XXI
Ce n’était peut-être pas la bonne décision de s’aventurer seul. Mais Frodon ne pouvait pas risquer ses autres subordonnés après la disparition de ceux qu’il avait envoyé capturer une « femme » sans plus d’explication. Cela faisait un certains temps qu’il marchait en appelant le nom de ses camarades. Sa voix portait, résonnait, et à chaque fois, Frodon avait le sentiment que quelque chose allait arriver. Il regretta de n’avoir pris qu’une dague pour se défendre.
— Vous devriez vous taire, l’étranger, déclara soudainement une voix épicène.
Le Capitaine Frodon Marcos sursauta et fit volte face. Une femme dotée d’une courte chevelure gardée au chaud par un bonnet en laine, vêtue d’une tunique verte et d’un pantalon en lin, le regardait avec amusement. Frodon ne pût s’empêcher de la détailler davantage. Un sabre accroché à sa hanche droite. Une poitrine généreuse. L’homme rougit.
— Désolé les hommes, c’est pas mon truc, dit la femme.
— Mes excuses, damoiselle, s’excusa-t-il. Que faites-vous ici ?
— Ce serait plutôt à moi de demander ça, l’étranger. Vous êtes le tapageur qui dérange tout le monde ici.
— Je cherche des camarades à moi.
— Vous faites partis de ce cortège qu’on a vu passé ?
Frodon acquiesça. Ses subordonnées avaient raison. Ils étaient surveillés. La femme lui adressa un sourire féroce avant de déclarer :
— La Brume Froide se méfie toujours.
— Ne me menacez pas, gronda Frodon, les dents serrés.
— Une menace ? Une promesse, cher étranger. Continuez sur votre chemin pendant une dizaine de minutes, vous trouverez vos camarades échoués comme des baleines dans un fossé. La prochaine fois, évitez de vous en prendre à Sänger.
La femme se recula, le fixant de son regard céruléen, et s’enfonça peu à peu dans la brume jusqu’à disparaître complétement. Frodon hésita à suivre ses indications. Qu’avait-il à perdre ?

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