Seconde 10

6 minutes de lecture

[contenu explicite, partie 3]

"Pas la peine de fermer cette braguette finalement... Ça m'aurait épargné ça."

Suly défit le bouton et tira la boucle qui s'abaissa avec plus d'aisance qu'elle ne s'était remontée sous mon embarras quelques minutes plus tôt.

Je laissai mon nez titiller son lobe d'oreille et les mèches qui flottaient paisiblement tout autour. Sous nos pieds déchaussés, l'ardoise prenait feu et la chaleur dévalait nos orteils jusqu'au ventre, contrant la gravité. Je nous rapprochais toujours plus l'un de l'autre. De telle sorte qu'il était à présent avachi sur moi et son torse encore recouvert de son t-shirt ondulait contre le mien qui était nu. Sa main gauche imprimait une marque possessive sur ma hanche et l'autre jouait sensuellement avec l'élastique de mon sous-vêtement comme on gratte la corde d'une guitare. Suly avait le sourire d'un instrumentiste sûr de son talent et passionné par son art.

On était prêts à s'engloutir l'un, l'autre, sous le regard innocent de cette petite maison au creux des calanques.

"Je peux ? souffla Suly fiévreusement en caressant doucement la bosse qui se formait sous le tissu."

Je hochai frénétiquement la tête, fasciné par ce contact d'un homme sur mon corps qui ne manquait jamais de brûler mon cœur à vif.

Sa main passa la barrière des vêtements qu'on avait partiellement conservée entre nous deux.

"Hmm..."

J'inspirai la fraicheur sa peau - ce parfum particulier de lessive sudiste qui imprégnait tous les grains de peau -, voguai sur cette gorge presque imberbe, mordillai chaque fois que je les croisais ces taches de beauté qu'il collectionnait délicieusement un peu partout sur son corps. De son côté, il découvrait mon sexe de sa main téméraire, récupérant un peu de mon plaisir qui gouttait déjà et le portait aussitôt à sa bouche, s'assurant que je le voyais faire. Je croyais mourir de désir pour Suly alors que quelques heures plus tôt, je ne le connaissais pas ni ne détachais son existence de l'ensemble du groupe.

"Retire ton t-shirt, le priai-je d'une voix essoufflée que je ne contrôlais définitivement plus très bien.

– À vos ordres, monsieur.

– Garde ton kink pour un autre, c'est pas mon truc d'appeler un mec daddy, princesse ou baby.

– J'aurais dû m'en douter avec un philosophe. Égalité, tout ça ? se moqua gentiment Suly."

Au final, il avait tout de même retiré ses vêtements d'une traite, ne gardant que son caleçon qui lui arrivait à mi-cuisse et il en fit de même pour mon jean qui subit le même sort que tous les autres tissus : jeté aléatoirement sur l'ardoise, loin de la chaleur de nos corps mais à présent offert à la brûlure du soleil. J'étais rassuré de faire face à une corpulence qui se rapprochait de la mienne excepté ce ventre qui me semblait plus mou, plus lâche, plus tendre. J'avais très envie d'y creuser des sillons de mes doigts et je le fis, jusqu'à ce que Suly en décide autrement. Il tira une chaise à nous, y prit place et tapota ses cuisses.

"Viens par ici. Mets-toi à l'aise."

Ses cuisses étaient douces sous les miennes. J'ondulais contre lui. J'avais, quelque part, très envie de m'oublier ou, au contraire, de me sentir plus vibrant que jamais.

Suly agrippa mes hanches et me fit me frotter à lui, et je l'y aidais avec ardeur, rajoutant toujours plus de frictions, rencontrant son sexe du mien au travers de nos caleçons, imbriquant mon torse au creux de ses bras.

Suly plongea sa main dans le fouillis de mes tresses et pressa ma nuque, m'invitant à dériver vers ses lèvres. Je les léchai, appréciant leur finesse à l'antithèse des miennes. Je soupirai contre ces gémissements empreints de vulnérabilité et pourtant si masculins que Suly produisait, presque musicalement en réponse à ce plaisir qu'on se donnait et que je trouvais délicieux.

Suly était habité d'une furieuse délicatesse et je pensai qu'il n'en savait sans doute rien et que, très probablement, personne ne le lui avait jamais dit. On ne dit pas souvent aux hommes qu'ils sont charmants, gracieux, désirables... Ensorcelants.

"Hmm, soupira-t-il. Je suis pas sûr de durer longtemps si... si on continue comme ça.

– Moi non plus, tranchai-je."

Nous étions tout de même sur la terrasse et quiconque sortait le nez dehors - chose peu probable à presque six heures du matin - pouvait nous voir nous déhancher l'un contre l'autre.

Suly retroussa mon caleçon, libéra mon gland humide et le frôla de son ventre moelleux. Nous échangeâmes un regard fiévreux et nos lèvres se précipitèrent les unes vers les autres. Ma langue se mêlait à la sienne, goûtant le café sucré sur ses papilles.

J'entourai son érection d'une main ferme et la pressai doucement, de haut en bas. Je gravais impatiemment sur son sexe mon désir de le voir goûter plus que moi.

"Ohh..., gémit Suly, ralentis... Je te jure, Tallulah, ralentis où je jouis dans la minute...

– Fragile, ricanai-je en réduisant tout de même la cadence.

– J'ai..., souffla-t-il contre mes lèvres, j'ai pas l'habitude de caresser des beaux mecs sur ma terrasse, figure-toi.

– Au risque de passer pour un prude, moi non plus."

Alors, il enroula ses doigts autour de mon érection et d'un accord signé tacitement par nos regards joueurs, il me masturba au même rythme.

"Plus vite…, quémandai-je en sentant gonfler mon plaisir."

J'avais l'impression continue de frôler mon orgasme du bout des doigts et pourtant il ne venait pas. La paume de ma main atteignait le tissu de son caleçon à chacun de mes allers-retours. Parfois, je descendais plus bas et Suly se cambrait.

"Point faible ? ricanai-je.

– Autant que toi, soyons honnêtes..."

J'allais rapidement sur sexe, l'enjoignant à en faire de même sur le mien. Je sentis sa main libre se détacher de ma hanche et déloger celle dont je me servais pour masser cette fameuse zone érogène qu'il venait de m'avouer. Suly glissa sa paume avec douceur contre la mienne, y dessina une sorte de carte de notre désir de la même manière qu'il en inscrivait une toute particulière sur mon érection. Il avait une bague au pouce et c'était incroyablement séduisant. Moins cependant que les traits tirés de son visage lorsqu'il partit dans une vague intense de plaisir. J'admirai ce visage offert au soleil et à la luxure et le suivis presque aussitôt, savourant la chaleur qui m'envahissait jusqu'aux orteils.

"Reste un peu comme ça, chuchota Suly."

Et je compris qu'il me signifiait par là qu'il voulait conserver cette intimité qui s'était créer entre nous, encore quelques secondes. J'enfouis mon visage dans la courbe de son cou et y respirai cette odeur de lessive sudiste qui menaçait d'imprégner ma mémoire pendant un moment.

Après de longues minutes, j'ouvris enfin les yeux et quittai les cuisses de Suly, revêtant rapidement mon jean. J'avais dans l'idée de longer discrètement les murs pour me glisser dans la douche.

Alors que je me tournai vers la maison, mon regard se porta aussitôt vers la silhouette qui n'avait rien à faire à sa fenêtre à six heures du matin. Venice suçotait une tasse de café, un bras en l'air - sans doute crochetait-il sa main contre le montant -, un sourire en coin gravé sur le visage et le sourcil droit relevé. L'idée qu'il ait pu me voir prendre du plaisir ainsi me donna envie de m'enterrer. Rapidement. Près d'un pin sudiste, à jamais. Venice n'était pas le dernier à afficher ses conquêtes nues dans son lit, ni à laisser les traces de ses ébats bien en évidence au sol ; d'ailleurs, ça me rebutait lorsque je posais un pied de son territoire dans notre colocation.
Mais dans la situation présente, on était sur un tout autre niveau d'exhibitionnisme et je remerciais les dieux de m'avoir placé dos à la maison, dos aux fenêtres, dos aux voyeurs. C'eut été fort embarrassant que Venice eut connaissance de mon visage en pleine jouissance.
"Bien dormi ? articula-t-il silencieusement et je lui répondis par une grimace disgracieuse."

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