Partie Trois

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 Je me relevai, chancelant, lorsque la fillette franchit la crevasse avec l’oiseau colossal à ses trousses. Il ne me fallut qu’une seconde pour quitter ce piège mesquin et m’enfoncer tête baissée dans la végétation luxuriante et de découvrir, de retour aux champs, l’enfant au milieu de ce rien.

 Je rugis à en réveiller un mort dans l’ultime espoir d’en attirer la marche-mort. Mon cri se propagea tel le fracas de deux armées, transissant d’effroi les animaux, tordant de terreur les cieux, et secouant les tripes de la terre révulsée. Je dégainai.

 La marche-mort, colossale, se retourna et déploya ses immenses ailes de ténèbres et gémit à mon intention. Nous allions au-devant d’une confrontation difficile, ni elle, ni moi n’avions de prédateurs en ce monde. Toutefois, lorsqu’elle sauta hauts pour s’écraser lourdement à ma hauteur, faisant gronder la terre sous ses serres, je modifiai l’intonation de ma voix pour qu’elle se prêtât au chant nuptial des mâles. Un savoir qui me venait d’un chasseur récemment rencontré.

 Le résultat me surprit.

 La femelle marqua une hésitation, piailla, puis fit une gracieuse révérence en signe d’approbation. Une multitude d’idées me vinrent alors à l’esprit, peut-être pouvais-je en faire une amie, un super soldat, un compagnon de route ou un véhicule pour voler dans le ciel ! Je rêvassais.

 Et elle me gifla.

 Le coup brutal me fit tournoyer dans les airs telle une toupie, je m’écrasai au sol, dans le blé, la poitrine brûlante et incapable de bouger, la langue molle et la mâchoire désaxée. Elle vint presser une patte sur mon torse, ses serres plantées dans mes vêtements. Soudain, l’odeur du serpent assoupi non loin la perturba, ses ronflements lourds et menaçants s’extirpant des profondeurs abyssales du trou où il se terrait la plongèrent dans l’inquiétude. Et elle partit sans demander son reste.

 Je restai camoufler dans le blé le temps de récupérer, de remettre ma mâchoire en place et de gémir :

 « Maman… »

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