Quelqu’un chantait. Une voix ni masculine ni féminine, que le Capitaine Frodon Marcos qualifierait de sublime. Le chant le happait. Il l’éloignait peu à peu du sommeil. À peine vêtue, il marchait à travers le campement endormis, les yeux émerveillés par les centaines de lucioles.

Frodon avait l’impression d’être ivre, pourtant il n’avait rien bu. Même l’alcool n’était rien face au thé. Sa sœur produisait du thé alcoolique. Elle lui en avait offert l’année précédente lors de sa venue aux célébrations annuelles du royaume dans la capitale. Le Capitaine s’arrêta aux abords de la limite du campement, sourd aux sollicitations de ses subordonnés en charge de la surveillance. Il écoutait cette musique sans comprendre le sens des paroles.

Puis, ses yeux se posèrent sur une silhouette. Celle-ci se rapprochait peu à peu, et plus elle s’avançait, plus Frodon comprenait que le chant venait d’elle. Était-ce une femme ? Il reçut une claque mentale quand le vent se leva. Il avisa sa tenue, un sentiment de honte l’envahissant.

— Soldats.

— Capitaine ? soufflèrent ces derniers, heureux de le voir de nouveau lui-même.

— Cette femme là-bas… Amenez-là ici.

— Oui Capitaine !

Était-ce une erreur d’envoyer quelques hommes appréhender une voyageuse ? Non. Frodon devait assurer la sécurité de son convoi. Cette femme était sûrement une envoûteuse. Une démone qui happait n’importe qui dans sa toile. Une sorcière à envoyer au bûché sans tarder. Cependant, le Capitaine se disait qu’il ferait mieux de l’interroger d’abord avant de prendre toute décision.