Résister pour ne pas mourir.

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Ma tête me tournais, j'avais perdu la notion du temps depuis longtemps. Mes poignets brûlaient sous les liens trop serrés et la corde râpait ma peau jusqu'au sang. Ma bouche n'avait jamais été aussi sèche, mon estomac creusé par la faim mais le pire restait l'attente insupportable. Ce silence étouffant, seulement rompu par le martèlement de mon propre cœur. Pour passer le temps, j'essayais de compter les minutes. De me raccrocher à quelque chose de concret. Mais à chaque battement, mon esprit s'égarait un peu plus. Je revoyais les visages familiers de l'Antre d'or, la lueur des jetons sur la table de poker, et... Lorenzo. Toujours Lorenzo. Ces deux baisers que nous avions échangés, cette impression rassurante que plus rien ne pourrait nous touchais...Une angoisse sourde me broya la poitrine. Je chassais toutes ses pensées, espérant pouvoir rester lucide.

Et alors que je ne l'attendait plus, un grincement brutal me fit sursauter. La porte. Il était revenu. Mes épaules se tendirent malgré moi, chaque muscle prêt à encaisser un nouveau coup, une nouvelle question, une nouvelle menace. L'homme se tenait là, juste derrière moi, une silhouette invisible mais sa présence était partout. Je pouvais presque sentir l'ombre s'étendre sur moi et grandir, me submerger. La sueur glissait le long de ma tempe, mes muscles tremblaient sous la pression mais je gardais la bouche close, refusant de montrer plus de faiblesse. Je devais rester calme. Je devais reprendre le contrôle.

L'inconnu attendait, une anticipation palpable dans l'air. Je sentais le silence s'étirer entre nous, lourd et oppressant, avant que sa voix glacée ne retentisse.

— As-tu conscience, Elijah, d'être dans une position où la vérité pourrait te sauver ? Un sourire glissa dans son timbre.

Un frisson d'hésitation me traversa mais au fond de moi, quelque chose se réveilla. Une petite étincelle de lucidité. Une option se présentait peut-être à moi : mentir, brouiller les pistes ou trouver un moyen de semer le doute dans l'esprit de mon ravisseur. Mes lèvres se desserrèrent lentement, ma voix faible sortant difficilement. Je faisais tout mon possible pour me concentrer sur mes pensées, sur l'idée que je n'étais peut-être pas encore totalement piégé. Je devais répondre. Je devais jouer ma carte.

— Vous cherchez quelqu'un d'autre, vous avez pris la mauvaise personne. Croyez-moi, vous avez tort si vous pensez que je suis la pièce centrale.

L'homme se rapprocha brusquement et je sentis aussitôt son souffle chaud contre ma nuque. Je clignais des yeux, cherchant à repousser la peur qui montait en moi, cherchant à rester concentrer. Il fallait que je trouve une porte de sortie dans cet abîme. Si seulement je parvenais à manipuler cette situation à mon avantage... Mais mon bourreau était rusé et chaque mot que je prononçais semblé creuser plus profondément dans sa psyché. Mes réponses ne devaient pas seulement être convaincantes, elles devaient créer de l'incertitude, pousser l'enfoiré à douter de ses propres certitudes. La situation n'était pas à mon avantage alors je devais me faire plus intelligent que lui.

— Et tu crois que je vais te croire, Carter ? Sa voix était désormais un murmure tranchant. Tu veux gagner du temps mais ça ne changera rien pour toi, ton sors est scellé.

Il laissa la menace s'imprimer dans mon esprit. Je sentais l'air devenir plus dense, plus suffocant. Mon ravisseur lâcha un long soupir, sans doute sa patience qui s'évaporait sous mon refus de coopérer, avant de s'éloigner d'un pas décidé. Je savais qu'il allait encore frapper et cette fois, ce serait plus sérieux. Il y avait dans l’air cette une intensité nouvelle et plus dangereuse. L’homme se mouva dans la pièce et bien vite me parvint un bruit de métal qui s’entrechoque, suivi d’un grincement sourd. Je ne pouvais pas suivre ses mouvements à cause du bandeau mais j'entendais distinctement le claquement sec d’un objet qu'il saisissait. Puis il revient vers moi sans hâte, sans précipitation, comme un prédateur qui s’approchait lentement de sa proie.

L'inconnu s’arrêta à quelques centimètres de moi et je sentis rapidement quelque chose me frôler la joue. La morsure d'une lame d'acier scintillante prête à me taillader et qui m'arracha un sursaut. Un couteau. Je retins mon souffle. Les battement de mon cœur résonner dans mes oreilles, lourd et rapide. La panique me guettais mais je refusais de me laisser submerger. L'objet de mes craintes s’abaissa lentement, effleurant mon torse, la froideur de la lame me faisant frissonner. Chaque mouvement de mon ravisseur était mesuré, comme si la douleur qu’il allait m'infliger faisait partie d’un plan calculé.

— Tu as du courage, Elijah. Sa voix était calme, presque douce mais avec un tranchant bien plus mortel. Mais tu oublies quelque chose... Il y a bien d’autres façons de faire parler un homme.

Le couteau glissa sur ma peau, effleurant cette fois mon ventre. Je retiens un frisson mais mes muscles se tendaient sous la menace. Je savais que mon bourreau pouvait briser ma résistance en un instant mais je refusais d’être le jouet de cette folie. J'étais conscient que chaque mot, chaque geste pouvait être une question de vie ou de mort. Mon esprit s’emballa, cherchant une réponse, une solution.

— Vous ne savez pas ce que vous voulez vraiment, murmurais-je dans un souffle, la voix légèrement tremblante. Vous ne voulez pas de Lorenzo Costa, vous voulez juste faire souffrir quelqu’un. Moi, je suis juste un prétexte.

— C’est drôle que tu dises ça parce qu’en réalité, tu as raison. Un rire glacé raisonna avant qu'il ne continue. Mais la souffrance, c’est aussi un excellent moyen d’obtenir des informations.

L'arme s’abaissait encore un peu et cette fois, je sentis la pression plus nette de la lame contre ma peau. La douleur fut instantanée. Une coupure nette, superficielle mais qui laissa un mince filet de sang s’échapper. Je fermais fortement les yeux, mordant ma lèvre pour retenir un cri. Le goût du métal dans ma bouche était plus fort maintenant, ma gorge nouée par la douleur. Mes pensées devenaient de plus en plus floues, la panique dévorant mon esprit. Lorsque mon ravisseur appuya plus fortement sur la plaie pour l'approfondir, le liquide carmin se mit à couler plus librement, traçant un chemin sinueux et contrastant avec la pâleur de ma peau. Je pouvais presque sentir la chaleur de ma propre vie s’échapper lentement.

Le silence ce fut lourd comme une promesse que la douleur allait devenir bien plus insupportable encore. Je fermais les yeux, me concentrant sur ma respiration erratique, sur le souffle court qui peinait à remplir mes poumons. L'idée de céder et de tout dire, me frôla un instant mais je me repris aussitôt. Non, je devais résister, tenir encore un peu.

— J’ai peut-être encore un peu de patience, dit-il d’un ton bas, presque amusé. Mais pas beaucoup. Il fit une pause, approchant la lame un peu plus près de mon visage, juste assez pour que je puisse sentir le métal froid glisser contre mes lèvres. Tu vas me dire tout ce que tu sais sur Costa. Et tu vas le faire maintenant.

Le ravisseur n’attendit même pas de réponse. D'un geste brusque, d'un mouvement précis, il trancha brutalement mon visage au niveau de l'arcade. Je ne pus réprimer un cri de souffrance tandis qu'une douleur vive explosa dans mon crâne et qu'une chaleur poisseuse dévala ma tempe. La plaie, large et profonde, me barra également l'œil droit sans pour autant l'atteindre. Le bandeau glissa de mes yeux suite à cette attaque et tomba mais il faisait si sombre que je ne distinguais presque rien. Juste quelques traits bruts, une silhouette massive, des épaules larges et cette lueur froide qui semblait me transpercer. Je serrais les dents, les mains tremblantes derrière mon dos alors que je luttais pour ne pas céder au supplice.

L’air se fit plus lourd, plus oppressant, chaque respiration étant un effort désespéré. Le couteau s’enfonça encore un peu, juste assez pour faire naître une nouvelle vague de douleur aiguë. Le métal glissait lentement, comme une promesse de souffrance continue. Il était passé aux chose sérieuses. Un cri me brûlait à l’intérieur. Un cri que j'avais envie de laisser s’échapper mais je le refoulait, l’engloutissant dans ma gorge. L’homme attendait presque trop patiemment mais je ne lâchais pas prise. Pas encore.

— Toujours aussi têtu… Murmurat-il, déçu mais aussi intrigué. Il retira lentement le couteau de ma peau meurtrie, laissant derrière lui un filet de sang. Je vais te donner une dernière chance. Parle. Dis-moi tout ce que tu sais.

Le silence régna un instant. Je pourrais craquer. Tout en moi me hurlais de tout balancer mais une petite voix, un petit instinct de survie, m'ordonnais de garder le silence. Mes yeux se fermaient brièvement et je soufflais profondément, un dernier geste pour me retrouver dans ce tourbillon de douleur. Le ravisseur lui, fit glisser le bout de l’acier contre mon cou, lentement, presque tendrement, s'attardant sur ma jugulaire. Puis il se pencha pour susurrer à mon oreille, comme une caresse malsaine :

— Si tu tiens à tes doigts, à ta peau, à tes organes, commence à parler. Dit-il alors que la pointe du couteau venait à présent se planter à quelques millimètre de mon œil recouvert de mon propre sang.

Chaque respiration que je tentais de prendre semblait m'arracher un morceau de mon être. L’odeur du sang se mêlait à l'humidité ambiante et un frisson glacé me parcouru le dos. Je pouvais entendre la respiration de l'homme, lourde et calme, attendant simplement que je plie. L’adrénaline affluait dans mes veines mais il y avait également cette fatigue extrême que je ne parvenais plus à contenir. Mon corps était à bout, mes muscles tendus mais ma volonté de résister était plus forte que jamais. Je relevais la tête, les yeux toujours bandés mais je me forçais à répondre avec un calme presque irréelle.

— Lorenzo Costa... Est plus dangereux que vous. Je ne vous crains pas, vous. Je le crains, lui. C'est pourquoi je resterais muet à vos questions... Quoi qu'il m'en coûte.

Je sentais le souffle de mon ravisseur devenir plus intense, la rage aisément palpable mais je ne fléchissais toujours pas. Je fermais les yeux, luttant contre la douleur qui semblait se multiplier. Le silence qui suivit était lourd, menaçant. Puis l'enfoiré reprit la parole, plus froid que jamais.

— Soit. Il balança l'arme qui glissa un peu plus loin sur le sol bétonné mais la menace restait palpable. Tu as choisi de t’obstiner et je vais t’aider à comprendre pourquoi c'était une très mauvaise idée.

L'inconnu se releva d'un geste brusque et partit chercher un autre objet au fond de la pièce. Une terreur nouvelle m'envahis. Ce que j'avais vu de l'homme jusque-là n'était rien comparé à ce qu’il pourrait faire maintenant. Un autre bruit de métal, une sonnerie qui grince... Quelque chose de plus lourd, de plus imposant et malgré la pénombre dans laquelle nous étions plongés, je pus distinguer la forme d'une barre de fer.

Tenant cette dernière entre ses mains, il revint vers moi avec un sourire étrange flottant sur ses lèvres. Mais ce qui me terrifia le plus fut le regard qu'il me lança. Un éclat fébrile y dansait, mélange d'excitation et de cruauté. Ses yeux brillaient d'une lueur instable et imprévisible, comme si quelque chose s'était brisé en lui depuis longtemps. Un regard trop fixe, trop intense, où la folie suintait dans chaque reflet sombre. Je savais, j'étais intimement convaincu qu'il n'aurait aucun scrupule à me massacrer avec.

— On va voir si ta résistance tient encore après ça, Carter.

La barre s’éleva dans l’air, prête à frapper. Et moi, je ne pus qu’attendre que mon terrible destin ne me frappe, mon corps tremblant sous la pression du moment. J'allais mourir ici et maintenant, dans cette salle froide et sans issue. Chaque battement de cœur résonnait comme un compte à rebours funeste. Personne ne savait où j'étais. Personne ne viendrait. Une panique sourde m'enserra la gorge et pourtant, je ne fis pas un bruit. Je ne dis pas un mot. Je ne lâchais aucune supplication. Mourir en silence valait mieux que de supplier ce salaud. Une respiration sifflante m'échappa tandis que je priais intérieurement pour mourir rapidement, espérant ne pas agoniser durant de longues heures. L'idée de sentir la douleur me ronger lentement, de perdre peu à peu l'esprit dans cette obscurité glaciale, me tordais les entrailles. Je ne voulais pas finir comme ça.

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Bonsoir mes amis ! Je vous postes la suite =)

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