On l'appelait El Cid

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EXTRAIT :

Valencia, une chambre de l’hôtel Caro. Jeudi, aux environs de vingt-trois heures et suivantes.

« O rage ! Ô désespoir ! »[1]

Marco, positionné au bord du lit, jambes pendant dans le vide, se sentait harassé. Chacun de ses muscles, tendons et os était douloureux, rompu, comme s’il avait été violemment battu. Il se demanda si le temps des acrobaties lubriques sous la douche, des portés de son épouse pendant qu’il la pénétrait contre la paroi, n’était pas révolu. Et s’il n’avait pas présumé de ses forces d’homme de quarante-cinq ans, quoiqu’alerte, en rééditant quelques exploits amoureux avant leur longue conversation. Supputation vaine, ceci dit, étant donné que ses sens auraient été incapables de résister à une incitation aussi tyrannique.

Dans la pénombre, ses pupilles peinaient à distinguer les murs troublés par un brouillard marécageux. Il baissa la tête, considéra ses mains, ne les reconnut pas : de larges battoirs posés sur des cuisses trapues qui, elles également, paraissaient être celles d’un inconnu.

Une pensée le frappa : où était donc passée son alliance ? Cet anneau d’or jaune accolé à un fin liseré d’or blanc, qui jamais ne le quittait ? Et pour quelle raison s’y était substituée cette chevalière à la matière ternie, cabossée, surmontée d’une tour que chevauchait un dragon démesuré à gueule incendiaire ?

Marco cligna des paupières. Il discernait avec plus de clarté à présent ce qui l’entourait. Des murs…

[1] Chacun des intertitres sont issus de la pièce de Corneille : « Le Cid »,

La suite, en lecture offerte, à bord du Désir Éditions :

https://desir-editions.fr/valence-el-cid-jimena-marco-songes-memoire-chapitre-10/

Pour vous qui arrivez sur ce chapitre 10, voici ce qui a précédé :

Le prologue de ce roman présentait le septième et dernier jour. Deux âmes, sur lesquelles un être suprême, avait misé tous ses espoirs pour refaire le plein du seul combustible lui permettant d’alimenter Sa Boule Bleue devaient absolument fusionner afin de sauver l’univers et ses habitants.

Le premier chapitre, en flash-back, s’intéressait à la relation d’un couple moderne s’inscrivant dans la temporalité de notre XXIe siècle : charge mentale pour Juliette, née Lepucat, épouse de Marc Antoine Guitamon, celui-ci cumulant responsabilités et horaires à rallonge, ne s’investissant que peu dans les tâches ménagères.

Au fil des épisodes, Juliette et Marco allèrent de surprise en surprise au cours d’un voyage en avion, organisé par Marco en personne. Lui, d’ordinaire casanier, préférant se reposer pendant ses congés que d’arpenter des villes touristiques, annonçait le lundi soir, à la grande perplexité de sa femme, que leur départ était prévu sous vingt-quatre heures.

Dès la nuit de leur arrivée à Vérone, première ville-étape de ce périple, Juliette se retrouvait – rêve ou réalité alternative ? – dans la peau de l’héroïne shakespearienne. S’ensuivit alors une série d’aventures pour la Juliette moderne, au sein de la cité de la Renaissance : rencontre avec le patriarche Capulet, le comte Pâris, et un certain Roméo, qui, dans cette version, accédait à la chambre de Juliette pour la courtiser avec galanterie.

Le matin venu, Juliette ne se souvenait de rien, conservant seulement de cette expérience des malaises et vertiges inexplicables.

La journée de visites qu’elle espérait joyeuse vira au désastre ; contrariée, elle s’en prit à sa moitié, lequel se défendit âprement de tout tort. Plus tard, Juliette, sans raison apparente, mit de l’eau dans son vin et proposa à Marco un armistice. Après un dîner de réconciliation qui ne connut pas la suite escomptée par l’époux, et une nuit passée, le couple s’envola vers leur seconde destination : Valence, mégalopole de l’Espagne.

À peine arrivé, Marco s’interrogeait sur le pourquoi de ce choix, se rappelant le souvenir désagréable d’une relation ancienne de Juliette avec un Ibère lover, évoquant sa propre liaison avec une secrétaire intérimaire.

Juliette, conservatrice de musée à Marseille, quant à elle, loin de lire dans les pensées de son mari se réjouissait d’une nouvelle inattendue : une collègue de Valencia venait de l’inviter afin de lui montrer une trouvaille archéologique étonnante.

Sous le coup de cette nouvelle, ou inspirée, Juliette suggéra alors un rapprochement à son mari, moment tant escompté par Marco. Succéda à ce rapprochement charnel une complicité intellectuelle au cours d’une soirée intime où furent conviées d’illustres personnalités littéraires et historiques.

Faisant alterner difficultés et élans amoureux au sein d’un couple, le roman brosse ainsi le cheminement singulier de deux êtres dont le destin se trace entre quotidien, surnaturel et épopées mythiques.

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