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Point de vue Elijah.
La porte se referma derrière Pedro, laissant un silence épais s’installer. Je restai immobile, le couteau toujours entre mes doigts, mon regard ancré sur l’homme ligoté devant moi. Un gamin, hein ? Il pouvait penser ce qu’il voulait. Ce qui comptait, c’était que Lorenzo voit que je savais gérer la situation. Que je n’étais pas qu’un pion. Je devais à tout prix et par tous les moyens, gagner son entière confiance.
— T’as l’air sûr de toi. Je laissai planer un silence, le temps qu’il sente le poids de mes mots. Mais on sait tous les deux comment ça va finir si tu la fermes.
Je fis jouer la lame, lentement, pas besoin de précipiter les choses. La peur fait plus de dégâts quand on la laisse s’infiltrer doucement. Il inspira profondément, comme pour se donner du courage.
— Je ne bosse pour personne.
Un mensonge, je le savais et mon patron aussi. Je m’adossai à la table, prenant un air presque détendu. Ne pas montrer que ça m’atteint. Ne pas me presser.
— Écoute… Je laissai un soupir m’échapper. Moi, je m’en fous de ce que t’as fait. Mais Costa lui, déteste les balances. Si je ressors sans un nom, ce n’est pas moi qui vais te couper la gorge. Ce sera lui. Et crois-moi… Il prend son temps pour ce genre de choses.
Un frisson traversa son visage, minime mais je l’avais vu.
— Alors, dernière chance. Qui t’a payé ?
Il hésita, trop longtemps. Je poussai un léger rire en secouant la tête.
— T’es vraiment prêt à mourir pour un autre ? Je me redressai, glissant la lame contre sa joue ensanglantée. Crois-moi, il n'y a rien d’héroïque à crever ici, dans un putain d’entrepôt.
Son souffle s’accéléra. Il essayait de faire le dur mais il était au bord de la rupture. Je n’avais qu’à pousser un peu plus.
— Okay, okay, je vais parler… Sa voix trembla légèrement. C’est… Berkov. Sacha Berkov.
Je sentis une vague glacée me traverser. Berkov ? Il osait me balancer ce nom en face ? Le type avec qui j’avais organisé la partie de poker ? Soit il mentait pour brouiller les pistes, soit j’avais raté quelque chose. Et ça, Lorenzo ne le pardonnerait pas.
Je plantai mon regard dans le sien, cherchant le moindre signe d’une entourloupe. Il semblait sincère ou alors, il était vraiment très bon pour mentir.
— Si tu me racontes des conneries… Je laissai la menace en suspens.
— Je te jure, c’est lui ! Il déglutit difficilement. Il voulait des infos sur les expéditions de Costa. J’ai rien dit d’important… Juste des détails. Je te jure, putain.
Je fis un pas en arrière, le cœur battant trop vite. Si c’était vrai, je venais de foutre les pieds dans un nid de vipères. La porte s’ouvrit brutalement derrière moi. Je n’eus même pas besoin de me retourner pour savoir qui venait d’entrer. Lorenzo.
— Alors ? Sa voix glaciale me figea sur place.
Je me redressai, dissimulant l’adrénaline qui me rongeait.
— Sacha Berkov. Je le regardai droit dans les yeux. C’est lui qui l’a payé.
Un silence. Pesant. Mortel. Lorenzo s’approcha lentement, le bruit de ses pas résonnant contre les murs. Il s’accroupit devant l’homme attaché, le dévisageant comme s’il évaluait s’il valait la peine de vivre.
— Berkov, hein ? Il sourit mais ce n’était rien d’amical. Intéressant.
Je restai immobile, me demandant si j’avais bien fait de tout lui dire aussi directement. Mais je n’avais pas le choix. Mentir à Costa, c’était signer mon arrêt de mort.
— Bien joué, Elijah. Sa voix était douce, trop douce. Il se releva et posa une main lourde sur mon épaule. T’as peut-être plus de potentiel que je ne le pensais.
Il se détourna, laissant Pedro s’approcher à son tour. Je savais ce que ça signifiait. Le type n’allait pas ressortir d’ici vivant et si je ne voulais pas perdre tout ce pour quoi je m'étais battu jusqu'à présent, je ne pouvais pas intervenir.
— Tu peux partir. Lorenzo me lâcha enfin. Je te recontacterai.
Je hochai la tête, maîtrisant la tension dans mes muscles. Pas question de montrer à quel point j’étais sur le fil. En sortant, je sentis son regard me suivre jusqu’à ce que la porte ne se referme derrière moi.
Dehors, l’air glacé me gifla le visage. Je pris une grande inspiration, tentant de calmer le feu qui me brûlait l’estomac. Si Sacha Berkov était vraiment derrière cette trahison, alors j’avais mis les deux pieds dans une merde bien plus profonde que je ne l’imaginais. Un faux pas et je finirais comme ce type dans l’entrepôt.
Je sortis mon téléphone, hésitant une seconde. Qui appeler ? J’avais besoin d’infos fiables et vite. Pas question de foncer tête baissée face à un type comme Berkov sans savoir à qui j’avais affaire. Après un instant d’hésitation, je composai un numéro que je n’utilisais qu’en dernier recours. La ligne grésilla brièvement avant qu’une voix sèche ne réponde :
— T’as intérêt à avoir une bonne raison.
Je me redressai, chassant la tension de mes épaules, ce n'était pas le moment de flancher.
— J’ai besoin d’infos sur Sacha Berkov, tout ce que tu peux me trouver. Ma voix était plus dure que je ne l’aurais voulu. Et fais vite.
Un silence puis un léger ricanement me répondirent.
— Berkov, hein ? T’aimes jouer avec le feu, gamin.
— Fais pas durer le suspense. Qui il est, exactement ?
Je détestais demander des faveurs, surtout à lui mais je n’avais pas d’autres options. Ce type était un vétéran, un rat qui se faufilait n'importe où. Il avait les oreilles partout et une mémoire comme un coffre-fort. Si Berkov avait un secret, il le saurait.
— Berkov… Il soupira, comme si le simple fait de prononcer ce nom l’agaçait. C’est pas juste un joueur de poker. Ce gars-là contrôle une partie des docks. Trafic d’armes, blanchiment et pas mal de deals qu'il préférerait garder pour lui. C’est un problème. Un gros. Un poisson de la taille de Costa, tu vois le genre ?
Je serrai la mâchoire. Un rival direct, donc. Si Berkov avait organisé cette fuite d’infos, ce n’était pas juste une provocation, c’était une déclaration de guerre.
— Costa le sait ?
— Évidemment mais jusqu’ici, personne n’a osé le toucher. Berkov sait se rendre indispensable. Il marqua une pause. Si t’es malin, tu restes loin de lui. Ce type n’oublie jamais un visage.
Trop tard pour ça. Après la partie de poker, mon visage, il le connaissait déjà.
— Il y a un lien entre lui et Costa ?
Si Sacha Berkov avait des taupes aussi proches de mon patron, j’avais intérêt à le savoir.
— Pas officiellement mais… Il s’interrompit une seconde. Il y a des rumeurs. Costa et lui se croisent parfois, rien de clair mais c’est louche. Si j’étais toi, je ferais gaffe.
Mon estomac se noua. Si Berkov était impliqué, ça voulait dire que Lorenzo n’était peut-être pas aussi bien entouré qu’il le croyait. Et moi, j’étais coincé au milieu.
— Merci, Miguel. Si t’apprends autre chose, tu me le dis.
— Bien sûr. Sa voix prit une teinte plus moqueuse. Essaie juste de ne pas te faire buter avant.
Il raccrocha, me laissant seul dans l’obscurité glacée.
Je restai un moment immobile, le téléphone encore serré dans ma main. Sacha Berkov, un nom qui pesait plus lourd à chaque seconde. Je savais que Lorenzo ne me lâcherait pas tant qu’il n’aurait pas des réponses claires. Si je voulais garder ma place et ma peau, je devais comprendre ce que le russe préparait. Et surtout, jusqu’où il avait infiltré l’Antre.
Je rangeai mon téléphone et repris la route. Si je voulais avoir une longueur d’avance, je devais agir vite parce qu’une chose était sûre : dans ce jeu, la moindre erreur pouvait être la dernière.
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Les ennuis vont-ils commencés ?
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