Et il apparut…

21 minutes de lecture

Personne n'avait revu Nalo depuis sa sortie de l'hôpital.

Sawyer et lui ne s'étaient plus entraînés en haut de la tour étant donné que les dernières semaines de du chef des Saints de la Reine étaient occupées par sa visite du Protectorat Sombre avec sa troupe, ce qui intensifia la présence de la Défense tout autour du royaume et en son sein, surtout que des ambassadeurs de royaumes sympathisants Féériques étrangers allaient bientôt arriver pour la finale des cinq princesses finalistes et de nouvelles infrastructures devaient être créées pour les accueillir.
Cependant, la reine n'étant toujours pas rentrée du Protectorat Sombre, ni ses compagnons, le rôle de gérer l'organisation et le bon déroulement du tournoi revenait donc aux ministres. Ce rôle revint précisément à Caemgen Lestild – que vous connaissez déjà –, ministre des Festivités, Darzan Mopops – une femme fée dure avec tout le monde mais qui adore le chocolat et qui est donc dévastée et aigrie de ne pas pouvoir s'en procurer car ils ne sont plus aux Amériques –, ministre de l'Intérieur et Grizz Unitas Bersaj, ministre des Affaires Étrangères – un sasquatch dévergondé doublé d'un alcoolique notoire qui se devait de travailler bien que tout son corps respirât la fainéantise. Au début de la mise en place de l'ouverture du pays au monde, personne n'y avait cru jusqu'à que cela se réalise vraiment, en conséquence, le sasquatch se retrouva sous une montagne de travail alors qu'il avait accepté le poste pour faire semblant d'avoir un travail auprès de sa famille noble comme ses prédécesseurs qui s'étaient mis à ce poste avant lui – qui allaient devoir montrer patte blanche à toutes les autres nations et conclure certaines alliances, en renouveler d'autres et en briser encore d'autres suite à la transition.

Ils étaient peut-être une nation nomade, mais une nation comptant parmi ses membres encore vivants, de précieux soldats, un puissant esprit protecteur, une congrégation d'archimages, une tortue géante et l'équivalent d'une bombe atomique dans ses premières heures – si on ne compte pas la faculté de la nation à se téléporter d'endroits en endroits sans jamais pouvoir se faire rattraper comme si elle disparaissait de tous les radars.

Toutefois, certains des ambassadeurs, voire des princes et des rois étaient venus en personne – en avance, mes amis ! – assister au déroulement des combats dans l'arène. En fin de compte, il était sensé de se dire que ce tournoi participait à la démonstration de puissance des jeunes générations au sein du royaume Féérique, montrant qu'il valait mieux faire des alliés d'Audisélia que d'appartenir à ses ennemis.

Dans les Basfonds, Malalalivia avait réussi à négocier un écran magique d'assez grande pour qu'une partie de la population nécessiteuse puisse assister à l'un des combats de l'un des bienfaiteurs de ce quartier miséreux. Elle avait entendu dire que le Héros avait préparé quelque chose de fou pour se confronter face à cette chose végétale qui les avait tous défaits en un clin d'œil lors de leur précédent affrontement, et si ce tour qu'il préparait était vraiment fou, elle avait plus que hâte de l'observer en action.

Nalo-vace, montre-moi que tu ne démérites pas ton titre.

Les spectateurs s'installaient dans les gradins pour assister à la demi-finale de ce tournoi qui allait confronter deux anomalies de la nature l'une face à l'autre pour le destin du royaume de Sylvania.
Les princesses et leurs champions s'installèrent à leurs places attitrées. La Fée n'avait eu aucun contact avec le Héros depuis sa défaite, elle avait su seulement quelques temps plus tard qu'il s'était rendu au chevet de Jacob et des autres combattants - même ceux des précédents combats ayant eu à affronter cette chose – pour s'excuser. Autant pour Jacob, elle comprenait, autant pour les autres c'était une totale interrogation. Plus le temps passait, plus elle ne se sentait plus en phase avec le Héros qui lui semblait distant dernièrement, et Beneltig qui était porté disparu depuis un mois, ses parents lui avaient assuré qu'il allait bien, il se chargerait des jeunes fées diplomates où se trouvait le petit-frère de la Fée, Kemiale.

- Tu t'en fais encore pour ces deux-là ? lui demanda Lucello en lui prenant le menton.

Le vampire s'avachit juste à côté d'elle, là où devrait se trouvait son champion, sous le regard méfiant des autres fées et des autres champions.

Vraisemblablement, il n'avait reçu aucune blessure de son exposition à la lumière du jour et même actuellement, il n'en subissait pas, il paraissait juste avoir le teint beaucoup plus pâle qu'à l'obscurité.

La Fée soupira et hocha la tête.

- Ne t'en fais pas, ce sont des gaillards très occupés, quoi qu'il arrive ils seront là en temps voulu, et sinon je suis là pour toi.

- Merci, c'est gentil de ta part.

Mananélia Diasiré, positionnée en arrière des autres fées et Féériques, regarda les deux « amis » discuter et commença à marmonner quelques quolibets à l'égard de la fée aptère.

- Qu'est-ce qui ne va pas encore, Mana ? lança Al-Ryanis.

- Regarde-la cancaner avec cette tige de soja blanchâtre comme si elle n'avait pas déjà d'autres hommes pour elle, s'énerva-t-elle silencieusement, on dirait qu'elle ne s'inquiète pas de la disparition de son champion et de son amant.

- On lui a assuré qu'ils allaient bien. Pourquoi en faire tout un plat ? Et depuis quand t'inquiètes-tu de l'humain ou de Beneltig ?

- Je n'en ai rien à faire de Beneltig ! réfuta-t-elle, c'est juste que la voir roucouler avec un autre homme montre bien la perversité de cette garce ! radota-t-elle en tapant du poing sur l'accoudoir de son siège, toutefois en ce qui concerne Nalo, il a plutôt intérêt à pointer le bout de son nez s'il ne veut pas que tu lui refasses le portrait.

- Je me serais plutôt attendu que cela vienne de toi mais je ne suis pas totalement en désaccord avec ta proposition, mais j'ai confiance en ce garçon. Et je sais que vous aussi, après tout, n'est-il pas dans vos bonnes grâces puisque vous avez continué à lui apprendre à faire du cheval malgré votre haine inextinguible de la fée aptère ?

Mananélia grogna en croisant les bras et détournant le regard de la Fée et de son invité, puis se détendit et avoua qu'elle n'avait plus la même haine envers le Héros que lors de leurs précédentes rencontres.

- Même si cela est fastidieux de lui apprendre à monter à cheval, sa compagnie ne me déplaît guère, et il a l'air d'être un bon « humain ».

- Je peux vous l'assurer : il l'est. Juste un peu taiseux sur les bords mais lorsqu'on aborde un sujet auquel il porte de l'attention son regard s'illumine d'une lumière étincelante.

- J'ai remarqué aussi.

- Alors ne t'en faites pas, Jacob aura sa vengeance.

Pendant ce temps, Tadzi refit encore une fois, comme à son habitude depuis le début du tournoi – et même des hostilités avec le combat entre le Héros et l'homme-lézard mutant Jordan Makzaze –, une entrée spectaculaire, mais cette fois-ci au travers d'une illusion le montrant en train de chevaucher un baleineau avant d'atterrir au milieu du stade en surfant sur une vague – un véritable prestidigitateur ce slime.

- Salutations chers concitoyens !

La foule cria tout son soûl à la prise de parole de Tadzi.

- Moi aussi, je suis content de vous voir ! J'ai une bien assez mauvaise nouvelle, ceci ne concerne pas nos combattants mais la reine...

Les spectateurs furent pris de court à l'énonciation d'un malheur concernant à leur reine bien aimée. Les diplomates et autres rois se mirent à parler entre eux à l'entente de cette nouvelle.

- Ne vous inquiétez pas, il ne lui est rien arrivé, les rassura-t-il.

Un énorme soupir de soulagement se fit entendre dans toute l'assemblée et les diplomates étrangers se turent – une occasion manquée de s'emparer de la nation Féérique et de toutes ces personnes pouvant être vendues à bon prix ?

- Mais elle ne pourra pas se présenter auprès de vous durant ce combat, c'est aujourd'hui qu'elle doit revenir mais elle aura possiblement un peu de retard. Cependant, cela ne gâche en rien les réjouissances organisées par Caemgen notre ministre des Festivités.

Tout le public l'applaudit et celui-ci leur répondit avec un lent salut. Comme à son habitude.

- Ce match est l'un des premiers de la demi-finale et il semble être le plus sensationnel étant donné ce que m'ont rapporté ces petites mouches sur mes épaules, ricana-t-il joyeusement, nous aurons en ce beau début d'après-midi deux monstres de foire surpuissant en face à face.

La Fée grommela en entendant que le présentateur traitait encore son ami de monstre alors qu'il avait prouvé à maintes reprises qu'il n'en était pas un, Lucello la calma en lui touchant la main, en lui susurrant de prendre sur elle et en lui rappelant qu'il ne fait que son travail de chauffeur de salle. Alors elle lui obéit, prit sur elle et ne dit rien.

Mais brusquement, elle reçut un projectile à l'arrière du crâne, elle se retourna promptement à la recherche du lanceur et vit à quelques mètres, sur un siège plus haut que le sien, une fée rousse avec d'énormes taches de rousseur sur le visage qui agitait des pierres qu'elle générait à travers son mana.

- Mon monstre des étoiles va écraser le tien et le renvoyer d'où il n'aurait jamais dû sortir : des enfers !

- Il n'est pas un monstre, Jigalénélia ! réfuta ardemment la Fée, et il va gagner et anéantir ton champion.

- C'est beau l'espoir. En même temps, c'est tout ce que tu as pu avoir depuis que tu es née, pauvre enfant...

D'un simple levé de main, Lucello intima à la fée rousse à la robe violette scintillante de se taire et celle-ci s'exécuta en soufflant du nez et en faisant disparaître ses pierres.

- À ma droite, une créature non identifiée qui a démontré sa puissance fabuleuse durant ses précédents combats et qui a mis en déroute la formation de quatre champions en un temps record. Il s'agit de nul autre : Clandra-ζ !

Un grand arbre fleuri apparût sur le terrain et de son tronc en sortit le Treeman faisant mine de bailler et de se gratter l'arrière de ce qu'on pourrait appeler sa tête.

- À ma gauche, ayant éprouvé le fer à de nombreuses reprises, ayant farouchement combattu des créatures et des hommes tout aussi vils et puissants que lui, à l'aura meurtrière incandescente, aux yeux étincelants de malfaisance et à la peau maudite ! L'Homme qui a su abattre un à un ses adversaires jusqu'à rencontrer son maître en la présence de Clandra-ζ, voici venu le sobrement surnommé par les habitants : Nalo-vace !

Le slime tendit sa main en direction des cellules à sa gauche, la grille s'ouvrit et... personne n'en sortit. Le slime allongea sa tête jusqu'à la cellule et ne vit personne, les gardes lui signifièrent que personne n'était venu, puis il la ramena jusqu'à son corps.

- Euh... Hé bien, il semble que notre cher autre combattant soit absent.

Stupeur dans le public, c'est un événement totalement inattendu de la part du Héros. Aurait-il pris peur de son adversaire et abandonné le navire ?

Cette question ne vint pas tout de suite à l'esprit de la Fée ; elle connaissait son preux chevalier, il était juste en retard comme à son habitude, il allait arrivait. En courant. Et transpirant. S'excusant platement pour son retard, et le combat allait pouvoir commencer. Oui c'est comme ça que les choses allaient se dérouler.

Tout allait bien se passer...

Elle en était certaine.

Pas d'inquiétude.

Rien de pressant.

Néanmoins, les secondes défilaient créant des minutes qui elles-mêmes défilaient pour mener à la cinquième minute... et toujours aucun signe du Héros.

Tadzi avait averti qu'ils attendraient quinze minutes avant de déclarer le forfait pour le Héros et déclarer victorieux la créature végétale, ce qui avait rassuré la Fée, mais là... il n'était toujours pas arrivé !

Mais qu'est-ce qu'il fiche ?

Parmi le public princier, beaucoup chuchotaient qu'il avait dû l'abandonner voyant qu'il s'agissait d'un cas désespéré. Qui voudrait défier une telle créature aussi vive et aussi disgracieuse pour la lubie d'une fée croyant aux mensonges de la reine ? Si en plus, on prenait en compte les rumeurs affirmant qu'il se serait disputé avec elle durant le Samarin et qu'il arriverait malheur à ceux qui entacheraient cette fête avec d'insouciantes disputes seraient accablés du sceau de la disgrâce et du malheur par les dieux eux-mêmes.

La Fée serra les poings, se leva et leur hurla qu'il viendrait.

- Il ne m'abandonnera pas...

Les princesses et leurs champions éclatèrent de rire devant les vociférations de la Fée-Sans-Nom, ils se gaussaient ouvertement de la princesse.

- Qu'est-ce que tu nous fais là ? Tu te crois où ? lui envoya l'une des princesses, reste à ta place de mal-aimée muette !

- Non mais elle est folle ! A qui pense-t-elle faire peur ?

Sous les huées, elle baissa les bras et retourna à sa place. Honteuse de s'être emportée ainsi, elle rapprocha ses genoux auprès d'elle et les enserra. Tous se moquèrent d'elle, sauf ses amies qui ne pouvaient intervenir et Mananélia qui la toisait de loin, mais ne dit mot.

Les minutes passèrent et atteignirent la dizaine, et aucune entrée du Héros.

Que pouvait-il bien faire ?

Les diplomates se remirent à discuter, on leur avait parlé d'un humain surpuissant qui serait confronté à la reine et aurait eu son respect, il serait apparemment le héros de la légende et se serait mis au service d'une fée de ce royaume. Pourtant, malgré l'annonce du présentateur, aucun être humain vint fouler le sol sablonneux de l'arène. Certains se mirent à rire et à remettre en question la parole de la reine.

« Comment un dit-héros fuirait face à un ennemi qui n'est pas censé être capable de le défaire ? » dirent certains.

Toujours dans la même position, la Fée eut des larmes qui coulaient au bord des yeux de la Fée, elle renifla pour empêcher le mucus doré se trouvant dans ses narines de s'échapper. Lucello lui essuya les yeux avec un mouchoir et lui assura que le Héros viendrait, ce n'est pas le genre d'homme à se défiler au vu de ce qu'il avait pu voir.

- Surtout s'il a l'occasion de se venger...

Treize minutes et cinquante-neuf secondes, et toujours aucune présence du Héros.

Ce n'était pas normal. Parmi les mesquins et les moqueurs, des méfiants et des conspirationnistes se créèrent et ils se mirent à supposer le complot.
Certains avaient entendu parler de fanatiques s'en prenant aux enfants pour les tuer en l'honneur d'une déesse secrète, d'autres se souvinrent qu'un Fenrir rodait dans la ville et que Nalo aurait très bien pu être l'une de ses victimes.

Tadzi prit à l'écart Globox et César, et leur demanda s'ils étaient au courant d'où pourrait se trouver le Héros. Aucun des deux ne savait. Le saint chevalier avait bien envoyé des unités à sa recherche mais ils ne le trouvèrent ni sur son lieu d'entrainement, ni chez lui, ni à la plage... Mina, Lin, Jacob, Marina et Acamélia s'inquiétaient pour leur amie qui devait sans doute perdre espoir. Les parents de la Fée se serraient l'un contre l'autre, face à l'écran magique, en priant qu'il ne soit rien arrivé au champion de leur fille.

Perdant patience, des enfants se mirent à crier le surnom du Héros comme pour l'invoquer, hurlant son sobriquet, puis cela se suivit de leurs parents, puis du public tout entier. Ils attendaient la venue de cet humain qui avait combattu si vaillamment durant tout ce temps, qui était si aidant avec la population, qui portait les vieilles dames et les vieux messieurs sur son dos alors qu'il semblait avoir un emploi du temps submergé de travail. Ils crièrent tous à l'unisson, scandant « Nalo » à tue-tête sans s'arrêter.

Dans les Basfonds, toutes ces pauvres âmes se mirent aussi scander le nom qu'ils avaient donné au héros, implorant sa venue. Alors que Lelelitio était inquiet, la fée aptère des Basfonds resta de marbre, souriant devant l'attente de la venue du Héros. Elle savait au fond de son cœur que ce gars-là, qui avait combattu avec elle dans une cave exigüe, qui l'avait encouragée à lui prendre de force la Volonté Héroïque et à continuer à se battre... viendrait !

- Il n'en fait aucun doute.

Entendant que les gens appelaient son champion, la Fée releva la tête et observa la foule qui criait et tapait dans ses mains en attendant la venue du Héros, le héros qui devait se battre pour sa belle, celui devait la sauver des turpitudes de sa condition de non-ailée, celui qui devait la mettre sur le trône de Sylvania... celui pour qui son cœur se mettait étrangement à battre.

Même les champions des princesses moqueuses se mirent à scander le nom de l'humain en tapant dans leurs mains, elles ne comprenaient pas pourquoi ils faisaient cela, or ils étaient ennemis.

- L'une d'entre vous l'a-t-il déjà vu s'entraîner ? demanda l'un des champions, bien que ses combats soient courts, ce type est de la trempe des plus grands guerriers et je ne veux en aucun cas le voir perdre par disqualification.

- J'ai déjà fait un match d'exhibition avec lui et je peux vous dire que ce gars a une hargne de tous les spriggan, poursuivit un autre, je ne vois pas comment il pourrait fuir face à un défi.

- Ne prononce pas ce mot, l'invectiva l'une des princesses-fées.

- Laisse-moi, tranquille, la rembara le champion, la reine n'est pas dans le coin et Triface est mort, je peux bien complimenter cet Homme incroyable à ma façon !

Le plus surprenant vint de Mananélia qui se leva de sa chaise et scanda le nom du Héros en frappant elle aussi dans ses mains, Al-Ryanis en eut les yeux écarquillés, puis la suivit dans sa démarche. Elle lança un regard furieux à la Fée qui n'avait toujours pas participé à l'appel de son héros.

C'est vrai ! C'est à moi de l'appeler !

La Fée sortit de son état de coquille vivante, se leva de son siège et cria vers les cieux en mettant ses mains autour de sa bouche que le son fasse résonnance.

- Mon héros vient à mon secours !

Lucello observa la foule avec amusement. Il connaissait la hardiesse du Héros et ne s'attendait aucunement à ce qu'il se défile si son objectif était d'exterminer Némésis Prime et le héros de la légende qui se trouvait en lui. Si c'est cette chose qui l'arrête, qu'il raccroche directement les gants et qu'il se laisse boulotter par la corruption des Némésis comme ont pu l'être ses prédécesseurs.

Et alors que tout le monde scandait le nom du Héros à l'unisson, un grand fracas résonna dans les cieux, plus bas que le ciel ténébreux mais bien dans les airs. La foule se tut pour comprendre ce qu'il se passait. Un autre fracas plus proche retentit, plus proche cette fois-ci, on pouvait s'attendre à un tremblement de terre ou peut-être à l'éruption des volcans juste à côté, mais aucune alerte n'était lancée de la part des mages de surveillance. Puis un troisième retentit, beaucoup plus proche cette fois-ci, les spectateurs se mirent à prendre peur.

Qu'est-ce qui pouvait faire un bruit aussi affreux ?

Était-ce un avion ? Impossible, ces choses n'existaient plus depuis de bons millénaires !

Un ptéracide ? Ces trucs volants ne couraient pas les rues, surtout dans un terrain aussi inhospitalier que celui qu'est le pays de Kano.

Non... C'était bien ce que tout le monde avait demandé à corps et à cris depuis une minute.

Dans le ciel de Sylvania passa une ombre à toute vitesse, tous les habitants n'ayant que faire du tournoi observèrent cet individu volant avec effroi et ébahissement.

Un dernier boom retentit au milieu des airs, au milieu du toit du stade avant qu'un grand fracas retentisse au milieu du stade et qu'une grande masse de poussière s'élève au milieu du terrain.

- Par les cieux venteux ! Que le brouillard dégage ! Vent aquilin ! invoqua César.

Et au milieu du terrain apparut le tant attendu Héros s'essuyant le corps avec d'étranges choses brillantes aux mains et aux pieds, toujours vêtu de son emblématique capuche qui, cette fois-ci, était rouge et noir et il était en compagnie du forgeron nain Fokatino Daikis.

Tout le royaume hurla de joie à la venue du héros de la légende. C'était inespéré.

La Fée ne put se retenir au point d'en tomber à genoux, remerciant le ciel de l'avoir fait venir à temps. Tous ses proches en furent soulagés.

Lucello croisa les bras, ravi de la venue du Héros.

Effectivement, je ne me suis pas trompé sur ton compte, fils d'Elena et porteur de Moïra, sourit le vampire avec un rictus carnassier et avide.

- Vous avez demandé un héros ? demanda le Héros, hé bien, je suis au regret de vous annoncer que vous allez devoir vous contenter de moi, Nalo comme vous l'avez si bien hurlé !

Bien qu'il voulût montrer son indifférence à leurs cris de joie et à la prodigieuse ovation qui avait été faite en son honneur, il ne put réprimer un sourire, encore plus lorsqu'il leva le bras pour leur retourner la pareille.

Cependant contrairement à ce qu'avait dit la Fée, il n'était pas venu tout transpirant et débraillé en s'excusant platement, il avait réussi à soigner son entrée. Il en avait même transformé le sol en verre. Néanmoins, si on était plus observateur ou si on possédait des yeux affutés, ce n'était pas de la transpiration qu'il avait sur le visage ou sur le corps mais bien du sang.

Qu'est-ce qui avait bien pu se passer ?

Et il n'était pas venu avec ses armes habituelles mais avec des nouvelles : des sortes de gants et de chaussures griffus. Ce nouvel équipement semblait être fait de fer, d'argent et d'un autre métal violacé, un alliage des plus inhabituels.

Le nain s'abaissa sur le Héros et toucha les griffes qu'il avait au pied.

- Je pense que ça suffit, non ? Je suis déjà en mauvais état avec tous tes réglages à la con...

- Parle mieux au roi lion !

- Tu te surnommes comme ça mais je vois aucune crinière et aucun félin chez toi.

- Et pourtant, c'est grâce à qui que tu as eu l'idée de faire ça ?

- De porter un prototype d'une arme technomagique à peine réglée ? Oui, c'est bien de toi que vient cette idée.

Avaient-ils bien entendu ? Les étranges griffes brillantes et grisâtres que portait le Héros étaient de la néomagie ?

Tous les guerriers présents ne purent que sourire à l'énonciation de ce type d'arme. On leur avait dit que le Héros préparait quelque chose... ils savaient en connaissance de cause qu'ils n'allaient pas être déçus de la suite des événements. Les visiteurs étrangers étaient aussi intrigués par l'énonciation d'arme néomagique, il était plutôt extrêmement rare de se retrouver en face de l'une d'entre elles.

Clandra-ζ jetait des regards curieux à son adversaire sans pour autant faire de commentaire, il était aussi au courant que les autres que le Héros avait préparé une arme pour l'affronter, il ne voyait pas vraiment ce qu'il pourrait avoir fabriqué et maîtrisé en un mois qui lui permettrait de le contrer. Ses griffes ne lui permettront pas de palier sa vitesse réaction et celle de ses tirs.

Finalement, celui dont on raillait le nom il y a peu était source de toutes les curiosités.

- Abruti ! cracha Mina, tu nous as bien fait attendre !

- Regarde mes shoes, cela n'en vaut-il pas la peine ? se vanta le Héros.

« Shoes » ? C'est toi qui lui as soufflé ce mot ?

[Peut-être...]

Tu es insupportable !

- Je ne les porterai même pas pour un bal costumé ! lui rétorqua-t-elle.

- Parce que t'as des goûts de fientes de centaure parsemé de fientes de vasilid agrémenté de ma propre fiente ! Oui, je t'ai donné une carrière vestimentairement parlant, donc mes goûts de merde sont les tiens.

Ce qui est un affreux mensonge de la part du Héros. Aucune, je dis bien, AUCUNE personne ne voudrait avoir ce garçon en conseiller de mode.

- En plus, pourquoi je voudrais avoir l'avis d'une naine ?

Le nain Fokatino qui était passé aux mains du Héros lui frappa le pied le faisant crier de douleur.

- J'ai déjà mal à cause de tes conneries dans ton « labo », t'avais pas besoin de faire ça. En plus elle est juste à moitié naine.

- Donc tu attaques juste les nains ?

- Tu croises beaucoup de djinn toi ?

Leurs interactions firent hurler de rire le public – mais elles ne devaient pas s'éterniser, ils n'étaient pas venus voir un spectacle de clowns, ni le Héros d'ailleurs...

César descendit auprès de Tadzi et tous les deux s'approchèrent des nouveaux venus et interrogèrent le nain sur sa présence.

- C'est ma marionnette commandée à distance, j'ai même pas besoin de...

- Ça suffit, je ne parle pas à toi, l'invectiva César, déjà que tu te permets d'être en retard... en plus, dans cet état...

- C'est ma faute, monsieur l'organisateur, intervint Fokatino, on a eu de nombreuses phases de test et j'ai dû le mettre sous tranquillisant pour certaines raisons, mais ne vous inquiétez pas, j'ai un remède à son état « d'ébriété ».

Il sortit une fiole verte et l'enfonça dans le gosier du Héros. Soudain, alors qu'il semblait être saoul à cause des médicats, son état revint à son état normal et son visage s'affermit. Sa nervosité et son irritation refirent surface à la simple vue de son adversaire, son visage s'endurcit et ses yeux s'illuminèrent d'un intense rougeoiement.

- T'as fini, le forgeron ?

- Presque.

- Il va falloir, exigea César, car tu es déjà en retard, tu devrais être disqualifié...

- ... mais les « hourra » de la populace vous empêchent de déclarer mon combat forfait ? Alors patientez encore quelques secondes, vous en aurez pour votre argent.

Le nain finit les calibrages de l'arme néomagique, les griffes à ses mains firent une rotation circulaire, ensuite se remirent à leur place initiale.

- Tout est bon, lui annonça l'armurier, tu vas faire un tabac !

- J'espère...

- T'as maté tous ces documentaires animaliers et ces compétitions de glissade sur glace pour rien ?

- Bien sûr que non !

- Alors fais-toi confiance et tu gagneras. Ces trucs ne sont pas mes meilleures créations, mais il ne fait aucun doute que cette merde est la plus sophistiquée qu'il m'ait été donné de créer. En plus, nous avons reçus l'aide de l'autre archimage-là, avant qu'elle parte avec la reine...

- C'est bon, je pense, dit Tadzi, on n'a pas que ça à faire.

- Du calme, bonhomme, se défendit Fokatino.

- Non il a raison, on abuse de leur temps, il est temps de commencer. En tout cas merci vieux père.

- Pas de quoi.

Le forgeron sortit une bille de sa poche et la jeta dans les gradins ce qui l'y téléporta, et il se mit à chercher une place. César et Tadzi retournèrent à leurs places respectives, et le Héros se mit en position de combat, le dos courbé et le bras droit en avant.

- Tu penses vraiment pouvoir me combattre dans ton état sanguinolent ? le gaussa le Treeman.

- T'inquiète pas pour moi, considère cela comme un handicap de ma part, lui rétorqua-t-il.

- Très bien.

L'excitation qui émanait du Héros était palpable, la sueur au front, les nerfs tendus, ses muscles contractés, il était prêt à partir à l'attaque.

- Dis-moi quelle est cette arme particulière sur laquelle tu sembles avoir tout misé ?

- Ça ? En hommage aux documentaires que je me suis bouffé tout le mois, je les ai baptisées : « Les Griffes des Fanalis » !

- Intéressant, alors elles ont intérêt à être digne de leur nom, arme fayiera-terrienne.

- Ne fais pas de vœu que tu regretteras, l'arme extraterrestre.

Et c'est sur ces mots que le coup de sifflet retentit et que les deux monstres purent déployer l'étendue de leurs puissances. Le Treeman-ζ se fit emporter par les racines de l'arbre par lequel il était apparu, fusionna avec celui-ci, se métamorphosa en un gigantesque arbre vivant et envoya sa main en racine sur le Héros. Le Héros mit ses mains derrière lui, les lames qui lui servaient de griffes se mirent en cercles autour de son poignet, le cercle de fer qui se trouvait au milieu de son gant métallique s'illumina et projeta d'ardentes flammes qui le propulsèrent hors d'atteinte de la saisie mais le firent se vautrer à l'autre bout de l'arène s'enfonçant dans son mur.

- J'ai fait ce que j'ai pu au niveau des ajustements, désormais c'est à lui de se débrouiller, commenta le forgeron.

Le Treeman- ζ se retourna en direction du Héros qui s'était crashé contre le mur et se moqua ouvertement de lui.

- C'est ça qui devrait me vaincre ? hurla de rire Clandra-ζ, qui a pu te mettre dans le crâne qui tu aurais une quelconque chance face à moi à un mois d'intervalles ? Abruti !

D'autres mains faites de racines sortirent et allèrent saisir le Héros pour l'étriper lorsque soudain, celles-ci furent réduites en cendre et plus encore, deux énormes trous brulés apparurent sur les « cotes » de l'arbre.

- Que...

Les bras croisés, les mains en direction de son adversaire, un sourire en coin, le Héros rouvrit les yeux avec du sang qui s'écoulait le long de sa face, et se mit à ricaner. Il avait cette fois-ci prit au dépourvu son adversaire contrairement à leur dernier affrontement.

- Qui est l'abruti, l'arbre brulé ? Si tu ne te bats de toutes tes forces, tu peux déjà déclarer forfait car moi, je vais aller au-delà de mes limites.

Puis se tourna dans la direction des gradins princiers et pointa du doigt sa princesse sans remarquer la présence de Lucello à ses côtés :

- Arrête de chialer, gamine ! Quoi qu'il arrive, quoi qu'il se passe, je remplirai ma promesse et je te sauverai de ton malheur ! 

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire ImaginaryFlame ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0