XXIV
La Forêt des Ombres s’animait. Le silence rompu, les arbres dansaient, et les animaux mugissaient, heureux, au son des pas familiers, à peine audibles, de la Dame de la Pénombre. Son chant sillonait les chemins, s’étendait au-delà des sentiers, trouvait les cœurs ivres des habitants de la province de l’Obscurité, où le jour n’était qu’une illusion.
Douliah préparait depuis l’aube sans visage des mets gourmands. Son aîné préparait, avec l’aide de ses frères et sœurs, la salle où tous leurs invités convergeraient. Douliah tapait du pied, le rythme dans la peau, hachant des dizaines et des dizaines d’oignon. À l’occasion du trente-troisième millénaires de la Brume Froide, Douliah espérait apercevoir la Dame de Brume. Si elle en croyait les rumeurs, ses deux maîtresses voyaient plus qu’elles ne le devraient.

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