Pression froide.

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Un frisson glacé me parcourais l'échine alors que je reprenais lentement conscience. Tout était flou. Une douleur sourde pulsait dans mon crâne au niveau de ma tempe, là où je m'étais cogné violemment. Mes côtes me faisaient mal à chaque inspiration, une brûlure étroite qui irradiait mon flanc gauche. J'avais cette désagréable impression que mon ventre était un poids mort, lourd et douloureux, là où les coups avaient frappé. Ma respiration était courte, saccadée. En bref, je n'étais pas au meilleur de ma forme.

J'essayais d'ouvrir les yeux mais tout restait noir. Un bandeau serrait mon visage, rugueux contre ma peau. Je tentais alors de bouger mes poignets mais une pression résistante m'en empêchais. Attaché, assis sur une chaise, bien évidemment. L'angoisse montait brusquement, un nœud épais dans ma gorge. Je ne savais pas où j'étais, ni même pourquoi.

Un goût de métal emplissait ma bouche alors je passais ma langue sur ma lèvre inférieure, qui était fendue. Mon cœur cognait dans ma poitrine, trop fort, trop vite. L'air était froid et humide et une odeur de moisi et de terre remontait jusqu'à mes narines. Une cave ? Un sous-sol peut-être ? Je frissonnais mais pas à cause du froid. C'était plutôt la peur qui rampait sous ma peau, sourde et paralysante. Mon esprit tentait de rassembler les morceaux. Le restaurant, Lorenzo, la voiture puis l'accident. Et après ? Des bruits de pas, une voix que je n'avais pas reconnue, la douleur puis le vide. Qui m'avais enlevé et pourquoi ? Tel était la question à un million de dollars.

Une vague de panique menaçait de m'engloutir. Je tirais sur mes liens, ma respiration se faisant plus rapide, plus chaotique. Je voulais crier, appeler à l'aide mais ma gorge était trop sèche et je n'étais pas certain que ce soit une bonne idée, au risque d'alerter le responsable de ma capture. Pour le moment, j'avais l'impression d'être seul mais je n'avais aucun moyen d'en être certain puisque ma vision m'avais été confisquer.

Hormis ma situation, un autre détail me vint en tête. Est-ce que mon patron allait bien ? L'idée qu'il puisse être blessé ou pire me serrais l'estomac comme un étau. Je détestais être impuissant, ne pas comprendre et ne pas contrôler ce qui m'entourais et ce dans quoi je m'embarquais. Chaque battement de mon cœur était un rappel brutal de ma vulnérabilité en cet instant. Je devais me calmer et prendre le temps de réfléchir. Je pourrais, avec un peu de chance, trouver un moyen de m'en sortir même si pour le moment, ça me semblais mal partit. J'étais piégé dans le noir avec seulement ma peur pour compagne.

Puis vint soudainement un bruit. Infime. Le grincement discret d'une porte que l'on pousse. Je me figeais, chaque muscle de mon corps tendu sous l'effet d'une alerte instinctive. Le froid mordant dans l’air me donnait l'impression que chaque cellule de mon corps se gelaient sous la terreur. Quelqu'un était là et je me sentais pris au piège, comme une proie sans défense dans l'obscurité. Je retins mon souffle, à l'affût du moindre mouvement, du bruit bruit suspect mais la personne restait silencieuse. J'essayais de me concentrer, de me calmer mais la peur s'installait en moi sauvagement, s'insinuant sous ma peau tout comme cette vague d'angoisse paralysante me frappa de plein fouet. Le temps s'étira, pesant, accentuant l'oppression sur ma cage thoracique. J'avais l'impression que l'attente elle-même me broyais.

Quelqu'un était entrer dans la pièce, j'en étais convainque. La présence fut immédiatement palpable, une tension presque électrique dans l’air. Puis soudain, alors que je ne m'y attendais plus, une voix grave et suave brisa le silence, me faisant presque sursauter.

— Tu es enfin réveillé.

Les mots tombèrent comme des gouttes de pluie glacées, me faisant frissonner et déglutir avec peine. Je tentais de comprendre qui j'avais en face de moi, peut-être pourrais-je reconnaître la voix. Mais cette dernière ne me disais rien, j'avais beau fouiller dans mon esprit, embrouillé, je ne me souvenais pas l'avoir déjà entendu. Alors je voulu parler mais ma gorge étant trop sèche, ma voix se cassa. Au bout de quelques secondes, je parvins tout de même à articuler.

— Qui êtes-vous ? Ma voix était rauque, plus fragile que je ne l'aurais voulu.

Une sueur froide glissa le long de ma nuque tandis qu'un rire bas, léger mais sans amusement, s’échappait de l'inconnu. Une voix que l’on pourrait trouver attirante dans un autre contexte mais qui, en cet instant, résonnait comme une menace sourde.

— Tu ne sais vraiment pas qui je suis, hein ? L'homme laissa une pause, savourant sans doute le moment, avant de continuer avec un ton presque désinvolte. Peu importe, de toute façon. Ce qui compte, c’est ce que tu sais.

Je fronçais les sourcils, tentant de rassembler mes pensées. Je me forçais à respirer calmement mais chaque inspiration était une épreuve. Chaque mot semblait mesurer, pesé avec une précision chirurgicale et je n'aimais pas ça. L'homme dégageait une certaine assurance glaciale qui me donnais la chair de poule. Mes poignets endoloris tirèrent contre mes liens mais c'était inutile. J'étais coincé. L'incertitude me rongeais l'esprit quant à ma survie.

— Que voulez-vous de moi ?

L'homme ne répondit pas immédiatement mais je pus entendre qu'il s'approchait lentement. Chaque pas était un martyre pour mon angoisse et ce n'était que le début. Un souffle chaud effleura soudainement mon oreille, provoquant un frisson involontaire le long de ma colonne vertébrale. Je me tendis sous l’effet de cette proximité.

— Ce que je veux de toi, Elijah Carter ? C’est simple. La voix de l'homme devint plus menaçante, perdant un peu de sa sensualité et gagnant en autorité. Je veux que tu me dises tout ce que tu sais sur Lorenzo Costa.

Un silence lourd s’installa tandis que ses mots étaient un poison doux qui s'insinuait en moi, me laissant désarmé face à l'inconnu. Malgré la douleur, je me redressa imperceptiblement sur ma chaise, tentant de comprendre. Lorenzo Costa. Ce nom faisait surgir une foule de pensées dans mon esprit. Le patron du casino l'Antre d'Or. Un mafieux puissant et dangereux, impliqué dans des affaires bien plus sombres que je n’aurais jamais pu imaginé. Le silence retomba, plus oppressant encore et mes yeux se fermaient un instant sous le poids de cette révélation. Puis d'un geste brusque, l'homme saisissait ma mâchoire, me forçant à relever la tête. Son souffle effleura de nouveau mon visage déformé par l'incompréhension.

— Ne fais pas l'idiot, je sais que tu es au courant de certaines choses, il y a des rumeurs. Tu travailles à l’Antre d'Or et tu as été vu avec lui, souvent. Je sais également que tu n'es pas juste un simple homme de main. Il marqua une pause, sa voix s'adoucissant presque, prenant un ton faussement mielleux. J'ai besoin de savoir où il mène ses affaires, tu peux me dire ça, n'est-ce pas ?

Je grimaçais sous la pression, la douleur irradiant ma mâchoire et je ne pus retenir un gémissement étouffé. Une nouvelle montée d'angoisse s'emparait de moi alors que je comprenais enfin pourquoi j'avais été enlevé. J'avais été vu en compagnie de Costa, j'étais devenu une cible facile. Je déglutis difficilement, essayant de reprendre le contrôle sur ma respiration et sur ma voix. Mes poings se serrèrent, mes poignets me brûlaient mais je ne cédais pas. Pas encore.

— Je ne sais pas de quoi vous parlez. Ma voix est plus faible que je ne l'aurais voulu mais je faisais de mon mieux pour ne pas laisser paraître la peur qui me tiraillais. Je n’ai rien à vous dire.

L'homme rit de nouveau mais cette fois, il n'y avait aucune trace de plaisir, seulement une menace glacée qui résonnait dans chaque syllabe.

— C’est là où tu te trompes, Elijah. Ne me fais pas perdre mon temps parce que je sais que tu connais certains détails important. Et si tu ne veux pas me dire la vérité, alors je vais devoir te montrer ce que ça coûte de mentir à quelqu’un comme moi.

L'inconnu relâcha brutalement sa prise et je me crispais en imaginant la douleur qui pourrait suivre. Mes lèvres se serrèrent mais mon esprit fourmillait de solutions. Je pouvais jouer la carte de l’ignorance, oui, mais je devais surtout semer le doute, le faire hésiter. Si cet homme voulait des informations sur mon patron, il devait comprendre que l’opération ne pouvait se faire sans une coopération et que je n'étais qu'un simple intermédiaire dans ce jeu bien plus grand que moi. Je cherchais donc un moyen de bien répondre mais mes pensées étaient empoisonnées par la peur et la douleur. Et pourtant, dans une ultime tentative, je murmurais presque à contrecœur :

— Vous cherchez des infos sur Costa mais vous ne savez même pas à qui vous avez affaire. Si vous voulez des réponses, il va falloir chercher ailleurs. Je ne suis qu’un pion sur un échiquier géant.

— Très bien, dit-il dans un murmure glacial.

Un craquement sec déchira l'air, suivi d'une vive douleur qui explosa dans mes côtes. Je me recroquevillais instinctivement, geignant sous l'impact. Puis je tentais de respirer profondément mais chaque mouvement, chaque souffle provoquait une douleur lancinante. Mes côtes me faisaient mal, ma tête tournait encore sous l’effet du choc et ma gorge était asséchée par la peur.

— Tu crois vraiment que tu vas sortir de là indemne, Carter ? Sa voix se fit plus basse, plus menaçante encore. Parce que si tu crois que tu vas me faire tourner en rond… Il s'interrompit, son regard glacial transperçant le silence. Tu te trompes lourdement.

J'entendis l'homme reculait lentement mais le poids de son regard pesait toujours sur moi, froid et implacable. Un silence lourd s’installa entre nous, comme un préambule à quelque chose de bien plus sombre. Le claquement de ses bottes sur le sol humide résonnait dans la pièce. Il fit un autre pas en avant puis un bruit métallique raisonna à mes oreilles, un bruit sourd de métal contre métal suivit d'un cliquetis. Je sentis une pression croissante dans l’air, une menace à peine contenue qui me fit frissonner malgré moi.

— Ce que tu ne comprends pas Elijah, c’est que je n’ai pas de patience. Ses mots tombèrent comme des coups de marteau. Et la patience est une vertu que tu vas apprendre à apprécier très vite, ou tu vas souffrir plus que tu ne peux l’imaginer.

Je serrais les dents. J'étais devenu une proie, un jouet dans les mains de cet homme. Je devais faire quelque chose, il fallait que j'agisse rapidement mais la douleur, la confusion ainsi que la peur, tout ça me paralysait. J'étais bien conscients qu'il n’y avait pas d’issue immédiate. Mon esprit tourné à plein régime, cherchant des réponses, une sortie, une quelconque faille que je pourrais user à ma guise.

Mais je n'ai pas le temps de réfléchir plus longtemps que j'entends l'inconnu s’approchait à nouveau. Cette fois, j'ai l'impression qu'il s’accroupit devant moi, juste à portée de main. L’odeur de son parfum entêtant qui imprégnait l’air était une étrange association avec la terre humide et la crasse de la pièce. Il s’empara de mon menton, me forçant à regarder dans sa direction, bien que le bandeau sur mes yeux m'empêchais de voir ne serait-ce que les traits de son visage. Ses doigts étaient froids mais sa prise était fermement ancrée, inébranlable.

— Si tu tiens à la vie... Commence à parler. Dit-il d’une voix calme, presque rassurante mais il y avait une menace sous-jacente dans chaque syllabe. Dis-moi ce que je veux savoir sur Lorenzo Costa.

Je clignais des yeux, tentant de garder mon calme mais je sentais la panique monter en moi. Pourtant je me forçais à ne pas céder, je ne devais pas me laisser déstabiliser. Il fallait que je prenne le contrôle de la situation, même si tout en moi hurlait de fuir, de me défendre. J'avais les mains liées mais je n'étais pas sans ressource non plus. Le mieux à faire pour l'instant était de créer un doute, une fissure dans cette certitude que je balancerais mon patron. Je laissa tomber mon regard sur le sol une fraction de seconde et reprit une inspiration lente. J'étais ébranlé mais pas brisé.

— Vous voulez vraiment savoir ? Dis-je d’une voix basse. Mais si vous croyez que je vais tout vous balancer, vous vous trompez lourdement.

Je l'entendis se redresser brusquement et d'un geste sec, il laissa tomber un objet métallique sur le sol. Le bruit fit écho dans la pièce sombre et un frisson d’horreur me parcouru l'échine. Je tremblais, la respiration hachée par la douleur. Une question tournoyait sans cesse dans mon esprit : jusqu'où cet homme était-il prêt à aller ?

— Tu ne sembles pas avoir compris, Elijah. Ses mots étaient teintés de colère, commençait-il réellement à perdre patience ? Je vais te faire dire ce que tu sais et ça, je peux te l’assurer. Si tu ne me donnes pas les réponses que je veux, je vais te briser en morceaux.

Je me tendis mais résistait pourtant à l’impulsion de me laisser emporter par la peur. Je n'avais pas le luxe de céder. Mes pensées étaient rapides et agiles, cherchant une faille dans la situation. Le piège se refermait inéluctablement mais je n'avais pas de temps à perdre à hésiter.

— Vous me surestimez. Ma voix se fit plus forte, plus assurée bien que mes muscles se tendaient sous la pression. Je ne sais rien. Et quand bien même si je savais, vous n’êtes pas celui qui obtiendrait ses informations.

Le visage de l'inconnu se rapprocha dangereusement, je le sentais très proche du mien. Le silence s'étira, lourd et menaçant. Puis d’un mouvement rapide, il porta son poing contre ma joue dans une violence à peine contenue. La douleur fut immédiate, fulgurante si bien que je sentis ma tête partir sur le côté.

— Mauvaise réponse. Me dit-il contre mon oreille, sa voix réduite à un murmure aussi tranchant qu'une lame.

Mon bourreau semblait m'observer de manière presque clinique, comme un médecin évaluerait son patient avant de faire un diagnostic fatal. Peut-être réfléchissait-il aux options qui se présentaient à lui. Puis finalement, il brisa le silence, sa voix ne devenant qu'un murmure insidieux.

— Tu n’as pas d’autre choix, Carter. Je vais obtenir ce que je souhaite. De gré... Ou de force.

Un silence s'abat, juste quelques secondes avant que l'enfoiré ne reprenne.

— Tu es plus coriace que je ne le pensais, murmura t-il. Mais ne t'inquiète pas, tu vas finir par cracher le morceau. Ce n'est qu'une question de temps.

Ses pas s'éloignèrent avant que la porte ne claque derrière lui, me laissant seul dans l'obscurité oppressante. Une respiration tremblante m'échappais. J'avais survécu à notre première entrevue mais rien ne m'assurais que ce soit le cas pour la suivante. Cependant, je n'avais pas le droit de craquer.

Pas maintenant.

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Bien le bonsoir ! Voici un nouveau chapitre. J'espère qu'il vous plairas et n'hésitez surtout pas à me donner des avis !

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