Appartement d’Hasley ≈ 20h30

Assis sur son canapé, après une bonne douche, une bière blonde dans les mains et les pieds posés sur la table basse du salon en vrac, Hasley réfléchissait à leur enquête.

Quelque chose n’allait pas.

Non définitivement, ça ne collait pas.

D’abord, le réseau de prostitution humaine, un réseau de cette importance, il devrait forcément en avoir des traces.

Mais en consultant le dossier des portées disparus, rien d’anormal aucune croissance soudaine, même chose pour les enlèvements et les kidnappings.

Aucune activité en hausse ou étrange du côté du crime organisé.

Haz le savait, il avait tout passé à la loupe, tout vérifié, suspecté toute les personne à suspecter.

Un réseau de cette ampleur ne pouvait pas juste exister sans laisser de traces.

Ensuite, personne n’était capable de dire où était Holmes les deux dernières semaines de son existence et ce qu’il avait fait.

Une seule chose était sûre, il avait été, durant la dernière semaine, dans un endroit où il pouvait se procurer de la poudre bleue, se dit-il en jetant un regard au dossier du médecin légiste qui gisait à côté de ses pieds sur la table basse, avant de porter le goulot de la bouteille de bière à ses lèvres pour boire une gorgée.

La poudre bleu ou la poudre de fée, la drogue des riches, les rumeurs disaient qu’elle était composée de sang de fée, d’où sa couleur.

Mais tout ça n’était que des rumeurs de bas quartiers et impossible pour un petit fonctionnaire comme lui de vérifier ses dires, la poudre de fée n’était pas distribuée par de petits dealers de quartier minable, mais par des gens riches pour des gens riches : un monde auquel il n’avait pas accès.

Même en sachant tout cela, Haz ne connaissait pas les rares personnes sachant qui appeler pour obtenir de cette drogue et encore moins ceux qui la vendaient.

Cela réduisait considérablement le champ de leurs recherches mais il ne pourrait pas pour autant continuer à avancer.

L’argent des riches savait fermer bien des portes pour les enquêteurs tels que lui.

Ne lui restait plus que la piste que lui avait donné Diamand, cette même Diamand qui restait introuvable dans les dossiers de l’E.L.E.M et pour cela, il allait devoir retourner la voir, ne serait-ce que pour lui rappeler qu’il fallait qu’elle passe au poste pour faire sa déclaration.

C’est décidé, demain il irait dans le quartier Söhren pour lui posé des questions.

Département d’enquêtes du commissariat ≈ 10h

Erb, comme le reste des personnes présentes dans l’open-space, agissait avec efficacité et surtout dans le plus grand silence possible.

Des jours que Hasley cherchait Diamand et rien. Il n’avait pas réussi à la retrouver et personne n’avait pu le renseigner.

Résultat, il maugréait en silence on ne savait trop quoi ; quelque chose à propos d’un dieu absent et du sort qui s'acharnait contre lui ; il était d’une humeur de chien, même plus, il était d’une humeur massacrante et personne ne voulait risquer de s’attirer ses foudres en faisant malheureusement tinter les crayons et stylos qui se trouvaient sur son bureau.

Aussi, quand un loup-garou policier en uniforme fit irruption dans l’open-space en disant d’une voix forte qu’une femme voulait parler à l’enquêteur Hasley, tous ceux présents, sauf Haz, lui lancèrent un regard noir, le laissant finir sa phrase presque en bégayant. Il finit par laisser la jeune femme à l’entrée de la pièce et parti sans demander son reste, certain que les rumeurs qui courraient sur les fous du département des enquêtes étaient fondées.

La jeune femme, grande et svelte, avait une longue chevelure blond platine ondulée qui encadrait son visage ovale, des yeux bleus pétillant mais vulgairement maquillés, des lèvres aussi rouge que le sang, grâce à un rouge à lèvres bon marché, étaient arrêter dans une moue mutine qui dévoilait ses dents et ses deux crocs blancs.

Elle portait un long manteau en fourrure blanche ouvert sur une courte robe qui dévoilait ses jambes interminables, rouge à paillettes avec un profond décolleté, le tout juché sur des talons aux hauteurs vertigineuses.

« -Haz chéri, je suis venue dès que j’ai su que tu me cherchait, l’apostropha t-elle.

-Toi ! s’étrangla ce dernier. Tu as au moins deux semaines de retard dans ta déposition !

-Seulement dix jours, j’étais en voyage d’affaire, lui répondit-elle dans un sourire et avec un clin d’œil. »

Bouillonnant de frustration en pensant aux recherches –inutiles- qu’il avait mené ces derniers temps, Haz agrippa le bras de Diamand et l’entraîna dans son sillage pour l’amener dans la salle d’interrogatoire la plus proche et ce bien qu’elle fasse au moins vingt centimètres de plus que lui.

« -Commençons Diamand, enfin si c’est vraiment ton nom, puisque je n’ai pas réussi à te retrouver dans les dossiers de l’E.L.E.M. »

Cette dernière tressaillit mais repris vite une attitude nonchalante sous le regard scrutateur de Haz.

« -Mon identité n’a aucune importance, ce sont mes informations qui le sont non ? Alors où en êtes-vous avec le réseau de prostitution ?

-Rien du tout. A croire que tu m’as racontée du pipeau.

-Quoi ? Comment ça ?

-Pas une trace de ce fameux réseau. Alors maintenant explique toi.

-Je vous ai juste rapporté ce que j’ai entendu en laissant traîner mes oreilles. Je n’ai jamais dit être sûre à cent pour cent de mes infos.

-Bah voyons. Enfin, soupira Hasley devant son air buté, est-ce que tu saurais où Holmes aurait pu se rendre les deux dernières semaines précédant sa mort ?

-Non, aucune idée, il bougeait souvent.

-Et les endroits où il aurait se procurer de la poudre de fée ?

-De la poudre de fée ? répéta t-elle. Non, je n’en ai pas la moindre idée.

-Dans quels quartiers allaient-ils régulièrement ?

-Hé ! Ce n’est pas à moi qu’il faut poser la question mais à son associé.

-Son associé ?

-Raizel, du moins c’est comme ça qu’il se fait appeler. Raizel aime bien fréquenter les cercles huppés des vampires, c’est vers lui que vous devriez vous dirigez.

-C’est bon, tu peux y aller. Mais n’oublie pas de faire ta déposition.

-Oui oui. »

Hasley soupira et retourna à son bureau prendre son manteau.

« -Erb, on y va.

-Allez où ?

-Interroger l’associé de Holmes. »

Orphelinat des Saintes Pitiés, Quartier Brëdel ≈ 18h30

Après l’interrogatoire de Diamand, Erb et Hasley étaient retournés au quartier Söhren où il n’avait pas été difficile de trouver le fameux Raizel, qui c’était empressé de répondre à leurs questions.

Tout ce qu’ils avaient pu obtenir de lui était l’emploi du temps des deux dernières semaines de Holmes qui était en fait parti en vacances avec lui et des gens de la haute société vampirique en antarctique et l’adresse de cette orphelinat situé dans une banlieue assez proche et tout aussi mal famé.

Un vieux bâtiment en pierres qui avait bien besoin d’un ravalement de façade et d’un nouveau toit. Du lierre desséché courrait sur les murs et l’on avait scotché des journées sur les fenêtres qui avaient été brisées.

Erb souleva le loquet et frappa plusieurs fois sur l’immense porte en bois à la peinture écaillé par les ans.

La porte s’ouvrit et une louve habillée en bonne sœur fit son apparition, elle les observa méfiante.

« -Que puis-je faire pour vous messieurs ?

-Police, dit Erb en montrant son badge. On aimerait vous poser quelques questions sur Sir Arthur Holmes.

-Oh ! Je…je…hé bien entrez, je vous en prie, dit-elle en s’effaçant pour les laisser entrer. Quelque chose est arrivé à Sir Arthur, fit-elle en se triturant les pattes.

-Je suis au regret de vous apprendre qu’il est mort.

-Oh mon Dieu !

-Vous connaissiez bien Sir Arthur Holmes ? lui demanda Erb.

-Il venait régulièrement nous voir avec de potentiels futurs parents.

-C’est-à-dire ?

-Nous sommes un orphelinat et nous avons peu de moyens mais Sir Arthur était devenu notre protecteur, il nous versait tous les mois une somme d’argent considérable. Grâce à cela, nous avons pu commencé entamer des travaux de rénovations et payer une nourriture plus saine, des vêtements et des médicaments pour nos pensionnaires. De plus, il venait un peu près deux fois par mois avec un couple de vampires qui n’arrivait pas à avoir d’enfants. La plupart finissaient par adopter au bout de la deuxième visite.

-Vraiment ? Voilà qui est intéressant. Vous pourriez nous passer une copie des formulaires d’adoptions remplis par ces couples ?

-Je ne pense pas que cela pose de problème mais il faudrait sans doute poser la question à la mère supérieure avant. »

Pendant ce temps, Haz se promenait dans le hall, observa l’architecture dans l’ancien bâtiment, il s’arrêta un instant, figé sur place, devant la photographie posée sur un meuble en bois de l’entrée.

« -Excusez-moi ma sœur, fit-il en interrompant son collègue, qui est la jeune fille représentée sur cette photo ?

-Oh, c’est Cassidy, dit-elle en récupérant la photographie des mains de Hasley et en la reposant sur le meuble en bois. Elle a disparu il y a maintenant deux ans, elle a sans doute fugué. Elle a été très chagrinée quand sa petite sœur s’est fait adopter et pas elle.

-Mais c’est une humaine !

-Bien sûr, lui répondit la sœur interloquée, comme la plupart de nos pensionnaires. »

Après quoi, Haz ne fit plus attention aux questions que posait son coéquipier, le regard fixé sur la jeune fille de la photographie.