Entre méfiance et désir.

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Point de vue Lorenzo.

La nuit est tombée depuis quelques heures sur Las venturas et je suis assis dans ma voiture, garée devant son appartement. La lumière de l’immeuble d’Elijah brillait faiblement derrière mon pare-brise d'une lueur discrète et presque insaisissable. J'aurais dû rentrer chez moi et oublier cette histoire mais je n’y arrivais pas.

Depuis ce baiser.

Je fermais les yeux, m’appuyant contre l’appuie-tête. Je revoyais encore la façon dont Carter m'avais regardé juste avant que tout ne bascule, ce mélange de défi et de fragilité. Je n’avais pas prévu ça, ce n’était pas dans mes plans et pourtant, j'avais cédé comme un idiot. Je détestais ça, je détestais perdre le contrôle et lui, il avait ce don dérangeant pour faire en sorte que tout me glisse entre les doigts.

Mais ce qui me hantait vraiment n’était pas seulement ce baiser, c’était ce qu’il me cachait.

J'étais loin d'être naïf, je connaissais les gens, il le fallait dans mon milieu. Tout le monde avait un masque et Elijah… Il jouait son rôle à la perfection. Trop bien, même. Ce sourire tranquille, cet air détaché derrière lequel il y avait quelque chose. Quelque chose qu’il ne montrait pas. Une part d’ombre que je devinais aisément sans pouvoir l’attraper.

Mais autre chose m'obséder, c’était ce qu’il faisait dans mon bureau aujourd'hui. J'aurais pu croire à un malentendu mais mon instinct me hurlait qu’il y avait plus. Une raison. Une vérité qu’Elijah s’efforçait de cacher. Et plus j'y pensais, plus cette idée s’enfonçait en moi comme une écharde. Je devais savoir parce que dans ce monde, les secrets pouvaient tuer. J'étais parfaitement bien placé pour le savoir, moi qui était devenu le Roi. Je rouvris les yeux, mon regard dur se posant à nouveau sur les fenêtres sombres de chez lui.

Qu’est-ce qu’il me cachais ?

J'avais déjà commencé à chercher des réponses discrètement. Quelques coups de fil, un regard sur les registres et même avec Rocco qui l'avait suivit... Mais rien de concret jusqu'à maintenant. Pourtant, je savais qu’en creusant assez profond, je finirais par déterrer la vérité et j'étais prêt à tout pour l’obtenir. Seulement, il y avait cette barrière invisible qui me réfrénait un peu. Cet effet que Carter avait sur moi, cette attirance sombre et inévitable qui me tirais inéluctablement vers lui. Ce n’était pas juste physique, même si le souvenir du goût d’Elijah sur mes lèvres me hantait encore, c’était plus insidieux. Plus dangereux. Il éveillait en moi quelque chose que je pensais avoir enterré depuis longtemps. Une faille. Une envie de comprendre et de posséder tout ce qu’il dissimulait derrière ses sourires en coin et ses silences calculés. C’était un jeu auquel je n’aurais jamais dû jouer mais maintenant que je l'avait commencé, je ne pouvais plus l’arrêter. C'était trop tard.

Un soupir m'échappais alors que je tapotais nerveusement le volant. Ce baiser aurait dû rester un accident, une erreur mais je savais que ce n’était pas aussi simple parce qu’à l’instant où j'avais goûté à Carter, j'avais su que j'en voudrais plus.

Beaucoup plus.

Et c'est ce qui était encore plus dangereux, pour nous deux.

J'inspirais profondément et mis le contact, mon esprit déjà occupé par la prochaine étape. Si Elijah me cachais vraiment quelque chose, je le découvrirait. Peu importe le temps que cela prendrait, peu importe les conséquences parce qu’une fois que je voulais quelque chose, je ne lâchais jamais prise. Pas avant de l'avoir obtenu.

Je m'étais toujours méfié des hommes. Pas seulement parce que j'avais grandi dans un monde où la trahison était monnaie courante mais aussi parce que j'avais appris à la dure que, même ceux en qui vous aviez le plus confiance pouvaient planter un couteau dans votre dos. Comme lui me l'avais fais.

Ce soir-là, la pluie battait sur les vitres sales d'un entrepôt abandonné dans les bas-fonds de Naples. J'avais 19 ans à peine, le visage encore marqué par la jeunesse mais les yeux déjà endurcis par la vie dans les rues. Je me tenais debout, Antonio à mes côtés. Pour moi, il était plus qu’un simple ami , il était le frère que je n'avais jamais eu. Nous avions grandi ensemble, survécu aux mêmes dangers, partagé la même faim et les mêmes rêves de grandeur.

— Tu es sûr de cette affaire ? Avais-je murmurer, mes yeux fixant le coffre de la voiture devant nous où une mallette pleine de billets sales nous attendais.

Antonio hocha la tête, un sourire rassurant sur les lèvres.

— Fais-moi confiance Enzo, ce type est réglo. C’est notre chance de monter d’un cran.

Mais quelque chose clochait. Je sentais cette tension sourde, cette atmosphère électrique qui précédait une tempête et pourtant, j'avais décidé de faire confiance à Antonio, comme je l’avais toujours fait.

Quand l’acheteur était arrivé, une silhouette trapue avec des cicatrices traversant son visage, j'avais sentis immédiatement le danger. L’échange commença mais les mots étaient hachés, trop formels. Puis tout avait basculé. Les hommes de ce mec avaient dégainés leurs armes et avant que je n’ais le temps de réagir, Antonio s'était tourné vers moi, le visage marqué par une culpabilité dévorante.

— Je suis désolé Enzo, murmura-t-il, son arme pointée sur moi.

Le monde autour de moi s'était écroulé soudainement. Chaque souvenir d’enfance partagé, chaque plan que nous avions élaboré ensemble, chaque rire échangé… Tout cela n’avait été qu’une illusion.

— Tu m’as vendu… Pour quoi, Antonio ? Pour un peu plus de fric ? Avais-je lancé, une colère froide dans la voix.

Antonio avait détourné les yeux, incapable de soutenir mon regard.

— Je n’avais pas le choix, ils ont menacé ma famille…

Sa tirade m'avais fais éclaté de rire. Un rire amer, presque hystérique.

— Ta famille ? Je suis ta famille ! Tu aurais pu venir à moi, je t’aurais protégé !

Les hommes autour de nous commençaient à s’impatienter. L’un d’eux fit un pas en avant mais je fus plus rapide. Dans un mouvement fulgurant, j'attrapais l’arme qu’Antonio pointait sur moi et dans la confusion, tirait sur l’un des assaillants avant de m’enfuir dans l’ombre.

Cette nuit-là, j'avais appris deux leçons  malgré moi. D’abord, ne jamais faire confiance aveuglément même à ceux que vous aimiez. Ensuite, la loyauté était une arme à double tranchant.

Antonio survécut également mais il ne fut plus jamais le même. Je l'avais laissé derrière moi comme un fantôme du passé que je n’évoquais jamais. Pourtant, chaque fois que je pensais à cette nuit, un frisson glacé me parcourait l’échine. C’est à partir de ce moment que j'avais bâtit mon empire sur la peur et la domination, déterminé à ne jamais plus me laisser trahir. Et pourtant aujourd’hui, en observant Carter, j'avais sentis cette même vulnérabilité s’infiltrer en moi, cette même possibilité qu’un homme puisse être à la fois un allié et une menace. Mais cette fois, j'étais prêt.

Le lendemain, je fis jouer mes contacts et des dossiers apparurent. Des traces infimes mais bien présentes. Elijah n'était pas aussi transparent qu'il voulait le faire croire. Un ancien employeur disparu des radars, des paiements irréguliers, des zones d'ombre. Je serrais les mâchoires en parcourant les informations. Ce n’était que le début mais je tenais une piste que je suivrais jusqu’au bout.

Plus tard dans la journée, je croisa ma petite souris par hasard dans les couloirs du casino. Son regard accrocha le mien une fraction de seconde de trop. Je le vit hésiter puis détourner les yeux, comme s’il sentait la pression invisible que j'exerçais sur lui.

— Tu fuis quelque chose ? Lançais-je, la voix basse se faisant presque un murmure.

L'expert financier releva la tête, masquant son trouble sous un sourire léger.

— Je ne pensais pas que tu étais du genre à poser autant de questions.

Il avait enfin finit de me vouvoyez, à ma demande certes mais je préférais cela. Ce n'était pas comme ci nous n'avions pas eu un petit moment d'intimité dans mon bureau, il y a peu... Un silence s’étira entre nous, lourd et électrique. Je m’avançais, réduisant la distance.

— J’aime connaître ceux qui m’entourent.

Je sentais la tension dans l’air, une tension que je cultivais délibérément. Nous jouions à un jeu dangereux mais ce qu’ignorait Elijah, c'est que j'étais bien meilleur que lui à ce jeu-là et je comptais bien le lui prouver.

Ce soir-là, je retournais chez moi plus tard que prévu. Les informations que j'avais récoltées tournaient en boucle dans mon esprit. Une absence de traces concrètes, comme si quelqu’un avait effacé des pans entiers du passé de Carter et pourtant, quelques failles devaient bien subsistaient quelques part.

Assis dans l’obscurité de mon salon, un verre de whisky à la main, je laissais mes pensées dériver. J'aurais dû être plus sur mes garde dès le départ. Elijah avait cette manière trop fluide de se fondre dans le décor tout en restant insaisissable, comme s’il voulait qu’on le voie mais jamais de trop près.

Je finis par poser mon verre, mon cœur battant un peu plus fort. Cette histoire était loin d’être terminée.

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Bien le bonjour tout le monde ! J'espère que vous allez bien ?

Voici la suite de mon histoire, en espérant qu'elle vous plaises =)

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