F/F - Supergirl in deep trouble 2/2

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Elle s'allonge sur mon flanc droit, une jambe posée sur mon dos, son pied nu presque à portée de ma bouche. Je tente en vain de l'embrasser. Est-ce qu'elle me nargue ? Ses mains caressent mes talons, je me crispe d'appréhension. Elle étouffe un ricanement.

— Un mot de toi et j'annule tout ! me lance-t-elle goguenarde.

— Tu peux te brosser, Martine ! Je serais digne de mon cost...

Je n'ai pas eu le temps de finir. Mais quelle horrible créature ! Je me campe sur mes orteils. Et ses doigts se mettent à galoper. De temps à autre, ils descendent sur la plante. J'essaie comme je peux de tourner la tête pour découvrir leur manège. Je suis à moitié gênée par sa guibolle. Je suis de nouveau folle, enchaîne les ondulations, montées d'épaules et de fessiers. Mes pieds tentent de se couvrir mutuellement pour échapper à sa gigue endiablée. Mal leur en prend ! À peine l'un d'eux prend-il la défense de l'autre, qu'il est assailli en représailles. Et lorsque ces ongles sont utilisés, je ne peux m'empêcher de me taper le derrière. Le grattement accentue les sensations : le désagréable titillement, l'envie d'y échapper, les contractions... Mais comment a-t-il été permis d'inventer un truc pareil ? Je ris à gorge déployée, ma mâchoire prête à se décrocher. Lorsqu'elle ralentit, je me détends et tente toujours de capter la scène pour prédire la prochaine attaque et m'y préparer. Mais la cavalcade ne daigne pas s'arrêter. Ces fougueux explorateurs en parcourent les moindres recoins, s'attardent sur les points sensibles... et toujours à la limite de la douleur.

Humiliation, possession, manipulation... elle a tout compris ! En quelques gestes précis, quelques paroles bien senties, elle m'a tout pris. Liberté, volonté, fierté, tout s'en est allé. Je suis désormais son jouet. Une marionnette, pathétique pantin, incapable de penser. Je n'agis plus que par réflexes, ne m'exprime que par borborygmes. Des mouvement et des cris contrôlés par ma partenaire. Jusqu'au battement de mon propre cœur.

— Tu as quelque chose à dire pour ta défense ? me lance Marie en se replaçant.

Je suis trop essoufflée pour lui répondre. Elle pose mes chevilles sur une de ses cuisses et plaque l'autre sur mes genoux. Je sens que le répit sera de courte durée, j'essaie d'en profiter. Déjà une plume effleure ma peau. Je ferme les yeux d'appréhension. Vais-je finir possédée ? Elle commence par des mouvement nonchalant. Sa voix douce tente de me calmer. Croit-elle me duper ? Chaque fois quelle frôle l'espace entre mes orteils et les coussinets, je suis électrisée. Je tente de contracter au maximum pour interdire l'accès. Je l'entends glousser tandis que l'objet prisonnier remuent pour écarter mes arpions, provoquant de nouvelles chatouilles. Enfin, il va jouer ailleurs, sur la voûte. Le rythme s'accélère. Qu'est-ce que je disais ? Et ça se calme, passe par une zone moins sensible. Si c'est un répit, je constate qu'elle n'a rien oublié de ce que je lui ai appris.

— Miaou ! as-tu un argument à m'opposer ? me demande-t-elle soudain ?

— Nooon ! laché-je, dent serrées. Peux pas, me concentrer.

— Y a donc pas que Wonder Woman qui perd ses pouvoir quand elle est attachée. C'est ballot !

Le plume s'agite, s’excite même. Avec frénésie, elle balaie la plante de mes pieds, plonge dans les creux chatouilleux puis remonte devant mes ongles. Où elle s'attarde. Aucun répit, elle a retenu tout ce que je lui ai appris... S'est-elle lassée ? Son doux instrument de torture vient maintenant attaquer mes cuisses. C'est léger, mais... Non ! Associé aux chatouilles sur les pieds – de ses doigts – cela produit le même effet. Et je regrette de n'avoir pas mis un pantalon. Elles ont beau être collées, le diabolique objet s'insinue entre elles et vient taquiner mes adducteurs. Je remue avec frénésie, pour m'en débarrasser. Car l'excitation amplifie toute sensation sur mes petits petons. Elle se retire, revient, enfin remonte. Et s'arrête à la lisière de mes fesses, juste sous ma jupette. Mais pourquoi en avoir choisi une aussi courte ! Marie a dû se rendre compte du truc, car mes pieds perdent tout intérêt. La plume aussi est partie, tandis que ses doigts se ruent vers leur nouveau terrain de jeu, tout en haut de cuisses . À peine le temps d'un cri, qu'ils se mettent à pianoter, composant une diabolique symphonie. Immobilisées sous le corps de mon amie, mes jambes ont pourtant envie de ruer. Mon tronc tout entier compense. Je me déchaîne, remue comme une damnée. Rires et hurlements se mélangent. Je suis folie ! Si elle se montre habile de ses dix doigts, moi, je ne sais que faire de mes mains. Je ne sais plus comment les positionner. Dans le creux de mes reins ? Sur le côté ? Je frétille comme un poisson hors de l'eau, mon bassin roulant, tanguant, battant. Telle une nageuse, je happe l'air avant de redescendre dans des profondeurs d'hilarité. Et ma jupette ballottée par cette transe dévoile encore des parcelles de peau, sur lesquelles les affreux viennent s'ébattre. Je me laisse porter par ces courants. Impossible de résister, je ne peux que sombrer.

Humiliation, possession, manipulation... elle a tout compris ! En quelques gestes précis, quelques paroles bien senties, elle m'a tout pris. Liberté, volonté, fierté, tout s'en est allé. Je suis désormais son jouet. Une marionnette, pathétique pantin, incapable de penser. Je n'agis plus que par réflexes, ne m'exprime que par borborygmes. Des mouvement et des cris contrôlés par ma partenaire. Jusqu'au battement de mon propre cœur. Avec le recul, comment mieux le montrer qu'avec la fin d'How not to drown du groupe Chvrches ?[1] Cette répétition de Watch as they pull me down, entrecoupée de Dead when they found me, la musique mélancolique - une guitare sinistre comme le glas, des synthé hullulant et une batterie imitant le rythme des doigts tapotant ou palpant ma peau - jusqu'à la voix de la chanteuse expriment le caractère implacable et inéluctable de ma situation. Cette chanson, je trouve, se plaque parfaitement à cette expérience. Watch as she pulls me out ! Ce moment tant recherché, le voilà arrivé.

Irréalité. Tout s'est arrêté. J'ai perdu tout repère. Je sais que Marie est là, penchée au dessus de moi. Elle halète un peu. Moins que moi. Mais j'entends sa respiration saccadée, j'entends ses feulements satisfaits.

— Tu sais pourquoi, je t'ai demandé d'être en super-héroïne ? ahane-t-elle.

Je secoue la tête. Je ne peux plus parler. Ma gorge est en feu, souffle coupé.

— Parce que quelque part, t'en es bien une, mon amour, souffle-t-elle en approchant son visage du mien. Arriver à supporter ce que je te fais endurer, môa, je pourrais pas.

Avec délicatesse, ses lèvres se posent sur les miennes. Ce baiser, même si je ne peux le partager comme je le voudrais, est une parenthèse de douceur et un pernicieux rappel de ma position. Sa langue me transporte. Le désir m'envahit, déferle dans mes membres immobilisés. Il est retenu et renforcé par mes liens. Il grouille dans mon ventre. Mon bassin s'ébroue pour le contenir et dissiper tous ces papillons qui s'ébattent. Et notre embrassade paraît si maladroite et imparfaite, moi la tête de côté, elle qui me surplombe, semblant creuser. Elle se relève, baise ma joue... une porte claque.

— Le Defakator, soufflé-je !

— Quoi ? s'exclame-t-elle.

— Le Defakator, c'est un super-héros pas fasciste, articulé-je avec difficulté. Il combat les arnaqueurs en... en éduquant son public pour les démasquer. Il ne blesse personne, n'enfreint aucune loi. Il est totalement du bon côté, lui.

— Miærde... Je m'y attendais pas, à ça. Supergirl est une nana d'enfer !

Ouais, en nana d'enfer, toi-aussi, tu te poses là, ma chère et tendre tortionnaire !

Les ceusses voulant approfondir la question du lien entre fascisme et super-héros pourront consulter cet article de Siegfired Würtz : Quand les dieux font la police : malaise dans la constitutionnalité du super-héros (https://journals.openedition.org/trans/2954?lang=en%C2%A0:) ou cette interview de l'auteur du comics Watchmen, Alan Moore, donnée au Guardian (https://www.theguardian.com/books/2022/oct/07/watchmen-author-alan-moore-im-definitely-done-with-comics).

[1] How not to drown, Iain COOK, Lauren MAYBERRY, Martin DOHERTY, Robert SMITH, © Universal Music Publishing Group 2021

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