Mana et Dalko : cours d'équitation

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Entre deux entraînements avec Sawyer et temps d'étude avec le père de la Fée, on ajouta une nouvelle activité au Héros : pratiquer l'équitation.

Vous vous demandez sans doute pourquoi faire.

C'est juste pour le préparer à son voyage jusqu'à Vicenti qui sera sûrement sa future destination. Après le peu d'information qu'il a récolté en ayant croisé la route que de trois des Némésis cette année, il faudrait bien qu'il use du "Transporteur Mémoriel" pour pouvoir retrouver la trace de Némésis Prime, grâce au lien qui subsiste entre eux deux, et qu'il venge une bonne fois pour toute sa mère. Et peut-être comprendrait-il aussi pourquoi d'étranges appels concernant Zelda lui apparaissent en mémoire.

S'il se retrouvait à pratiquer l'équitation, c'était aussi parce qu'il était incapable de conduire un véhicule hololisé ou motorisé. Ses réflexes en conduite étaient lamentables, et il s'était retrouvé, à cause de cela, de nombreuses fois dans des situations plus que périlleuses - encore plus que lorsqu'il fit face à Albedo Wata ou aux trois armées ! Astéron a essayé maintes et maintes fois de lui apprendre à conduire tout type de véhicule que ça soit holocycle, holocar, moto, voiture...

Rien n'y faisait ! Il en était tout bonnement incapable.

En conséquence, il était contraint d'apprendre à piloter – comme il aimait dire – un animal pour pouvoir prendre quatre mois à atteindre sa destination.

Ce n'était pas aux écuries militaires qu'on l'envoya mais aux royales – passe-droit offert par la reine. Dévisagé par tous, il se demandait si c'était son humanité qui les dégoûtait ou le fait qu'ils reconnaissaient en lui aucune grâce de la noblesse ou de la royauté, donc illégitime à se trouver en ce lieu – ou percevaient-ils le pouvoir du Némésis en lui et étaient répugnés par celui-ci, autant que sa malédiction les rebutait.

S'ils devaient le détester, soit, mais son objectif était bien plus important que l'amour et la reconnaissance qu'ils pourraient lui apporter.

Se baladant entre les boxes des écuries, il guettait le chiffre qu'on lui avait indiqué, il devait y trouver un cheval dénommé Dalko. C'était celui que Sawyer avait prêté à la mère du Héros pour qu'elle puisse rentrer au plus vite à Novillios. S'il a de la chance, il y trouvera son nouveau maître, sinon il devra l'attendre.

À ce qu'on lui avait dit, c'était une princesse qu'il avait déjà rencontrée auparavant, mais il y a des chances qu'il ne puisse pas s'entendre avec elle. Toutefois, ce n'était pas son but de se faire des amis.

Qui m'aime me suive, en somme.

Lorsqu'il arriva au boxe « 25M5 », il y trouva un cheval de couleur noire, à la crinière bien soignée bien brossée, son lieu de vie était plutôt propre et il avait l'air d'être bien nourri. Sa maîtresse devait beaucoup l'aimer – rien d'étonnant pour un cavalier d'aimer son cheval, mais beaucoup n'ont pas le temps, ni l'envie de leur apporter l'amour adéquat eux-mêmes, préférant déléguer cela à d'autres personnes.

Le Héros était vêtu de vêtements plutôt simples, rien qu'on lui reprocherait d'avoir sali, alors il s'assit sur le sol et piqua une paille au cheval derrière lui pour la mettre dans sa bouche, attendant patiemment la venue de sa professeure d'équitation.

Presque happé dans le monde des cauchemars et des rêves, il fut ramené dans la Réalité à coups de pied dans les côtes. Se relevant, la rage au ventre, il fonça sur son assaillant pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Il le projeta à terre et l'accompagna au sol pour le frapper, mais au dernier moment il s'aperçut de qui il avait en face de lui : c'était la princesse qu'il avait croisée le jour où il avait sauvé pour la première fois la Fée, la princesse Diasirée.

- Qu'est-ce que vous faites là ? lui demanda le Héros.

- Je te retourne la question ! Ce n'est pas là qu'un gueux tel que toi devrait être si ce n'est pour ramasser la crotte de nos précieux chevaux. J'espère que c'est pour ça, hein ?

Quel mauvais caractère. Aucune salutation, ça insulte déjà le rang social de la personne en face... ces princesses...

Le Héros se releva et lui tendit la main pour l'aider à se mettre debout, mais elle la rejeta, préférant le faire par elle-même.

Cette fille avait l'air encore plus arrogante que toutes les personnes ayant croisé la route du Héros : que ça soit dans ses gestes, dans ses expressions ou dans son regard mauvais... Elle ne payait pas de mine, il pouvait lui briser le crâne en un seul coup de poing, mais il était évident que ce n'était pas avec sa force qu'il l'intimiderait. Pourtant, ce comportement belliqueux à son égard lui paraissait plus qu'exagéré.

De la pure haine démentielle ! Comme si c'était personnel...

- Non, je suis là car une fille du nom de Mana doit m'apprendre à monter à cheval.

- Attends, c'est toi le fameux garçon que je dois prendre sous mon aile ?

- Hein ?

Tous les deux se fixèrent pendant quelques secondes avant que le Héros esquive sa main qui voulut attraper son col.

- Je refuse totalement de t'aider en quoi que ce soit. J'ai autre chose à faire que de t'aider, toi, un humain, surtout s'il est associé à ma rivale !

- En aucun cas, ça la concerne, précisa-t-il.

- Je m'en moque !

- Tu désobéirais à un ordre de la reine, ma chère Diasirée ? dit une voix grave dans le dos de la princesse aux longs cheveux bruns.

Elle se retourna et fit face à son champion Al-Ryanis, celui-ci salua le Héros qui ne le reconnut pas immédiatement. L'ogre s'avança vers lui pour qu'il le voit d'un peu plus près, mais étant donné que le Héros rechignait à porter ses lunettes de vue, il percevait du mieux qu'il pouvait le visage de son interlocuteur.

- Tu ne te souviens pas de moi ? s'étonna l'ogre, je suis le gars à qui tu as emprunté la lance pour sauver la princesse sans nom sur le chariot.

- Ah mais oui, se rappela-t-il vaguement faisant semblant de tout se rappeler, je m'en souviens maintenant. Merci encore pour le soutien.

- Je n'avais pas vraiment le choix.

- C'est vrai, rit-il.

- Ma petite protégée fait encore des siennes ? l'interrogea le champion.

Petite... petite... Elle était tout de même plus grande que le Héros, mais après tout son champion était encore plus grand qu'elle. Peut-être que la reine ne serait pas la seule anomalie de taille dans ce royaume.

- Oh ce n'est rien, elle ne veut juste pas m'enseigner l'équitation à cause de mon humanité.

Le champion mit ses poings sur les hanches en regardant Diasirée l'air amusé.

- Ah bon ? dit Al-Ryanis d'un ton stupéfait, cela est nouveau votre haine envers les humains, dites-moi.

- Comme si cela n'était pas courant ici la discrimination humaine, cracha-t-elle, il s'en sort déjà plutôt bien par rapport à bon nombre d'humains qui ont foulé le sol de notre saint royaume.

- Arrête d'utiliser les excuses de tes parents ou grands-parents pour justifier la haine de Princesse...

- Et toi, cesse d'utiliser ce nom commun comme son prénom comme si cela définissait cette abomination féérique, le rabroua-t-elle en croisant férocement les bras.

Devant le désaccord de son champion, la fée détourna le regard des deux hommes. Al-Ryanis secoua la tête, dépité par le comportement de sa protégée.

- Plutôt excentrique, la demoiselle, dit le Héros, hébété.

- C'est son Altesse pour toi. ! lui gueula la fée.

- À qui le dis-tu ? poursuivit l'ogre, je vais essayer de la convaincre de t'aider pour ton initiation à l'équitation.

Al-Ryanis partit défendre la cause de son rival pendant que le Héros partit observer le cheval de son Altesse Diasirée. Il se questionna sur l'apparence du cheval, dans ses souvenirs, le Dalko en question était un cheval blanc à la crinière blonde, lui, sa seule ressemblance avec le cheval avec lequel sa mère était revenue dans son village était sa coiffe. Il tenta d'approcher sa main du canasson mais celui-ci se brusqua et faillit lui mordre les doigts.

- Tu ferais mieux d'éviter de l'approcher sans moi, l'avertit Diasirée, il n'apprécie pas les gens qu'il ne connaît pas.

À cette phrase, il eut une réflexion qui lui permettrait de déterminer si ses souvenirs sont faussés par le temps et la mémoire des autres prédécesseurs qui lui remplissait la sienne. Mais pour la première fois, il allait fouiller dans le pouvoir héroïque pour obtenir l'aura de l'un des héros d'antan, celle de sa mère.

Il ferma les yeux et se plongea dans son for intérieur, à la recherche de l'énergie la plus proche d'être sa mère, s'imprégnant de la présence sa prédécesseuse. Ses paupières se rouvrirent laissant éclater la lumière du pouvoir héroïque circulant dans ses iris, une aura blanche et jaune recouvrit son bras droit, il l'approcha du museau de l'animal et celui-ci redevint docile à la grande surprise de sa propriétaire et de son protecteur.

- Cheval, me reconnais-tu ? demanda le Héros avec une voix de femme adulte.

L'animal hennit d'approbation.

Diasirée balbutia des mots incompréhensibles devant cette scène incompréhensible, l'énergie provenant du Héros était absurdement... absurdement puissante, à la fois douce et oppressante, elle ne craignait pas cette puissance brute qui émanait de lui, elle en était même admirative. Comme si elle allait être protégée par cette manifestation qui n'avait rien à voir avec la présence du Héros.

Dès que le Héros cessa l'emprunt de l'aura de sa mère, l'hypnose que subissaient la fée et l'ogre s'arrêta. C'est après quelques secondes d'appel à répétition du Héros qu'ils reprirent complètement leurs esprits.

- Mais attends, qu'est-ce que c'était que ça ?

- Quoi ? Le fait que le cheval m'apprécie ? dit-il en haussant un sourcil hautain.

- Déjà, oui ! Et le reste ?

- C'est juste mes pouvoirs de héros de la légende, expliqua-t-il, ils sont plus faciles à activer depuis que le sceau est sur moi. Il a l'air d'agir plus profondément que sur la malédiction et de perturber mon attribut génétique... Mais, pour faire simple, j'ai fait appel à l'un des prédécesseurs qui a connu ce cheval pour voir s'il le reconnaissait. C'est rare que je sois capable d'utiliser mes pouvoirs héroïques sans un contre-coup...

- C'est comme de la possession ? demanda Al-Ryanis.

- On peut dire ça comme ça. Plus ou moins.

Le Héros s'éloigna du cheval pour aller à la rencontre de ses deux interlocuteurs.

- Ce cheval est pas censé être blanc avec une tâche noire à l'œil gauche, Mana ?

- Ne l'appelle pas par son prénom ! l'engueula Al-Ryanis.

- Pourtant c'est ce qu'il y a marqué sur la feuille.

- Mais...

Diasirée lui intima de se taire d'un geste de main.

- Bien, ma Dame.

- Pour répondre à ta question : ce cheval peut être blanc ou noir selon le cœur de son cavalier mais je préfère lui donner la couleur noire.

- Donc il a dû être de cette couleur lorsque ma mère est rentrée à Novillios...

- Tu veux dire que c'est ta mère qui a emprunté mon destrier ?

- Apparemment, confirma-t-il, mais il a disparu le lendemain.

- En même temps, les chevaux ont toujours été capable de revenir à leur habitat premier, même si le mien est particulier... Je pense qu'on a fini la session questions-réponses. Je vais t'apprendre à faire du cheval comme la reine exige de moi.

- C'est vrai ?

- Oui.

- Tu changeras pas d'avis ?

- Non.

- Promis ?

- Roh oui ! éclata-t-elle.

- Ok parce qu'elle ne l'exigeait pas, lui révéla-t-il en riant, elle m'a juste demandé de te le demander sinon elle me l'apprenait elle-même.

- Hein ?

Al-Ryanis gloussa derrière elle.

- Il s'est bien joué de toi.

- Oui, ça je veux bien et il va me le payer, mais pourquoi tu refuses que la reine t'entraîne ? C'est un privilège d'être avec le Héraut des Dieux.

- Je le comprends que ça doit être le cas pour vous mais à vrai dire, je veux pas trop accaparer son temps, surtout qu'elle s'est mise dans un projet qui va lui prendre un peu de temps.

Au moins, cela la stoppera dans sa quête de savoir sur la légende du héros et de la fée de légende...

Répétitif un peu.

T'aurais pu penser à autre chose, y a cinq mille ans.

[Je crois pas que c'était ma priorité à ce moment-là...]

Diasirée secoua la tête, dépitée par de tels propos incohérents : refuser l'infime honneur de passer du temps avec la reine, déesse de la foudre, héraut des dieux du panthéon supérieur... Même les plus incivilisés des habitants de ce royaume n'oseraient refuser. L'arrogance de cet Homme la dégoûtait.

- Tu es bien digne de ta princesse... Viens avec moi ! lui ordonna-t-elle.

- Merci pour le compliment, j'imagine, et merci de m'aider !

Elle lui lança un regard noir avant de marcher devant elle.

J'espère que ça se passera bien entre les deux..., souhaita l'ogre.

En deux heures d'apprentissage, le Héros avait dû chuter trente-sept fois, il soupçonnait Diasirée d'être la cause de la plupart de ses chutes, mais il était bien trop las pour avoir une dispute à propos de ça. Malheureusement pour lui, il s'agissait juste du fait que Dalko était un cheval indiscipliné qui n'écoutait que sa maîtresse et ceux qu'il reconnaissait digne qu'on lui monte dessus, et le Héros n'avait pas l'air de faire partie de ceux-là.

Et comme dit ultérieurement par la princesse arrogante, son canasson a effectivement changé de couleur une fois le Héros sur son dos : il prit d'abord une couleur blanche avant d'être parsemé de taches noires de partout, et cela continuait à affluer sans arrêt. Diasirée ne fit aucun commentaire à ce sujet, continuant la formation de son jeune élève. Ils prirent une pause et allèrent se reposer contre la barrière qui était près des boxes.

Tous les deux restèrent silencieux ne sachant pas quoi dire l'un et l'autre, puis elle partit dans l'enclos à chevaux avant de revenir avec une bouteille d'eau et de la jeter sur le Héros.

- Mais t'es sérieuse ?

- Et le merci ?

- Merci...

- C'est bien.

Elle retourna à côté du Héros en buvant une gourde remplie d'une boisson qui avait une certaine senteur sucrée accompagnée d'une odeur d'alcool.

- Tu es vraiment trop nul à cheval..., dit-elle entre deux gorgées.

- Je crois que ça suffit mademoiselle, je pense avoir compris que tu ne m'as...

- Tais-toi. Je n'ai pas fini.

- Ok...

- Tu es peut-être nul à cheval mais tu as un bon potentiel et, selon la lettre de la reine, tu pourrais bien savoir monter à cheval d'ici ton départ.

- Ça marche, alors. Je ferai de mon mieux.

Ensuite, cela redevint le calme plat. Ils ne se connaissaient pas, ils n'avaient pas grand-chose à se dire et elle était la rivale de la Fée, il n'avait pas vraiment besoin de faire d'efforts pour apprendre à la connaître pour faire plaisir à sa protégée. Lui en voudrait-elle de discuter avec son ennemie ?

Il se gratta furieusement la tête avant de refuser cet état de fait, il n'était pas le subordonné de la fée aptère, il lui avait juste promis de l'aider à accomplir son rêve, rien de plus. Il avait promis à Sélia de faire plus d'efforts, alors il en ferait plus.

- C'est quoi ton style de mec ? demanda soudainement le Héros.

- Mec ? répéta la fée cavalière en pleine incompréhension, hein ? Mais pourquoi je répondrais à ça ? hurla-t-elle.

- Je te fais la conversation, donc j'ai dit la première chose qui m'est venue à l'esprit.

- Parce que je te plais ?

- Moins que ma princesse.

- Roh ! ronchonna-t-elle, comme si cette truie était belle...

- Tu pourrais éviter de l'insulter en ma présence, lui ordonna-t-il, elle reste mon amie.

- Vous êtes amis ?

- Comme tu l'es avec ton champion, à moins que vous soyez plus que ça...

- Non ! Non ! Non ! répéta-t-elle en secouant les mains, on est juste amis et il aime quelqu'un d'autre.

- Alors les ogres ne sont pas ton style de gars...

- Tu tiens vraiment à ce que je réponde à ta question, hein ?

- Si je te l'ai posée...

Diasirée se mit à réfléchir quelques secondes en se tenant le visage, avant de lui répondre :

- Les beaux gosses ténébreux, un peu androgynes mais musclés, ayant un peu la peau pâle et qui sont sûrs d'eux, genre, je ne sais pas, un vampire.

- Donc. Les. Cadavres, dit-il d'un ton moqueur.

- C'est terrible comme tu es médisants.

- Y'a rien, je me moque gentiment.

- Et toi ? C'est quoi ton genre de filles ?

- Gentille, douce, aimante, pas égoïste, qui me casse pas les couilles, qui a des formes, plus grande que moi, athlétique, intelligente et qui a du tempérament. Donc pas toi.

- Mais va te faire foutre !

Le Héros éclata de rire à en tomber à la renverse, il savait très bien comment elle allait réagir mais sa réaction fut si brève qu'elle le surprit.

- Il n'y a rien de drôle... Et de toute façon tu n'es pas à mon goût.

- Comme si j'avais cherché à l'être, dit-il encore à moitié hilare, mais le vampire qu'est avec cette fille-là, dont j'ai oublié le nom là... Camélia ! Il te plairait pas ?

- Il est atrocement laid.

- Ah ouais à ce point ?

- Ouais. Vraiment Camélia a aucun goût en plus d'être une fille facile.

- C'est pas bien de dire ça.

- Tu peux arrêter de défendre la veuve et l'orphelin, bien que tu sois le héros de la légende, deux minutes ? En plus, c'est pour une autre raison que tu le fais que pour la fée aptère, tu voulais te la faire.

- C'est pas une raison de traiter les gens comme ça.

- Ne t'inquiète pas. Comme je te l'ai dit, je pense la même de la fée aptère.

- Et comme je te l'ai dit, tu devrais arrêter, lui répéta-t-il, déjà, je vous comprends pas. Ni toi, ni elle. Comment vous pouvez être amies si vous ne vous appréciez pas ?

- Je ne suis pas son amie.

- Tu m'as compris.

- Et je ne suis pas l'amie de Camélia, mais je vois où tu veux en venir, malgré cela, il faudra que ça soit toi qui pose la question à ta protégée qui est hypocrite avec Camélia. C'est d'ailleurs pour cela que je ne l'aime pas, cette chienne qui fait mumuse avec tous les hommes qu'elle croise.

Cette fois-ci, le Héros ne dit rien. Il savait que s'il intervenait, cette conversation ne ferait qu'une boucle. Il avait le choix de lui tordre le cou ou la laisser débiter ses insanités. Néanmoins, il n'avait pas complètement envie de lui tordre le cou, quelque chose l'en empêchait, c'était bien la raison, mais pas celle entendue par le commun des mortels, mais l'amalgame des préjugés qu'il avait en lui, et qui se transformait en une phrase :

« Pourquoi je défendrai une fille qui n'est pas mon amoureuse ? »

Il répondait à cette question, qu'elle était son amie et qu'il se devait de défendre ses amies, comme il le ferait pour Zelda, comme il aurait voulu le faire pour Thoosa...

« Mais elles, tu ne les aimais pas comme tu aimes, Princesse. Vu comment elle considère une fille dont elle est l'amie depuis longue date, que doit-elle penser de toi ? »

Roh, arrête ! se dit le Héros, ça ne marche pas comme ça ! On peut pas penser les relations en gagnant-gagnant, arrête de me parler comme Astéron.

« Qu'est-ce que tu en sais, toi ? Toi qui n'avais que pour d'yeux Zelda qui était ta seule amie ? »

Alors je n'aurai pas dû sauver Berle ?

« Je te laisse le point puisque je sais déjà où tu veux aller avec « Berle » mais sache que tout le monde n'est pas Berle... »

- Hé ! Tu m'écoutes ? lui dit la fée en lui frappant le genoux.

- Ah ! Désolé ! J'étais perdu dans mes pensées...

Cette voix n'était pas celle de la Volonté Héroïque, ni celle du Destin des héros de la légende. Cette voix n'était autre que la voix de la raison qui a accompagné le Héros depuis qu'il était tout petit, celle qui raisonnait le Héros et lui évitait d'être un peu trop « béni-oui-oui ».

Bien qu'elle soit là depuis son enfance, il était rare qu'elle intervienne pour lui parler. Bien plus rare que les voix des héros ou les ordres du héros originel qui sont la Volonté et le Destin.

- Qu'est-ce que tu voulais me dire ? lui demanda le Héros.

- Heureusement qu'on t'en a empêché, tu mérites bien mieux que ça.

- Ah bon ?

- Tu as peut-être aucune beauté à cause de ton visage inexistant mais au moins, à l'intérieur tu es une bonne personne comparée à Lucello.

- Qui ?

- Le vampire. Ce gars me donne des frissons à chaque fois que je le croise, dans son regard on n'y voit rien de bon, on dirait qu'il n'est que vilenie... Il prend des grands airs alors que ses seuls haut-faits c'est de dépasser des gamins sinon c'est un gros faible.

- Mais dis-moi y a des gens qui ne te détestent pas parce que vu comment tu craches sur les gens, ça m'étonnerait pas que tu n'aies pas d'amis ?

- Si, j'en ai ! démentit-elle vigoureusement, Marine en est une !

- Ok ok, je te crois ! Pas besoin de t'emporter ainsi.

Sans crier gare, la fée cavalière lui reprit la bouteille d'eau des mains et le poussa de l'avant.

- Allez ! La pause est terminée, faut reprendre ton entraînement si tu veux pouvoir galoper correctement hors de Kano.

- Hé ! Je te rappelle que je suis plus grand que toi !

- Ah bon ? Quel âge as-tu ?

- Seize ans.

- Pareil.

- Quoi ? Mais t'as pas le même âge que les autres fées ?

- On peut dire que je suis née prématurément par rapport à la portée des autres princesses-fées.

- Même je suis sûr que je suis né avant toi !

- Quel mois alors ?

- Jusiair.

- Deux mois avant pour moi.

Le Héros poussa un grand cri de désespoir devant cette révélation.

- Hé hé !

Il pesta dans son coin avant de remonter à cheval et de reprendre l'entraînement.

- Avant qu'on reprenne, par bonté envers toi, je veux bien t'avertir de quelque chose.

- Dis-moi tout.

- Les assassins qui veulent s'en prendre à ta fée vont encore sévir.

- Quand ça ?

- Aucune idée.

- Comment tu le sais ?

- Mes parents font partie de l'élite de Sylvania, ils ont donc des informations que nul autre n'a.

- Ils sont liés à eux ?

- Même si je le savais, je ne pourrais pas te le dire après ce qui est arrivé à Thoosa.

- Pas grave, j'aurai qu'à la protéger comme je le fais. Mais vu que tu as l'air d'en savoir beaucoup, tu en saurais sur la secte qui tue des gens dans les Basfonds ?

- Comme pour les assassins, je ne peux pas m'exprimer plus que ça, mais ces deux éléments ne sont pas non liés.

Des liens commencèrent à se former dans l'esprit du Héros, la résultante commençait déjà à l'énerver : si elle n'était pas la fée de la légende, elle mourrait à la place de la vraie et si elle l'était, ça serait encore un coup du destin. Cependant, cela l'intriguait qu'autant de personnes soient autant intéressées par l'histoire de cette légende futile. La reine c'était compréhensible mais les autres... À moins que...

- Mana ? dit-il d'une voix tremblante.

- Oui ?

- As-tu déjà entendu de la bouche de tes parents ou de ces gens le mot « Némésis » ?

- Je ne crois pas. Je sais que c'est ton ennemi naturel, mais personne ne l'a prononcé, ils parlaient de la Grande Félonne et disaient que c'était une usurpatrice. Peut-être parce que si elle gagnait, elle usurperait le trône ou je ne sais quoi encore.

Dans un certain sens, cela le rassura de savoir que le Némésis n'était pas mêlé à cet assassinat, le voir s'immiscer dans toutes les histoires de Fayiera Terra devenait un peu trop perturbant. Et pour la Sorcière, il n'était pas étonné qu'on veuille s'en prendre à la Fée lorsque celle-ci est un ménechme de cette femme. Était-il en train d'amasser un pouvoir gigantesque grâce à toutes ces vies prises ?

- Sache une chose, humain : je n'en ai rien à faire de la vie de ta protégée. Je n'ai pas besoin de la tuer pour gagner face à cette idiote.

- J'imagine que je dois te remercier pour ça ? Sachant que tes parents ne l'entendaient pas de cette oreille.

La princesse-fée ne répondit rien.

- Dis-moi pourquoi tu la détestes autant, ça ne peut pas être seulement à cause de la Grande Félonne.

Le regard de Diasirée fut si froid qu'il glaça le sang du Héros, il n'aurait jamais cru que cette fée qui avait toujours vécu au sein de ses murs si sécuritaires pourrait avoir un regard aussi assassin. Quelques secondes plus tard, il redevint normal et elle pesta en détournant les yeux.

- Elle s'habille comme une trainée, côtoie tout un tas de garçon, cette aguicheuse, en faisant l'idiote...

Sérieusement ? Pourquoi j'ai posé la question ? Peut-être que si les filles l'acceptaient, elle ne

- ...mais c'est surtout à cause de son putain de chien de garde...

- Beneltig ?

- Qu'est-ce que ce moche à avoir avec cette histoire ?

Le Héros gloussa de rire, cachant sa bouche derrière sa main.

- Je parle de Mina, elle a trahi mon ami, alors qu'elle savait très bien ce qu'elle était dans le fond... Fin de l'interrogatoire, dit Mana, stoppant la conversation, faut reprendre ton entraînement.

- D'accord.

Son visage devint blême en racontant cette histoire, le Héros ne préféra pas poursuivre pour ne pas la froisser, il n'aura qu'à la demander à la Fée, c'est sa meilleure amie, elle devrait le savoir. Mais détester quelqu'un à cause d'une autre personne...C'était un peu risible ?

Mais il ne la jugera pas totalement sans avoir le fin mot de cette histoire.

Quelques jours plus tard, lors d'une soirée où il avait eu droit à une journée de pause, le Héros reçut la visite de la princesse dénommée Malalalivia Talemilia Grave, mais plus généralement appelé Malalalivia qui lui exposa un plan pour avancer sur leur enquête : kidnapper Beneltig.

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