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 Oui je bois. Mais je ne suis pas un ivrogne. Ce n’est pas un déni. Je sais que je flirte avec l’alcoolisme. Je sais également que flirter avec la bouteille est à peu prés aussi inoffensif que d'entamer une relation charnelle avec la fille mineure d’un mafieux. Mais, jusque-là le flirt n’a pas abouti à l’accouplement. Je suis suffisamment intelligent pour savoir que ça risque de ne pas durer.

Mais suis-je assez intelligent pour faire la part des choses entre réalité et rêve nébuleux ?

 Là, devant mon verre, j’essai d’analyser la situation. Je ferme les yeux, je la vois. Je dors, je la vois. Je bois, je la vois. Mais là, j’avais été éveillé et sobre. Un tour de passe-passe que me jouent mes sens ? Sûrement.

 Ceci est presque une réponse convenable. Encore un verre et je croirais dur comme fer avoir des hallucinations. Mais comment expliquer cette lettre. Le papier que je touche du bout des doigts depuis maintenant une demi-heure ne va pas s’évanouir en même temps que l’alcool qui entre dans mes veines. L’alcool ne brouille pas assez vite mon cerveau… Je voudrais ne plus discerner ce mot sur cette feuille d’un blanc douloureux. «Vivante».

 Qui est le salaud qui se joue de moi comme ça ?

 Vivante ! J’en ai tellement rêvé et pourtant après deux verres son absence devient presque comme une sorte douceur. Une plaie, encore à vif, qui me tourmente doucement. Je glisse avec délice dans cette douleur. Je me replis sur moi et je l’imagine vivante. Cette douleur, il n’y a qu'elle qui ait le droit de me l’infliger. Quand l’alcool aura fait son effet et que je serais prêt a refaire surface il faudra que je me penche sur ce problème. : qui me torture ?



Elle danse autour de moi. Sa jupe se perd dans les volutes de mes souvenirs… comme elle est belle. On dirait presque qu’elle cherche à m’envoûter en tournant autour de moi. Oui, vas y, tourne encore. Pitié ne t’arrête pas. Si tu t’arrêtes je te perds. Elle frôle mon visage. Tout bouge autour de moi. Je prends sa main dans la mienne et plonge mon regard dans le sien. Je voudrais m’y noyer. Mais déjà son souffle chaud envahit ma nuque. Elle me susurre trois mots doux et se tend vers moi. Je n’ai qu’une idée en tête : goûter sa peau. J’en connais le moindre recoin et la moindre saveur par cœur.

Tout est flou autour de nous, peu m’importe. Elle est là et je la sers dans mes bras. Mes deux bras serrent sa taille. Je la colle contre mon corps, contre mon cœur. Si je la lâche elle m’échappera de nouveaux. Nous tournons tous les deux enlacés. Mon corps ne répond déjà plus aux ordres que je lui donne. Sa voix devient roque et sexy en diable. Ses caresses se font plus pressantes. Sans m’en rendre compte je la soulève, elle ne touche plus le sol. Elle est entièrement à moi.

Le tourbillon nous emmène tout droit dans notre chambre. Je la dépose sur le lit. Mes lèvres se collent aux siennes avec avidité. Ses doigts se glissent sous ma chemise. Ses ongles s’ancrent dans ma chair comme si elle voulait s’amarrer à mon corps. Sa jupe gît déjà sur le plancher alors que mes mains défont un a un les boutons de son corsage. Mes doigts tremblent d’impatience et les boutons me résistent. Le temps m’est compté je le sais. Enfin le dernier a cédé et je peux a loisir contempler sa peau cuivrée. Ma langue parcourt son ventre, ses seins… Mes mains explorent ses hanches. Elle est belle, je veux la voir. La sentir. Elle gémit, elle m’implore de mettre fin à ce doux supplice. Non pas de suite. Je veux encore la savourer. Je fais jouer ma langue sur ses tétons. Elle se cambre et me lacère les épaules. Je la sais sur le point de défaillir. Je la veux, elle me veut. Son corps m’appelle. Je la pénètre doucement et lui arrache un gémissement de contentement. Je suis en elle, je la possède, je l’aime. Chaque gémissement qu’elle pousse me rempli d’aise.

Et pourtant la peur est là, comme si à chaque mouvement de rein elle allait s’évaporer. La peur qui me tenaille rend peut-être le plaisir plus vif et plus intense. Ou plus amer ? Alors que le plaisir monte en moi comme une violente vague et qu’un frisson me parcourt l’échine, mon corps m’abandonne et mes forces me délaissent. Non je dois lutter. Ne pas me laisser envahir par cette douce torpeur. Si je ferme les yeux je la perds. Si je… trop tard… mes paupières se ferment et elle devient diaphane… je veux serrer ses doigts… ils sont si fins, trop fins. Elle est parti. Je suis seul.

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