La fête du Samarin

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Encore une fois en retard à cause des bâtons qu'il se mettait lui-même dans les roues de son existence, il arriva sur le lieu de la fête du Samarin.

D'après ce qu'on lui avait expliqué, c'était une fête pour les jeunes nobles et leurs amis où ils festoyaient en l'honneur de la jeunesse, des festivités, de l'opulence et de l'ivresse – apparemment les Féériques n'avaient pas les mêmes restrictions vis-à-vis de l'alcool que les humains... après c'est aussi dû au fait que mis-à-part l'alcool confectionné par les nains, les lazerpicks, les Wazems, et celui provenant du lieu où se trouvait le Protectorat Sombre... les « alcools » Féériques étaient difficilement qualifiables d'alcool tellement ils étaient... édulcoré ? On va dire de « mauvaise qualité », pour rester poli.

Mais, en somme, cette fête constituait un jour férié spécialement créé pour les jeunes nobles. Le nom devait être tiré du nom de famille de l'un des décisionnaires de la mise-en-place de cette fête.

Rien de bien traditionnellement traditionnel tout ça.

C'est sûrement pour cela que la fée aptère des Basfonds et son servant elfe n'avaient pas daigné venir.

Le Héros se baladait entre les groupes de personnes s'étant réunies, en cette belle nuit de Samarin, à la recherche de sa princesse qui l'avait invité et de ses amis. En passant, il croisait le regard de certains nobles qui le toisaient du regard.

Vraisemblablement, être le champion d'une princesse ne changeait pas les mœurs d'une bonne partie du royaume. Après tout, sa race, son physique, sa réputation au-delà du royaume et sa classe sociale – sûrement qu'il devait sentir le pauvre à plein nez malgré ses beaux habits – ne jouaient pas en sa faveur.

Après un temps de recherche, il trouva la Fée qui lui fit un signe de la main de venir s'installer avec eux, il y vit tous les amis de la princesse : Mina, Camélia, Jacob, Lin, Marina et Marine – qui n'était que de passage, elle devait aller rejoindre ses autres amis du groupe de Mananélia – et... Beneltig – avec d'autres filles et garçons que le Héros ne connaissait pas.

Quel soulagement de le savoir en vie – ça lui éviterait de faire semblant de pleurer à son enterrement auquel il ne serait pas allé de toute manière... ou peut-être s'y serait-il seul pour rire devant sa tombe.

Alors cela veut dire que le plan est en marche ? Ils sont si crédules que ça ces fanatiques ? se moqua le Héros.

Le Héros s'incrusta dans le cercle qu'ils avaient formé autour d'une lampe de luxinite – plus logique qu'un feu de camp qui allait brûler tout le royaume – et commença à faire la causette avec tous les autres, profitant des victuailles qui leur avaient été apportées : des tonnes de gâteaux Féériques, des sucreries typiquement féériques et autres spécialités provenant des plats traditionnels des races qui composaient le royaume et au-delà _ des choux à la crème d'aseloth, des paella visitaz, des gâteaux remplis de... chocoricots ? Berk !

La Fée retourna auprès de son amoureux et tous les deux commencèrent à se lover et à parler de choses d'amourettes qui ennuyaient le Héros. Néanmoins, ne pouvant cacher sa satisfaction vis-à-vis du bon déroulement de sa folle idée, fit un clin d'œil en guise de remerciement à l'ancien champion de la fée aptère de Java-Aleim. Celui-ci prit la mouche et détourna le regard en grinçant des dents, provoquant un quiproquo avec la Fée qui pensait qu'il la boudait.

Lin se rapprocha du Héros et le prit à part. Tous les deux s'en allèrent un peu loin de leur cercle d'amis pour discuter.

- Je tenais à m'excuser pour mon comportement lors de cette soirée...

- T'inquiète, c'est rien, dit le Héros la bouche pleine de nourriture et croquant dans une cuisse de poulet non évolué, en plus, rien n'est sûr sur sa condition de survie.

- Comment ça ?

- Bah, il t'a pas raconté ?

- Non. Il m'a juste copieusement ignoré.

- En même temps...

Le Héros se frappe le torse pour faire passer l'afflux de nourriture dans sa gorge, puis reprit la conversation.

- Mais tu es un vrai morfale, ma parole !

- Excuse-moi de profiter de toute la nourriture que je peux avoir ! ricana le Héros, je disais... Oui ! En même temps, tu l'as trahi.

- Si je ne l'avais pas fait, plein de gens continueraient à mourir sans que vous puissiez agir et surtout qu'il aurait laissé mon amie mourir.

- Exact. Alors ne t'en veux pas d'avoir fait le bon choix pour l'ensemble de la nation.

- Tu ne le fais pas vraiment pour la nation, hein ?

- Exact. Je le fais parce que la reine me l'a demandé et que je ne voudrais pas combattre indéfiniment des hommes-lézard assassins, se justifia le Héros.

- Un mensonge entouré de vérités, tu es bon à l'exercice, jeune humain.

- Comme toi.

Lin eut un pas de recul, plissant un œil, suspicieux de la parole du Héros.

- Que veux-tu dire par là ?

- T'inquiète, je ne dirai rien aux autres vu que ça dure depuis des années. Mais sans les questions de Lelelitio, je ne me serai pas interrogé là-dessus.

Lin voulut dire quelque chose, mais le Héros l'arrêta tout de suite.

- Je t'ai dit : je dirai rien. Peut-être ils t'ont déjà cramé, mais disent rien... Bon, vu qu'il t'a rien dit, je vais devoir lui extirper les vers du nez moi-même.

Le Héros lui donna son gâteau à moitié entamé et retourna auprès de leurs amis, il tapota l'épaule de la Fée pour emporter son amoureux.

- On a quelques trucs à se dire. Tu peux me laisser quelques minutes, Princesse ?

- Je ne crois pas, non, refusa Beneltig.

- T'es sûr ?

Tous les deux se fixèrent, le Héros avait les yeux plissés à cause du sourire narquois qui se dessinait sur son sombre visage, et Beneltig qui avait le regard rageur ne pouvant cacher sa haine envers cet ignoble humain.

Ce fut finalement Beneltig qui céda. Il le devait de toute façon. Il avait appris de la malice du Héros que ce gamin humain pouvait lui faire vivre le pire sur un coup de tête.

Ils s'éloignèrent du groupe, dans un coin assez reculé, loin des regards indiscrets, et le Héros colla son otage contre un arbre et plaqua sa main contre le tronc de l'arbre pour le mettre sous pression – c'est quand même fabuleux qu'un garçon qui mesurait une tête de moins que lui le mette sous pression. Et après il veut se débiner en jouant les durs lorsqu'on l'appelle ? Laissez-moi rire !

Les deux garçons se regardèrent comme si l'un allait se confesser à l'autre. Et le Héros en jouait – alors que cela le mettait mal à l'aise, mais voir le visage terrifié de Beneltig l'aidait à continuer l'absurdité de cette scène.

- Alors comment tu t'en es sorti, gamin ? Tu m'as vendu ?

- D'après toi ?

- J'en étais sûr.

Le Héros enleva sa main du tronc, Beneltig se défendit de l'attaque de l'humain en avance, mais le Héros ne lui fit qu'une tape sur l'épaule et s'en alla, les bras croisés derrière le crâne. Beneltig releva la tête au-dessus de ses bras qui auraient dû lui servir de bouclier.

- C'est tout ? lui demanda la fée couarde.

- Ouaip.

- Comment ça peut être tout ? Tu es en danger de mort ! Ils vont s'en prendre à toi, tu as mis tout le monde en danger !

- C'est faux. Je les ai dirigés vers une direction pour empêcher qu'il utilise des armes desquelles j'aurais pas pu me défendre, rectifia le Héros le dos toujours en face de Beneltig, le reste n'appartient qu'à moi et aux autres de bien agir.

- Je pourrais encore dévoiler toute la mise en scène que tu prépares pour me sortir de ce guêpier.

Le Héros s'arrêta et tourna la tête en direction de Beneltig. Il était moins jouasse qu'au début de leur conversation, ses yeux semblaient remplis de mépris et de déception.

- Si ça t'amuse de cafarder, fais-le. Je t'en empêcherai pas. Mais réfléchis bien à tes lâches actes. Ce que tu fais courir au royaume en choisissant les fanatiques plutôt que ta princesse et la reine.

- Tes palabres ne changeront rien à ma condition, je n'ai pas choisi d'être de ce côté de la barrière ! J'aime vraiment Princesse, mais...

- Dans les légendes humaines, ou dans certains contes que j'ai lus, j'y ai vu des hommes risquer plus que leurs vies pour sauver les personnes qu'ils aimaient quoi que cela leur en coûte, quoi que pense leurs parents. Je dis pas que je suis plus courageux que toi, j'ai la « chance » d'être immortel donc je peux me permettre beaucoup plus de choses, mais même avant d'être le héros, je me suis juré de jamais utiliser la vie d'autrui pour me sauver ou sauver les autres. Je savais que tu t'en sortirais c'est pour ça que je t'ai utilisé sinon je l'aurai absolument pas fait. D'autres personnes se battent en ayant moins que toi pour changer les choses, et ils sont au courant des dangers qu'ils encourent, et pourtant cela les arrête pas. Ta vie et tes choix t'appartiennent alors fais pas comme moi à t'apitoyer sur ton sort et bats-toi. Que je sois dans le camp de la reine change pas la donne, s'ils gagnent ma présence n'aura été d'aucune aide, alors me compte pas dans l'équation de ton choix. Allez, je te laisse, j'ai encore un tas de choses à manger !

Pendant que le Héros partit rejoindre leurs amis, Beneltig s'écroula au sol, genoux à terre, tête basse. Il était tout bonnement désemparé, lui qui avait toujours vécu avec l'intime conviction de la fatalité de son destin s'il s'écartait du chemin traçait par sa famille et ses ancêtres... Depuis qu'il était arrivé, il voyait en la présence du Héros une lumière, une échappatoire à son destin et poursuivre sa petite de vie de lâche dans son coin... Cependant, ce personnage principal qui aurait dû le sauver de sa misère sans qu'il intervienne le pousser à agir, à se remettre en question ! Même s'il voulait se cacher derrière une barrière de questionnements existentiels sur la poursuite de sa vie, une barrière d'excuses inutiles sur sa situation... Il n'y avait qu'une seule question, une seule et unique question qui subsistait était s'il allait suivre cette voie ou rester contre sa princesse, sa reine et le royaume tout entier.

Malgré ces deux interventions, la soirée se déroula dans la joie et la bonne humeur, bien que Lin soit méfiant concernant le supposé secret que détiendrait le Héros, cela ne l'avait pas empêché de s'amuser avec lui.

Puis au bout d'un moment, parmi le cercle, deux groupes se constituèrent : les filles et les garçons. Et bien sûr, le Héros se tint avec les garçons puisqu'ils ont des discussions de garçon qui sont bien plus intéressantes que les ragots que pouvaient se raconter les filles. Et comme tout garçon de leur âge, le sujet finit par dériver sur ce qui intéressait les garçons de leur âge – et même plus vieux –, le seul et unique sujet de prédilection des hommes : les filles !

Chacun révélait ses goûts en matière de femmes et parlait de la personne qu'il apprécierait être avec – voire plus si affinités –, qu'ils soient en couple ou non, mais bizarrement, le Héros se tint à l'écart de la conversation, gardant son verre fixé à la bouche et guettant ses interlocuteurs juste au-dessus de son verre, sans rien dire. Cela finit par se remarquer et tous les regards se tournèrent vers lui, il ne pouvait plus faire semblant de boire.

- Et si Nalo-vace nous en disait plus sur ses goûts, dit l'un des garçons.

- « Nalo-vace » ? demanda le Héros.

- Cela veut dire « Visage Noir », expliqua Lin, en référence... bah à ton visage, justement. Apparemment, ce sont des gamins qui t'appellent comme ça.

- Vraiment ? s'étonna le Héros.

Le Héros avait déjà entendu ce nom auparavant lors de ses aller-retour dans les Basfonds mais n'avait jamais imaginé que cela faisait référence à lui. C'étaient d'abord les gamins de l'orphelinat, puis les voisins de Lelelitio et Malalalivia et cela s'étendit un peu partout dans les Basfonds.

Il ne savait pas vraiment comment le prendre et si c'était joli comme nom – toujours aucune notion de beauté à ce que je vois, mon jeune garçon.

- On s'écarte du sujet, là ! C'est vrai que tu restes un peu à l'écart à nous écouter sans émettre un son, recentra un autre garçon, toi qui as tant voyagé tu as dû en voir des « paysages ».

- Ah, vous savez... moi, je suis pas très familier avec ça étant donné que je suis généralement en mission pour mon frère ou pour mon destin.

Les garçons ricanèrent et l'un d'eux chuchota à un autre : « Foutaise ! ».

- C'est amusant de vous écouter, mais je n'ai rien à déclarer sur ce sujet.

- À cause de la malédiction que tu te trimballes ? demanda Jacob le nelfe.

- Entre autres. Mais...

Un garçon se rapprocha de Lin et lui dit que ce n'était pas très poli de lui poser ce genre de question au vu de sa condition physique pas très enviable.

Prenant la mouche face à ce genre de précaution absurde, le Héros se resservit de ce mauvais alcool sans alcool, puis prit part à leur discussion :

- Vous connaissez l'île d'Eriu où se trouvent les Roussâtres ?

- Euh... je crois, répondit l'un des garçons.

- À côté de l'Union des royaumes Estest, l'homme-lynx.

- Ah ! s'exclamèrent-ils tous en cœur.

- Hé bien là-bas, je peux vous dire que même si le gros de la population n'est pas fameux, ce que je vais dire est à prendre avec des pincettes, mais dix pour cent des femmes de ce pays sont plus belles que toutes les femmes du monde.

- Humaines, précisa un homme-lynx, parce que tu ne vas pas me faire croire que la princesse Marina est la plus jolie des princesses alors qu'elle est super mince et a un nez pointu.

Tous hurlèrent de rire, le Héros ne comprenait pas leur amusement, il trouvait jolie la princesse Marina, elle n'était peut-être pas son genre, mais sa personnalité était vraiment rayonnante et amusante, bien qu'elle l'embêtât beaucoup – mais beaucoup moins que la Fée. Ce qui le fit regretter sa remarque sur la population Roussâtre de l'île d'Eriu. Qu'est-ce qui lui prenait de parler ainsi ?

- Donc c'est ce genre de fille que tu aimes, héros de la légende ? poursuivit l'homme-lynx.

- Bien que je l'apprécie... Non. Moi je préfère, en vrai de vrai, les filles fortes.

- « Fortes » ? demandèrent-ils à l'unisson.

- « Fortes » comment ? demanda l'un d'entre eux, comme Calsinan ? Cette grosse ?

- Non, quand je dis forte, je veux dire... vous voyez les Amazones ?

Ils s'écrièrent de surprise à l'annonce de cette révélation, ouvrant de grands yeux.

- Les Amazones ? dit un elfe dénommé Baïlienne, mais tu es fou ?

- Je savais que les humains étaient fous mais pas à ce point ! dit l'homme-lynx

- Des goûts hors normes pour un gars hors-norme, rit Lin.

- Cet Homme rejette la féminité elle-même, l'accusa une fée appelée Heyasaïn.

- Mais pourquoi ? Comment ?

Le Héros reprit une gorgée de cette horrible boisson qui avait le goût d'alcool sans pour autant en être – ce qui dégoutait encore plus le Héros que si c'était du vrai alcool, puis s'expliqua :

- Hé bien ça doit venir de mon voyage avec mon frère Astéron au pourtour de la Mer Noire à l'Est d'Europea lorsque nous nous y sommes rendus pour y vendre des armes magiques et des armes humaines technologiques. J'ai fait la connaissance de ce peuple exclusivement féminin et je dois dire qu'elles m'ont pas laissé indifférent... voilà ! Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise de plus ? Trouver des adversaires capables de rivaliser avec moi, même si je me suis pas battu à fond et que je n'avais pas une aussi grande maîtrise des pouvoirs du héros de la légende... bah ça changeait des femmes frêles que j'avais pu côtoyer par le passé, mis à part...

Il s'arrêta de lui-même. Était-ce vraiment judicieux d'utiliser comme élément de comparaison feu sa mère et feu sa grande sœur ?

- C'est bien ce que je dis, continua Heyasaïn, il n'aime pas la splendeur des femmes, leurs courbes soignées, leurs hanches, leurs douceurs... Lui il veut des bêtes de somme, des brutes aux abdos saillants. Tu sais tu peux nous dire si tu préfères les hommes.

- Sérieux, l'ami, tu vas trop loin dans l'analyse ! se défendit en riant le Héros, pour qu'une femme me plaise il suffit pas qu'elle ait d'incroyables seins et des fesses généreuses, des abdos, qu'elle soit forte... Il y a d'autres critères qui me sont beaucoup plus importants et qui feront que je délaisserai mes préférences physiques pour cette supposée femme correspondant à ces autres critères...

- Non mais après ça explique pourquoi on te voit souvent traîner avec la princesse de la lignée Grave, en ce moment, ajouta Al-Ryanis qui venait subitement d'arriver dans la conversation en compagnie de Titou et Alexandre, elle a totalement le profil d'une Amazone en moins surchargé de muscle, juste que ses muscles sont bien définis.

- Mais c'est vrai ça, fit remarquer Titou, qu'est-ce que fait le champion d'une princesse avec une autre princesse ?

- Il doit s'y sentir comme chez lui, railla l'homme-lynx, après tout, il ne faut pas oublier qu'avant d'être le champion de la fée aptère, il n'était qu'un prisonnier humain qui devait amuser la galerie de nous autres citoyens de Sylvania.

Dans ces dernières paroles et dans les rires qui s'en suivit, il sentit une pointe de mépris de la part de ses interlocuteurs. Était-il en train de se moquer des origines modestes du Héros et des habitants des Basfonds ?

Le Héros ne dit rien.

Si la Fée l'avait invité, ce n'était pas pour qu'une bagarre éclate comme lors du festin organisé par la reine où Thoosa a trouvé la mort.

« ...peut-être qu'on pourrait devenir... ami ! »

Revoir ses mots issus de son journal intime le hantait. Maintenant qu'elle était morte, il faisait encore plus d'efforts pour être amis avec des gens qui avaient l'air de le mépriser... Qu'est-ce qu'il fichait, bon sang ? Son rôle n'était pas de faire ami-ami avec ces gens, il devait juste remplir sa promesse et aider les habitants des Basfonds... Mais il ne pouvait pas faire semblant d'être hostile à la venue d'autrui dans sa vie étant donné le nombre de personnes qu'il côtoyait à Vicenti – ils n'étaient pas nombreux, mais assez pour qu'on ne le considère pas totalement comme une personne aimant la complète solitude.

- Donc la princesse aptère des Basfonds t'intéresse, Nalo-vace ? demanda Jacob, j'avoue qu'elle est jolie. Moi, je ressens pas le dégoût qu'ont les fées pour leurs semblables sans ailes, mais faut dire qu'elle ne laisse pas indifférent. Je pense qu'elle fait jeu égal avec la Fée.

- Sérieusement ? Pour toi, cette malpropre peut faire jeu égal avec une fille du Sanctuaire, surtout issu de Java-Aleim ? dit Heyasaïn.

- Pourquoi pas ?

- Je ne te comprendrai jamais. Cela doit être tes gênes de nain qui t'aveuglent.

- Hé ! Comment ça ?

- C'est bien connu que les nains ne sont pas des exemples de beauté contrairement aux elfes, aux fées...

- Ne commence pas, Heyasaïn..., l'avertit Jacob.

- Je vois que les esprits s'échauffent, s'interposa Lin, calmons-nous, on parle juste de filles. Nous n'allons pas nous battre pour ce genre de distraction.

- Surtout qu'elle me plaît bien cette Malalalivia, dit l'homme-lynx.

- Ah oui, elle te plaît bien Grazil ? s'immisça une voix féminine.

Grazil sursauta de peur, son regard alla dans son dos et aperçut celle qui lui avait posé la question. Celle-ci lui saisit par le cou par une femme-tigre puis le souleva du sol. C'était une femme au trait humain contrairement à Grazil qui avait complètement le physique de ses homologues animaux. Elle avait de belles jambes élancées et tachetées et était bien propre sur elle et avait une belle coupe de cheveux qui tombait jusqu'à la pointe de sa colonne vertébrale.

- On vous laisse deux minutes discuter entre mâles et vos esprits vagabondent en s'imaginant pouvoir nous tromper.

- Personnellement, je suis célibataire, dit le Héros.

Et de nombreux hommes l'approuvèrent en hochement de tête.

- Toi, je n'ai rien à te dire, dit la femme-tigre, occupe-toi de ta princesse sans ailes au lieu d'entraîner mon fiancé dans des conversations de gueux.

Puis elle s'en alla en tirant Grazil par la queue pendant que celui-ci les suppliait du regard.

Le Héros soupira.

Bien qu'il s'amusât en la compagnie de ces jeunes gens, tout lui faisait comprendre qu'il n'était pas à sa place parmi eux, il s'amusait bien mieux lorsqu'il vagabondait avec les amis de la Fée à Haute-Ville qu'en restant avec ces nobles. Malalalivia avait sûrement raison : c'était une fête de nobliaux... et lui, bien que la reine le considérât comme son fils, il n'en était définitivement pas un.

C'est la Fée qui le sortit du fil de ses pensées en lui tapotant l'épaule.

- Puis-je vous l'emprunter quelques instants ? Après tout, je l'ai quand même invité pour m'amuser avec lui. Je vous le ramène plus tard.

Elle le souleva du sol et l'emporta avec elle en lui agrippant le bras.

Ils se baladèrent dans un coin un peu plus reculé de là où se trouvait l'ensemble de la foule et commencèrent à discuter.

- Alors cette fête te plaît ?

- Bien sûr, mentit le Héros avec enthousiasme, j'ai pas encore eu le temps de jouer aux fléchettes ou aux cartes, mais c'est cool !

- J'en suis ravie. Même si... Non rien ! Vous aviez l'air de bien vous amuser entre hommes, dit-elle en le taquinant en lui mettant des coups de coude dans les côtes.

- On a eu des discussions très... intellectuelles, si je peux dire.

- Savoir qui a les plus gros mamelons parmi les rares femmes de la garde royale ?

- Tu nous as entendus ?

- Tu crois que mes oreilles pointues sont des décorations, rit-elle, il me faut bien ça pour communier avec la nature qui nous entoure.

- Je pensais qu'il n'y avait que les elfes qui avaient une ouïe surdéveloppée, en plus de leur vision accrue...

- Hé non ! Mais nous en avons une autre utilité que ce qu'ils en font. Comme je te l'ai dit c'est pour communier avec la nature et ses esprits qui nous entourent.

- Je croyais que tu n'y croyais pas.

- Aux dieux du panthéon, oui, mais je ne peux pas nier l'existence des esprits de la nature, surtout que c'est grâce à eux que nous pouvons capter plus amplement l'essence magique qui nous entoure.

- C'est intéressant, mais vu que je suis incapable de sentir une quelconque once de magie, je les entendrai jamais.

- Comme la grande majorité des humains, mais ce n'est pas grave. Si tu avais acquis des compétences magiques, tu aurais juste dû utiliser des artefacts ou des talismans.

- Je vois. J'avoue que ça m'aurait été utile lors de mes combats dans l'arène, même s'il m'en reste juste trois.

- Oui, trois, puis après...

Et tous les deux se turent et s'esquivèrent du regard. Il en parlait tout le temps mais n'avait jamais abordé le sujet avec elle, et elle, elle s'était déjà posée la question et devinait, étant donné la rancœur que portait le Héros pour le Némésis, qu'il prendrait la poudre d'escampette dès que l'occasion se présenterait.

Devaient-ils aborder le sujet ? Maintenant ?

« ...ça nous permettra de nous rapprocher ! »

Avec tout le temps qu'ils avaient passé ensemble, ils n'avaient pas tellement appris à se connaître, distraits par leurs devoirs respectifs. Il serait peut-être temps d'y remédier.

Le Héros voulut prendre l'initiative, mais ce fut la Fée qui le devança, il lui laissa donc la parole :

- Tu te souviens lorsque tu es venu chez moi et qu'on a un peu parlé religion, tout ça...

- Oui, dit le Héros avec un ton dubitatif.

Il se serait attendu à des questions beaucoup plus personnelles que cela. Mais bon, la foi est bien quelque chose de personnel, non ?

- Tu as dit que tu avais d'autres raisons de croire que ta mère, qu'est-ce que tu voulais dire par là ?

Mais il avait dit ça sur un coup de tête sans réfléchir, il n'aurait jamais cru qu'il devrait apporter une quelconque réflexion sur celle-ci ou la développer concrètement.

- Ma mère vient d'un lieu bien plus loin que l'horizon obscur qui pourrait se trouver face à nous si nous sortions du royaume, elle vient du continent d'Eden. Là-bas, tout y est bien plus dangereux qu'ici, qu'il s'agisse des Hommes, des Féériques, des monstres, des créatures magiques, des événements météorologiques...

- Elle vient carrément d'un autre continent ? Je m'étais fait à l'idée qu'elle avait toujours vécu ici comme toi.

- Je te l'ai déjà dit : j'ai un peu voyagé, bien gré mal gré moi ! Même si je n'ai jamais dépassé l'ancien monde... Pour revenir au sujet principal, tu vois, elle, elle ne vivait sans aucune once de répit avec sa sœur, entre les guerres, les mercenaires et autres joyeusetés des terres hostiles comme celles de là-bas. Et pourtant, selon ce qu'elle m'a raconté, y a pas qu'ça là-bas, il y a de superbes coins. Par exemple, des champs de tournesoleils !

- Des tournesoleils ?

- Des plantes extraterrestres qui absorbaient la lumière de l'OVNI de notre planète, ce qui produisait une magnifique lumière autour d'elle comme si le soleil se trouvait sur Faiyeria Tierra. Et à ce qu'on raconte, apparemment, elles brilleraient encore aujourd'hui. Mais toi qui as tant voyagé, tu y es jamais allée ?

- Malheureusement non..., se désola la Fée, j'aurais bien voulu mais c'est un coin où Lily ne s'est jamais lors de nos voyages. Après je n'ai pas tant voyagé que ça, il fallait toujours qu'on revienne ici, sur les terres de Kano puisqu'apparemment c'est vraiment un coin sûr... Je crois ?

- On dirait qu'il te plaît pas cet endroit rempli de volcans, rit le Héros.

- Glousse bien..., siffla-t-elle entre ses dents en lui mettant un coup de poing dans l'épaule.

- Allez, je reprends ! Là-bas, elle y a fait la connaissance d'un prêtre qui lui a enseigné la religion chrétienne et depuis ce jour, elle a vécu en priant en espérant des jours meilleurs et pour qu'elle accède au Paradis, sa sœur, ses amis et elle. Jusqu'au jour où elle est devenue l'héroïne de la légende et se doive de quitter sa sœur dont elle s'occupait seule, de ses amis et des habitants de son village. Elle a parcouru le monde entier, façon de parler, enfin je crois pas qu'elle s'est déjà rendu au-delà de l'ancien monde... Jusqu'à ce qu'on se rencontre et je l'ai suivie dans ses préceptes, sauf que moi, à la différence d'elle, je prie pour l'instant présent, pour que Dieu me pardonne le mal que j'ai fait, que je fais et que je ferai, pour atténuer les fautes que j'ai commises, je ne pense finalement pas au Paradis alors que selon la Bible, c'est un endroit merveilleux où la paix y règne mais je pense pas...

Le Héros eut un temps d'arrêt, le temps d'un instant, il se rendit compte de ce qu'il allait dire. La conversation tournait déjà à la morosité, il n'allait pas non plus plomber l'ambiance de sa fête.

- « ...mais, je ne pense pas... » ? demanda la Fée.

- Bah, je viens d'oublier.

- Quel menteur, tu fais !

- Je te jure que j'ai oublié, insista le Héros, juste que, en résumé, si je peux apporter du bien autour de moi pour contrebalancer le mal que je fais, ça me fait plaisir ! Même si, on me le rend pas tout le temps...

- Tu serais prêt à te sacrifier pour le bien des autres comme le Messie ? demanda la Fée.

- Sûrement.

- Quitte à ce que ça te coûte la vie ?

- Bah c'est un peu mon rôle en tant que héros, dit-il avec un sourire pince sans rire.

La Fée soupira.

- Je comprends un peu mieux ce que tu penses dans ta petite tête. Même si je ne pense pas vraiment comme toi.

- Ah bon ? Tu penses comment ?

- Je ne me vois pas me sacrifier pour les autres. Je pense avoir assez donné à la naissance pour faire un tel acte. La vie est tellement longue que se sacrifier pour autrui est pour moi un acte de pur égoïsme envers ton Créateur comme tu l'appelles. Grand bien leur fasse s'ils veulent le faire pour moi, mais moi je tiens trop à ma vie pour cela.

- Le sacrifice ? Un acte de pur égoïsme ? Un peu surprenant comme façon de penser, je t'avoue.

- Toi aussi, tu ne me comprends pas ? s'indigna la Fée, pourquoi je me donnerai la mort pour autrui alors que des tas de fées n'ont pas eu l'occasion de vivre, qui ont perdu la vie inutilement à cause d'une mauvaise rencontre, ou je ne sais quoi ?

- Pourtant, en tant que reine, tu vas devoir te donner corps et âme pour ton peuple.

- La reine Audisélia n'est pas vraiment un exemple pour nous autres, l'interrompit la Fée, c'est vrai qu'elle se démène pour nous, qu'elle travaille d'arrache-pied, mais elle est bien l'une des seules, voire la seule, à faire autant de zèle dans son travail. Les autres, elles confiaient toutes les tâches à leurs ministres et pour les plus vaillantes partaient à la guerre, mais je n'en fais décidément pas partie, se gaussa-t-elle, parfois, j'envie la lignée Grave, celle du Quatrième Roi-Combattant, dont il ne faut surtout pas parler, mais bon, tu as tué Triface, donc il ne risque plus d'apparaître inopinément pour nous tirer les oreilles. Être hors de la cour de la reine, des responsabilités de celle-ci, pouvoir me balader dans qu'on n'attende rien de moi, jouer dans la crasse et la boue...

- Je pense pas que ça soit une place très enviable, Princesse ! s'énerva le Héros, et décide pas seule des fardeaux que portent les autres sans même les connaître !

La Fée se figea devant la colère du Héros, elle n'aurait jamais cru qu'il puisse s'énerver ainsi sur elle. Elle ne voyait pas ce qu'elle avait dit de mal, et pourtant, son regard était furieux et son corps se tendait. Elle recula d'un pas en arrière, c'était bien la première fois, depuis qu'elle l'avait connu, qu'elle réagissait comme ça.

Le Héros se tendit et s'excusa pour sa réaction, il ne tenait pas à l'énerver. La Fée se rapprocha de lui et ils continuèrent leur route tout en marchant.

- Désolée si j'ai dit quelque chose de mal.

- C'est rien.

- En es-tu sûr ? demanda-t-elle craintivement.

- Oui. Reprends ce que tu disais.

- Euh... Hé bien, je voulais dire que finalement, je ne voulais que le trône pour obtenir mes ailes. Je n'ai jamais fait preuve de courage, ni pour moi, ni pour mes amis, ils ont toujours été là pour moi, pour me défendre et je ne vois pas pourquoi cela changerait. Après tout, c'est en cela que consiste une suite d'une princesse, n'est-ce pas ? Surtout toi qui es mon champion et gardien.

- Je ne sais pas, je suis pas une princesse.

- Bah je te l'apprends, lui répondit-elle en lui tirant la langue.

Le Héros ignora sa provocation et ils avancèrent encore, pendant que la Fée reprit son explication.

- Cela étant, je ne me vois pas en droit de changer l'ordre établi comme veut faire l'autre fée aptère. Les règles et les lois sont ainsi et, je pense que si elles ont été établies c'est bien pour une raison. Nous devons juste nous y conformer, c'est pour ça que je tiens tellement à devenir la reine de Sylvania pour être comme les autres fées. C'est tellement insupportable d'être si différente d'elles ! Elles qui peuvent voler au-dessus des toits de nos villes, pendant que je ne peux que les observer depuis le sol ou des fenêtres des bâtisses qui nous entourent...

En entendant cela, le Héros se remémora les longues journées où il ne pouvait se rendre à l'école à cause de son état déplorable et qu'il ne pouvait qu'observer les autres enfants jouer alors que lui devait rester à l'église. Parfois, il s'enfuyait dans les jardins pour les observer de plus près, à travers les grilles. Il croyait bien que c'était un de ces jours de fuite qu'il avait croisé le regard de Zelda. Cela devait être juste après qu'elle était venue lui rendre visite.

- Je te comprends, c'est rageant de ne pas être comme les autres, mais peut-être que c'est en se différenciant d'eux qu'on arrive à être plus proche d'eux et devenir qui on veut être.

- Tu penses ? lui demanda la Fée, à l'écoute des suppositions du Héros.

- Je sais pas. Je suppose. Lors de mes voyages, je me pose tant ces questions puisque je fais pas vraiment ami-ami avec les gens, du moins pas les personnes que les gens côtoient d'habitude...

Et que t'exècrerais sûrement, pensa le Héros.

- Après c'est à toi de savoir, poursuivit le Héros.

- Je vais... je vais y réfléchir...

La discussion devenant beaucoup trop sérieuse et l'air beaucoup trop électrisé entre le Héros décida de changer de sujet rapidement.

- T'as encore ton livre sur le royaume de chat, là ?

- Bien sûr ! Tu veux le lire ?

- Ouais, ça me changera un peu de ce que je lis en ce moment. À peine je t'en parle, tu t'extasie, rit le Héros, c'est ton histoire préférée ?

- Oui ! Je la trouve super captivante et très émouvante. Et toi, c'est quoi ton histoire préférée ?

- Moi ? Hé bah, j'y ai jamais trop réfléchi. On parle bien de livres juste avec des mots ?

- Oui.

- Bah, on va omettre celui de la quête des boules de cristal... Je dirai... Alice au pays des merveilles.

- Ah ! Et ça raconte quoi ?

Et là le Héros se lança dans un long monologue racontant presque toute l'histoire du livre de Lewis Caroll, parlant des mésaventures aux péripéties d'Alice, de sa rencontre avec le chapelier fou, du gros chat qui disparaissait ne laissant apparaitre que ses yeux et son sourire...

- Mais ça ne serait pas toi, ça ? brailla la Fée.

- Maintenant que tu le dis...

Et tous les deux éclatèrent de rire.

- Faudra que tu me fasses lire ce livre, un jour.

- La dernière fois que je l'ai lu, j'avais même pas dix ans donc si je le trouve dans la Bibliothèque Universelle de Vicenti, je te l'amènerai, lui promit-il.

Paroles en l'air.

- Ça me rappelle qu'il y avait une chanson que j'adorais lorsque j'étais plus jeune, ma mère me la mettait tout le temps dans un holo-baladeur et je m'endormais avec.

- Et c'était quoi la chanson ?

- Je crois que ça commençait par « Pas à pas... »... Rah je m'en rappelle plus ! Après, c'était dans une langue morte étrangère.

- Te ficherais-tu pas un peu de moi, héros de la légende ? s'interrogea la Fée.

- Même pas en plus, se défendit le Héros, tu aurais pu profiter de ma voix de choriste.

- Parce que toi tu as été un chanteur ?

- Bien sûr, tu crois quoi ? se vanta le Héros.

Et leur discussion constellée d'anecdotes concernant chacun leurs vies respectives se poursuivit jusqu'à ce qu'ils retournent auprès de leurs amis.

Malheureusement, ils trouvèrent face à eux un spectacle des plus déplaisants : d'autres Féériques qui étaient venus harceler les leurs, renversant des boissons sur eux, leur balançant des mottes de terres au visage à coups de pieds, de pattes et de sabots, sous les éclats de rire et leurs visages déformés par la haine et le mépris.

L'un d'entre eux attrapa par les cheveux Jacob et l'amena face à lui :

- Vous croyez ça drôle d'amener l'opprobre sur nous en discutant joyeusement avec cet humain ? Surtout à une fête qui nous est réservée ? Non seulement il pue le paria mais c'est aussi notre ennemi ! C'est un sale humain !

Un autre Féérique enchaina de coups Jacob, en le tabassant à grands coups de sabots dans le ventre.

- La reine peut très bien l'accepter que nous, nous ne l'accepterons jamais comme l'un des nôtres.

Puis ils découvrirent que le Héros et la Fée s'approchaient d'eux.

- Mais qu'est-ce que nous avons là ? Le déchet féérique et son animal de compagnie humain. Vous êtes allés vous reproduire entre anomalies derrière un arbre comme les bêtes que vous êtes ? se moqua le noble.

Le Héros remontait déjà ses manches pour lui flanquer une rouste dont il se rappellerait toute sa vie. Il détestait par-dessus tout qu'on s'en prenne aux autres à cause de lui ! S'ils avaient un problème avec lui qu'ils le règlent comme des hommes ! Mais la Fée le retint en tirant l'arrière de son habit pour qu'il se retienne.

- C'est vrai que j'ai dit que tu dois me défendre, mais je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose non plus.

- Je suis le héros de la légende ! Qui peut se dresser contre moi ? s'exclama furieusement, je laisserai personne terroriser les autres à cause de moi !

Tu es sûr de ça ? dit une voix au fond de son esprit.

Celle-ci était hilare d'entendre la colère de son ennemi naturel. Le Héros l'ignora copieusement et s'avança vers ces persécuteurs pour les envoyer dans les sous-sols hospitaliers du royaume pour un bon petit moment.

Cependant, la Fée continua à le tirer vers elle pour qu'il n'aille pas se battre, elle tenait absolument qu'il ne provoque aucun conflit.

Il la savait craintive, et elle l'était encore plus actuellement, mais ce genre de comportement était abominable à ses yeux. Pourquoi s'en prendre à eux alors qu'il était là ?

Finalement, il calma ses ardeurs et abandonna son idée de se battre contre eux.

Les harceleurs se moquèrent de lui et crachèrent par terre en le croisant, toutefois, l'un d'entre d'eux s'approcha trop près du Héros en grimaçant, et d'un coup rapide, le Héros lui mit une pichenette dans la joue lui explosant une molaire. Il se jeta par terre et se tordit de douleur.

- Sois heureux : d'autres s'en sont pas sortis aussi facilement pour moins que ça.

Ensuite, le Héros alla voir les amis de la Fée pour savoir s'ils allaient bien. Bien qu'ils l'affirmassent, il ressentait une certaine rancœur à son égard.

Si Al-Ryanis était resté, il aurait pu les défendre, pensa le Héros.

Le Héros, dépité par la situation, partit s'asseoir loin des autres pour se ressourcer, seul dans son coin – mais surtout pour ne pas dévoiler l'immense colère qui bouillonnait en lui.

Les relations sociales se compliquaient vraiment pour lui...

S'il avait la faculté de la reine, il saurait comment réagir face à ces regards et ces paroles dont il ne pouvait deviner la sincérité.

Et puis...

Il y avait cette discussion avec la Fée : faisait-il le bon choix de la mettre au pouvoir ?

Ce genre de choses se reproduiront et rien ne changera !

Peut-être devrait-il rejoindre pleinement la cause de Malalalivia ?

Mais la plus grande raison de cette réflexion était qu'il avait compris que malgré tout l'amour qu'il pouvait lui porter, le Héros était bien trop différent de la Fée... et qu'il se rapprochait beaucoup plus de la fée aptère des Basfonds que celle du Sanctuaire. Malgré cela, cela devait-il lui faire cesser toute discussion avec elle ?

Il ne le savait pas...

Dans ce genre de moments, il regrettait l'absence d'Astéron. Il savait déjà quelles remarques dégueulasses il lui ferait mais derrière toute cette immonde beauferie, il saurait lui dire quoi faire et lui expliquerait... la suite logique de ce genre de réflexion.

La Fée, elle, était perdue face à la réaction de son champion.

Elle n'avait pourtant rien dit de foncièrement mauvais à l'égard de la fée aptère des Basfonds.

Peut-être qu'il s'en était réellement amouraché comme supposaient ses amis ? Ou qu'elle oubliait assez souvent qu'ils n'étaient pas issus de la même classe sociale ?

Mais cette dernière phrase, elle le savait déjà et elle ne lui en avait jamais tenu rigueur. Rentrait-elle-même en ligne de compte ?

Alors, il devait sûrement aimer cette fée plus qu'elle, ceci expliquant pourquoi il passait beaucoup de temps avec elle qu'avec sa princesse...

Et pourquoi elle s'en inquiétait, d'ailleurs ?

Il n'avait aucun compte à lui rendre à ce niveau-là !

Bon, il est vrai qu'elle était intervenue dans son projet avec Acamélia... mais cette fée de la lignée Grave n'était aucunement une dévergondée comme l'était Acamélia !

Alors pourquoi s'en inquiétait-elle ? Ce qui lui rappella qu'avec tout ça, elle avait oublié de lui parler de Lucello...

L'extirpant de sa réflexion, Jacob rejoignit le Héros de façon impromptue. Celui-ci n'était pas si mal en point qu'il l'aurait cru.

Les nelfs ont les reins solides, pensa le Héros.

- Encore désolé de ne pas vous avoir défendu ou d'être la source de vos ennuis, s'excusa le Héros.

- Ce n'est point grave. Nous avons déjà l'habitude de ce genre de chose de la part des autres nobles depuis bien plus longtemps que lors de ton arrivée.

- Pourtant, les autres avaient plutôt l'air fâché contre moi...

- Ils t'en veulent parce que tu n'es pas intervenu mais j'ai vu que c'était la Fée-Sans-Ailes qui t'en a empêché et elle a eu bien raison. Même si tu es sous la protection de la reine, on ne sait comment les nobliaux peuvent se venger sur toi ou les tiens, lui expliqua-t-il.

- C'est vrai, maintenant que tu le dis...

Surtout quand une grande part d'entre eux font partie de la légion de Marrynélia...

- Es-tu prêt pour le combat de demain ? demanda Jacob.

- C'est déjà demain ? s'en étonna le Héros.

- Hé oui !

- Je l'avais même oublié tellement cela a été si long entre celui-ci et le précédent.

- Tu as eu plus de choses à faire aussi : entre les activités, les sorties, les entraînements...

Combattre une secte malfaisante, nourrir les plus démunis, se faire remonter les bretelles parce que je suis le héros de la légende...

- C'est vrai.

- En plus, je serai ton adversaire dans l'arène.

- Sérieux ?

- Hé oui !

- On pourra s'allier dans l'arène alors ?

- J'y comptais bien, rit Jacob.

- Alors souhaitons-nous bonne chance mutuellement et que le meilleur gagne pour sa princesse, dit le Héros.

Et tous les deux se serrèrent la main en se promettant de s'entraider avant de se chamailler gentiment sur le futur vainqueur de leur combat.

Nonobstant, le lendemain matin, à neuf heures trente-deux du matin, alors que l'éclat ciel était d'un brillant étincelant et qu'une partie des habitants s'était donné rendez-vous pour voir cet énième combat pour le trône, au cœur de l'arène, aux yeux de tous, on put y trouver deux corps à moitié morts sur le sol et Jacob qui se tenait devant le Héros pour le protéger avec son bouclier. Mais celui-ci était percé de partout, le corps couvert de plaies fumantes et de brûlures vives, à l'instar de sa protection. C'était comme si des tirs lasers les avaient frappés de plein fouet.

Ses blessures furent si grandes qu'il cracha du sang avant de s'écrouler au sol, se tordant de douleurs face à leur adversaire.

Le Héros n'avait pu qu'assister, impuissant, à la défaite de son ami contre cet ennemi d'un nouveau genre.

- Toi ! hurla le Héros, toi, tu vas me le payer !

- Amène-toi, arme faiyera-terrarienne !

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