Ondes sensuelles
EXTRAIT :
Valencia, une chambre de l’hôtel Caro. Jeudi, aux environs de onze heures du matin
¡ Besame mucho, Marco !
Si le propre de l’homme amoureux de sa femme consiste à être comblé par le bonheur de celle-ci, on peut dire que Marco avait coché toutes les bonnes cases. L’ancienne résidence du « Marqués », outre l’esthétique irréprochable de ses chambres, recelait des trésors en son bas-ventre : des restes de mosaïques romaines et des fondations datant de l’époque de l’occupation arabe, du milieu du XIIe siècle, préservés au sein de la salle de restaurant et aptes à charmer des hôtes férus d’antiquités. Juliette s’était promis d’aller les voir, plus tard.
Pour l’instant, émoustillée, éprise comme au premier jour du monde, ou presque, l’adorable créature afficha un sourire coquin. Ses lèvres vermeilles s’entrouvrirent, quand elle se déshabilla devant son conjoint, sûre de son effet. La lumière du jour, filtrée par les voilages, la nimba d’une auréole. Ses cheveux blonds rutilaient comme mille anciennes pesetas d’or. Marco déglutit. Oui, sa Juliette était la beauté personnifiée. Elle méritait tout, et surtout le meilleur de lui-même. Par quelle divagation stupide pouvait-il parfois oublier de se dévouer à sa princesse, pour se consacrer à des priorités qui n’en étaient pas ? Comment concevoir que le récipiendaire d’un tel trésor, le privilégié majuscule s’égarât dans des futilités sans nom au lieu de se gorger de la chance insigne qui lui était accordée ?
D’une démarche nonchalante, non sans lancer une gracieuse invitation de la tête à son conjoint subjugué, Juliette gagna la salle de bains. La première intention de Marco fut de balancer en vrac polo, baskets et jean, puis il se ravisa, se rappelant que seule comptait la satisfaction de sa femme, y compris dans une perspective purement matérielle. Il déposa en ordre, presque militaire, ses vêtements sur un fauteuil, les chaussures alignées au pied de celui-ci. À leur retour à Marseille, il s’attaquerait à son capharnaüm, terroriserait les mauvaises herbes rétives, traquerait le linge sale dans les recoins les plus traîtres. À cette heure où un désir houleux chamboulait son être, à l’aune de l’amour enragé qu’il projetait sur son épouse, il aurait même accepté de se transformer en lavandière, si l’objet de son idolâtrie en avait exprimé la volonté.
Alors qu’il franchissait le seuil de la salle d’eau, un mât explicite pointa hors de son entrejambe
…
La suite, en lecture offerte, à bord du Désir Éditions : https://desir-editions.fr/erotisme-litterature-sensuel-chapitre-8-lecture-grauite/
Pour vous qui arrivez sur ce chapitre 8, voici ce qui a précédé :
Le prologue introduisait deux âmes créées il y a plus de deux mille ans, dont l’union après la mort pourrait, si elle se réalisait, sauver l’Être Suprême et son Univers, tous deux en péril d’anéantissement. Nous étions un dimanche, au septième et dernier jour d’une aventure peu commune d’un couple, pas tout à fait comme les autres.
Le premier chapitre revenait une semaine en arrière, une journée avant que ce plane trip peu ordinaire ne commence. Juliette, née Lepucat et épouse Guitamon, conservatrice d’antiquités romaines, entamait ses congés de fin juin, déjà énervée par la charge mentale lui incombant. Son mari, Marc Antoine, dit Marco, rigoureux au travail, superviseur dans un data center, mais peu attentionné à la maison, et leur fille Cléo, adolescente, la laissant entièrement gérer le fardeau des tâches ménagères. L’harmonie conjugale pointait aux abonnés absents.
Jusqu’à ce que Marco annonce qu’il a organisé un voyage surprise à sa moitié, s’avouant à lui-même qu’il se demandait ce qui lui avait pris. Le plane trip qui les mena à Vérone, leur première étape.
À peine arrivée, Juliette se retrouva dans la peau de l’héroïne shakespearienne de la pièce « Roméo et Juliette ». Cette dernière vécut une journée dans la temporalité de la Renaissance italienne. Puis elle rencontra Roméo qui, la nuit arrivée, ne se contenta pas de rester à déclamer sous son balcon, mais vint lui conter fleurette jusque dans sa chambre, et l’effeuilla.
En réintégrant son corps et son époque moderne, Juliette ne se souvint pas de ce rêve étrange et pénétrant. La journée de visite de la Vérone des années 2020, ne se passa pas sous les meilleurs auspices, allant même jusqu’à provoquer un orage entre les époux. Et puis, comme sous le coup d’une inspiration « divine », Juliette y mit terme.
Poursuivant leur périple, ils quittèrent la ville des amants éternels, avec pour nouvelle destination : Valencia. Marco, à peine foulé le tarmac, se demanda pour quelle raison il avait choisi l’Espagne, lui qui conservait une rancœur tenace contre l’un de ses ressortissants avec laquelle Juliette avait entretenu une brève liaison cinq ans auparavant.
En attendant la livraison de leurs bagages, devant le tapis roulant de l’aéroport, il se remémora le moment où il avait appris la tromperie, lui-même ayant naguère commis entorse au contrat de mariage.
Juliette, toute à son bonheur de voyager et en lien avec une agréable nouvelle en relation avec son activité professionnelle, ne remarqua pas les cogitations de son époux. Elle alla même jusqu’à lui proposer un rapprochement sensuel.
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