Parler en silence
Depuis ce jour, je travaille uniquement dans le jardin de Begawan. Sans doute m'isolent-ils des autres, pour que je ne déteigne pas sur eux. Un soir, alors qu'on est ensemble dans la hutte, je vois le dos de mon frère, Rouge Écrevisse. Il s'est pris un coup de soleil pas possible ! Je l'engueule, c'est complètement ouf de se faire cuire comme ça ! Pourquoi n'a-t-il pas mis son t-shirt ? Il me répond qu'il l'a perdu à la cascade. Je lui propose d'aller voir Begawan, mais il refuse.
Le lendemain, avant tout le monde, je vais à la hutte cuisine pour donner un coup de main. J'aide une villageoise à sortir les galettes du four. Hélas, je me brûle un peu et je hurle de douleur. On m'envoie directement chez Begawan pour me faire soigner.
Begawan sourit, elle me donne une pommade et me déclare :
— Tu la mettras matin et soir sur le dos de Félix, pendant trois jours. Ça devrait suffire. Quant à toi, arrête de te faire mal pour ton frère, et demande-moi plutôt le remède !
Salween arrive. Il me demande à quoi va servir la potion :
— C'est pour ma brûlure...
Je lui montre le minuscule point rouge au bout de mon doigt. Je le nargue un peu, en attendant sa prochaine remarque, mais Begawan détourne son attention. Je suis persuadé maintenant que ces deux-là échangent des secrets à l’abri des oreilles indiscrètes. C’est comme des chauves-souris qui s’émettent des ondes en écholocation, à une fréquence que les humains ne peuvent pas percevoir.
J’observe attentivement comment ils se placent dans le sol pour entendre ce que l’autre dit. Je scrute la jambe de Salween, la pointe de son pied est légèrement crispée, tandis que chez Begawan, rien ne bouge, à part un petit tremblement dans son nez. Je me demande si tous les habitants parlent ainsi ou si ce sont seulement certains privilégiés. Je me promets de mener mon enquête dès que possible.
Je rejoins les autres. Le travail collectif a commencé, mais c'est vraiment trop pénible pour Félix, dont le dos est en feu. Nous nous éloignons pour que je puisse l'enduire de la pommade de Begawan. À mi-voix, il me confie qu'il a trouvé un sac plastique dans la cascade. Il ne serait pas étonné que ce soient nos parents qui l'aient laissé dériver pour nous retrouver. Du coup, il a mis son t-shirt dedans et a gonflé le sac pour en faire un ballon. Il ne l'a dit à personne pour être sûr qu'on ne nous entende pas.
J'en suis soufflé et heureux à la fois. Je lui file mon t-shirt en lui soufflant :
— Essayons de ne pas y penser.
- Il faut même l'oublier. Si on n'a pas de nouvelles d'ici deux ou trois jours, c'est que c'est mort. Désolé de ne pas t'avoir cru.
Quelques jours plus tard, la construction de notre hutte est enfin terminée. Salween nous interpelle après le repas du midi :
— Puisque votre maison est finie, vous ne restez plus entre vous.
— Qu’est-ce que tu as trouvé ? je lui rétorque. Corvée bois pour Félix, patates pour Zoé, et pour Manon, tu as sûrement un programme spécial ?
— Je n’ai pas dit ça, petit ! répond Salween, déjà énervé. Vous faites ce que vous voulez, mais vous vous dispersez.
— Diviser pour régner, c’est ça ton plan ? Ça ne sert à rien, je ne rentrerai pas dans le rang ! lâche-je avant de tourner les talons.
Je ne supporte plus le « petit » qu’il me balance à chaque fois que je dis quelque chose.
— Où vas-tu ? me crie Salween.
— Je prends l’air, BOUFFON !
Ce « bouffon » le fait également sortir de ses gonds. Ni lui ni moi n’avons vraiment changé de ton depuis cette fameuse trêve. Je décide d’aller chez Begawan. Je ne sais toujours pas pourquoi j'ai le droit d'y aller et pas les autres, mais personne n'est jaloux, alors je laisse comme ça. J’aime vraiment cet endroit, et c'est la seule personne en qui je commence à avoir confiance. Elle me fait entrer, et on se met au travail calmement.
Les villageois s’éparpillent comme d’habitude. Je me redresse et pose les mains sur ma bêche. Je vois Félix se diriger à l’est, vers le bassin entouré de quelques enfants avec qui il plaisante. Zoé, quant à elle, papote avec Dhalia et Tode, la petite qui la suit partout, en longeant le chemin nord. Manon s’arrête sur la place. Depuis que je l’ai surprise avec la panthère, entre nous, c’est le grand flou. Elle soupire en regardant vers le potager de Begawan. Lisu passe à côté d’elle et lui propose une autre activité. Elle disparaît vers le sud.
Une belle division en effet, je soupire en silence. Il a encore gagné, le bouffon.
— Elle va aider Lhassa, explique Begawan. C’est lui qui est responsable de nos bêtes. Tu sais que Manon adore les animaux ?
Je me tourne vers Begawan, un peu triste. Je lâche en reprenant mon boulot :
— Je m’en fous !
— Ce n’est pas vrai, m’interroge Begawan. Je le vois très bien ; pourquoi tu ne lui parles plus ?
Je revois Manon entre les pattes de la panthère, je baisse les épaules et reprends mon travail dans le jardin, sans répondre.
— Viens t’asseoir sous le saule ! me commande-t-elle. Je vais te raconter une histoire.
- Stop, j'ai pas envie de l’savoir...
- S'il te plaît...
J’obéis, un peu à contrecœur.
— Le jour où tu restais sur ton arbre, Manon te cherchait partout. Une villageoise lui a proposé de l’aider en la guidant dans la forêt. Elle l’a conduite jusqu’à une clairière, puis lui a demandé d’y rester en promettant que tu allais bientôt passer. Ce n’est pas toi qui es arrivé, c’est Borhut ; et sans l’intervention de la panthère, je ne sais pas ce qu’il serait advenu de ton amie. Te souviens-tu qu’à un repas, Borhut lui avait planté un ongle entre les omoplates, rouvrant une plaie qu’elle avait au milieu du dos ?
- — Bien sûr que je me le rappelle.
— Mais pourquoi elle ne m’a rien dit ?
— Parce qu’on lui a demandé de se taire. Depuis, la panthère dort à côté d’elle.
— Et pourquoi exige-t-on qu’elle se taise ? Je l’aurais protégée !
— Tu as d’autres choses à faire. Et la panthère est là pour ça.
— Tu ne réponds pas à ma question ; pourquoi lui avez-vous imposé le silence ? - — Élias ? m’interrompt Salween, qui me cherche dans le jardin.
Je maugrée :
— Il peut pas me lâcher les baskets un moment ?
— Il ne te veut pas de mal, je te le promets ! me chuchote Begawan avant de se lever. Il essaie d’être ton ami, mais il est un peu maladroit !
— Il peut toujours espérer !
— Laisse-lui une chance !
Je lance à Salween, tout en reprenant ma bêche.
- Je ne suis pas là !
— Tu viens pêcher avec moi ?
— T’en as pas marre de me filer des leçons ?
— Tu aimes la pêche ; pourquoi ne pas changer d’activité ?
— Parce que tu me pompes !
Salween tourne la tête vers Begawan. Ils se regardent intensément, discutant comme deux chauves-souris en écholocation. J’essaie de deviner ce qu’ils se racontent : « Begawan doit lui dire un truc du genre “N’insiste pas”, et lui, fâché, répondre “J’ai juré au Kadga que je ferai de ces quatre stupides occidentaux des moutons ; c’est pas parce que cette blette est plus butée que je vais renoncer !” »
- Tout faux ! s’agace Salween en se retournant brusquement vers moi.
— Mais vous discutiez ? Vous communiquiez comme ça pour que je ne comprenne rien ! Et en plus, ne me dis pas que tu n'as pas écouté ce que je viens de penser. Je me trompe ?
Salween élude la question et change de sujet. C’est son truc pour éviter de répondre à ce qui l’ennuie :
— Élias, tu as sauté un repas. Pourquoi fais-tu autrement que tout le monde ?
— Donc, je ne me trompe pas ! je déduis avec un petit sourire triomphant.
— Tu me tues, Élias !
— C’est parce que la blette a raison ! Tu ne veux pas que je sorte un mot en français pour ne pas faire bande à part, mais toi, tu n’arrêtes pas de créer des apartés en jouant à la chauve-souris !
Salween me fixe, contrarié. Dans le fond du jardin, Begawan, plus détachée, s’amuse à regarder la scène, son nez secoué par un petit tremblement évocateur. Salween lui jette un regard rapide, puis reprend plus calmement :
— S’il te plaît, Élias, est-ce qu’on ne pourrait pas essayer de se parler sans que…
Zoé arrive en courant, interrompant son sermon.
— Élias ! Begawan, vite ! Leur crie-t-elle. Il y a un enfant qui s’est noyé !
Salween et moi dévalons immédiatement le sentier vers la rivière. Begawan nous talonne de près. Félix est au centre d’un cercle d’enfants, trempé et visiblement très énervé, à genoux devant le noyé ; c’est un gosse qu’on ne connaît pas, il reste tous les après-midis avec son père, un des sbires de Borhut.
Normalement, Félix maîtrise les gestes de premiers secours : nos parents nous ont obligés à suivre une formation de base, mais lui n’a prêté qu’une oreille distraite, admirant surtout l’animatrice qui ressemblait à un top model. Et là, il panique. C’est à lui de sauver le gamin, et je préfère ne pas intervenir. Félix hésite, il n’ose pas vraiment agir. Pourtant, il faut aller très vite.
Quasiment toute la tribu se rassemble autour de lui, attendant qu’il passe à l’action dans un silence qui commence à peser comme une chape de béton. Je me tiens en retrait, décidant de laisser encore dix secondes à mon frère avant d’entamer moi-même la procédure. En comptant mentalement jusqu’à dix, je dénombre les pieds qui entourent la scène et tombe sur ceux à quatre orteils de Borhut. Je lève les yeux vers lui. Il fixe Félix avec un sourire narquois. Lentement, Borhut se tourne vers moi, me toise avec ce même méchant sourire, et me défie, il semble me dire :
« Regarde bien ton frangin, c’est la dernière fois que tu le vois : quand le clan constatera qu’il n’a pas sauvé Chebbi, ils vont directement l’expédier au-delà de la mer, comme un petit poisson rouge à l’eau. »
Mon ventre se noue. Ce chacal a raison, ils le jetteront sans hésiter. Je ne sais pas si je crains de voir mon frère sombrer dans l’océan ou si c’est ma colère contre Borhut qui me pousse à agir. Sans vraiment comprendre ce que je fais, j’ancre mes pieds dans le sol, rentre le menton et pousse le front vers Félix, tout en guidant mon frère sans un son. Comme un automate, il s’exécute.
Tout le monde nous observe en silence. Le papa de la victime arrive pendant que Félix s’affaire avec l’enfant. Salween arrête le père qui veut s’interposer, trépignant sur place. Begawan lui parle doucement, nous désignant Félix et moi. Il se calme, mais son regard inquiet reste fixé sur Félix. Celui-ci a déjà fait vomir l’eau ingurgitée par le gosse, mais il est toujours inconscient. Il faut donc pratiquer le bouche-à-bouche. Félix hésite encore quelques secondes.
— Félix, décide-toi ! Tu dois faire du bouche-à-bouche, là ! Mets sa tête en arrière, couvre sa bouche et son nez par le tien, puis insuffle lentement. Sa poitrine doit se soulever à chaque souffle. Recommence toutes les deux secondes.
Au bout de deux minutes, le gosse tousse. Il respire ! C’est accueilli par des cris de joie énormes. Félix reste muet, tremblant, en regardant l’enfant, des larmes roulant sur son visage. Le père prend son fils dans ses bras, totalement ému. Et devinez qui s’en va, rageur ? Oui, c’est Borhut.
Félix se retourne et me lance :
- Merci !
— Pourquoi ?
— Tu m’as guidé, non ?
— Moi, je n’ai rien entendu, intervient Salween juste avant que je réagisse.
Je dévisage Salween avec une pointe de méfiance alors que la tribu entoure Félix de grandes accolades victorieuses. Tout le monde se dirige vers le village. Pendant ce temps, Begawan, Salween et moi restons au bord du bassin, en silence. Je suis un peu anéanti, incapable de discerner si c’est moi qui ai piloté Félix ou si c’était Salween qui lisait dans mes pensées pour lui traduire.
Begawan met une main sur mon épaule, me tapotant doucement en signe de reconnaissance. Je regarde Salween, complètement désorienté.
— Je n’y suis pour rien, Élias ! me dit-il avec un petit sourire satisfait, avant de s’éclipser.
— Viens, ajoute Begawan. On a encore du travail à faire avec Chebbi.
— Chebbi ? je pointe. Le gamin s’appelle Chebbi ?
En fait, c’était Borhut qui me parlait mentalement. Je garde cette info pour moi.
— Oui, pourquoi ? me demande Begawan.
— Ce n’est pas le nom d’un désert, ça ? je réplique en l’emboîtant le pas.
— Oui, Chebbi est l’un des derniers enfants de notre voyage. Il est né au milieu des dunes. Sa maman est morte en accouchant, un vrai drame, et nous avons manqué d’eau pour l’accueillir. C’est dommage qu’il soit arrivé comme ça. Pour nous, c’est important de naître près d’un point d’eau.
On rejoint Chebbi et son papa, qui nous attendent devant la hutte de Begawan. Je réalise que Chebbi, qui fait une bonne tête de moins que moi, doit avoir deux ou trois ans de plus. Je lui demande :
— C’est ça, il a facilement deux ans de plus que toi ! Mais il est né dans le désert…
— Qu’est-ce que ça change ? je m’étonne.
— On n’y voit pas grand monde ! Chebbi a peur des gens. Il ne parle pas. Il reste bloqué dans son désert, m’explique-t-elle en se retournant enfin.
— C’est pour ça qu’on ne le connaissait pas, me dis-je.
— Oui, Narbada préfère lui laisser du temps.
Je tiques en regardant Begawan. Nous venons de communiquer en silence, comme tout à l’heure avec Salween. Est-ce elle qui facilite ce genre de télépathie ?
— Non ! me répond-elle avec un petit sourire malicieux. Il y a ceux qui y arrivent et les autres. Tu as puisé cette force dans la Terre. Mais pour les questions, c’est plus tard ! On a du travail, je te le rappelle !
- Il est sauvé ; que doit-on faire ?
- Remettre son œuf !
Je reste à côté de Begawan tout au long de la séance. Comme pour moi, elle appose des herbes sur le garçon et se balance dans une sorte de transe. À la fin, elle rend Chebbi à son père. L’homme s’arrête devant moi, me regarde avec bienveillance et murmure :
— Merci.
— Ce n’est pas moi, c’est mon frère !
Il sourit, hoche la tête et s’en retourne chez lui.
— Va maintenant ; tu as assez travaillé pour aujourd’hui ! déclare Begawan.
— Eh, mais j’ai un tas de questions à te poser, moi !
— Oui, je sais ! Mais après une séance de remodelage, je suis toujours très fatiguée. Tu dois me laisser me reposer.
— OK ! je lâche à contrecœur.
- Encore une chose : ne dis à personne comment nous « parlons », me recommande-t-elle en montrant nos têtes respectives.
Je mets un temps fou à parcourir la distance qui sépare la hutte de Begawan de la nôtre. J’ai besoin de faire le point avant d’aborder les autres. Le soleil vient à peine de se coucher ; chacun poursuit ses activités. Mes potes arrangent notre nouvelle demeure quand j’arrive enfin. Je souris à Manon en franchissant le seuil, et j’allais lui parler lorsque Félix m’interpelle. Il veut comprendre ce qui s’est passé au bassin. Inébranlable, il insiste en disant qu’il m'a entendu lui dicter la marche à suivre. Les deux filles réfutent, affirmant qu’elles étaient à mes côtés et que j’étais silencieux.
Je ne sais pas si je dois leur briser ce qu'on me demande ou rester silencieux sur cette affaire, étant donné que je n'ai pas compris moi-même. Je ne ferai pas le jeu des villageois en cachant à mes copains ce qu'ils veulent que je cache. Je me lance :
— En réalité, je ne sais pas...
Juste à ce moment, Salween entre dans la hutte. En pointant du doigt, il me réprimande :
— Pas en français !
— Oui, caporal ! je rétorque en lui faisant un salut militaire.
- Salween soupire en me fixant :
— On t'a demandé de ne rien dire. C’est pas compliqué à comprendre, non ? - Vous n’avez qu’à m’expliquer. C’est quoi, ce mode d’expression ? Comment est-il possible que je puisse arriver à ça, moi ?
(Ici, j’ai penché mon écriture pour que celui qui me lira comprenne que c’est en écholocation de chauve-souris, et pas oralement.)
Salween ne me répond pas. Il se tourne vers Félix :
— Félix, je viens voir comment tu vas.
— Bien, merci ! J’ai vraiment eu très peur au bassin. Que s’est-il passé, Salween ? Je suis sûr d’avoir entendu Élias me dicter la conduite à suivre.
— As-tu inventé toutes les manipulations que tu as opérées sur Chebbi ?
— Non, bien sûr ! Nous avons eu un cours de secourisme.
— Eh bien voilà : tu as secouru un enfant grâce aux gestes qui sauvent ! Bravo ! Je voudrais que tu apprennes à nager à Chebbi. Es-tu d’accord ?
— Oui, avec plaisir !
— Tu le feras pendant le travail collectif, cela t’en dispensera.
Et hop, je pense. Comme d’habitude, il saute la question !
Salween se tourne vers moi, dogmatique :
— Il ne faut répondre aux questions que lorsque l’autre est susceptible de comprendre la réponse.
Belle politique ! je rétorque. Donc, en esquivant régulièrement mes questions, tu me considères trop bête pour en capter la réponse !
— Je n’ai pas dit ça !
— Vraiment ?
Salween soupire profondément, puis ajoute tout haut :
— Élias, toi aussi tu changes de boulot pour la communauté.
— Je dois t’apprendre à nager ? je demande en riant.
— Mais non, s’écrie-t-il, agacé. Arrête de discuter ! Désormais, tu passeras tes matinées chez Begawan.
— J’y vais déjà. D'ailleurs, j'irai avec Manon ! je déclare, plein d’assurance.
Manon me dévisage, légèrement étonnée.
— Pas question, réplique Salween.
— Pourquoi ?
— Parce que personne ne peut entrer dans ce jardin.
— Ah bon ? Qu’est-ce que j’y fais alors ?
Salween se met à bouillir, inévitablement. Nous entamons encore une conversation stérile. Je maintiens coûte que coûte ma position, et Salween campe tout aussi déterminé sur la sienne. Il finit par quitter la hutte sur les dents. Je me tourne vers Manon :
— Il faut qu’on se parle, suis-moi !

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