F/F - Supergirl in deep trouble 1/2

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— Ça va, les liens te serrent pas trop ? me demande Marie agenouillée à côté de moi.

— Ça va, c'est bon. Tu t'es bien débrouillée, mon cœur .

Par réflexe, j'ai déjà tenté d'écarter mes poignets, liés dans mon dos . Je fais de même avec mes chevilles : je peux à peine battre des pieds. Ces dernières sont solidement attachées entre elles et une autre corde m'entoure les genoux, que je ne peux plus plier. Quand ma compagne me l'a passée, ses mains délicates ont frôlé le dessus de mes cuisses... Ce fugace contact, sa peau contre la mienne, a eu l'effet d'une délicieuse caresse. Une vague de désir a parcouru mes membres jusqu'à mon bas-ventre. Douce oasis de sérénité dans cette océan d'anxiété. J'adore ce moment où je perds ma liberté. J'adore sentir l'étreinte s'installer. J'adore les sentiments qui s'entremêlent et se bousculent. L'abandon progressif devant le châtiment qui se rapproche et son appréhension grandissante. Et lors d'une première, c'est toujours plus intense. Mais je ne comprends pas pourquoi Marie a tenu à ce que je porte ce ridicule déguisement de Supergirl. S'est-elle souvenu de mon désir d'humiliation ?

Elle s'installe à califourchon sur mon fessier et se penche sur mon visage. Je sens son souffle sur ma joue et dans mon cou qui m'électrise. Ma mâchoire se colle à mon épaule. Mon rythme cardiaque s’accélère. Ça va y être ! Encore un peu de patience. Elle se cale en effet sur mon corps, les avants-bras croisés sur mes épaules.

— En tout cas , bébé, t'es sexy, comme ça ! plaisante-t-elle avant de m'embrasser furtivement.

— Je savais pas que tu fantasmais sur les super-héros !

— Pas du tout ! reprend-elle après avoir pouffé en touchant ma joue de son nez. C'est juste pour le jeu. Tu savais que c'est un truc fasciste ?

— Ah ! Tu me l'aurais dis, je me serais mise en nazie. C'est moins sexy mais ça allait avec ma blondeur... Quoique, j'aurais mis des porte-jarretelles et enlevé ma jupe.

— Arrête tes bêtises !

— Nan mais, les super-héros, fascistes ! J'aurais tout entendu ! En plus, toi aussi, t'en es une, non ?

Ses doigts titillent mes côtes. Surprise, je sursaute et me contracte, la tête rejetée en arrière. Un petit glapissement m'échappe. Ses mains reviennent se poser sur mes épaules. La chaleur de geste presque maternelle me réconforte aussitôt.

— Miaou ! Je suis Catwoman. Je suis une voleuse, une anarchiste, ça n'a rien à voir ! Bon écoute-môa bien, maintenant, murmure-t-elle à mon oreille (je lutte contre les effets de son souffle). Si tu veux que je te libère, c'est très simple. Convaincs môa que toi et ta clique n'êtes pas des fachos. Tu as un argument avant que je commence ?

— On arrête les criminels, on agit pour le bien de la population.

— Mauvaise réponse ! grogne-t-elle avant de m'attaquer.

Ses doigts montent et descendent le long de mes côtes jusqu'en haut de mes hanches. Ce sont d'abord des va-et-vient légers qui, rapidement, accélèrent. Je glousse d'abord de plaisir, les dents serrées. Ils galopent bientôt contre mes flancs, alternent entre les coups de sonde et des pressions plus appuyées, presque des frottements. J'enfouis mon visage dans le matelas, le menton contre ma poitrine pour mieux retenir ce rire qui ne demande qu'à sortir. J'alterne entre crispation et détente. Mon corps commence à onduler et mes pieds à s'agiter. Marie s'est reculée sur mes cuisses, je peux alterner entre des montées du bassin et des épaules. Tentatives futiles, vaines techniques pour la désarçonner et tenter de me soustraire. Ma tortionnaire à l’œil... et le verbe. Elle profite de mon relatif silence pour commenter ma cuisante situation, en me rappelant que je suis attachée à et à sa merci (et elle joint le geste à la parole), et m'encourager au laisser-aller. C'est vrai, ses doigts vont où ils veulent et parviennent à jouer de ma sensibilité sans que je ne puis les en empêcher. Le corps secoué de spasmes et de soubresauts, je goûte à l'impuissance, la savoure avec jouissance. L'euphorie se déclenche et se propage, me submerge. Mais je ne veux pas céder, c'est ma dernière liberté. Ma tête dodeline de gauche à droite, yeux fermés, mâchoire crispée, les joues gonflées. Mon orgueil tient encore ; il ne demande pourtant qu'à céder. Je commence à couiner.

Mes bras tressautent. Une ouverture malencontreuse. Une main baladeuse se glisse sous mon aisselle. Une sape s'y creuse. J'ai beau être protégée par mon t-shirt, rien n'y fait. Toute résistance est inutile. La charge m'emporte. Alliée à la déconvenue et la prise en compte de ma sottise, elle expulse les lambeaux d'amour-propre que mes éclats de rires déchiquettent encore. Je peux remuer, m’agiter, battre des pieds, tambouriner le matelas de mes chevilles, ou essayer de me recroqueviller. Oh non, je n'aurais pas dû faire ça ! La garce m'a laissé verser sur le côté. Ses doigts galopent vers mon ventre exposé. Je le plaque contre le drap mais... trop tard. Mon nombril est déjà assailli. De son autre bras, elle essaie de me soulever pour pouvoir parcourir toute ma peau dénudée. Saloperie ! La tête plaquée contre mes omoplates, elle contraint mes gesticulations. Je l'entends même se moquer ! J'essaie d'attraper son legging pour l'attirer ; mes mains moites glissent sur la toile synthétique, mes ongles éraflent le vide...

En quelques gestes précis, quelques paroles bien senties, elle m'a tout pris. Liberté, volonté, fierté, tout s'en est allé. Je suis désormais son jouet. Une marionnette, pathétique pantin, incapable de penser. Je n'agis plus que par réflexes, ne m'exprime que par borborygmes.

Enfin, une pause. Je suis en nage, le souffle court. Je suis à peine les déplacements de ma compagne. Son visage apparaît pourtant sur le côté du lit. Elle me tend une paille. J'aspire autant que ma respiration saccadée me le permet. Avec une infinie douceur, Marie replace une mèche derrière mon oreille, me caresse la joue, puis le dos. Éphémère réconfort. Elle se fait soudain sévère :

— Les super-héros ne font pas le bien mais ce qu'ils estiment être le bien. Si tu prends Batman, il hésite pas à torturer et, même si tu dis qu'il aide la police, en vrai, il se la joue solo pour faire le boulot à sa place.

Merde ! Parce qu'elle croit que j'ai eu que ça à penser ! Vite, il faut que je trouve un truc.

— Le batsignal, soufflé-je, c'est la police qui l'appelle... en fait c'est quand elle est impuissante.

— Miaou justement ! Au lieu de chercher à s'améliorer pour être plus performante et mieux défendre les citoyens, la société se décharge sur un type à qui elle donne les pleins pouvoirs... c'est totalement fasciste, ça !

Je cherche une réponse. Elle ne vient pas. Je sens presque le désarroi m'envahir. La paille que me présente Marie est salutaire, une bonne occasion de jouer la montre.

— En plus, le mec cache son identité derrière un masque et un pseudonyme, ce qui est illégal. C'est juste un hors-la-loi qui combat d'autres bandits...

— C'est une allégorie de la justice aveugle. Il est tout le monde et personne, représente la communauté qui essaie de se débarrasser des pommes pourries !

— La communauté ?! pouffe-t-elle. Miaou, on en revient à ce que je disais : il est seul à décider de qui est bon ou mauvais. Ce sont ses seuls critères qui s'appliquent et pas forcément la loi de la cité. Ça aussi c'est fasciste ! Et toi, tu es une dévergondée !

Elle conclut avec une claque sur mon fessier, avant de remettre en place ma jupette. Va-t-elle songer à avoir le doigt malicieux ? Même pas ! Elle remonte sur le lit et reprend :

— Miaou, tu sais que dans tout comics, il n'est point de chatouilles qui n'aient lieu sur les pieds. Surtout si c'est pour faire avouer. T'as beau creuser, je trouve ton argumentation un peu faiblarde.

— Non, non, non, je vais trouver !

— Si, si ! Ça t'aidera à cracher le morceau...

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