À bout de souffle.

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Point de vue Elijah.

La tension dans l’air était palpable, presque étouffante. Nous étions là tous les deux, dans la pièce qui servait de bureau à Lorenzo. Le bruit de la ville parvenait faiblement à travers les fenêtres mais ici, tout semblait être suspendu. Tout sauf nous. Et surtout lui.

Je savais pourquoi j’étais là, je savais ce que j’étais censé faire. Sacha Berkov, le mafieux russe, était notre cible et il fallait agir vite avant qu'il n'ait le temps de réagir. Mais il y avait cette sensation, cette étrange attirance qui perturbait tout, qui brûlait sous ma peau comme une flamme incontrôlable. Je n'arrivais plus à me concentrer sur la mission, j'étais trop occupé à suivre chaque mouvement de mon patron, à sentir chaque vibration de son corps, à observer la lueur indéchiffrable dans ses yeux gris.

— Tu es sûr que c’est lui ? Demanda t-il d’une voix basse, presque une caresse, ses yeux se fixant sur moi. Il savait tout comme moi que Berkov était une menace. Mais au fond, je n’étais plus certain de savoir pourquoi j’étais là. Le travail, ou… lui ?

Je hochai la tête, mes lèvres sèches et la gorge serrée. Si jusque là nous avions garder nos distance, Costa décida soudainement de se rapprocher plus près, comme si l’espace entre nous n’était plus qu’un obstacle à franchir. Je n’avais plus la force de reculer ni même la volonté de lutter.

Il posa une main sur le dossier de la chaise où je m'étais installé, ses doigts effleurant presque la mienne. Et cette simple caresse, ce geste imperceptible, créa un frisson électrique qui me fit frémir. Mon regard se leva pour croiser le sien et là, tout s'arrêta. Un silence lourd, presque suffocant se posa entre nous. Ses yeux brillants et perçants me dévoraient sans détour, sans fard. Il n’y avait plus de jeux de mots, plus de distanciation. Juste une tension brute et dangereuse qui nous dévorais. Une connexion interdite et malsaine.

Je le sentais plus près, presque trop près. Mon cœur battait dans ma poitrine comme un tambour furieux. Mes jambes tremblaient légèrement mais je ne voulais pas qu'il le voie. Je ne voulais pas qu'il sache que ce contact, cette proximité, me perturbait plus que je n’osais l’admettre.

— Tu n'as pas l'air très convaincu, murmura Lorenzo, sa voix devenant plus grave et plus intime.

Il se pencha alors vers moi et l’air entre nous sembla se charger d’électricité. Le monde extérieur n’existait plus. Il n'y avait plus que lui et moi et il y avait cette tension. Cette flamme qui ne demandait qu’à dévorer tout sur son passage.

Je me sentais pris dans la tempête de nos corps, cet instant suspendu où plus rien n’avait de sens sauf cette attirance toxique et dévorante. Mes mains se posèrent instinctivement sur ses épaules, mes doigts se crispant un peu sur le tissu de son costume comme si j'avais besoin de le retenir, de l'empêcher de disparaître. Mais c’était futile. Il se pencha encore plus près et je pouvais sentir la chaleur de son souffle sur ma peau, comme une promesse d’inévitable.

Puis il agita lentement la tête, comme s’il ne supportait plus cette distance entre nous. Avant même que je puisse comprendre ce qui se passait, ses mains glissèrent sous mes cuisses et sans avertissement, il me souleva avec une facilité déconcertante. J’eus à peine le temps de réagir qu’il me déposait sur son bureau avec une douceur surprenante, ses mains fermes tenant mes hanches pour me guider. Son corps se pressa contre le mien et tout ce que je pouvais faire, c’était le regarder me noyer dans son regard.

Il n’y avait plus de mots. Il n’y avait plus de prétexte, plus de mission. Tout ce qui restait, c’était cette attraction dévorante, cette obsession silencieuse et cette brûlure au fond de moi qui me forçait à le désirer plus que tout. Il s'approcha lentement, presque trop lentement et je vis ses lèvres s’ouvrir légèrement, comme un appel silencieux, une promesse à laquelle j’avais peur de céder. A laquelle je ne devais surtout pas céder. J'avais un but en venant travailler ici et j'avais à présent l'impression de la foirée. De me trahir.

Et alors, comme un homme qui sait qu'il ne peut plus s'en empêcher, il m'embrassa. Le baiser arriva comme un choc, un choc qui déchira la tension déjà palpable entre nous. Il n’y eut aucune douceur, aucun préambule. Ce fut un impact brutal, un affrontement de deux volontés désireuses et incontrôlables. Ses lèvres se pressèrent contre les miennes avec une telle force que j’en perdis le souffle, comme si à cet instant il voulait me marquer, me revendiquer, effacer toute distance et toute frontière.

La chaleur qui se dégageait de son corps m’envahit immédiatement, comme un incendie que rien ne pouvait éteindre. Ses mains se saisirent de ma nuque avec une emprise ferme, presque possessive tandis que son autre main se glissait dans mes cheveux, les tirant légèrement pour m'attirer davantage vers lui. Je n'avais même pas le temps de réagir, je n'avais plus la capacité de penser. Tout en moi se focalisait sur ce baiser, sur l’intensité de sa présence, sur l’énergie brute qui passait entre nos corps. C'était une fusion, une collision des corps, des désirs, de cette attraction dévorante qui ne laissait aucune place au contrôle.

Ses lèvres étaient pressées contre les miennes avec une urgence presque violente. Le goût de ses baisers était salé, musqué et me submergeait d’une manière à la fois déroutante et addictive. La force de son étreinte me faisait perdre mes repères, mes mains cherchant instinctivement à s’accrocher à lui, à le retenir comme si je m’effondrais, comme si je me laissais engloutir par l’intensité de ce qu'il me faisait vivre. Il n'y avait rien de romantique, rien de délicat dans ce baiser. C'était sauvage. Brutal. Des lèvres qui se heurtaient, se cherchaient, se dominaient. Un échange d'énergie pure, un défi silencieux, un combat contre des émotions plus fortes que la raison.

Son souffle se faisait plus lourd, plus saccadé tout comme le mien. La chaleur de ses mains qui se glissaient sur ma peau, se frayant un chemin sous mon vêtement, ne faisait qu’intensifier cette sensation de suffocation et de danger. Chaque geste, chaque mouvement de ses mains, de son corps contre le mien me prouvait qu’il n’y avait plus de place pour autre chose que lui, que cette tension destructrice entre nous.

Et c'était cela, ce baiser : une explosion de tout ce que nous essayions de refouler. Une passion brûlante et dévorante mais destructrice. Il me marquait. Pas seulement de ses lèvres mais de son énergie, de sa présence et tout autour de nous s’effondrait. La mission. Le travail. Tout devenait insignifiant dans l’urgence de cet instant. J’étais perdu. Complètement pris dans le tourbillon de ce qu'il éveillait en moi.

Je n’avais jamais ressenti une telle intensité, une telle envie de tout abandonner, de tout risquer. C'était l'instinct qui prenait le dessus, qui détruisait tout sur son passage. Il m’embrassait comme si sa vie en dépendait, comme si tout se jouait dans ce contact, dans cette friction. Une passion brutale, sans contrôle, comme si nous étions prêts à tout sacrifier pour cette seule vérité : nous étions là, ensemble, perdus dans ce baiser dévastateur.

Et dans cette lutte entre désir et raison, je savais que je m'étais déjà laissé engloutir. Toutes mes pensées se dissolvaient, tout disparaissait dans mon esprit excepté lui et moi. Ses lèvres se pressèrent contre les miennes avec une force étrange mais merveilleuse et je perdis toute notion du temps. C’était comme si le monde entier avait disparu autour de nous. Tout ce que je savais, c’était que l’odeur de son parfum boisé, la chaleur de son corps ainsi que le goût de ses lèvres me rendaient fous.

Et moi… Moi, je me laissais aller. J’étais perdu. Complètement perdu entre le désir insensé qui me consumait et la réalité. Je savais pourquoi j’étais là mais au fond, je ne savais plus.

Mon cœur battait trop fort. La chaleur de son corps contre le mien, son souffle qui se saccadait, tout cela me submergeait. La passion et la peur se mélangeaient dans un tourbillon qui m’empêchait de réfléchir. Je voulais reculer mais je n’y arrivais pas.

Tout ce que je savais, c’était qu’il ne me lâcherait pas. Et moi non plus.

Après ce baiser, un silence lourd s’installa dans la pièce. Un silence que ni l’un ni l’autre n’osait briser. Je sentais son regard peser sur moi, me transperçant mais moi, je n’arrivais plus à tenir le sien. Les battements de mon cœur résonnaient à mes oreilles et chaque souffle que je prenais semblait me bruler les poumons. C’était comme si je venais de tomber dans un abîme, un gouffre dont je ne pouvais plus sortir. Tout ce que je savais, c’était que ce que nous venions de faire, ce que je venais de faire, n’avait rien de rationnel, de contrôlé. C’était un acte d’impulsion, un abandon total à quelque chose qui ne me ressemblait pas.

Mais c’était plus que cela. C’était un piège. Un piège dans lequel je m’étais laissé tomber. Un piège que lui, Lorenzo Costa, m’avait tendu avec une facilité déconcertante et je m’étais laissé prendre sans réfléchir, sans me battre. Un instant de faiblesse, peut-être. Ou quelque chose de plus profond, une attirance malsaine et interdite que j’avais tenté d’ignorer mais qui venait de tout engloutir.

Lorenzo n’avait rien dit après le baiser. Il ne m’avait même pas poursuivi du regard. Mais moi, je sentais ses yeux brûler sur ma peau, encore chauds, encore lourds. Je ne pouvais pas rester là plus longtemps.

Je détournai le regard, me levant précipitamment de son bureau, une panique sourde me serrant la gorge. Il y avait quelque chose de dangereux dans cette situation, quelque chose que je ne comprenais pas et que je n’étais pas prêt à affronter. Je n’étais pas ce type. Ce n’était pas ce que je devais être ici. J’étais là pour une mission, pour infiltrer ce monde, pour découvrir ce que Costa cachait. Pas pour me perdre dans ce tourbillon de désirs, de promesses et de feux brisés.

Je me laissais faiblement glisser du bureau, fis quelques pas en arrière puis je me retournai brusquement, fuyant la pièce sans même lui accorder un dernier regard. Je savais que c’était stupide, que c’était un acte de faiblesse mais je n’arrivais pas à supporter cette chaleur qui brûlait encore sur mes lèvres, cette empreinte de sa présence qui me dévorait. Chaque fibre de mon corps me hurlait de m’échapper, de quitter cette pièce avant que je ne sois complètement englouti.

Une fois dans le couloir, je me laissai tomber contre le mur, ma respiration hachée. Mon esprit était en feu. Comment avais-je pu en arriver là ? Qu’est-ce qui m’avait poussé à céder à cette attirance aussi irrationnelle qu’intense ? Ce n’était pas moi. Ce n’était pas ce que j’étais censé être.

Le regard de Lorenzo restait gravé dans ma mémoire, une flamme chaude et insupportable, un regard qui m’avait piégé, m’avait marqué. Je savais que tout venait de changer. Que tout avait changé et pourtant, malgré cette peur, malgré cette culpabilité grandissante, une partie de moi se sentait vivante d’une manière que je n’avais jamais connue. Mais je ne pouvais pas accepter ça. Je ne pouvais pas laisser cet instinct me guider. Pas dans ce monde. Pas avec lui. Pas avec Lorenzo Costa.

Je fermai les yeux un instant, essayant de reprendre le contrôle de mes pensées mais je savais qu’il ne partirait pas. Pas maintenant. Pas après ce baiser. Et plus je me battais contre l’évidence de ce que je ressentais, plus il devenait impossible de lui échapper.

J'avais fauté. Lourdement fauté et je ne pouvais plus revenir sur mes pas. Malheureusement, chaque acte avait ses conséquences. Je venais de m'enlisais dans quelque chose qui me dépassait.

Je m'éloignai du mur, la tête encore en feu. Chaque pas que je faisais semblait plus lourd que le précédent, comme si mes jambes étaient ankylosées par l’angoisse qui m’étouffait. Je ne pouvais plus fuir indéfiniment. Je savais que ce qui venait de se passer n’était qu’un début, une porte ouverte vers quelque chose que je n’avais ni l’intention de comprendre, ni de maîtriser. Mais cette porte était déjà ouverte et j’étais déjà trop loin pour reculer.

J’atteignis l’entrée de l’Antre d'Or sans même y penser, mes mains encore tremblantes. L’air frais de la rue s’engouffra dans mes poumons mais il n’arrivait pas à dissiper la chaleur qui continuait de me consumer de l’intérieur. C’était comme si je portais l’empreinte de son regard partout où je regardais, comme si sa présence, cette tension palpable entre nous, m'avait envahi au point de m’en rendre incapable de penser clairement.

Je m’arrêtai un instant dans la rue, les mains crispées sur mes poches, les yeux fixés sur le sol. Cette attirance… C’était tout ce que j’avais redouté et c’était aussi tout ce que je ne pouvais plus ignorer. Je pouvais ressentir son souffle chaud contre ma peau, la douceur de ses lèvres à peine effleurées contre les miennes. Ce baiser m’avait pris au dépourvu, me laissant vulnérable et perdu.

Pourquoi ce baiser ? Pourquoi maintenant ? Et comment avais-je pu y céder aussi facilement alors que je savais qu’il n’était qu’une distraction, un piège qu'il m’avait tendu ? Mais c’était aussi bien plus que cela, n’est-ce pas ? C’était comme si cette attirance nous tirait l’un vers l’autre, irrésistible et peu importe combien je tentais de résister. Il y avait quelque chose en lui… Quelque chose qui me déstabilisait, qui me rendait faible.

Je secouai la tête, essayant de chasser ces pensées. Non, je ne pouvais pas céder à ça. Je devais garder les yeux sur l’objectif. Tout ce que je faisais, tout ce que j’étais avait un but. J’étais là pour Lorenzo Costa, pour percer ses secrets et exposer son monde au grand jour. Je n’avais pas le droit de me laisser distraire, surtout pas par lui.

Mais alors pourquoi me sentais-je aussi en prise avec ce qu’il m’avait fait ressentir ? Pourquoi ce désir brûlant n’était-il pas simplement une faiblesse mais une nécessité en moi, un feu qui ne cessait de grandir ?

Je pris une grande inspiration en essayant de calmer mes nerfs. Il fallait que je me ressaisisse. Il fallait que je reste concentré. Mais alors que je me dirigeais vers mon appartement, une pensée me frôla l’esprit : si ce baiser avait été un piège alors pourquoi était-il resté là, impassible ? Pourquoi n’avait-il pas profité de la situation pour me manipuler encore plus ? Il n’avait pas agi comme si tout ça faisait partie de son plan. Il semblait presque… Humain pour un court instant.

Je m’arrêtai à l’entrée de mon immeuble, la porte de l’appartement qui m’attendait derrière. Une partie de moi voulait m’y réfugier, fermer les yeux et oublier cette journée, oublier ce que j’avais ressenti. Mais l’autre partie… L’autre partie était encore suspendue à ce regard que Lorenzo m’avait lancé après le baiser, à cette tension qu’il avait laissée derrière lui. Il m’avait laissé la porte ouverte pour un autre jeu, un jeu dont je ne comprenais pas encore toutes les règles mais qui semblait me happer de plus en plus chaque seconde.

Je me laissai tomber sur le canapé une fois rentré, la tête pleine de tourments. J’étais dans une situation dont je ne savais plus sortir et tout ce que je ressentais, tout ce que j’avais vécu avec lui commençait à se mélanger dans un tourbillon que je ne pouvais plus contrôler.

Je savais que je devais faire face à mes choix mais plus le temps passait, plus il devenait évident que peut-être, je n’avais plus la moindre idée de ce que je faisais ici.

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Bien le bonjour ! Je reviens avec un nouveau chapitre et j'espère avoir vos retours !

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