Chapitre 02.4

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Il se sentait nauséeux lorsqu’il arriva tout en haut. Les tremblements avaient cessé, mais il frissonnait par intermittence.

Sa blessure avait dû s’infecter…

Il trouva différentes petites salles qui étaient sans doute destinées à devenir des bureaux pour certaines, des lieux de stockage pour d’autres.

Il y avait d’autres pièces beaucoup plus grandes, traversées de plusieurs rayonnages vides et de longues tables en faux bois.

Les lieux baignaient dans une faible lumière naturelle que les stores laissaient filtrer, les rendant plutôt agréables

Il remarqua que toutes les pièces avaient leurs portes ouvertes, et toutes étaient munies de digicodes.

Il en referma une pour voir. Immédiatement, la fermeture automatique s’enclencha.

Il vérifia une seconde porte. Une fois fermée, il était impossible de l’ouvrir sans en connaître le code.

Il réitéra l’opération autant de fois qu’il le put en une minute. Au moins cela ferait perdre pas mal de temps à ses poursuivants qui essaieraient de les ouvrir pour fouiller la pièce.

Il pénétra dans l’un des bureaux sans en clore l’accès.

Il y avait juste assez de place pour qu’il puisse se caler derrière la porte.

Il vérifia son arme.

Il n’avait plus de munitions. Il avait utilisé celles qui lui restaient contre le Sambre.

Il soupira.

Mauvaise perspective.

Il avait la bouche sèche.

Franchement, boire de l’alcool, cela n’avait pas été une si bonne idée. Il aurait mieux fait de prendre une bouteille d’eau.

Il soupira à nouveau et regarda ses mains.

Il avait de longs doigts fins. Ils tremblaient, comme le reste de son corps. Son cœur battait à tout rompre.

Jusqu’ici, la peur avait toujours été présente, mais il avait toujours pu la surmonter. Là, maintenant, il avait vraiment peur.

Cette fois, rien ne pourrait la calmer.

Pour la première fois depuis qu’il avait pris la fuite, il s’autorisa à penser aux bons moments qu’il avait passés auprès de ses protégés.

Il aurait tant souhaité mieux les préparer à se défendre.

Si, au moins, il avait pu pressentir le danger.

D’habitude, il y parvenait, alors pourquoi pas cette fois ?

Des larmes coulèrent de ses yeux et glissèrent le long de ses joues. Il ne pouvait les arrêter. Il avait atrocement mal au crâne et un goût de sang dans la gorge. Il en avait perdu beaucoup.

Après avoir combattu le Sambre, il n’était pas impossible qu’il ait aussi certaines blessures internes.

Il n’aurait su dire combien de temps il resta ainsi à attendre.

Il songea à nouveau au Sambre. Ce n’était pas dans ses habitudes de tuer des êtres vivants. Aurait-il pu en être autrement ?

Le Sambre n’était pas responsable de sa condition.

Le CENKT l’avait conditionné. Peut-être Jameson l’avait-il personnellement imprégné pour en faire son chien de chasse et son exécuteur. Il avait profité d’un terrain favorable alors que la vie de cette pauvre créature aurait pu être toute autre…

Jameson et ses hommes avaient déjà dû trouver son corps dans la serre…

Il ne devait pas apprécier d’avoir perdu son précieux animal de compagnie. Il allait devoir en imprégner un autre et le dresser.

Autant d'années perdues sur le planning prévisionnel du CENKT.

Eric tendit l’oreille aux aguets. Il n’entendit pas le moindre bruit.

Il voulut se relever et dût s’y reprendre à deux fois tant la pièce sembla tourner autour de lui.

Sa blessure, infligée par les hommes de Jameson, la veille, s’aggravait d’heure en heure, pour ne pas dire de minute en minute.

La balle était pourtant bien ressortie, mais de toute évidence, elle avait causé des dommages importants.

Les coups du Sambre et l’épuisement n’avaient rien arrangé.

Maladroit, étourdi, il buta dans une pile de boites en plastique qui s’écroula dans un bruit qui lui sembla infernal.

Il imagina les hommes de Jameson quadrillant l’étage du dessous se précipiter dans l’escalier pour atteindre le quatrième où ils pouvaient désormais être certains que leur proie s’était réfugiée.

La douleur fusa à nouveau, fulgurante.

Pas là où il s’y attendait.

Il la sentit entre ses omoplates.

Il se retourna.

Un minuscule trou dans la paroi du mur attira son attention.

Il comprit immédiatement.

Quelqu’un venait de lui tirer dessus et de lui loger une balle dans le dos...

Le tireur n’avait pourtant eu aucune visibilité sur sa cible. Il devait être équipé de balles traceuses. Les Forces Spéciales françaises n’utilisaient pas ce genre de balles. C’était interdit. Il ne pouvait s’agir que d’un franc-tireur et, néanmoins, d’un professionnel.

Quelqu’un qui avait reçu l’ordre de l’éliminer…

Un deuxième tir le toucha violemment à l’épaule.

Il bascula en arrière.

Dans le même temps, il songea au tir sur la terrasse.

Ce n’était peut-être pas le tir d’un autochtone destiné à effrayer Jameson.

Dans son esprit, l’idée que ce tir lui était tout autant destiné qu’à faire diversion se fit de plus en plus évidente.

Quelqu’un avait voulu qu’il échappe au CENKT pour mieux le coincer, et l’abattre en toute discrétion.

Il essaya de se relever, en vain.

C’était au-dessus de ses forces. Il ne sentait même plus ses jambes. Il ne pouvait plus qu’essayer de comprendre.

Et encore, cela lui demandait maintenant un gros effort de concentration.

Un tel plan impliquait que celui qui cherchait à le tuer le connaissait bien. Ou au moins, il était bien informé de ses habitudes de ces derniers jours.

Il étouffa un cri de douleur.

Pour ce qui était de la discrétion, ce n’était plus d’actualité, mais il avait réagi par instinct.

Allongé sur le sol, pissant le sang, Eric luttait pour ne pas perdre connaissance.

Il sentit soudain une présence dans la pièce.

Il se demanda comment cela pouvait être possible. Il bloquait la seule issue existante de ce lieu.

Pourtant…

Dans la faible lumière de la pièce, il vit d’abord la mince silhouette d’un homme qu’il n’avait jamais vu auparavant.

L’inconnu lui sembla assez grand.

Il portait un pantalon noir, un pull noir, et un bonnet noir qui donnait à son visage allongé un air spectral.

L’homme s’accroupit près de lui et posa une main légère et apaisante sur son épaule, puis sur le sommet de sa tête.

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