CHAPITRE 16
Le trajet jusque chez les Millers fut silencieux.
Charlie avait demandé à prendre son après-midi. La commandante avait refusé en lui disant sur un ton qui se voulait motivant « si tu ne veux pas qu’il y ai d’autres victimes de ce malade alors je ne veux que personne ne prenne du repos ».
Aaron avait du laisser un message sur la boite vocale de sa soeur. Il rappellerait dans le courant de la journée ou dans la soirée. Pendant ce temps le duo frappait à la porte de la famille Millers. Cette dernière avait été prévenue dans la soirée de la veille. Louis Millers ouvrit la porte, avec dans le dos trois petites têtes aux yeux inquiets. La commandante montra sa plaque avant de demander si Aaron et elle pouvaient entrer. L’intérieur de la maison des Millers était des plus banals. Aaron se disait qu’elle ressemblait à une sorte de prototype que l’on présente pour faire valider un projet de construction qui viserai à poser côte à côte des maisons similaires où personne ne veut habiter mais que tout le monde achète en raison d’un prix raisonnable.
- Comment vais-je faire sans Merry… C’est, c’était elle qui prenait les choses en main quand sa mère ne le pouvait pas… Je… Je suis désolé…
- Ne vous excusez pas, et sachez que nous vous présentons toutes nos condoléances les plus sincères.
Aaron faisait les choses avec une grande diplomatie. Se disant qu’il pouvait peut être compenser le manque de tact de la brune.
- C’est bien gentil mais ça ne me ramènera pas ma fille. Vous ne pouvez même pas comprendre à quel point ma vie vient de se ramasser au fond d’un gouffre ! Ma femme est morte l’an dernier dans un accident de la route et maintenant ma petite chérie… Vous ne pouvez pas comprendre !
- Si. Vous avez l’impression que le monde à perdu sa couleur, vous voyez les choses en noir et gris. Vous ne ressentez plus que de la colère, la tristesse est partie vite. C’est comme si votre âme venait de faire le saut de l’ange dans l’entre du diable, dans un puit sans fond sans espoir de retrouver un jour la lumière. Je me trompe ?
Le père Millers se senti bête. Gêné de la situation dans laquelle il venait de se mettre, il avait très bien comprit que si la brune avait dit ça de telle manière que ce n’était pas dans le but de le rassurer comme tous flics avait l’habitude de faire. Louis savait qu’elle avait parlé en connaissance de cause. Qu’elle aussi avait connu la rage qu’il venait de se prendre dans la figure. Il n’osa même pas lever la tête vers elle quand elle reprit la parole.
- Savez vous si votre fille avait des ennemis? Des gens malintentionnés qui auraient pu lui en vouloir pour quelque chose ?
- Non personne… Tout le monde aimait Merry. C’était un ange tombé du ciel.
- Vous êtes croyant ?
- Oui. Comme presque tout le monde dans cette ville de toute manière.
- Catholique ?
- Bien entendu.
- Je suppose que vous allez à l’église régulièrement.
- En effet, mes enfants y vont tous les jours. Ils font partis de la chorale. Et j’y fais des missions de bénévolat.
- Vous n’avez pas de revenus pourtant vous avez une grande maison et je dois dire que nourrir six bouches ne doit pas être de tout repos.
- L’Église nous a beaucoup aidé et Merry donnait des cours particuliers à plusieurs enfants pour quelques sous.
La farandole de questions se poursuivi dans la même ambiance lourde. Aaron et la brune s’étaient accordés avant d’entrée tout à l’heure : lui poserai les questions et elle fouinerait. La commandante interrompit donc le questionnaire pour demander la direction des toilettes. Une fois seule elle fit le tour de la maison pas à pas. Dans l’escalier il y avait de nombreux cadres de la famille. On y retrouvait les 6 Millers. Il y avait les photos du mariage des Millers mais aussi bon nombres de photos de la jeune fille.
En laissant trainer le regard sur toutes ces photographies La commandante eu un frisson. Toutes les personnes sur ces images s’étaient retrouvés face à la brutalité de la mort plus d’une fois. Quand, enfin elle détourna le regard la brune continua son tour d’observation de la maison, prenant un soin tout particulier à ne rien toucher, et à produire le moins de bruit possible. On ne sait jamais après tout. Elle traversa une chambre avec deux petits lit et en déduit qu’il s’agissait de celle des deux plus petits de la famille. La chambre donnait sur une petite salle d’eau qui donnait à son tour sur une deuxième chambre, le troisième petit Millers. La commandante fut surprise de voir les chambres aussi nettement bien rangées, calibrées au millimètre près. Elle reprit le chemin du couloir et tourna dans la chambre de Merry. Là aussi l’espace était militaire. Presque aucun effet personnel mise à part quelques cadres photos que la brune regarda attentivement. Elle prenait des photographies de tout, le moindre détail ne devait pas lui échapper.
- Vous faites quoi ?
La commandante se retourna brusquement et se retrouva face à une petite tête blonde en colère.
- Vous avez pas l’droit d’entrer ici ! Merry va être en colère. Je dois surveiller sa chambre pour que personne rentre.
- Ne t’inquiète pas, j’ai la permission de Merry.
- Mot de passe !
La brune lança un rapide coup d’oeil autour d’elle et activa sa matière grise.
- Le mot de passe c’est… Salamandre ?
- OK ! Je garde la porte !
La commandante regarda le petit sortir et refermer la porte. Salamandre était le tatouage que la jeune défunte avait sur l’épaule.
Pour sauver le souvenir de sa soeur il s’était mit en tête qu’elle allait bientôt rentrer… La brune savait que le petit attendrait longtemps, qu’il finirait surement par s’éloigner du monde, se renfermer dans ses souvenirs et qui sait, peut être aura-t-il la force de s’en sortir un jour. La mort emporte tout, elle ravage.
Chassant l’image du petit en proie à la souffrance du monde elle se remit à ses photos. Pourtant une phrase du garçon lui tournait en tête : « Personne ne doit entrer » Pourquoi ?
- Que caches tu Merry Millers…
Le tableau derrière le lit : une salamandre. Tirant sur les manches de son pull la brune attrapa et retourna la peinture, prenant grand soin à ce que sa peau ne touche pas le cadre. Son flaire avait encore une fois eu raison. Il y avait à l’arrière du cadre une petite clef argentée.
- Qu’est ce que tu peux bien ouvrir ?
La brune se mit à chercher partout le trou d’une serrure.
- Commandante tout va bien ?
La voix était étouffée et devait provenir du rez-de-chaussée. Le temps lui manquait. La brune mit la clef dans un mouchoir qu’elle fourra dans sa poche de veste. Quand elle sortie elle remercia le petit garçon et lui fit signe de ne rien dire avant de descendre. Le père Millers et Aaron attendaient en bas des escaliers.
- Commandante.
- Millers. C’est bon pour toi Aaron ?
- Oui oui tout est ok. Je te ferai le debrief au bureau.
- Ok. Merci monsieur Millers. N’oubliez pas que vos fils eux sont toujours en vie. Ne les laissez pas affronter cette épreuve seuls.
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