Rose et Epines (Part 2)

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"Curieusement, c’est un garçon qui m’en a tiré. Il se nommait Paul. C’était le fils d’un ami de mon père à qui ne n’avait jamais vraiment prêté attention. Mais, et je l’ignorais, c’était aussi un proche ami d’Archibald. On se connaissait à peine mais il m’a grandement aidé à surmonter cette épreuve. Il n’avait certes pas l’esprit libre et poétique d’Archibald, son sourire charmeur et son excentricité, mais, finalement, je me demande si ce n’est justement parce qu’il ne lui ressemblait en aucun point qu’il a pu m’aider à tourner la page. Un peu brusque, il est vrai, il était cependant attentionné. Peu à peu, je suis tombée amoureuse de lui. C’était réciproque, mais lui l’était déjà depuis longtemps, m’a-t-il confié.

Précipitamment, nous nous sommes mariés. Une nouvelle vie. Laisser tout derrière. Ça a un côté très attractif, lorsque son passé est si désagréable.

Enfin, réflexion faites, j’aurais surement du mieux y réfléchir.

Une fois mariés, nous sommes partis à Paris. Pour Paul, c’était l’occasion de trouver un travail. Pour moi, c’était toujours le même but : changer de vie. Finalement, nous avons tous deux atteint nos buts. Ainsi Paul est devenu contremaître et je suis devenue secrétaire. Rien d’incroyable, mais Paul tenait beaucoup à son travail. Nous avons ainsi vécu des jours heureux dans notre appartement, ensemble. Qui n’ont malheureusement pas durés plus de quatre ans.

En effet, Paul a fini par perdre son emploi. Ce fut très dur pour lui. Mais plus encore pour moi. Car il a commencé à boire, à jouer… et, lorsqu’il avait trop bu, il me frappait.

Je me souviens de la première fois. Il était ivre. Il m’a tiré par les cheveux et m’a frappé à la tempe. Je me suis écroulée au sol, renversant une chaise au passage, et il m’a roué de coups de pied. Moi, trop abasourdie, je n’ai eu que le réflexe de me protéger la tête avec mes bras. Lorsque sa rage a cessé, j’avais des bleus partout et une côte très douloureuse. J’aurais pu réagir, mais j’étais en état de choc. Et puis, que lui aurais-je dit, Lucie ? « Dis donc ce n’est pas très bien de me frapper comme ça, je vais finir par porter plainte » ? A l’époque, les féminicides n’était déjà pas encore très reconnus, alors pour ce qui est des violences conjugales... Je n’ai donc rien dit. J’avais prévu d’aborder le sujet avec lui plus tard. Il m’a devancé, en s’excusant de son comportement. J’ai décidé de lui pardonner. Pourquoi, je l’ignore. Par amour ? Par peur ? Par lâcheté, car parfois il est plus simple de faire comme si rien ne s’était passé ? Je ne savais pas. Maintenant je sais pourquoi : parce toute la douleur physique qu’il m’infligeait n’était rien comparée à la douleur mentale que je m’infligeais à moi-même. Comme si je n’avais que ce que je méritais. Ma longue dépression avait laissé des traces. Mais je suis restée avec lui, en me disant qu’une fois n’est pas coutume. Seulement, coutume, ça l’est devenue plus tard. Toujours lorsqu’il était sous l’emprise de l’alcool, ivre ou en manque. Je me mis à redouter chaque jour en sa présence, sans rien pouvoir y faire. J’aurais dû partir, le fuir. Je n’en avais juste plus le courage. Et lorsque je trouvais la force d’y penser, il me la sapait en s’excusant, implorant, me répétant que ça n’arrivera plus, que c’était la dernière fois… Je savais que c’était faux. Mais j’avais envie d’y croire encore. Sauf que bien entendu, le lendemain, ces promesses étaient déjà oubliées. Au contraire, les coups devenaient chaque fois plus douloureux. C’était ainsi que je voyais l’enfer.

C’est là que d’étranges événements ont commencés…"

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