mesurer à la reine sans la totalité de sa force héroïque, du pouvoir de sa malédiction et de l'arme du Némésis, Ymir.

Sawyer stoppa le match et demanda ses impressions sur le combat d'entraînement qu'elle venait de leur offrir. Elle dit, en synthèse, que le Héros était assez bon pour un homme n'ayant pas reçu d'entraînements au combat, il arrivait à peu près à la suivre et à la contrer au bon moment, mais il était facilement distrait. Elle imaginait que la présence de la Fée pouvait en être la cause - bien qu'il sût très bien qu'il n'y avait aucune honte à perdre face à elle, il avait des mouvements trop amples et était trop crispé lorsqu'il combattait. Pourtant lors de leur combat à mort, il n'avait pas tous ses soucis.

Par conséquent, Sawyer en conclut que c'étaient les mêmes soucis que lorsqu'il l'entraînait à l'épée. Il allait devoir trouver une façon pour qu'il puisse se concentrer et être plus compétent hors de situations de danger extrême mettant sa vie en jeu... ou en se mettant en colère.

Juste de repenser à la rage que le Héros avait, quand il affronta la reine Audisélia, donnait des sueurs froides à Sawyer. Il était vrai qu'il arrivât à se maîtriser convenablement et à retenir sa force, en revanche, il était évident que la plupart de ses coups étaient employés pour tuer. Est-ce que c'était Ymir qui le rendait aussi enragé ou l'était-il lui-même par nature ? Était-il en train de créer une arme de destruction massive sans le savoir, bien que cela vienne des ordres de la reine ? Il ne préférait pas y penser et étant donné sa véritable force – malgré tout contrainte par ses douleurs persistantes –, il était évident que ce garçon n'avait aucunement besoin de lui pour devenir un monstre intuable et assoiffé de sang.

Néanmoins, il comprenait maintenant l'amour que lui portait la reine. Au-delà du fait qu'il était le fils d'Elena, il était comme elle lorsqu'il l'avait rencontrée... Lorsque son père l'avait trouvé... Si ce jour-là, il n'y avait pas eu son père, il ne sait pas s'il serait toujours en vie ou en capacité de vivre de façon décente à l'heure actuelle.

- Passons aux choses sérieuses, déclara le chef des Saints de la Reine en tapant dans ses mains, ma Reine, vous pouvez aller vous asseoir, c'est au tour de la princesse sans nom de jouer son rôle.

- Alors je dois lui montrer la gymnastique.

- En quelque sorte. Mais, de façon plus complète, il faut que tu lui apprennes à détendre ses muscles et ses articulations pour qu'il cesse d'être aussi crispé et tendu. Tout ce qui risque d'arriver c'est qu'il se blesse par inadvertance par sa propre faute.

- Ok, ça marche pour moi, répondit-elle avec enthousiasme en faisant un salut militaire humain.

- Et puis quoi encore ? protesta le Héros, comme si j'avais besoin de ça pour être plus fort. C'est pas en gigotant partout que je vais devenir assez fort pour vaincre le Némésis et détruire le héros de la légende.

- Encore ça ? dirent la reine et son ancien champion mais pour différentes raisons.

Il est vrai que son objectif premier et de tuer le Némésis et le héros de la légende, se rappela la princesse sans ailes, mais comment il pourrait tuer ce qu'il est ?

Sawyer saisit l'épée qu'il avait plantée dans le sol, leva la lame de façon parallèle à son regard et la pointa en direction du Héros.

- Qu'est-ce que tu fais ? lui demanda le Héros dubitatif.

Le commandant ne répondit pas.

Il continuait juste à le fixer.

Soudain, quelque chose d'étrange se passa avec son épée. Elle se mit à vrombir petit à petit jusqu'à vibrer intensément.

- Tu vas l'utiliser contre lui ? s'écria la reine.

Le Héros se mit sur la défensive, se préparant à subir l'attaque. Mais au dernier moment, Sawyer se détourna de lui et replanta l'épée dans le sol à sa gauche. Et brusquement, le sol se craquela jusqu'à devenir du sable et à tomber sur le sol de la caserne.

- C'est quoi ça ? s'écrièrent la princesse et le champion.

- L'une des arcanes du style à l'épée de mon père : « Technique de l'école de l'art de la lame sonique : Premier arcane : lame vibrante ».

- Mais c'est incroyable ! s'extasia le Héros.

- Je savais que ça allait te plaire. Alors maintenant c'est à toi de voir : soit je te l'apprends et je suis certain que tu pourras la maîtriser très facilement, mais il faut que tu effectues les exercices d'assouplissement avec la fée aptère, soit je laisse tomber ton entraînement.

Le Héros se mordit la lèvre inférieure de frustration, il ne voulait pas pratiquer ce sport qu'il trouvait bien trop féminin à son goût. Il se tourna vers la reine et à son regard, il savait qu'il n'avait pas d'autre que d'accepter.

- Soit ! Je vais le faire !

Ils allèrent un peu plus loin que le trou créé par l'attaque de Sawyer et les deux adolescents commencèrent à s'exercer aux fameux exercices d'assouplissement préparés par la Fée. Cela avait dû durer une heure ou une heure et demie, mais malgré toute sa bonne volonté, ce n'est pas en une heure qu'elle réussirait à lui faire faire le grand écart, et elle le savait. C'est pour ça qu'elle avait préparé des exercices notés sur un papier pour qu'il puisse s'exercer chez lui sans qu'il ait besoin de faire appel à elle tout le temps.

- Je pense qu'il y a une autre façon de l'aider à le rendre plus souple, pensa Audisélia.

- Laquelle ?

- On a qu'à les faire baller !

- HEIN ? s'écrièrent la Fée et le Héros.

- Je t'avoue que c'est une bonne idée... Pourquoi pas. La princesse est censée avoir appris à danser depuis. Bon, allez ! Ballez !

Tous les deux se levèrent, sachant que toute protestation était futile, ils s'exécutèrent, le rouge aux joues pour l'un des deux, mais cela se voyait que tous les deux étaient gênés.

- Laisse-toi guider, d'accord ? balbutia-t-elle.

- D'accord.

Elle entrelaça ses doigts entre ceux du Héros et ils commencèrent leur valse, la tension du Héros se faisait encore plus sentir lors de cette danse. La Fée prit alors les devants et coupa court à cette gêne qui subsistait au tout début de cette danse, elle lui somma de se détendre plus et de la laisser mener la danse.

- Ferme les yeux et fais-moi confiance.

Malheureusement, lorsqu'il ferma les yeux, cela rendit le spectacle encore plus dur à observer. Cela fut réellement atroce à voir : ils se tiraient dans les pattes sans le savoir, allaient dans des directions opposées, se cognaient la tête...

Sawyer stoppa ce désastre et déclara la fin de l'entraînement.

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