Une Nuit valencienne : amour, Histoire et destin
EXTRAIT :
Valencia, une chambre de l’hôtel Caro. Jeudi, aux environs de vingt-deux heures.
El Campeador, le héros de Valencia
Les frisottis blonds chatouillaient la peau sous la barbe d’une journée. Marco contemplait l’ange, main tendue, comme cherchant à attraper les oiseaux flirtant avec les nuages, peint au plafond de leur chambre. Des lèvres masculines s'échappèrent des vers appartenant à la mémoire universelle.
— Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort[1]
Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port,
Tant, à nous voir marcher avec un tel visage,
Les plus épouvantés reprenaient de courage !
— Depuis quand cites-tu Corneille ?
Marco n’était pas un mordu de littérature. Le mariage des uns et des zéros formait la majeure partie de sa vision du monde. Son âme, toutefois, intrinsèquement fécondée de poésie, et formatée par une filière classique, tout du moins jusqu’à son baccalauréat, exprimait, en de rares occasions, un lyrisme inattendu.
Ses paupières se fermèrent et leur propriétaire en appela au motif qui avaient causé cet accès enflammé.
— Je suppose que c’est la promenade de cet après-midi qui a fait ressurgir ces vers. J’imagine que tu savais que c’est ici que le Cid a vécu ses dernières années ?
Juliette se redressa, quittant le confortable enlacement, s’assit en tailleur sur le moelleux édredon. Elle ébouriffa ses cheveux d’une main
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[1] Acte IV, scène 3. Rodrigue racontant sa prise de Valence au Roi Alphonse VI, de Léon et Castille et à sa cour.
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La suite, en lecture offerte, à bord du Désir Éditions :
https://desir-editions.fr/chapitre-9-valence-secrets-histoire-corneille-el-cid-cleopatre/
Pour vous qui arrivez sur ce chapitre 9, voici ce qui a précédé :
Le prologue de ce roman présentait le septième et dernier jour de cette histoire. Deux âmes, sur lesquelles un être suprême, très inquiet du résultat, avait misé tous ses espoirs pour refaire sa réserve du seul combustible lui permettant d’alimenter sa création, la sphère bleue : l’Amour.
Le premier chapitre, en flash-back, s’intéressait à la relation dans un couple moderne s’inscrivant dans la temporalité de notre vingt et unième siècle : charge mentale pour Juliette, née Lepucat, épouse de Marc Antoine Guitamon, celui-ci cumulant responsabilités et horaires à rallonge, et ne s’investissant que peu dans les tâches ménagères.
Au fil des épisodes, Juliette et Marco allèrent de surprise en surprise au cours d’un plane trip, organisé par Marco en personne. Celui-ci, d’ordinaire casanier, préférant cultiver la position horizontale à l’occasion de ses congés qu'arpenter tous azimuts à la verticale les pavés des cités touristiques, annonça le lundi soir, à la plus grande perplexité de sa femme, ce voyage dont le départ se situerait vingt-quatre heures plus tard : mardi.
Dès la nuit de leur arrivée à Vérone, première ville-étape de ce périple extraordinaire, Juliette se retrouva — songe ou réalité alternative ? — dans la peau de l’héroïne shakespearienne. S’ensuivit une série d’aventures pour la Juliette moderne, au sein de la cité de la Renaissance : rencontre avec le patriarche de la famille Capulet, avec le comte Paris, et avec un certain Roméo, qui, dans cette version revisitée de la pièce de théâtre, accéda à la chambre de sa dulcinée pour l’honorer de la plus galante des manières.
Le matin venu, celle qui avait accepté de changer son nom de jeune fille Lepucat pour devenir Madame Guitamon ne se souvenait de rien. Seuls lui restaient de cette expérience des malaises et vertiges qu’elle ne s’expliquait pas.
La journée de balade touristique dont elle se faisait une joie vira au désastre ; contrariée, elle s’en prit à son époux, qui se défendit de cette attaque qu’il jugea spécieuse avec la dernière vigueur. Pourtant, c’est bien Juliette qui, en fin de soirée, agita le drapeau blanc et demanda à son mari de signer un armistice. Un dîner de réconciliation, une nuit plus tard et, malgré une nouvelle déconvenue d’ordre conjugal pour Marco, ils s’envolèrent pour leur seconde destination : Valencia, ville côtière du centre de l’Espagne, une des cités clés au moment de la Reconquista.
À peine avait-il touché le plancher des vaches que Marco s’interrogea sur le pourquoi de son choix de cette étape en particulier ; c’est ainsi qu’il se remémorait, au chapitre précédent de celui-ci, un souvenir particulièrement désagréable lié à une relation extraconjugale de sa moitié avec un latin lover. Lui-même n’étant pas un époux exemplaire.
Juliette, conservatrice au Musée d’histoire romaine dans la cité phocéenne, quant à elle, était tout à son bonheur. En effet, une de ses homologues de celui de Valencia venait de lui annoncer une trouvaille archéologique des plus étonnantes, et lui proposait de la lui montrer.
Sous le coup de cette bonne nouvelle, ou par inspiration divine ? C’est elle qui suggéra un rapprochement sensuel à sa moitié. Moment que Marco attendait sans plus l’espérer.
Naviguant entre déboires et charmes de la vie maritale, avec quelques incursions dans le surnaturel et l’histoire avec un grand H, ce roman dessine le portrait et le cheminement d’un couple pas tout à fait comme les autres.
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