Collision fatale.

7 minutes de lecture

La nuit était douce, parfumée d'un mélange de basilic et de vin rouge qui flottait encore dans l'air tandis que nous traversions le parking. Sous la lumière tamisée des réverbères, je suivais Lorenzo jusqu'à sa voiture, une berline noire élégante garée un peu à l'écart. L'air était épais, chargé d'une tension que je ne parvenais plus à ignorer. Lorsque mon patron déverrouilla les portes, j'hésitais une fraction de seconde avant de m'installer côté passager. Mon cœur battait trop vite, cognant contre ma cage thoracique comme pour me rappeler à l'ordre. Je n'avais rien à faire ici. Je ne devrais pas désirer cet homme et pourtant, quand il s'installa à mes côtés et referma la portière dans un claquement sourd, toute rationalité s'effrita.

Le silence s'étira une seconde de trop puis sans prévenir, Costa se pencha vers moi. Sa main gliss sur ma nuque, chaude et ferme, m'attirant contre lui. Nos lèvres se frôlèrent avant de se heurter dans un baiser fiévreux. Une décharge électrisante me traversa, brisant les dernières barrières que je m'obstinais à dresser. La bouche de Lorenzo était brûlante et impérieuse, réclamant plus que je ne devrais céder.

Un frisson violent me parcouru alors que j'ouvris la bouche sous l'assaut. La langue du mafieux effleura la mienne, un jeu de pouvoir où je me surprenais à vouloir plier. Mes doigts tremblaient quand je m'accrochais au col de sa chemise, cherchant un ancrage alors que je me perdais dans ce baiser aussi dévastateur qu'enivrant. Chaque mouvement était un brasier et je sentais la poigne de Costa se resserrer sur ma nuque, me maintenant captif, incapable de fuir.

Mais aurais-je véritablement envie de m'éloigner ?

Un instant pendant lequel tout ce qui comptait, c'était la chaleur de ce corps contre le mien, la façon dont les doigts de mon patron glissaient jusqu'à ma taille pour m'attirer plus près. Ma raison hurlait que j'étais en train de franchir une ligne que je ne pourrais plus effacer. J'étais censé le faire tomber, pas me consumer entre ses bras. Mais la logique s'effaça quand Lorenzo mordit doucement ma lèvre inférieure, provoquant une vague de chaleur qui se répandit dans mon ventre. Je basculais la tête en arrière sous l'intensité, la respiration saccadée. Je sentais mon propre contrôle m'échapper, un glissement lent et irréversible vers l'incertitude.

Puis quand Costa se recula enfin, le regard sombre et brûlant, je luttais pour retrouver mon souffle. Mes pensées n'étaient qu'un chaos incandescent. Comment étais-je supposé détruire cet homme alors que je le désirais si désespérément ? Et si au lieu de démonter son empire, c'était moi qui était en train de me faire détruire, morceau par morceau ?

La nuit s'installait doucement sur la ville, étirant des ombres longues et menaçantes sur l'asphalte. Lorenzo quitta le parking du restaurant italien d'un geste maîtrisé, la main droite sur le levier de vitesse et l'autre négligemment posée sur le volant en cuir. À sa droite, je m'enfonçais dans le siège passager, détendu en apparence mais mon regard trahissait un tourbillon de pensées. Une étrange tension planait encore entre nous, un mélange d'adrénaline, de méfiance et de cette connexion qu'aucun de nous ne voulait vraiment nommer.

— Tu sais, murmura Costa en me jetant un regard furtif, il y a quelque chose chez toi que je ne comprends pas. Mais je finirai par le découvrir.

Je ne répondis pas, le regard perdu dans le vague. Le moteur ronronnait avec une puissance contenue, glissant entre les rues désertées. Le parfum boisé de Lorenzo imprégnait l'habitacle, une fragrance aussi maîtrisée que l'homme lui-même. Mais malgré son calme apparent, quelque chose changea. Un imperceptible raidissement de ses épaules suivit d'un silence plus pesant. Je fronçais les sourcils, ne comprenant pas tout de suite ce qui provoquer ce léger changement de comportement chez lui.

— Quoi ?

Mon patron ne répondit pas immédiatement, son regard s'attardant dans le rétroviseur, traquant une silhouette de phares qui nous suivais depuis plusieurs rues. Je le remarquais à mon tour en suivant son regard.

— On nous colle au train, déclara-il finalement, le ton aussi tranchant qu'une lame.

Je me retournais brusquement, une pointe d'anxiété perçant ma façade. La voiture derrière nous roulait trop près. Beaucoup trop près à présent qu'elle nous avait rattraper, roulant à une vitesse inquiétante. Un gros SUV noir qui avait débarqué de nulle part.

— C'est qui ?

— On va le savoir. Dit-il, les mâchoires serrées, concentré sur la route.

D'un geste fluide, Lorenzo accélèra, serpentant à travers les avenues mais la voiture nous suivis, implacable. Les phares blafards s'accrochaient à nous comme un prédateur patient. Puis sans prévenir, elle accélèra brusquement et percuta l'arrière de notre voiture dans un choc sourd.

— Putain ! Grondais-je en m'agrippant au tableau de bord.

Costa serra la mâchoire et maîtrisa la glissade grâce à ses réflexes aiguisés. Son regard noir s'assombrit encore, froid et calculateur.

— Accroche-toi.

La Berline rugit lorsque mon patron enfonça l'accélérateur. Les rues défilèrent dans un flou de néons et de lampadaires vacillants. Chaque virage était un défi, chaque ligne droite une invitation au danger mais l'autre véhicule ne lâchait rien. Elle revint plus agressive et nous heurta une nouvelle fois, plus violemment. L'impact fit crisser les pneus sur l'asphalte, la carrosserie trembla sous le choc mais Lorenzo tenait bon, les jointures blanchies sur le volant.

— Ils veulent nous envoyer dans le décor ! Sifflais-je, cédant presque à la panique.

— Pas ce soir, répondit Lorenzo, la voix glaciale.

Les rues étroites de la périphérie de Las Venturas devinrent un champ de bataille. Mon patron zigzaguait, esquivant au possible leurs attaques mais nos assaillants semblaient déterminés. Une collision latérale envoya notre voiture dériver violemment vers la chaussée. Je m'agrippais désespérément à ma ceinture et sentis mon cœur battre à tout rompre. La peur prenait le pas sur la raison, je ne souhaitais pas particulièrement mourir ce soir.

Un carrefour approchait et Lorenzo prit un virage serré à gauche, rasant de près une rangée de poubelles qui volèrent sous l'impact mais nos poursuivants étaient toujours là. Plus rapides. Plus déterminés que jamais à mettre fin à nos vies. Un troisième choc, plus brutal, me fis sursauter. La Berline dérapa, Lorenzo tenta de la rattraper mais la trajectoire devint incontrôlable. Un camion déboucha d'une rue transversale et il ne put rien faire pour l'esquiver cette fois. Le bruit de la collision fut terrifiant. Notre voiture s'encastra violemment dans le flanc du poids lourd, le métal hurlant sous l'impact.

L'airbag explosa en un souffle assourdissant et la tête de mon patron heurta violemment l'appuie-tête. Quant à moi, je fus projeté contre la portière et je sentis une douleur déchirante me traverser la poitrine. Un goût métallique ne tarda pas à envahir ma bouche tandis que du sang s'écoulait d'entre mes lèvres.

L'accident laissa un silence assourdissant dans son sillage. La Berline, désormais un amas de fer tordu, tremblait encore sous l'effet de l'impact. Des éclats de verre jonchaient nos genoux et dans l'air flottait l'odeur âcre de l'essence. Le silence pesant fut seulement brisé par le grésillement d'une radio lointaine et les battements sourds de mon propre cœur. Je tournais la tête vers mon patron et écarquillais les yeux en voyant son front ensanglanté, le sang camouflant à présent son œil gauche. Un morceau de la vitre l'avait coupé en explosant sous le choc de l'accident.

Il fut le premier à bouger, moi étant encore sous le choc de ce qu'il venait de se produire. Il grogna en tentant de se redresser, chaque mouvement déclenchant visiblement une vague de douleur dans ses côtes au vu de sa main posée dessus. Douleur qu'il ignora pour tourner la tête vers moi, le regard inquiet.

— Eli... Ca va ?

Un gémissement lui répondit tandis que je luttais pour garder les yeux ouverts, la respiration hachée et douloureuse. Du sang coulait sur ma tempe, traçant une ligne sombre sur ma peau pâle.

— Ne bouge pas, ordonna t-il, sa voix rauque. On va sortir d'ici.

Mais avant qu'il ne puisse atteindre la poignée, des phares illuminèrent brusquement l'habitacle détruit. La même voiture qui nous avait percutés s'était arrêtée quelques mètres plus loin. Les portières claquèrent et quelqu'un approcha.

Lorenzo tendit la main sous son siège, cherchant quelques secondes avant de sortir une arme à feu. Il était assez prévoyant pour en cacher une dans son véhicule mais ce n'était pas étonnant de la part d'un dangereux mafieux. Ses doigts effleurèrent la crosse froide alors que des silhouettes sombres se découpaient contre la lumière crue.

— Reste avec moi, murmura-t-il de nouveau à mon attention, tout en préparant ce qui allait suivre. Si ces types voulaient nous finir, ils allaient devoir se battre pour y arriver.

Les portières s'ouvrirent brusquement, laissant entrer un souffle glacé dans l'habitacle, ce qui me fit frissonner. Trois hommes, leurs visages dissimulés sous des cagoules noires, pointaient leurs armes sur nous. Lorenzo n'eut pas le temps de réagir qu'on l'aveuglait déjà avec le canon froid d'un pistolet braqué sur son front.

— Bouge pas, ordonna l'un d'eux d'une voix rauque.

Sans attendre, les deux autres hommes se jetèrent sur moi, m'arrachant brutalement de mon siège. Je luttais comme je le pouvais, me débattant comme un beau diable avec les forces qu'il me restait, le souffle court mais un coup violent à l'estomac me plia en deux. La douleur explosa dans mes côtes et le monde vacilla autour de moi. Ma vision se brouilla et seul les sons me parvenaient encore, se faisant peu à peu de plus en plus lointain.

— Eli ! Rugit Costa, la rage crispant sa mâchoire.

Une détonation claqua dans la nuit et l'angoisse me dévora les tripes. Je ne savais pas s'ils avaient abattus mon patron ou si le coup de feu venait de son arme. L'obscurité m'engloutit et je sombrais dans l'inconscience.

○♥○♥○♥○♥○♥○♥○♥○♥


Alors, à vôtre avis, Lorenzo est-il blessé ou mort ?

Et qui sont leurs poursuivants ?

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Emma.Wilson ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0